L'Équipe Premium 18/09 : Coup de chaud en Lorraine
Publié : 18 sept. 2015, 08:46
Coup de chaud en Lorraine
Le derby entre Metz et Nancy se déroulera, ce soir, sans les supporters nancéiens, interdits de déplacement. Véhémente dans les stades, l'ancestrale rivalité entre les deux villes avait dérapé en 2013.
GRÉGOIRE FLEUROT
Si la plupart des supporters du FC Metz et de l'AS Nancy-Lorraine voient le derby comme une saine rivalité, les scènes de violence du dernier affrontement à Saint-Symphorien, en septembre 2013, sont venues rappeler que certains prennent un peu trop à coeur le vieux cliché selon lequel le foot est un substitut de la guerre. Metz l'avait emporté 3-0 mais le match avait été interrompu deux fois par des jets de pétards et de fumigènes sur la pelouse. Au vu de ce précédent, la préfecture a décidé d'interdire le déplacement des Nancéiens ce soir.
« J'étais à côté des visiteurs ce jour-là, ça s'était très mal passé, se souvient Rémi Caudy, supporter de Metz depuis le berceau. C'est dommage qu'ils ne soient pas là mais ça évitera tous les problèmes de sécurité et les risques que le match soit arrêté. » Côté nancéien, la décision est plus difficile à avaler. « Je vais louper le derby pour la première fois, regrette Stéphane Lamaix, abonné depuis plus de trente ans à Nancy et président de l'association Socios Nancy. C'est dommage, l'interdiction est la solution de facilité. » Il regardera le match sur l'écran géant installé à Marcel-Picot, comme David, président de l'association d'ultras Saturday FC Nancy. « On va y aller avec les copains, glisse-t-il, résigné. Même si on avait dû l'écouter à la radio on se serait regroupés. » Car avant d'être l'occasion de chambrer les collègues (beaucoup de Messins travaillent à Nancy et vice-versa), le derby est avant tout une expérience qui se vit ensemble.
UN CONCOURS DE CARICATURES SUR TWITTER
Le match Metz-Nancy ne compte pas parmi les plus grands derbys de la planète, mais comme partout ailleurs, il est le prolongement d'une guerre de clocher bien plus ancienne que le football et se nourrit abondamment des symboles historiques. « Les supporters de Metz s'identifient à la croix de Lorraine mais pas nous, on utilise le drapeau de la Lorraine », souligne David. « Avant, les Nancéiens considéraient ceux de la Moselle comme des casques à pointe », glisse Mounir Mougins, président de l'association Socios Grenats, en référence à l'annexion de Metz par l'Allemagne en 1871 puis en 1940.
L'histoire de la rivalité entre les clubs ressemble de façon frappante à celle qui oppose les deux villes, distantes de 60 kilomètres. Metz, ville trimillénaire qui a dominé la région pendant des siècles, a vu éclore au Xe siècle une rivale qui a aujourd'hui atteint sa taille et lui fait concurrence dans les domaines culturel, économique et politique. En football, le FC Metz, LE club historique de la Lorraine, fondé en 1919, avec 58 saisons dans l'élite au compteur, a vu débarquer l'ASNL en 1967 et a même subi l'affront de voir le petit poucet lui rafler le titre honorifique de meilleur club de la région dans les années 2000 alors que lui dégringolait jusqu'en National en 2012, une première. « Quand l'ASNL jouait la Coupe d'Europe (un 16e de finale en 2007) et gagnait la Coupe de la Ligue (2006), je ne le vivais pas bien », se remémore Mounir Mougins, tel un bourgeois de Metz voyant la jeune ville de Nancy hériter des centres de décision administratifs régionaux au XIXe siècle. « Nous, on n'a plus vu le Stade de France depuis 1999 (défaite contre Lens en Coupe de la Ligue). »
Le derby est une fenêtre sur l'histoire mais aussi la géographie de la région. En Lorraine, quand on vient de Meurthe-et-Moselle, on soutient Nancy. Quand on est né en Moselle, c'est le FC Metz. Pour les deux autres départements (Meuse et Vosges), les choses sont moins nettes.
Chez certains, le match est même un moteur de créativité. Depuis quelques jours, deux dessinateurs amateurs se livrent à un concours de caricatures sur Twitter que leurs deux clubs de coeur respectifs n'hésitent pas à relayer pour faire monter la sauce. « J'ai commencé à faire un petit dessin par jour et ça a été repris par le club, et même certains joueurs », explique Rémi Caudy, dont l'une des oeuvres sera affichée sur une grande bâche par les ultras messins ce soir. « Pour moi, la rivalité est très bon enfant, explique son homologue Hervé Vachez, qui occupe toutes ses pauses déjeuner à alimenter son blog en dessins sur l'ASNL. J'ai même lancé le mot-dièse “La Lorraine en Ligue 1”. Car ce qui me ferait le plus plaisir, c'est que les deux clubs montent. »
Le derby entre Metz et Nancy se déroulera, ce soir, sans les supporters nancéiens, interdits de déplacement. Véhémente dans les stades, l'ancestrale rivalité entre les deux villes avait dérapé en 2013.
GRÉGOIRE FLEUROT
Si la plupart des supporters du FC Metz et de l'AS Nancy-Lorraine voient le derby comme une saine rivalité, les scènes de violence du dernier affrontement à Saint-Symphorien, en septembre 2013, sont venues rappeler que certains prennent un peu trop à coeur le vieux cliché selon lequel le foot est un substitut de la guerre. Metz l'avait emporté 3-0 mais le match avait été interrompu deux fois par des jets de pétards et de fumigènes sur la pelouse. Au vu de ce précédent, la préfecture a décidé d'interdire le déplacement des Nancéiens ce soir.
« J'étais à côté des visiteurs ce jour-là, ça s'était très mal passé, se souvient Rémi Caudy, supporter de Metz depuis le berceau. C'est dommage qu'ils ne soient pas là mais ça évitera tous les problèmes de sécurité et les risques que le match soit arrêté. » Côté nancéien, la décision est plus difficile à avaler. « Je vais louper le derby pour la première fois, regrette Stéphane Lamaix, abonné depuis plus de trente ans à Nancy et président de l'association Socios Nancy. C'est dommage, l'interdiction est la solution de facilité. » Il regardera le match sur l'écran géant installé à Marcel-Picot, comme David, président de l'association d'ultras Saturday FC Nancy. « On va y aller avec les copains, glisse-t-il, résigné. Même si on avait dû l'écouter à la radio on se serait regroupés. » Car avant d'être l'occasion de chambrer les collègues (beaucoup de Messins travaillent à Nancy et vice-versa), le derby est avant tout une expérience qui se vit ensemble.
UN CONCOURS DE CARICATURES SUR TWITTER
Le match Metz-Nancy ne compte pas parmi les plus grands derbys de la planète, mais comme partout ailleurs, il est le prolongement d'une guerre de clocher bien plus ancienne que le football et se nourrit abondamment des symboles historiques. « Les supporters de Metz s'identifient à la croix de Lorraine mais pas nous, on utilise le drapeau de la Lorraine », souligne David. « Avant, les Nancéiens considéraient ceux de la Moselle comme des casques à pointe », glisse Mounir Mougins, président de l'association Socios Grenats, en référence à l'annexion de Metz par l'Allemagne en 1871 puis en 1940.
L'histoire de la rivalité entre les clubs ressemble de façon frappante à celle qui oppose les deux villes, distantes de 60 kilomètres. Metz, ville trimillénaire qui a dominé la région pendant des siècles, a vu éclore au Xe siècle une rivale qui a aujourd'hui atteint sa taille et lui fait concurrence dans les domaines culturel, économique et politique. En football, le FC Metz, LE club historique de la Lorraine, fondé en 1919, avec 58 saisons dans l'élite au compteur, a vu débarquer l'ASNL en 1967 et a même subi l'affront de voir le petit poucet lui rafler le titre honorifique de meilleur club de la région dans les années 2000 alors que lui dégringolait jusqu'en National en 2012, une première. « Quand l'ASNL jouait la Coupe d'Europe (un 16e de finale en 2007) et gagnait la Coupe de la Ligue (2006), je ne le vivais pas bien », se remémore Mounir Mougins, tel un bourgeois de Metz voyant la jeune ville de Nancy hériter des centres de décision administratifs régionaux au XIXe siècle. « Nous, on n'a plus vu le Stade de France depuis 1999 (défaite contre Lens en Coupe de la Ligue). »
Le derby est une fenêtre sur l'histoire mais aussi la géographie de la région. En Lorraine, quand on vient de Meurthe-et-Moselle, on soutient Nancy. Quand on est né en Moselle, c'est le FC Metz. Pour les deux autres départements (Meuse et Vosges), les choses sont moins nettes.
Chez certains, le match est même un moteur de créativité. Depuis quelques jours, deux dessinateurs amateurs se livrent à un concours de caricatures sur Twitter que leurs deux clubs de coeur respectifs n'hésitent pas à relayer pour faire monter la sauce. « J'ai commencé à faire un petit dessin par jour et ça a été repris par le club, et même certains joueurs », explique Rémi Caudy, dont l'une des oeuvres sera affichée sur une grande bâche par les ultras messins ce soir. « Pour moi, la rivalité est très bon enfant, explique son homologue Hervé Vachez, qui occupe toutes ses pauses déjeuner à alimenter son blog en dessins sur l'ASNL. J'ai même lancé le mot-dièse “La Lorraine en Ligue 1”. Car ce qui me ferait le plus plaisir, c'est que les deux clubs montent. »