Patrick Razurel et Joël Muller font le point
Hervé Kuc
Alors que le FC Metz doit faire face à un sérieux souci d'effectif, Patrick Razurel, Directeur Général, et Joël Muller, conseiller du Président Serin, évoquent le futur stade Saint-Symphorien, ses retombées économiques et le refus d'Amnéville de parapher un partenariat avec le club grenat.
Patrick Razurel: «Le projet de rénovation du Stade Saint-Symphorien est l'un des plus modestes, en termes de coût, de tous ceux actuellement en cours en France ou en Europe.»
Annoncé il y a quelques semaines, à quel niveau d'avancement se trouve le projet de rénovation de Saint-Symphorien?
• PATRICK RAZUREL: «Il n'a jamais été abandonné. Ce qui a été annoncé il y a quelques semaines, c'est la volonté de Metz de se repositionner comme ville candidate à l'accueil de l'Euro 2016 suite à la défection de Nancy. Concernant ce dossier de candidature, qui comprend bien entendu pour une large partie la rénovation du Stade Saint-Symphorien, les choses se sont accélérées depuis cette évolution majeure. Soulignons que c'est bien la Ville de Metz, et non le FC Metz, qui est candidate et donc porteuse du projet. D'ici là, il reste plusieurs choses à finaliser: la structure juridique, le bouclage du dossier technique et la validation du montage financier. La Ville de Metz et le Conseil Général de la Moselle soutiennent pleinement le projet puisqu'ils ont confirmé un apport de dix millions d'euros chacun. L'Etat devrait également apporter sa pierre à l'édifice pour un montant non négligeable. Les fonds privés proviendront de grands groupes de BTP qui pourraient être intéressés par la concession des angles du stade consacrés à des espaces locatifs de bureau. Les négociations sont en cours, nous devons aller vite désormais.»
Quelle est la (ou les) prochaine(s) échéance(s) et dans quel(s) domaine(s)?
• JOËL MULLER: «Le 15 mars, le dossier complètement ficelé doit être transmis à Jacques Lambert, Président du Comité d'Organisation de l'Euro 2016, pour approbation et transmission ensuite à l'UEFA, à qui incombe la validation en dernière instance durant la deuxième quinzaine de mars.»
Les infrastructures routières menant à Saint-Symphorien vont-elles évoluer? Quelle sera la capacité définitive du stade?
• PATRICK RAZUREL: «Le cahier des charges de l'Euro 2016 édicte des normes très précises, par exemple en termes de nombre de places de parking disponibles dans un rayon spécifique autour des stades d'accueil. Ces normes seront respectées et des "Fans'Zones" seront également créées pour permettre au plus grand nombre de supporters de suivre les matches. Tout sera aménagé pour permettre un accès fluide et facile au stade dont la capacité sera portée à 34.000 places.»
En dehors du foot, quelles seront précisément les activités proposées à Saint-Symphorien? Des producteurs (musique, spectacle) ont-ils manifesté un nouvel intérêt?
• PATRICK RAZUREL: «Le stade Saint-Symphorien sera pensé pour être un lieu de vie permanent, qui n'accueillera plus seulement les matches du FC Metz. Les espaces d'hospitalité nouvellement créés devraient permettre de développer les séminaires, les événements d'entreprise divers et bien entendu, la production de concerts ou de spectacles à Saint-Symphorien. Mais le stade rénové ne disposera pas d'un toit recouvrant l'aire de jeu et ne permettra donc pas d'accueillir un éventail d'événements aussi large que cela peut être le cas dans les stades complètement fermés et complètement couverts.»
Joël Muller estime que Metz peut mener de front la rénovation de son stade et l'épanouissement de son équipe.
Photo: Michel Dell'Aiera
Que répondez-vous à ceux qui annoncent "qu'il vaudrait mieux construire une belle équipe plutôt qu'un beau stade?"
• JOËL MULLER: «Qu'essayer d'accomplir les deux missions à la fois ne nuira à aucune d'entre elles! Un stade est fait et pensé pour durer une cinquantaine d'années. A cette échelle, que représente une saison sportive?»
Comprenez-vous que certains habitants de Metz et/ou de la Moselle soient interpellés devant les sommes publiques annoncées par la Ville de Metz et le Conseil Général de la Moselle?
• PATRICK RAZUREL: «Le projet de rénovation du Stade Saint-Symphorien est l'un des plus modestes, en termes de coût, de tous ceux actuellement en cours en France ou en Europe. Le montant total du projet est estimé à 45 millions d'euros au plus. C'est beaucoup moins que les centaines de millions d'euros qui sont nécessaires à la construction de la plupart des nouveaux stades français qui accueilleront l'Euro. D'autre part les retombées économiques directes pour Metz et sa région seront si considérables qu'elles feront plus que compenser le coût du projet. Il faut également dire que le déroulement de l'Euro 2016 à Metz donnera une visibilité mondiale à notre ville et à notre département, qui devraient en tirer des bénéfices ultérieurs.»
Nouveau stade veut-il dire nouveaux partenaires et nouvelles directions sportives?
• PATRICK RAZUREL: «Le "nouveau" stade permettra d'accueillir les entreprises partenaires du club dans de bien meilleures conditions qu'aujourd’hui. Le confort et la convivialité permis par le stade Saint-Symphorien rénové susciteront certainement l'attrait et la curiosité de nouveaux partenaires. Et le projet sportif du FC Metz s'intègre parfaitement à cette nouvelle dynamique, puisqu'il consiste toujours à retrouver la Ligue 1 de manière pérenne le plus vite possible. La Ligue 1 dans un beau stade, c'est encore mieux.»
Si le FC Metz n'accède pas rapidement à la Ligue 1, n'avez-vous pas "peur" d'évoluer devant des tribunes "vides"?
• PATRICK RAZUREL: «L'augmentation du nombre de places du Stade Saint-Symphorien n'est absolument pas l'élément majeur de la rénovation, qui sera davantage axée sur l'augmentation et l'amélioration des espaces d'hospitalité ainsi que sur l'amélioration du confort général du stade. La nouvelle capacité sera finalement assez proche de la capacité actuelle (environ 27.000 places), et le FC Metz est déjà parvenu à plusieurs reprises à remplir complètement son stade en Ligue 2 notamment la saison dernière.»
Récemment, vous avez conclu un partenariat avec des amateurs mosellans. Pourquoi Amnéville ne figure-t-il pas dans cette liste?
• JOËL MULLER: «Au même titre que les sept autres clubs amateurs signataires, le CSO Amnéville avait été invité à nous rejoindre dans ce partenariat. Mais les dirigeants du CSO Amnéville ont refusé et préféré se tourner vers l'AS Nancy-Lorraine, pensionnaire de Ligue 1, pour signer un partenariat bilatéral avec le club meurthe-et-mosellan.»
Le Luxembourg, et ses potentiels investisseurs privés, pourraient-il jouer un rôle majeur dans la vie du FC Metz de demain?
• JOËL MULLER: «Le Luxembourg a toujours joué un rôle important dans l'histoire du FC Metz, aussi bien en termes sportifs puisque de nombreux joueurs luxembourgeois en ont porté les couleurs, qu'en termes économiques. Nous avons actuellement plusieurs partenaires luxembourgeois et cette relation forte entre le FC Metz et le Luxembourg va continuer à s'amplifier, surtout avec l'arrivée de Nico Braun comme ambassadeur du club pour le Grand-Duché. Il œuvre énormément pour renforcer encore la relation déjà existante entre les Grenats et le Luxembourg. Une relation qui pourra bénéficier du bel outil que sera le Stade Saint-Symphorien rénové.»
L'année 2012 commence de manière agitée. Que peut-on souhaiter au FC Metz pour cette fin de saison?
• JOËL MULLER: On peut souhaiter à Metz de voir son dossier de candidature accepté afin de permettre aux Messins, aux Mosellans et aux Lorrains d'accueillir l'Euro en 2016. Et on peut souhaiter au FC Metz des résultats sportifs qui donnent le sourire à ses supporters et qui les rendent fiers de se rendre à Saint-Symphorien.
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