Kévin Lejeune et Rémi Walter remettent le couvert, ce soir, à Saint-Symphorien. Photo Pascal BROCARD
Metz et Nancy renouent avec le derby lorrain, ce soir, dans un contexte toujours passionnel mais aussi sportif. En cas de victoire sur son voisin, le leader mosellan prendrait sept points d’avance au classement. Bouillant !
Ligue 2, vois-tu poindre ces nuages de fumée ? Des pyromanes arrivent par l’Est. Alerte incendie à l’horizon. Le derby lorrain, actualité brûlante de cette 7e journée, risque fort d’embraser le deuxième étage du football français ce soir. Car Metz et Nancy ont rencard et le feu couve toujours entre ces deux-là. Sous les cendres de grandeurs oubliées certes, mais les braises sont restées vives. Tout à l’heure, elles deviendront flammes, portées par le souffle d’une rivalité intacte et furieuse.
S’il est possible de déceler un charme à ce championnat, il se niche derrière des nuits comme celle-ci : intense, magnifique d’incertitude et d’une formidable puissance émotionnelle. Croisé au détour d’un couloir, Robert Duverne livrait cette analyse sur une bataille qu’il va découvrir. « On ne peut pas comparer le derby lorrain avec celui du Rhône , expliquait le préparateur physique des Grenats. Entre Lyon et les Verts, il existe des liens d’amitié. Entre Metz et Nancy, je sens vraiment deux ennemis. »
Métanire : « Il faut prévenir l’ASNL… »
Le choc, pour le coup, est aussi un sommet, ce qui renforce sa dramaturgie. Ce matin, Metz est leader et Nancy son suiveur (3e ). Les deux clubs sont d’ailleurs invaincus et excités par un même désir de remontée.
Il faut aussi parler du passé. Ce soir, Saint-Symphorien accueillera une ASNL revancharde et soucieuse d’effacer la fameuse déculottée du 24 septembre 2013. Nancy avait alors quitté la Moselle mine basse et fesses rougies, marquées au fer grenat. Impitoyable, Metz avait sorti le martinet trois fois (3-0).
« Il faut prévenir l’ASNL , ricanait Romain Métanire cette semaine. Le derby est un combat, pas un match. » Taquin mais légitime. A l’époque, le staff nancéien avait commis l’impair de dédramatiser le derby et il avait été puni en conséquence. L’ASNL ne reproduira pas cette erreur. Et pour cause, Pablo Correa est revenu aux affaires. Remonter des hommes, préparer la guerre : cet entraîneur sait faire. Il pourra aussi parler des supporters interdits de séjour à Metz pour demander à ses joueurs de revenir en héros vers Picot...
A l’opposé, le défi sportif sera aussi un test affectif pour José Riga. Comme un bizutage. Car une victoire validerait l’excellence d’un début de saison sans revers et repousserait le voisin à sept points. Mais s’il espère conquérir les cœurs, le technicien belge devra s’arranger : la Lorraine doit rester grenat. C’est le meilleur moyen d’accélérer le processus de séduction. Manifestement, l’intéressé est déjà au parfum : « Je n’ai pas besoin d’être sensibilisé, le derby est la première chose dont on m’a parlé à mon arrivée. » Hier, il ajoutait : « Je n’ai qu’un seul objectif, rendre aux supporters ce qu’ils nous ont déjà donné depuis le début de saison. »
A leur échelle, ces deux clubs ont encore des réglages à apporter. Nancy doit progresser en défense et en gestion. Metz doit soigner sa maîtrise des événements et construire le beau jeu qu’il a brandi comme un slogan. Ces chantiers, naturellement, seront remis à plus tard. Le derby n’est pas une affaire d’esthétique ni une séance de travail. C’est un brasier.
Christian JOUGLEUX.
« On ne les aurait pas beaucoup entendus »
« Même si quelques Nancéiens seront disséminés dans le stade, nous n’aurons pas droit au répondant du kop adverse. Même si les propos ne sont pas toujours poétiques, c’est dommage car cela participe aussi à l’ambiance du derby », regrette Christophe K., un supporter messin. Photo K. SIARI «
Les supporters du FC Metz attendent avec impatience « cette soirée pas comme les autres » dont seront privés leurs homologues nancéiens, arrêté préfectoral oblige. Une absence susceptible de gâcher la fête ?
L’impatience se lit dans leurs yeux. Se perçoit dans leur voix. Les mots sont soigneusement choisis. Tous sont des fidèles de Saint-Symphorien. Acquis à la cause grenat. Tous, évidemment, seront exacts au rendez-vous tout à l’heure.
« Un derby, c’est avant tout la certitude d’une soirée pas comme les autres. » Pour un peu, Christophe B. pousserait la chansonnette… Une vieille habitude chez lui. Une passion tout aussi débordante que son attachement au club à la Croix de Lorraine. Donc cette soirée ? « À travers ton équipe, tu joues ton honneur et ta fierté un peu plus que d’habitude , poursuit-il. Parce que tu sais que les copains d’en face vont te chambrer, si ça se passe mal… » Et ça, il n’en est pas question. « Je vis à Metz, je suis supporter messin, mais je travaille à Nancy , glisse ainsi Julien. Du coup, ce derby représente un moment de tension, sympathique, avec mes collègues et surtout mes étudiants… »
Cette rivalité ancestrale fait forcément partie d’un décor longtemps laissé à l’abandon, malgré quelques travaux de rénovation entrepris en 2013. Avec, à l’époque, une couche de grenat joyeusement badigeonné à l’intérieur comme à l’extérieur. « Le derby est avant tout une question d’honneur régional , lâche, sans rire (qu’il a pourtant communicatif), Christophe K. À Saint-Symphorien, il ne peut et ne doit y avoir qu’un seul vainqueur : le FC Metz. Mais, attention, ce n’est pas la guerre, juste du football. »
« C’est le blockbuster de notre saison ! »
« Bien sûr, cela ne reste que du sport et cela doit avant tout être une fête , confirme Reine, qui a fait de Saint-Symphorien sa deuxième maison et du FC Metz sa deuxième famille… Pour rien au monde je ne manquerais ce match. Je veux goûter à nouveau à cette ambiance de folie et au bonheur vécu il y a deux ans », lorsque les hommes d’Albert Cartier s’étaient imposés 3-0. « Tous les supporters messins ont envie de connaître le même happy end , poursuit Christophe B. Ce derby, c’est le blockbuster de notre saison ! »
« C’est le match que les Messins ne doivent pas perdre , confirme Raphaël. Alors évidemment, l’interdiction de déplacement pour les supporters nancéiens va un peu gâcher la fête. Un derby sans les fans du camp adverse, forcément, cela n’a pas la même saveur. » A ses yeux, priver les Nancéiens de cette rencontre est également le reflet d’un autre malaise : « A quelques mois de l’Euro-2016, cela ne présage rien de bon , souligne-t-il. Certains supporters s’apprêtant à venir en France sont sans aucun doute autrement plus virulents que ceux de Metz et de Nancy. »
« C’est triste , confirme Olivier. On préfère éviter les problèmes plutôt que d’essayer de les régler. » Même discours du côté de Christophe K. : « À moins d’un an de l’Euro, par principe de précaution, on interdit un déplacement de quelques supporters… Même s’il n’y a pas de match à Metz, qu’en sera-t-il de la gestion des supporters si l’on assiste à un Angleterre-Pays Bas, par exemple ? »
« Pour quelques individus agités, tout le monde est puni , regrette Christophe B. C’est bien dommage car la réciproque sera sans doute vraie à Picot. Mais, soyons chauvins, Saint-Symphorien 100 % grenat, ça s’annonce quand même grandiose… » « Et , poursuit-il, un brin taquin, ça évitera une extinction de voix aux supporters nancéiens. On ne les aurait pas beaucoup entendus, de toute façon ! »
Jean-Sébastien GALLOIS.
Mandjeck et Sassi entrent Baldé et Sakhi sortent
Janis Ikaunieks. Photo Pascal BROCARD
José Riga a convoqué un groupe de dix-sept joueurs dont le nouvel arrivant Georges Mandjeck. Baldé, lui, ne verra pas le derby.
s’il ne procédera sans doute pas à une vaste révolution par rapport à l’équipe alignée à Laval, José Riga, l’entraîneur du FC Metz, devrait néanmoins effectuer quelques retouches pour la réception du voisin nancéien, ce soir. Parce que certains ont (vraiment) souffert en Mayenne. Parce que le leader messin se doit de prendre son destin en main à l’occasion de la première manche du derby.
D’ailleurs, le technicien belge a fait des choix forts en ne retenant pas Amido Baldé. Jusqu’ici, l’attaquant bissau-guinéen avait débuté cinq des six premières rencontres de la saison. Sans convaincre… Hamza Sakhi, titulaire en Mayenne, vendredi dernier, ne figure pas non plus au casting. Par contre, Georges Mandjeck, l’un des invités de dernière minute du mercato, et Ferjani Sassi, encore jamais appelé par José Riga, seront là. Alors que Janis Ikaunieks, blessé à une cheville dès la première journée, effectue son retour.
Du coup, le staff messin s’offre de nouvelles perspectives au milieu et en attaque. Car derrière, il n’y aura aucune surprise. Didillon, le maillon fort des Grenats depuis l’ouverture du championnat, gardera les buts devant une défense privée de Reis (blessé) et Gomes (pas encore prêt) et composée du quatuor Métanire-Özmen-Palomino-Balliu. À la récupération, Santos pourrait être associé à Mandjeck dont le profil pourrait parfaitement convenir à ce genre de rencontre, à moins que la patte de Sassi ne soit privilégiée…
Mayuka titulaire ?
Si tel était le cas, Lejeune retrouverait un rôle dans le couloir gauche plus en conformité avec ses qualités. À droite, Ngbakoto est incontournable. Par contre, au cœur du jeu il est assez probable qu’Ikaunieks et Krivets, deux éléments aux qualités techniques indéniables soient en balance. Enfin, devant, en l’absence de Baldé, Diallo et Falcon, la logique voudrait que Mayuka, buteur à Laval, débute le match. Le Zambien est d’ailleurs le seul attaquant de formation figurant dans le groupe messin qui ne compte, faut-il le souligner, que quatre défenseurs. Un indice, sans doute, de la tendance offensive choisie par le staff du club à la Croix de Lorraine.
J.-S. G.
Didillon : « Il n’y a pas de favori »
Thomas Didillon pourrait encore être déterminant contre Nancy. Photo Anthony PICORÉ
Le gardien du FC Metz connaîtra, ce soir, son premier derby lorrain dans la peau d’un professionnel. Thomas Didillon évoque ce baptême, l’attente que suscite ce match et le contenu perfectible du jeu du leader.
Il vous excite ce derby lorrain, Thomas Didillon ? « Forcément. C’est le premier, pour moi, chez les pros. Il y a ce côté excitant, mais on reste des joueurs professionnels. Footballistiquement, on doit l’aborder de la même manière qu’un autre. On sera à onze contre onze et on va essayer de marquer un but de plus que l’adversaire. Après, émotionnellement, c’est spécial quand on voit la ferveur que cela engendre. »
• Metz est-il favori ? « Non. Il n’y a pas de favori. Ce match oppose deux équipes qui ont fait un bon début de championnat. »
• Soyons clairs. Dans votre esprit, c’est d’abord un derby ou un match de haut de tableau ? « C’est du 50-50. D’abord, on a tous regardé cette date sur le calendrier, mais ce match rapporte trois points comme un autre. On connaît son importance dans le cœur des supporters, mais on reste dans le projet de prendre des points. Ce qui passe par une victoire. Bien sûr, s’il y a, en plus, du beau jeu et la fête, ce sera top. »
• L’absence de supporters nancéiens est-elle un sujet de conversation dans le vestiaire ? « On n’en parle pas vraiment. Non, ce n’est pas omniprésent dans les têtes. A notre niveau, on essaie de transmettre aux nouveaux les valeurs que représente le derby et ce sont surtout les 23 000 supporters messins qui nous importent. S’il y avait eu 1 000 Nancéiens en plus, la fête aurait été un peu différente, mais on a d’abord besoin d’un soutien pour gagner. »
« Si on gagne sans être beau… »
• Le FC Metz n’a pas forcément brillé par son contenu sur ses dernières sorties… « On a eu la chance de ramener trois points de nos derniers déplacements et on a bien débriefé ces matches. Il y a eu de l’analyse et un travail en conséquence. L’idée, c’est de retrouver cette agressivité et cette hauteur montrées contre Valenciennes et à Sochaux. Après, si on gagne ce derby sans être beau, je signe tout de suite. Tout le monde signerait pour mettre un but de plus que Nancy. »
• Comment analysez-vous vos performances ? « Je suis surtout content quand il y a trois points à la fin. C’est clair, c’est flatteur ce qui se passe autour de nous. On est content de ce qui nous arrive, mais cela ne veut pas dire qu’on ne travaille pas au quotidien. Quand je rentre sur le terrain avec mes défenseurs, je reste sur l’idée de gagner et de ne pas prendre de but. On garde les pieds sur terre, de toute façon. Parce qu’on est encore loin de ce que l’on veut faire. »
• Craignez-vous certains attaquants de Nancy, Youssouf Hadji par exemple ? « Je n’ai pas cette approche. Dire qu’un attaquant m’inquiète, c’est déjà se placer dans un rapport de forces. Je préfère me concentrer sur ce que je peux faire en fonction du contexte, sur le terrain. C’est pareil pour l’attaquant. Si la situation lui impose de changer son jeu, il fera autre chose. Et je vais me faire rouler. »
• Avez-vous un message pour les supporters ? « Pas besoin de message. Ils savent déjà ce qu’ils ont à faire. »
Ch. J.
Derby actu
Photo FC Metz
Pelouse
Messins et Nancéiens vont s’affronter, tout à l’heure, sur l’une des meilleures pelouses de Ligue 2. La deuxième plus belle selon le classement réalisé
par la LFP. Créteil occupe la première place avant cette 7e journée.
Gobelet
Ce soir, à l’occasion du derby, le jeune milieu de terrain messin, Janis Ikaunieks sera à l’honneur. C’est le visage juvénile de l’international letton qui figurera, en effet, sur le gobelet collector en vente aux buvettes du stade Saint-Symphorien.
Dans le rétro
José Riga, son staff et ses joueurs ont jeté un coup d’œil dans le rétro, cette semaine, avec une séance vidéo consacrée au derby de 2013 (victoire 3-0 des Messins à Saint-Symphorien). « Oui, nous avons revu ces images tous ensemble , glisse l’entraîneur du FC Metz. Ne serait-ce qu e pour mettre l’accent sur le contexte particulier qui entoure cette rencontre. Cela reste, ici, un match référence. » Une découverte pour certains, de (très) bons souvenirs pour d’autres…
Mise au vert
Les staffs des deux équipes ont décidé d’une mise au vert, hier, à l’issue de leur dernier entraînement, tous deux programmés à huis clos. Les hommes de Pablo Correa ont quitté la Forêt de Haye pour s’installer dans un hôtel de l’agglomération nancéienne. Ils n’ont pris la direction de Metz qu’aujourd’hui.
Écran géant
Privés de déplacement à Metz par arrêté préfectoral, les supporters nancéiens pourront suivre le derby à… Marcel-Picot Les dirigeants de l’ASNL
ont décidé d’installer un écran dans la rue située sous la tribune Hazotte. 2 000 fans pourront ainsi assister à la retransmission du match dans son intégralité.
« 20 contre 26 000 Messins »
Antony Robic n’en est pas à son premier derby. Photo L’EST RÉPUBLICAIN
Le Nancéien Antony Robic va goûter, ce soir au Stade Saint-Symphorien, à son premier derby lorrain. Impressions.
Si on vous dit que ce derby est un match qui vous ressemble, à la fois passionné et bouillant, qu’en pensez-vous ? « Je suis d’accord. Je suis un gars du Sud, j’aime quand les matches sont chauds. J’ai l’habitude de tout donner sur le terrain, de ne jamais tricher, et c’est justement au niveau de la détermination que se joue souvent un derby. Dans ce genre de rencontre, il faut déjà être des hommes. Je veux dire par là que la motivation et l’aspect mental passent en priorité. »
• Avez-vous connu d’autres derbys au cours de votre carrière ? « Lorsque j’étais à Laval, le derby était contre Angers. J’ai joué quatre Laval-Angers ou Angers-Laval et j’ai marqué deux fois, dès mon premier derby là-bas. C’était un match particulier dans la saison mais ça n’a quand même rien à voir avec la rivalité qui existe entre Nancy et Metz. On se rapproche plus d’un Lyon-Saint-Etienne. »
• L’engouement vous surprend-il ? « On m’en avait parlé assez vite après ma signature en juin mais c’est cette semaine avant le derby à Metz qui m’a vraiment fait comprendre l’ampleur de cette rivalité régionale. C’est assez impressionnant et, surtout, très motivant ! »
« Ne pas dépasser les limites »
• Lors du dernier derby à Metz, en 2013, l’ASNL avait été écrasée par le poids de l’ambiance à Saint-Symphorien (3-0). Comment comptez-vous faire pour gérer ça ? « On sait à quoi s’attendre et on a même tous hâte d’y être. On fait une carrière de footballeur pour vivre des matches avec une telle tension. Il faudra se servir du contexte à Saint-Symphorien pour être encore plus fort. On sera 20 Nancéiens contre 26000 Messins. »
• Vous avez aussi tendance à vite monter dans les tours après une mauvaise décision de l’arbitre ou une faute sur vous. N’y a-t-il pas un risque de vous voir surmotivé avant le derby, avec toutes sortes de provocations en perspective face à vous ? « À moi d’être assez intelligent pour ne pas dépasser les limites. Je vais bientôt avoir 30 ans, je commence à avoir un peu d’expérience maintenant. Il n’est pas question pour moi d’aller prendre un carton rouge qui pénaliserait l’équipe. Les supporters m’ont parlé de la mésaventure subie par Jeff Louis lors du dernier derby à Picot. Jeff Louis était tombé dans le piège en répondant aux provocations. Je sais que c’est quelque chose à ne pas faire. »
• Avez-vous prévu une célébration particulière en cas de but de votre part, ce vendredi soir à Saint-Symphorien ? « Allez, je vais répondre joker ! »
R. J.
« Un match absolument à ne pas perdre ! »
HéloÏse Mansuy. Photo Anthony PICORE
Les filles du FC Metz-Algrange cultivent aussi la rivalité avec le voisin nancéien. Exemple avec Héloïse Mansuy.
C’est de Bosnie, où se dispute le premier tour qualificatif de l’Euro-2016 féminin des U19, que Héloïse Mansuy s’apprête à suivre le derby lorrain. Loin de Saint-Symphorien, la défenseuse du FC Metz-Algrange, titulaire mardi lors de la victoire (2-0) face au pays hôte de ce mini-tournoi, est tout aussi excitée par ce rendez-vous. Pour une bonne raison : « J’ai joué à Nancy et, maintenant, je suis à Metz », explique la joueuse de 18 ans, formée à la RS Magny.
« Un derby est toujours très important , rappelle l’internationale tricolore, qui affrontait les Îles Féroé hier après-midi. Il y a toujours une pression supplémentaire lorsqu’on le joue. C’est un match qui nous tient vraiment à cœur. » Si elle a porté les couleurs de l’ASNL durant deux saisons, entre 2012 et 2014, son choix est vite fait quant à l’équipe qu’elle soutient aujourd’hui. « Je suis Messine : je suis née à Metz et j’y ai toujours vécu. J’ai toujours supporté le FC Metz, je serai donc pour Metz dans ce derby, même si je suis les résultats de l’ASNL lors des autres rencontres. »
« Je l’attends avec impatience »
Comme pour toutes les équipes du club à la Croix de Lorraine, du centre de formation à la vitrine professionnelle, la formation féminine, dirigée depuis cet été par David Fanzel, cultive la rivalité avec le voisin meurthe-et-mosellan. « Le derby est vraiment important pour nous. On ne veut absolument pas le perdre ! » La première manche est programmée à Nancy le 18 octobre et le retour en Moselle le 20 mars. « Je l’attends avec impatienc e . En plus, c’est mon ancienne équipe, c’est encore plus excitant », avoue la défenseuse messine, dont l’équipe a pris un excellent départ en Division 2 avec deux succès en autant de journées. Mieux que Nancy, qui compte une victoire et une défaite à son compteur.
A fond derrière les Grenats, les féminines du FC Metz-Algrange côtoient pourtant très peu leurs homologues masculins. « Nous ne voyons presque jamais les pros , confie Héloïse Mansuy. Quelques fois, on les voit s’entraîner et certains viennent à quelques-uns de nos matches, mais c’est tout. » Cela ne freine toutefois pas son enthousiasme à l’aube de ce choc au sommet de Ligue 2. « Malheureusement, ça va être difficile de suivre le match depuis la Bosnie, car on a très peu de wifi et pas la télé française. Mais je suivrai le score de très près ! »
Maxime RODHAIN.
Choplin : « Nancy ? C’était sympa… »
Pour Jérémy Choplin, l’enjeu du derby est simple : « Il faut gagner pour passer une bonne saison. » Photo Anthony PICORÉ
Conspué et chahuté à Nancy, après son match avec Niort (1-1), l’ex-Messin Jérémy Choplin raconte cette soirée et ses souvenirs de derby.
Jérémy Choplin, contrairement à Metz, vendredi, vous avez pu voir les supporters de l’ASNL. Impression générale ? « C’était houleux, très, très houleux. L’accueil était un peu dur mais c’est normal. Je suis un ancien Messin et toujours supporter du club. Mais là, j’étais seul. Et j’ai pris tout le long du match ! Je me suis fait insulter et, à la fin, quand je suis venu vers la grille pour saluer quelques supporters, trois types me sont tombés dessus. J’ai dû me battre parce que les vigiles ont tardé à intervenir. J’ai pris un petit coup. J’en ai donné un peu aussi… Bref, c’était sympa. »
• Contrairement aux recrues messines, vous avez aussi connu le derby lorrain. Racontez-leur. « C’est simple, il faut gagner pour passer une bonne saison. Ce n’est qu’un match mais on en parle encore après. Ça reste. Je le compare au derby corse, Bastia-Ajaccio. On sent beaucoup de pression, un vrai engouement. C’est un super match à jouer, mais il ne faut pas se louper. Et savoir gérer la pression. »
• Quel derby avez-vous préféré : la petite victoire à Nancy (0-1) ou la démonstration à Metz (3-0) ? « Le retour de Nancy avec cet accueil des supporters qui entourent notre bus, c’était énorme. On était parti à la guerre, seuls, pour revenir en vainqueurs. J’ai quand même préféré le derby à domicile. C’était le premier, avec une grosse ambiance. »
• Quels tuyaux sur Nancy pourriez-vous donner à votre ancien club ? « J’ai vu une très bonne équipe de Nancy, meilleure que les années précédentes, à mon avis. C’était un match très compliqué et le premier conseil que je pourrais donner à Metz, c’est de ne pas se poser de question, de se focaliser sur son jeu. Après, Nancy a des faiblesses derrière. Mais, offensivement, c’est très bon. Ça joue et ça va vite. »
« J’aurais pu porter plainte »
• Auriez-vous aimé disputer le derby à Metz sans supporters nancéiens ? « Non. J’aime cette pression et le football, c’est aussi ce folklore. Je n’aime pas la violence, mais j’aime quand un match se passe comme samedi. Ça me fait rire. D’ailleurs, j’aurais pu porter plainte comme on me l’a suggéré, mais je ne suis pas là pour pleurer et je ne veux pas mettre ce club dans l’embarras. De toute façon, il faut des supporters. Sinon, ça devient comme Paris. Les gens viennent voir un spectacle, mais il n’y a plus d’ambiance. »
Ch. J.
Derby actu
22 500
Hier, en début de soirée, 22 500 billets pour le derby avaient trouvé preneurs. Pour les retardataires, la vente de places se poursuit aujourd’hui
jusqu’à 16 h sur la billetterie en ligne du FC Metz. Aucun guichet ne sera ouvert au stade. Les portes de Saint-Symphorien ouvriront à 18 h.
Communion
S’il regrette, lui aussi, l’absence des supporters nancéiens, ce soir, José Riga affirme, en revanche, que le public de Saint-Symphorien aura « un rôle à jouer ». « Je sais qu’on peut compter sur nos supporters , assure l’entraîneur du FC Metz. On l’a vu notamment face à Évian et même en déplacement. Cette communion avec notre public est indispensable. »
Bookmakers
C’est une curiosité : les sites de paris sportifs donnaient leurs faveurs à l’ASNL hier. En moyenne, un euro misé sur une victoire de Metz rapportait 2,80 €, contre 2,50 € pour un succès de Nancy.
Diakhaté
Nancy devrait prochainement officialiser l’arrivée de Pape Diakhaté, pour renforcer un secteur défensif limité. Ce serait un retour au bercail pour le Sénégalais de 31 ans qui s’entraîne déjà en Forêt de Haye, après son départ de Turquie (Kayzerispor) où il n’était plus payé.
Cartier
Et si Albert Cartier reprenait du service à Sochaux ? L’ex-entraîneur de Metz, vainqueur des deux derniers derbys lorrains, aurait postulé pour la succession d’Olivier Echouafni. Hubert Vélud se serait également positionné.
Ça chambre sur Twitter...
Le FC Metz et l’ASNL n’ont pas attendu le coup d’envoi de Saïd Ennjimi pour lancer les hostilités. Le match a commencé dès hier sur la Toile, via les réseaux sociaux. Sur Twitter , principalement.
C’est en effet à une véritable "joute verbale" que sont livrés les deux clubs lorrains tout au long de la journée. Les Meurthe-et-mosellans ont (gentiment) allumé la mèche à propos du slogan de leur rival mosellan : « Salut FC Metz, pourquoi avoir supprimé tous vos visuels "La Lorraine est grenat " ? Un mauvais pressentiment ? La peur de perdre ? »
La réponse du clan grenat n’a évidemment pas tardé à venir via une vidéo de présentation du derby conclue par ledit slogan et accompagné de ce commentaire : « Nous assumons la véritable couleur de la Lorraine, la preuve ici ».
Les administrateurs du compte du FC Metz ne sont pas arrêtés là. Quelques minutes plus tard, c’est par le biais d’un visuel qu’ils enfonçaient le clou en concédant que la place Stanislas ne manque pas de charme… lorsqu’elle porte les couleurs du club à la Croix de Lorraine ( photo ci-contre ).
« Beau match aujourd’hui »
Réplique nancéienne : un cliché d’une place Stanislas "rouge et blanche" envahie par des supporters de l’ASNL (« Tout le monde n’est pas de votre avis cher FC Metz… »). La fin de la partie a finalement été sifflée avec un dernier commentaire, fair-play et très sportif : « Beau match aujourd’hui avec le FC Metz sur Twitter. Rendez-vous demain à Saint-Symphorien pour les supporters messins et à Picot pour les supporters nancéiens (écrans géants) pour le vrai derby ! Que le meilleur gagne ».
J.-S. G.
« On est prêt ! »
« L’idéal aurait sans doute été de réaliser une belle prestation à Laval pour préparer ce derby sereinement. Mais le fait de recadrer certaines
choses peut également avoir du bon. On sait aussi qu’il faudra maîtriser tout autant l’aspect technico-tactique que le côté émotionnel. Depuis le début
de saison, j’ai pu déjà tirer un certain nombre d’enseignements à propos de mon équipe. Mais, c’est vrai, cette rencontre va me permettre de savoir comment certains joueurs réagissent dans un contexte aussi particulier. Cela dit, on est prêt ! » De José Riga , l’entraîneur du FC Metz à quelques heures du coup d’envoi de son premier derby lorrain.
Un rendez-vous bon enfant ?
Si, pour beaucoup, l’absence des supporters nancéiens est regrettable, certains, à l’image de Julien, estime aussi que « c’est plus prudent, même si ça enlève forcément du piquant au match. J’ai vu des supporters en sang évacués de la tribune Est il y a deux ans. Cela n’a pas sa place dans un stade. » Une expérience qui, dit-il, l’a « détourné de l’idée d’y emmener [son] fils de sept ans ». « Mais , poursuit l’enseignant, Maître de conférences à l’Université de Lorraine, j’espère vraiment lui faire vivre un derby très bientôt. En Ligue 1 ? »
Olivier estime, lui aussi, que sans les supporters nancéiens, « la saveur du derby ne sera pas la même ». Pour autant, ce dernier reconnaît qu’il a, avant tout, « envie d’aller au stade avec [ses] enfants sans craindre de se prendre des trucs sur la tête ».
Malgré tout, ce rendez-vous si particulier entre les deux meilleurs ennemis lorrains, est selon Christophe B., « une soirée où tu es encore un peu plus content que d’habitude d’emmener tes enfants au stade. Parce que même si les Grenats ne nous font pas encore franchement vibrer par leur jeu, tu sais que leur ténacité nous donne des scénarios de rencontres qui sont toujours à rebondissements, eux ! »
J.-S. G.
