Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

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Jahstrad
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Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Jahstrad » 05 mars 2024, 21:17

Je teste un nouveau concept qui sera à supprimer si personne ne voit du sens à participer bien entendu.
Il s'agit d'amener un questionnement et de tenter de l'approfondir sur le plan philosophique. Cela induit un cadre à respecter sinon cette discussion perd son sens pour ma part. Le cadre est le suivant : il s'agit de converser sur la thématique et de transmettre son ressenti, son interprétation. Il n'y a donc aucune vérité ou tout est vérité, au choix. Il s'agit d'être authentique et de se laisser porter par sa pensée et non d'amener du contenu ou des preuves ou à balancer une vérité qui se voudrait universelle. Il s'agit de parler de soi, de son rapport à la thématique et des questions que ça soulève en nous.

Pour ce premier "épisode" je propose de partager ma petite interrogation du soir qui se porte sur le rapport de la société vis à vis du "changement d'avis".

Je vous épargne le dédale de ma pensée du pourquoi j'en suis arrivé là, mais je me suis mis à me questionner sur les enjeux du changement d'avis et du non-sens qui en a découlé dans ma perception. J'estime personnellement qu'être possible de changer d'avis est une fierté, c'est quelque chose que j'admire et qui pousse au respect quand j'assiste à ça. Rien que le fait d'en être capable et de le communiquer quel qu'en soit le sujet est signe d'une capacité de recul et de libre arbitre (certes parfois c'est plus malsain dans le cadre de manipulation mais c'est un cas spécifique et on va tenter de rester sur un plan méta). Je pense qu'en théorie beaucoup doivent être en accord avec cette vision et le côté honorable de cette démarche, mais pourtant, comment agissons nous fréquemment face à cela ? Et bien quel que soit le contexte en passant de la discussion de commérage, à la politique, au monde des affaires, à ce forum, etc. la tendance est au dénigrement genre : "c'est une girouette" "il retourne sa veste" "il perd toute crédibilité pour l'éternité" etc etc.
La conséquence est bizarre car on induit donc que le "changeur d'avis" soit ne veut pas communiquer par honte et crainte du jugement soit il "ose" admettre mais tend à se flageller : "oui j'étais débile", "j'ai eu tort", "j'étais perdu ou manipulé" etc. comme si la vérité d'un moment qui évolue en autre chose est une faiblesse. Fichtre ! n'est ce pas là pourtant de toute beauté ? ne devrions pas uniquement être fier de pouvoir bifurquer ? Pourquoi on est poussé à craindre cette démarche et à la dénigrer bien souvent ?

Voilà mon délire du soir :mrgreen:

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belobog
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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar belobog » 05 mars 2024, 21:54

"Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c'est le sens du vent " (E. Faure)

C'est très casuistique me concernant.

Je peux avoir beaucoup de respect pour des personnes qui restent fermes toute leur vie dans leurs convictions. A partir du moment où ces positions sont argumentées et les arguments sous-jacents réactualisés pour coller a minima à la réalité des choses. Y compris d'ailleurs quand de telles positions "fermes" ne sont pas du tout les miennes. Par exemple, j'ai toujours bien apprécié la constance de JP Chevènement, alors même que ma position sur l'Europe est très différente de la sienne.
Bon, après, forcément il y a des idéologies et des idées pour lesquelles je n'ai aucun respect, qu'elles soient constantes ou pas

Mais je peux aussi avoir beaucoup de respect pour les gens qui changent d'avis dans la mesure où ils assument totalement ce changement d'avis. Que ce soit du fait d'une évolution exogène (évolution du monde, de la société) ou endogène (expériences personnelles, avancée dans l'âge)

Donc, en définitive, ce que je ne supporte pas ce sont :
- les gens bornés qui certes sont constants... mais en deviennent totalement stupides
- les gens qui changent d'avis "en douce" tout en cherchant à te faire croire ensuite que c'est toi qui n'avait rien compris à l'époque
- les gens qui changent d'avis par pur opportunisme / carriérisme, alors que quelques temps plus tôt, ils te faisaient de grandes leçons de morale ou de vie

Comme tout le monde, j'ai croisé des gens appartenant à chacune des ces catégories.

A titre personnel, j'ai assez peu d'avis tranchés, voire de convictions... ce qui m'évite d'avoir à en changer. Mais quand cela arrive, en principe j'assume ce changement

Voila, désolé si je suis HS (et si j'ai pas fait un plan thèse, antithèse, synthèse) :-D
Dernière modification par belobog le 06 mars 2024, 00:19, modifié 4 fois.

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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Cactus » 05 mars 2024, 21:57

Ben puisque tu m’as récemment nommée philosophe en chef sur un sujet polémique
je vais te répondre , tout comme le disent d’autres philosophes,
"Qu il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d avis !"

Et je suis fière de ne pas être une imbécile ^^ni bornée,
donc je suis très capable de changer d’avis sur un truc, une personne…et même un forumiste …
c’est dire :mrgreen:

Ça sera tout pour ce soir .

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belobog
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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar belobog » 05 mars 2024, 22:26

J'ajouterai - mais c'est une évidence - que le monde actuel est particulièrement clivé, sans doute plus que par le passé.

La fin de la grande opposition entre libéralisme et communisme par KO du second, n'a pas sonné pour autant "la fin de l'Histoire", contrairement à ce qu'avançait Fukuyama. Et là où avant il y avait deux ou trois grands clivages structurants des sociétés, aujourd'hui il y a des centaines de micro-clivages catégoriels qui ne structurent plus grand chose et qui sont avant tout le signe d'une montée en puissance toujours plus grande de l'ultra-individualisme

Dans ce nouveau monde post-moderne, où l'esprit de système a remplacé l'esprit de nuance, beaucoup d'interlocuteurs, notamment sur les réseaux sociaux, t'enjoignent de choisir clairement ton camp (de préférence le leur). Forcément, les "changeurs d'avis" apparaissent alors particulièrement suspects, tout comme le sont également les "nuancés", ceux qui refusent d'être "pour ou contre" quelle que soit la question en discussion

Il faut dire que, ces dernières années, certains apôtres Rhaaaa édité , on ne dérive pas sûr la politiqueuuuu
Dernière modification par Cactus le 05 mars 2024, 22:35, modifié 4 fois.
Raison : Et ne m’obligez pas à revenir …

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Couleurdhiver
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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Couleurdhiver » 06 mars 2024, 05:40

Pour rebondir sur ce que présente Belo, et grâce/à cause la libéralisation de l'expression via les RS, il est devenu rare voire malvenu de ne pas avoir d'avis. Nous sommes forcément amenés à se positionner sur tout et n'importe quoi, on se doit d'avoir une opinion même lorsque ça nous intéresse pas ou qu'on ne maîtrise pas les connaissances/les paramètres/le contexte d'une problématique. C'est lassant.

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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Cactus » 06 mars 2024, 09:23

Jahstrad a écrit :
[••]

Je vous épargne le dédale de ma pensée du pourquoi j'en suis arrivé là,
mais je me suis mis à me questionner sur les enjeux du changement d'avis et du non-sens qui en a découlé dans ma perception.
J'estime personnellement qu'être possible de changer d'avis est une fierté, c'est quelque chose que j'admire et qui pousse au respect quand j'assiste à ça.
Rien que le fait d'en être capable et de le communiquer quel qu'en soit le sujet est signe d'une capacité de recul et de libre arbitre
Je crois savoir ce qui a provoqué ce « dédale» chez toi , et qui est selon moi, directement lié à ce forum et aux résultats de notre club…
et que n’ont pas forcément souligné les précédents intervenants :
En fait tu t’étonnes toi même d’être capable de changer radicalement d’avis sur quelque chose ou quelqu’un , ce que d’autres qualifient de girouette, et toi d’ouverture d’esprit.

Et je partage cet avis : oui c’est une question de libre arbitre, ce n’est pas une faute ni un défaut.
C’est être capable de réviser un jugement et de reconnaître qu on s'est éventuellement trompé sur une opinion. Ok on peut se tromper dans les deux sens, être en proie au doute.
Mais au moins on réfléchit .

C’est une question de maturité. Et non pas de «girouettitude».

Je pense donc je suis. ( Descartes )

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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar belobog » 06 mars 2024, 18:00

Puisqu'on en est aux citations, j'en place une petite de Paul Valéry (qui est un peu en marge mais j'aime beaucoup)

"Il n'y a que les huitres et les sots qui adhèrent"
:-)

Sinon, pour faire le lien avec le sujet dans le forum foot qui renvoie à ce topic, je ne suis pas totalement d'accord avec l'opinion assez négative qui semble être portée sur la formule "mais j'espère me tromper"

Certes, elle est parfois utilisée ad nauseam sur le forum pour pondérer une critique ou un jugement à l'emporte-pièce ; mais pour le surplus, je ne vois pas vraiment en quoi avoir une quasi-certitude à un moment donné... tout en ayant l'espoir qu'elle ne se réalise pas serait en soi condamnable (un "parapluie" ai-je lu). Surtout si ensuite on assume de s'être effectivement trompé (et on en revient alors au sujet).

Pour être plus concret, parmi tous les forumistes qui utilisent cette expression, par exemple après avoir acté une future descente de Metz, j'ai tendance à croire que la très grande majorité préférerait effectivement avoir tort à la fin.
Et qu'à choisir ils préféreront donc toujours la satisfaction de voir Metz maintenu à la satisfaction d'avoir eu raison en annonçant la descente

Mais je suis peut-être naïf en pensant cela (autre formule qui mériterai d'ailleurs également un débat) :-)
Dernière modification par belobog le 06 mars 2024, 18:13, modifié 3 fois.

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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Cactus » 06 mars 2024, 18:10

belobog a écrit : Sinon, pour faire le lien avec le sujet dans le forum foot qui renvoie à ce topic, je ne suis pas totalement d'accord avec l'opinion assez négative qui semble être portée sur la formule "mais j'espère me tromper"

Certes, elle est parfois utilisé ad nauseam sur le forum pour pondérer une critique ou un jugement à l'emporte-pièce ; mais pour le surplus, je ne vois pas vraiment en quoi avoir une quasi-certitude à un moment donné... tout en ayant l'espoir qu'elle ne se réalise pas serait en soi condamnable. Surtout si ensuite on assume de s'être effectivement trompé (et on en revient alors au sujet)
viewtopic.php?f=2&p=1644166#p1644166

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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Glouglou » 06 mars 2024, 18:28

belobog a écrit : Puisqu'on en est aux citations, j'en place une petite de Paul Valéry (qui est un peu en marge mais j'aime beaucoup)

"Il n'y a que les huitres et les sots qui adhèrent"
:-)

Sinon, pour faire le lien avec le sujet dans le forum foot qui renvoie à ce topic, je ne suis pas totalement d'accord avec l'opinion assez négative qui semble être portée sur la formule "mais j'espère me tromper"

Certes, elle est parfois utilisée ad nauseam sur le forum pour pondérer une critique ou un jugement à l'emporte-pièce ; mais pour le surplus, je ne vois pas vraiment en quoi avoir une quasi-certitude à un moment donné... tout en ayant l'espoir qu'elle ne se réalise pas serait en soi condamnable (un "parapluie" ai-je lu). Surtout si ensuite on assume de s'être effectivement trompé (et on en revient alors au sujet).

Pour être plus concret, parmi tous les forumistes qui utilisent cette expression, par exemple après avoir acté une future descente de Metz, j'ai tendance à croire que la très grande majorité préférerait effectivement avoir tort à la fin.
Et qu'à choisir ils préféreront donc toujours la satisfaction de voir Metz maintenu à la satisfaction d'avoir eu raison en annonçant la descente

Mais je suis peut-être naïf en pensant cela (autre formule qui mériterai d'ailleurs également un débat) :-)
Je suis d'accord avec toi et j'espère ne pas me tromper.

Jahstrad
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Re: Les philosophes du comptoir #1 : Changer d'avis

Messagepar Jahstrad » 06 mars 2024, 20:36

Couleurdhiver a écrit : Pour rebondir sur ce que présente Belo, et grâce/à cause la libéralisation de l'expression via les RS, il est devenu rare voire malvenu de ne pas avoir d'avis. Nous sommes forcément amenés à se positionner sur tout et n'importe quoi, on se doit d'avoir une opinion même lorsque ça nous intéresse pas ou qu'on ne maîtrise pas les connaissances/les paramètres/le contexte d'une problématique. C'est lassant.
C'est hyper intéressant je trouve car en y réfléchissant il est vrai que c'est particulièrement anxiogène pour certaines personnes d'être confrontées à quelqu'un qui n'a pas d'avis. Je me retrouve dans la posture de Belo et je sens bien que par moment la difficulté à me mettre dans une case est insécurisante. Ce lundi d'ailleurs en réunion je l'ai vécu ou une des équipes que je coordonne m'a sorti "on comprend pas si tu es avec nous ou contre nous" et en lisant cette discussion je me dis qu'en leur répondant authentiquement j'ai du les terroriser encore plus car j'ai évidement répondu un truc du genre "ni l'un ni l'autre et que cette question n'a aucun sens pour moi" :-D

Et c'est pour ça que j'irai un cran plus loin que "c'est malvenu de ne pas avoir d'idée", je pense que c'est surtout très insécurisant chez certaines personnes, car si on ne peut pas cataloguer c'est potentiellement flippant, ça laisse beaucoup de place à l'inconnu, tout comme ceux qui pourraient changer d'avis au final ça peut renvoyer beaucoup de peurs. Je vais peut être un peu loin mais j'imagine que derrière ça peut activer des craintes (inconscientes évidemment) d'abandon, de dénigrement, que le confort de la stabilité puisse s'effondrer, exemples : la femme qui "change d'avis" et se barre avec le voisin, le boulot qui se passait super bien et on se retrouve malmené, l'enfant qu'on voyait prédestiné à un truc "glorieux" et qui fout tout en l'air pour aller à contre courant etc etc etc. Donc un avis qui change suivant le contexte ça représente tout de même potentiellement un grand danger et ce danger est peut être si fort que la société se protège en général avec excès face au "changement d'avis".

Au final si je vais vais encore un cran plus loin je me dis donc que si on se faisait pas d'avis au départ on éprouverait donc bcp moins les conséquences des changements d'avis. Donc peut être que la vraie thématique c'est pas le changement d'avis mais la représentation que l'on se fait d'un avis, car c'est lui et lui seul qui détermine les conséquences sur notre mental et non l'avis lui même. C'est le décalage entre ce que l'on s'imagine et la réalité qui fait du mal ou du bien et non le fait lui même. En fait je suis clairement adepte du stoïcisme je me rend compte :-D .

Et Cactus non ce n'est pas même pas en lien avec le forum au départ mais le lien s'est fait rapidement ensuite. ça a commencé d'une vulgaire news à la C** ou un politique (on s'en fout qui car ils le font tous) décrédibilise un autre parce qu'un jour l'autre à dit ça...on a tous vécu ça mille fois mais ce soir là ça m'a fait bcp plus réagir car sur un forum de foot ok mais de la part de personnes sensées œuvrer pour le bien du pays et qui représentent une forme "d'élite" je me disais que c'est quand même vraiment grave et d'habitude je passe au dessus mais je devais être plus sensible ce soir là (peut être car ça a fait écho à cette fameuse réunion du lundi) et ça m'a tourmenté. Puis j'ai repensé à ma discussion (modérée suite à l'intervention d'un Mangel toujours aussi étincelant) ou je questionnais je ne sais plus qui sur le fait qu'il se pavanait déjà (je caricature) si le FC Metz se sauvait en pensant à tout ceux qui devraient alors se cacher ou fuir ou "retourner" leurs vestes, et au fond c'était exactement le même sujet que mon histoire de politicien. Et j'ai tenté le coup de lâcher ça ici sur une forme de partage de pensées. :-D

Mais ça me fait penser à tellement de truc à commenter ce que vous avait pu évoquer mais ce soir je suis bien trop fatigué pour ça, mais merci pour "la matière à penser" c'est enivrant :-P

Ah si un truc encore que je me suis dit en vous lisant : je me suis fais la constatation sur la partie qui évoque "avoir tort" ou "raison" que pour ma part la sensation la plus agréable pour moi est clairement celle que j'ai quand j'ai tort, je trouve ça vraiment...génial ! ça me fait sourire, rire et c'est vraiment sans exagération un sentiment hyper agréable quand un muret de mes représentations s'effondre. Et au contraire avoir raison me procure peu voir pas de satisfaction et ça peut même être anxiogène pour moi si mes représentations se vérifient trop souvent, ça représente une perte de l'aléatoire, de l'inconnu et donc d'humanité et du "vivant", et me plonge dans une angoisse mélancolique et fataliste. Pour moi c'est pas top d'avoir raison enfin vraiment à petites doses alors :mrgreen:


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