Messagepar sablonnais » 21 juin 2016, 17:34
RL 21/06/2016
l’ESAP sort de l’ombre avec sa montée en Division 2
Carburant aux succès toute la saison, le club de Metz-Borny vient d’accéder à la D2. A la rentrée, la troupe de Khadidja Bettahar sera le deuxième représentant lorrain au niveau national. Epatant.
Y’a-t-il de la place pour deux équipes féminines de haut niveau à Metz ? Depuis samedi, la réponse est oui. Clairement. Un mois et demi après le retour du FC Metz dans l’élite, l’ESAP monte pour la première fois en Division 2.
Désiré, espéré des mois durant, le grand saut a été accompli dans son repaire des Hauts-de-Blémont, contre Muret (3-2). Nancy faisant le chemin inverse, Aurélie Clerc et les siennes accèdent au statut symbolique de numéros 2 lorraines. « C’est fou, magnifique , s’émerveille la capitaine et milieu de terrain. On a fait une saison remarquable, on n’a perdu aucun match. On n’allait pas craquer, tout foutre en l’air… » Hors de question de renier sa parole. Quand sa formation annonce quelque chose, elle s’y tient. Gagner la Coupe de Moselle ? Le club en a remporté les trois dernières éditions. Aller au bout en Coupe de Lorraine ? Elle attend Nancy en finale, début septembre. Elle veut montrer son quartier de Borny sous son meilleur jour ? La réception de l’Olympique Lyonnais, futur champion d’Europe, début janvier en Coupe de France, fut une réussite, au-delà de l’élimination (0-11). L’unique accident de parcours, à replacer dans son contexte.
Comme dans un rêve
Au quotidien, l’ESAP a traversé sa saison comme dans un rêve. Pendant que certaines équipes de DH ne parvenaient plus à aligner onze joueuses le dimanche, les Rouge et Bleu ont baigné dans l’opulence. Un 17-0 contre les voisines woippyciennes en hors-d’œuvre, dix-sept autres victoires en enfilade. Dix-huit points d’avance sur Epinal, vice-champion, un goal-average ahurissant (+109).
L’entonnoir des barrages (24 prétendantes, 6 élues) était plus habilité à révéler la valeur réelle de ces Messines. A plus haute altitude, elles n’ont pas faibli. Vesoul au premier tour (1-1, 3-1), Muret au second (1-0, 3-2), ont plié devant un collectif solidaire, huilé. Une somme de filles expérimentées (Gaëlle Benourhazi, Chloé Barlogis), d’avenir (Anaïs Pasquon, la gardienne Naomi Bert) ou au parcours atypique. Florette Kaps, intraitable en défense centrale, a repris la compétition il y a peu. Devant, Nora Lemoussi et Halima Talbi ont déserté les parquets de hand pour les pelouses.
Khadidja Bettahar les y a accueillies à bras ouverts. Tombée en disgrâce à Algrange en 2011, accueillie à Metz trois ans plus tard, l’entraîneure a patiemment élaboré sa machine à gagner. Secondée par l’illustre Carmelo Micciche, adoubée par le président-patriarche Michel Laville, elle savoure autant « une étape pour le club » qu’une « revanche personnelle. On m’avait enterrée un peu vite. J’avais été dégoûtée du football féminin, mise plus bas que terre par les anciens dirigeants d’Algrange. Je leur dis que j’existe toujours. »
Faire exister l’ESAP en D2 sera son prochain défi, à partir du 11 septembre. Le retour de Jessica Gomes en attaque est déjà acté. Peut-être que d’ici là, Jean-Michel Aulas aura rédigé son tweet de félicitations…
L. H.
Un jour, trois destins
La montée historique de l’ESAP en D2 marque l’aboutissement d’un projet collectif. La victoire qui l’a entérinée (3-2 contre Muret) a mis en relief plusieurs fortes histoires individuelles.
Leuck, héroïne malgré elle
C’est l’histoire d’une intuition. 28e minute : Céline Leuck remplace Anaïs Pasquon, suppléante empruntée de Nora Lemoussi dans l’entrejeu. L’ESAP est alors menée 0-1. Moins de cent vingt secondes plus tard, l’entrante convertit un centre de Talbi. Les Messines égalisent, reprennent l’avantage au cumul des deux matches (2-1). Définitivement. « On ne va pas retenir ce but-là » , élude son auteure, déjà présente à Vesoul, au premier tour de barrages (1-1). Le tout, un an après sa présumée fin de carrière, au soir d’une finale de Coupe de Moselle… « J’aime le football par-dessus tout. J’ai découvert l’autre côté au travers des U19 féminines du FC Metz (championnes de France Excellence) , ma priorité cette année. À côté, je me suis entretenue individuellement. Quand je pouvais venir me faire plaisir aux entraînements, j’ai toujours été bien accueillie. » Jusqu’à nouvel ordre, Leuck (35 ans) ne se consacrera qu’au coaching la saison prochaine.
Bert sans plonger
Sa responsabilité ne saurait être engagée sur le coup franc et le penalty concédés. Ces aléas mis à part, Naomi Bert fut irréprochable. Placide, attentive, la gardienne prouva son aptitude à gérer les rencontres qui comptent. « C’était dur de rester concentrées pendant 96 minutes, mais on a réussi , savoure-t-elle. On monte en D2 grâce au staff, aux joueuses qui ont donné le meilleur d’elles-mêmes. » Un minuscule reproche esthétique, pour la forme : on ne l’a jamais vue effectuer de plongeon au cours du match. Ce n’est pas faute d’avoir répété le geste avec son coach spécifique…
Talbi, au revoir et merci
Qu’il fut dur de se dépatouiller du piège du hors-jeu… Lorsque l’attaquante faussa compagnie à la défense de Muret, elle se présenta deux fois face à la gardienne méridionale. En manque de spontanéité au premier rendez-vous (42e ), peut-être le contrecoup de sa nuit blanche de la veille, Halima Talbi asséna le KO la seconde fois (3-1, 60e ). Épilogue enchanté d’une saison messine à 29 buts, et bien plus encore. « C’était mon dernier match de foot », confie l’ancienne gardienne de hand. Son déménagement à Chartres en sera plus léger…