Comme Convenu de Laurel
-la BD :
http://bloglaurel.com/studio
-son financement participatif (reste 1 semaine et objectif à 2000% !) :
http://fr.ulule.com/comme-convenu/
-le blog de Laurel :
http://bloglaurel.com/
-l'article du Répu du 25/10 :
Laurel Duermael : la dessinatrice messine qui cartonne sur Internet
Elle n’en revient pas. Depuis la Californie, la dessinatrice messine Laurel Duermael a mis sa BD en ligne, et quand elle a eu besoin d’un financement participatif, les internautes ont répondu. Bien au-delà de ses espérances.
Laurel regarde les chiffres et n’en revient pas. « Pff ! » Il y a 15 jours, cette dessinatrice de 33 ans s’est lancée : elle a demandé 9 064 € de financement participatif sur Internet pour donner vie à sa BD.
En 24 heures, la barre des 100 000 € est passée. Le compteur est désormais à plus de 170 000 € et il reste encore presque deux semaines avant la fin de la souscription. « C’est pas possible. Je suis sur un nuage ! » Alors Laurel Duermael se dessine assise tout sourire sur un petit nuage blanc et moelleux (et ajoute son chat, qui lui intime de descendre pour changer sa litière fumante).
« C’est hyper étonnant car ma BD est déjà en ligne. » Mais c’est sans doute là la clef. Si d’aventure vous cliquez sur la première planche… Prévoyez large. C’est addictif, tendre, drôle. Impossible de lâcher les personnages.
Vous voilà plongé dans l’histoire d’un jeune couple messin qui crée un jeu pour smartphone. Au dessin, Laurel, une ancienne du lycée de la Communication. À l’informatique, celui qui deviendra son mari, Adrien Duermael. Hiver 2013 : ils déménagent à San Francisco avec leur fille de 11 ans, Cerise. Un studio de jeux vidéo a recruté Adrien. Laurel est chargée de fournir des dessins. « Je n’avais jamais quitté Metz plus d’une semaine ! »
Mais l’atterrissage est dur. Ils doivent vivre en colocation avec deux stagiaires de l’entreprise, travaillent le plus clair de leur temps, sont peu payés et avancent même des frais pour la société. Adrien se retrouve pieds et poings liés par son visa qui ne l’autorise pas à travailler pour un autre employeur. Mais pas sa femme. Alors elle cumule les heures devant sa planche à dessin numérique et enchaîne les tomes de sa BD, Cerise , publiée chez Lombard.
Les mois passent, les années. Par manque d’argent, il leur est difficile de revenir voir leurs proches à Metz. « Quand enfin on est rentré quelques semaines, ça a été une grosse respiration ! » Mais au retour, douche froide : « Je me fais virer », raconte Laurel. Pas d’indemnité. « C’est à l’américaine, on part avec son carton et sa plante verte ! » Elle reçoit juste ce mail : « C omme convenu, tu arrêtes de bosser… »
Le combat de l’autoédition
Le choc passé, elle se saisit d’un crayon. Et déballe tout. « C’était essentiel, il fallait que j’en parle. » Ce "comme convenu" deviendra même le titre de sa nouvelle BD en ligne. Laurel y ajoute cette mention protectrice : " Bien qu’inspiré de faits réels, ce récit est purement fictif… ". De même, Cerise n’est pas Cerise, leur fille ne parle pas aux animaux et ne reçoit pas de pouvoirs magiques d’un escargot à l’article de la mort. Évidemment.
Laurel se met à travailler en free-lance. « C’est une libération. Je dessine sur mon temps libre », dit-elle. Une planche lui prend près de sept heures de travail ; elle en met en ligne tous les jours.
Quelque 250 planches plus tard, elle est prête pour la version papier. Des éditeurs la contactent mais lui proposent 8 000 € pour deux tomes. « Ce qui représente trois ans de travail… » Nouveau combat à mener : « Ils tuent notre métier, beaucoup de confrères arrêtent la BD à cause de ça ».
L’idée de l’autoédition prend forme. Et celle du financement participatif. Pour payer les livres, les frais de port, les goodies (stickers, cartes postales, badges) que Laurel affectionne, la part Ulule et les frais bancaires.
« J’avais peur de perdre le courage de faire le tome II, mais là, j’ai super envie ! » Et attention, la deuxième partie se veut plus haletante encore, sur fond de chantage et gros coup de stress… « Toutes proportions gardées, on s’est quand même senti comme des sans papiers. » Depuis, le couple a demandé sa carte verte.
Charline POULLAIN.