Buteur providentiel face à Clermont (3-3), Mathieu Duhamel retrouve aujourd’hui Saint-Symphorien, théâtre de son épanouissement. Face à Boulogne, l’attaquant espère enfin prendre ses distances avec la zone de relégation.
Image trompeuse : Mathieu Duhamel ne rêve pas d’un ailleurs, mais d’un ciel plus clément pour un club qui lui tient à cœur… Photo Pascal BROCARD
Mathieu Duhamel tranche avec l’archétype du footballeur issu d’une filière classique. Son métier, l’attaquant, prêté à Metz par Troyes, l’a appris loin des centres de formation, là où se modèlent nombre de joueurs un brin stéréotypés : « Rien n’a jamais été facile pour moi ». Le CFA à 17 ans à Quevilly, l’anonymat du National sous le maillot de Créteil ou encore les difficultés relationnelles avec Jean-Marc Furlan dans l’Aube – « un entraîneur qui ne m’a jamais donné ma chance » – ont forgé son caractère. C’est en combattant dans l’âme qu’il a gagné le cœur, pourtant chagrin, du public messin. C’est en combattant qu’il souhaite, par-dessus tout, sauver des eaux marécageuses de la relégation le FC Metz, « un club envers qui je me sens redevable ».
• Presse spécialisée, presse régionale, presse radiophonique, ces derniers mois, vous êtes sollicité par les médias. Goûtez-vous cette notoriété ?
« Honnêtement, oui. Après avoir été prisonnier d’une situation à Troyes, je ne crache pas sur les sollicitations médiatiques. Je le vois même comme une récompense et, aussi, comme une grande source de motivation. J’ai conscience que dans le football, tout va très vite, dans un sens comme dans l’autre. Alors pourquoi ne pas apprécier ce moment plaisant ? »
• Votre situation personnelle, éblouissante, tranche avec les difficultés du FC Metz. Comment gérez-vous ces deux situations ?
« Avec simplicité. Ma situation personnelle, je la vis bien. Mais ce qui prime, c’est l’intérêt collectif. Je me sens extrêmement redevable envers ce club qui m’a tendu la main. Il y a quatre mois, je n’étais rien du tout. Là, je n’ai qu’une seule obsession : celle de sauver un club d’une rétrogradation qui serait dramatique. »
• Cet engagement s’est traduit dans ce but providentiel inscrit il y a deux semaines au bout des prolongations face à Clermont (3-3). Qu’avez-vous ressenti ?
« Une immense joie, une délivrance. Je savais qu’une occasion de marquer se présenterait dans les dernières minutes. J’ai su la saisir. Ensuite, c’est la frustration du nul qui m’habitait… »
« Aucune raison que je parte »
• Comment expliquez-vous vos difficultés à tenir, à domicile, les promesses observées à l’extérieur ?
« On se met trop de pression à Saint-Symphorien et nous péchons dans le domaine de la concentration. Peut-être aussi que nous manquons de joueurs capables de prendre le jeu à notre compte sur notre terrain. Hormis Mahamane Traoré, nous manquons de leaders techniques. »
• Outre un leader technique, vous êtes également un leader moral, en témoigne votre coup de sang à l’entraînement il y a quelques semaines. Le vestiaire messin est-il sain aujourd’hui ?
« Oui, mais ce coup de sang n’était pas prémédité. Je m’investis énormément et à ce moment-là, j’étais déçu du comportement de certains. Je prends les choses à cœur, c’est dans mon tempérament. Aujourd’hui, il n’y a plus de tensions, on a tous la volonté de s’en sortir. Pour des raisons collectives et aussi personnelles… »
• Redoutez-vous cette réception de Boulogne ?
« Non, mais il est très important de prendre les trois points. Psychologiquement, sortir de la zone rouge nous a fait du bien. Désormais, nous devons prendre de l’air ! Le coach a fixé un objectif de sept points sur nos trois matches à domicile. A nous de remplir le contrat. »
• En parlant de contrat, ou en êtes-vous ?
« J’ai encore deux années avec Troyes mais je ne les honorerai pas. Je ne reviendrai pas dans l’Aube, la situation est claire, il y a même une clause qui me permet de m’engager où je le souhaite. »
• Question simple : serez-vous encore Messin la saison prochaine ?
« J’aime la ville, j’aime la vie, j’aime ces supporters et j’aime ce club. Si Metz manifeste une réelle envie de me conserver, il n’y a aucune raison que je parte. J’ai envie de me stabiliser dans une équipe. »
• Avez-vous déjà eu des discussions avec les dirigeants ?
« Non, pas pour l’instant. Je pense qu’ils attendent d’en savoir plus sur notre avenir en Ligue 2. »
Jean-Michel CAVALLI.
Metz « sur le bord de la route »
La loi Depierre, ou loi Euro 2016, adoptée par le Sénat mercredi, porte un sérieux coup d’arrêt au projet d’agrandissement du stade Saint-Symphorien. Explication avec le président du FC Metz, Bernard Serin
La maquette du projet de rénovation du stade Saint-Symphorien. Bientôt un souvenir ? Photo DR
Un coup de massue sur un édifice branlant. Pour le FC Metz, la fin de saison ne sera pas seulement source d’inquiétudes sportives. Les doutes entourant l’avenir du club à la Croix de lorraine débordent, en effet, de la pelouse : le projet de rénovation du stade Saint-Symphorien, initié il y a deux ans à l’arrivée de Bernard Serin à la tête du club, est en péril, comme l’est la place du FC Metz sur l’échiquier de la Ligue 2.
Il y a quelques semaines, le président avait pu se féliciter de l’avancement du projet d’agrandissement de l’enceinte messine. Mais avant-hier, l’adoption par le Sénat de la loi Depierre, du nom d’un député dijonnais, est venue refroidir l’enthousiasme de la maison grenat.
La loi en question permet aux stades gérés dans le cadre d’un bail emphytéotique administratif (BEA) de profiter d’aides publiques, chose interdite auparavant. Jusque-là, tout allait bien. « Nous entrions dans ce cadre », explique Bernard Serin. L’emploi de l’imparfait est de rigueur : l’application de cette loi a été réduite aux seuls stades retenus dans le cadre de l’organisation de l’Euro 2016. Pour lequel Metz est hors concours.
« C’est une loi restrictive, discriminatoire. Et ambiguë, souligne le président, puisqu’on ne sait pas encore si elle concerne les neuf stades qui seront désignés fin mai pour accueillir l’Euro ou l’ensemble des stades en lice. Quoi qu’il en soit, ça nous laisse au bord de la route et cela compromet gravement notre projet. »
Metz a relancé sa candidature
Remonté, le président messin n’a pas l’intention d’en rester là. « Nous devons réagir. Nous considérons que nous devrions faire partie des stades de réserves en lieu et place de Strasbourg, qui s’était désisté en juillet dernier. Notre première demande à ce sujet avait été refusée, mais nous l’avons répétée à la Fédération française et la réponse devrait intervenir demain (aujourd’hui). » Cette lueur d’espoir semble bien fragile…
Si les démarches de protestation entreprises par le FC Metz et les parties prenantes au projet n’aboutissent pas, « il faudra s’appuyer sur d’autres dispositions de financement. Ce qui compromettrait évidemment le calendrier et la dimension de notre projet. » Et peut-être le projet tout court.
Une perspective qui attise la rancœur de Bernard Serin. « Ce serait injuste. Nous avons livré beaucoup d’efforts pour appuyer la candidature de la France et il n’y a pas de juste retour. »
C. B.
Un « territoire » à reconquérir
Metz ne s’est plus imposé sur ses terres depuis le 11 mars. A lui de retrouver les clés de l’efficacité, ce soir, face à Boulogne-sur-Mer.
Kévin Diaz. Photo Pascal BROCARD
Bien sûr que ça peut se jouer sur la qualité technique, mais à ce stade de la compétition, explique Dominique Bijotat, c’est surtout l’état d’esprit qui peut être décisif. » Au Mans, vendredi dernier, celui des Messins avait été irréprochable (0-0), comme à Angers, deux semaines plus tôt (0-0). Les failles, dans ce domaine, sont surtout apparues à Saint-Symphorien, là où Grenoble a récemment réussi à s’imposer (0-1), là où Clermont a réussi à glaner un point (3-3).
Traoré incertain
A six journées de la fin du championnat, un nouveau faux pas à Saint-Symphorien réduirait sérieusement les chances messines de maintien en Ligue 2. L’entraîneur le sait, qui indique que « l’ennemi ne doit plus venir grappiller un point ici. On est sur notre territoire. » Le mot d’ordre est lancé.
Face à Boulogne, l’ennemi du jour – dont la venue précédera celles du Havre et de Nîmes – Metz se présentera dans une configuration similaire à celle des semaines passées, avec un seul véritable attaquant, Mathieu Duhamel.
Derrière lui, on devrait retrouver Mahamane Traoré à la baguette, à condition que celui-ci ne ressente plus cette douleur au mollet qui, hier, rendait sa participation incertaine. Sur les côtés, Gaëtan Englebert et Samy Kehli, titulaires au MMArena, vendredi dernier, devraient respectivement céder leur place à Kévin Diaz et Yéni N’Gbakoto. Pas de changement à prévoir en défense. Fallou Diagne, aligné sur le flanc droit au Mans, a apparemment convaincu son staff : il est appelé à conserver sa place en dépit du retour de suspension de Cheikh Gueye. Charge à tout ce petit monde de signer une septième victoire, qui ne serait jamais que la cinquième de la saison à la maison…
C. B.
Le chiffre
Le chiffre
28. C’est l’un des rares points communs entre le FC Metz et son prochain adversaire : le nombre de buts marqués. Les deux formations ont inscrit vingt-huit buts chacune. Cette proximité se retrouve presque dans le domaine défensif. Les Messins ont encaissé trente buts, soit un de moins que les Boulonnais.
L’info
Ça coince encore. Forfait au Mans, Joris Delle le sera encore aujourd’hui. Le programme d’entraînement spécifique mis en place ces derniers jours pour permettre au gardien messin de se remettre d’une entorse de la cheville n’a pas été suffisant. « Il a encore des douleurs », a expliqué Dominique Bijotat. Oumar Sissoko gardera donc les cages messines pour la deuxième fois de suite.
La phrase
Les gens du Nord. Face à Boulogne, Dominique Bijotat s’attend à une opposition coriace. « C’est une équipe qui a pour valeur essentielle la générosité, celle que lui transmet entre autres son capitaine, Grégory Thil. Il faudra être vigilant. Les gens du Nord ne lâchent rien. »
La question
Les deux ex-Messins, Laurent Agouazi et Vincent Bessat, refouleront-ils la pelouse de Saint-Symphorien ? A en croire la mise en place effectuée hier par Michel Estevan, Laurent Agouazi a de grandes chances de débuter la partie ce soir. Son coéquipier, lui, devra une nouvelle fois patienter sur le banc des remplaçants.
La phrase (2)
Les besogneux. Michel Estevan, l’entraîneur de Boulogne, laisse définitivement de côté l’esthétique du football en cette fin de saison : « Nous sommes des besogneux du foot, inutile de se mentir. Nous devons nous appuyer sur nos points forts : l’état d’esprit et notre faculté de contre ». Des mots empruntés à José Mourinho ?
Instructif et critique à la fois...