Gaëtan Bussmann est le trait d’union de ce premier derby entre Metz et Épinal. Le défenseur grenat est né et s’est relancé dans la cité vosgienne avant de retrouver la Moselle et… le championnat de National.
Promis, Gaëtan Bussmann ne fera pas de sentiment face à ses anciens coéquipiers : « C’est particulier, mais ce sera un match comme un autre », promet le défenseur messin. Photo Pascal BROCARD
Épinal n’est pas seulement la première ville qui apparaît sur son bulletin de naissance, c’est aussi le club qui a offert une renaissance à Gaëtan Bussmann. Inutilisé à Metz, le défenseur s’est retrouvé l’année dernière grâce à un prêt dans les Vosges qui a failli se solder par une montée en Ligue 2. Et il se pose aujourd’hui en témoin privilégié pour parler de ce premier derby entre ses deux clubs de cœur.
• Gaëtan Bussmann, dans quel état d’esprit abordez-vous ces retrouvailles ?
« C’est particulier parce que j’y jouais la saison dernière mais ce sera un match comme un autre. On va le jouer pour le gagner et on ne fera pas de cadeau. »
• Sérieusement, vous n’y trouverez aucune saveur particulière ?
« Si, parce que je connais la moitié des joueurs. On en parle ou, plutôt, eux m’en parlent depuis pas mal de temps. Après, sur le terrain, on oubliera tout. »
• Qu’avez-vous retenu de ce prêt à Épinal ?
« C’était une très belle aventure. Je sortais de six mois très compliqués avec Metz où je manquais de confiance, de rythme, de plaisir surtout. J’ai retrouvé tout ça là-haut, en quelques semaines et tout s’est enchaîné. »
• En matière de conditions de travail, la différence avec Metz est-elle sensible aujourd’hui ?
« A Épinal, c’est le monde amateur. On s’y entraînait de 18h30 à 20h parce que les autres avaient un travail. Certains sont pompiers, d’autres travaillent avec des handicapés ou sont éducateurs. Je me rends compte de l’opportunité qu’on a ici, des structures, des terrains. Là-haut, je me suis entraîné la première fois sur un terrain rouge, synthétique et personne n’avait la même tenue d’entraînement. Ça changeait complètement. Il y avait un monde entre les deux. Alors on relativise. On se dit qu’on a de la chance d’avoir un statut professionnel. »
« Une équipe qui joue très bien au foot »
• Vous avez même failli décrocher la montée en Ligue 2…
« Oui mais on savait qu’il serait difficile de récupérer les points perdus à domicile. C’est tout le contraire de cette année. Là, on engrange un maximum de points à Saint-Symphorien. C’est ce qu’il faut faire. On veut remonter sans perdre de temps. »
• En parallèle, aviez-vous une pensée pour le FC Metz, votre club, qui vivait une saison cauchemardesque ?
« Voir Metz perdre et être relégable pendant six mois, ça ne me plaisait pas. »
• Pour résumer, que vous a apporté ce prêt ?
« De l’expérience. C’est toujours mieux de jouer vingt matches en National que quinze en CFA… »
• Aujourd’hui, faut-il se méfier de cet adversaire ?
« Bien sûr ! C’est une équipe qui joue très bien au foot. Je suis allé la voir quelques fois cette année et ce n’est pas du tout le même football que la saison dernière. L’entraîneur ( Fabien Tissot) a perdu neuf titulaires et il a restructuré toute l’équipe mais il faut s’en méfier oui. On l’a bien vu sur notre match amical. On a eu du mal à gagner ( 2-1). »
• Metz vient également de connaître son premier accroc avec ce nul à Uzès (1-1) ...
« On avait les trois points au bout des pieds ! On menait encore à la 85 e minute… Ils sont revenus mais on va dire que c’est un point à prendre. C’est justement ce qui nous a manqué l’année dernière pour monter, avec Épinal. Un point ! Alors c’est un point à prendre. »
Christian JOUGLEUX.
Un derby inédit
Metz et Épinal ne s’étaient jamais croisés en championnat. Moment d’histoire ce soir.
Albert Cartier est à la tête du leader de National : « Contre nous, les équipes sont au moins à 100 % », prévient-il. Photo Anthony PICORÉ
Le nouveau derby lorrain aurait pu être porté sur les fonds baptismaux de la Ligue 2 mais la réalité sportive a préféré le descendre d’un étage. C’est triste mais c’est ainsi : Épinal a raté de peu sa montée l’an passé et Metz a raté sa saison tout court. Pour, in fine, accoucher d’un authentique moment d’histoire puisque les deux clubs n’ont jamais vécu de confrontation officielle.
Le dépoussiérage des archives est prévu ce soir, en National donc, et chacun de ses acteurs devine « un contexte un peu particulier ». Fabien Tissot passait « souvent devant Saint-Symphorien par le passé » mais « pour aller à Amnéville. » Il connaît aussi les derbys contre Saint-Dié mais n’en avait jamais imaginé à pareille échelle. Albert Cartier, lui, l’enfant de Vagney, a vécu « le début du professionnalisme à la Colombière » d’Épinal. L’entraîneur messin allait y voir le SAS dans la peau d’un « tout jeune gamin ».
Le Mosellan a conscience de défier « un adversaire plumé à l’intersaison » mais il estime qu’« il est capable de refaire encore une bonne saison ». Surtout, il devine « la volonté d’une suprématie régionale. Épinal étant plutôt affilié à Nancy par sa proximité, il y aura une rivalité installée mais une bonne rivalité ». Son homologue n’annonce « pas d’animosité » non plus. Il parle de son hôte avec respect : « Metz a l’équipe qui a le mieux commencé, qui est la plus performante. Six victoires, un nul, c’est impressionnant. En plus, ils jouent devant un gros public, la plus belle affluence du championnat mais on ne vient pas en victime désignée. »
Cette première en suit une autre : le FC Metz vient d’enregistrer son premier match sans victoire en National. À Uzès, les coéquipiers de Grégory Proment ont dû se contenter d’un nul (1-1) et sont revenus, dixit leur entraîneur, « un peu déçus de ne pas avoir poursuivi leur série ». Cartier, pourtant, ne trouvait rien « d’illogique dans ce contexte ». Il sait que ses hommes sont les têtes à abattre, partout. « Le FC Metz est un club qui a une histoire, dit-il, mais il est aussi attendu comme leader aujourd’hui. Uzès a déjà une équipe joueuse mais leur président était étonné de les voir aller si loin dans l’effort. C’est comme ça. Contre nous, les équipes sont au moins à 100 %. » On n’ose imaginer le degré de motivation du voisin ce soir contre un hôte qui sera privé de Métanire (suspendu).
Ch. J.
Fabien Tissot : « Jouer et prendre du plaisir »
L’entraîneur d’Épinal espère que ses joueurs ne seront pas « étouffés par l’enjeu », ce soir, sur la pelouse de Saint-Symphorien.
Fabien Tissot. Photo Jérôme HUMBRECHT/Vosges Matin
Avant, on disputait le derby face à Thaon ou Raon, maintenant, c’est Metz. Cela prouve l’évolution de notre club », savoure Fabien Tissot, l’entraîneur du SA Spinalien. Cela reste un bon match à jouer. Il ne faudra pas être étouffé par l’enjeu et le public. Peu de joueurs de mon équipe ont évolué dans un stade comme celui-là, il faudra faire abstraction du contexte. »
Dans la peau de l’outsider qui n’aura rien à perdre, si ce n’est son deuxième match de la saison, Épinal n’entend pas être une proie facile. C’est même tout le contraire qui habite l’entraîneur. « On va à Metz en ayant la volonté de jouer et de prendre du plaisir, poursuit Fabien Tissot. Pas pour passer quatre-vingt-dix minutes à être acculés sur notre but, même si on sait que Metz exerce un pressing haut, un harcèlement et qui a beaucoup de présence devant le but. »
« Sans complexe »
La thèse ne pourra avoir de la valeur que si les partenaires d’Olivier Robin parviennent à tenir un ballon qu’ils ont mal négocié il n’y a pas plus tard que vendredi face à Vannes. Une prestation qui laisse dubitatif. « Il faudra être costaud dans la tête, reprend Fabien Tissot. Contre Vannes, même en n’étant pas bien, il y a eu de l’abnégation pour ne pas prendre le deuxième but. Les joueurs ont fait les efforts défensifs. Cela indique qu’ils ont des qualités mentales. C’est quand on est dans le dur que l’on voit la valeur d’une équipe. »
Dans un antre de Saint-Symphorien dans lequel dix mille personnes devraient siéger, le SA Spinalien va passer au révélateur d’un cador. « On sait que l’on va vivre des moments difficiles, mais il faudra être sans complexe », conclut Fabien Tissot.
Carrasso et Sarr aptes au service
Respectivement touchés à la clavicule et à la cheville lors du déplacement à Uzès, Johann Carrasso et Bouna Sarr font bel et bien partie du groupe appelé à affronter Épinal ce soir. Le gardien et le milieu de terrain du FC Metz devraient d’ailleurs débuter la rencontre. Tout comme Romain Inez qui occupera le côté droit de la défense, Romain Métanire étant suspendu. Albert Cartier devrait, par ailleurs, reconduire la charnière Milan-Proment, alors que Yéni N’Gbakoto et Moussa Gueye, remplaçants dans le Gard, pourraient être titularisés en lieu et place de Kévin Lejeune et Alhassane Keita.
