Porte-drapeau du football professionnel en Lorraine, le club mosellan n’est plus l’ombre que de lui-même. Sa chute dans le troisième niveau hexagonal oblige le FC Metz à changer d’optique.
Quel amateur de football ne connaît pas ce maillot grenat, qui fait l’originalité du FC Metz ? Les plus jeunes serait-on tenté de répondre, tant le club mosellan a aujourd’hui disparu de l’outrancier paysage médiatique. Pourtant, l’entité née du Cercle Athlétique Messin et de l’Association Sportive Messine, diamétralement opposés (les riches d’un côté, les ouvriers de l’autre) représente bien plus qu’une simple tunique grenat et blanc (le CAM évoluait dans cette première couleur, l’ASM dans la deuxième). Le FC Metz, ce sont ces deux Coupes de France, ces deux Coupes de la Ligue et cet exploit lors de la saison 1984-85, quand, en Coupe d’Europe, les Messins ont éliminé le grand FC Barcelone.
Grandeur et décadence, le FC Metz, c’est dorénavant une association qui se démène au troisième échelon, après avoir vécu un traumatisme lors de la saison écoulée. Une relégation qui a marqué bien plus que les esprits. « On n’oublie pas une descente. Cela faisait quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans que le club n’avait plus évolué à ce niveau, avance Albert Cartier, l’entraîneur aux 251 matchs entre 1987 et 1995. Ça restera à jamais comme une fracture. On vivra avec et un jour la cicatrice se refermera. Ce qui s’est passé a été violent, soudain et inattendu, bien que cela émane d’une succession de choses qui se dégradaient. »
Les trois-quarts des joueurs formés au club
Recrutement de travers, finances mal gérées : les indices sont nombreux. Les ‘’historiques’’ ont été contraints de quitter le navire. Nouveau capitaine, Bernard Serin, chef d’entreprise sexagénaire, a fait table rase. « On est dans la reconstruction, reconnaît Albert Cartier. La digestion de la relégation est difficile. Mais on sent les gens qui nous suivent heureux. Le club revit, à une nouvelle énergie, une synergie et des valeurs. »
Le quasi sans faute (six victoires et un premier nul samedi à Uzès) confirme que la direction prise est peut-être la bonne. « Soixante-quinze à quatre-vingts pour cents des joueurs de cette saison sont issus de notre centre de formation, fait remarquer l’ancien défenseur. C’est un outil qui a toujours été important mais qui avait été un peu négligé. Aujourd’hui, on l’utilise plus que jamais. Une chance a été donnée à ces garçons. C’est une responsabilité pour nous, staff et dirigeants, on doit les accompagner. Maintenant, on a encore un long chemin. On le connaît. Le problème, ce n’est pas de connaître le chemin à suivre pour atteindre l’objectif mais d’arpenter le chemin. On ne maîtrise pas les événements. »
Si l’osmose sur le terrain est réelle mais pas encore totale, les Messins ont déjà réussi une partie de leur pari : faire revenir à Saint-Symphorien un public qui s’était lassé des épisodes précédents et qui ne s’était pas fait prier pour le montrer. Face à Créteil, venu en Lorraine en coleader, et alors que l’équipe de France disputait au même moment un match qualificatif pour la prochaine Coupe du monde, 9 757 personnes ont convergé dans l’enceinte de Longeville-lès-Metz (la moyenne est de 7 292 spectateurs en, quatre matchs à domicile) ! « Il faut retrouver du plaisir nous-même pour pouvoir redonner du plaisir à nos supporters. Les gens viennent chercher des émotions et des frissons. Un médecin, par exemple, ne peut pas leur offrir. Nous, comme un grand chanteur, oui. Les joueurs ne connaissent pas la chance qu’ils ont. » Le message d’Albert Cartier est explicite de la rotation à 180 degrés qu’a pris le FC Metz.
F.V.
Football Club de Metz
ondation : 1919.
Statut professionnel : depuis 1932.
Stade : Saint-Symphorien (26 671 places).
Budget prévisionnel : 8,5 millions d’euros.
Palmarès : vainqueur de la Coupe de France 1984 et 1988 ; vainqueur de la Coupe de la Ligue 1986 et 1998 ; vice-champion de France de Ligue 1 en 1998 ; champion de France de Ligue 2 en 1935 et 2007.
Le chiffre
35. – Après trente-cinq saisons consécutives dans l’élite du football français, le FC Metz est rétrogradé en Ligue 2 en 2002. Il le sera une nouvelle fois en 2008.