Le monde du Western

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Palinodie
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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 15 sept. 2016, 15:42

Forcément , quand on parle de western, on en vient toujours à un moment ou à un autre à évoquer le mec qui tire plus vite que son ombre, the gunfighter en VO ou le type qui va poursuivre jusqu’au fin fond du désert les bad guys, le justicier donc, les 2 personnages d’ailleurs se confondant souvent dans énormément de westerns dit classiques.

Ca tombe bien, parce qu’aujourd’hui ce sont 2 films qui traitent ces thèmes, 2 films d’Henry King , » the gunfighter » (la cible humaine) dont le titre amerloque est explicite, 1950 et « The Bravados » de 1959 qui l’est un peu moins, avec comme tête d’affiche dans les 2 cas Gregory Peck, et si vous êtes un lecteur attentif de ce topic, vous n’ignorez pas que c’est un de mes chouchous.

Dans le 1er film , GP est Jimy Ringo, un type un peu fatigué par sa vie errante qu’il a entamée, après avoir quitté femme et enfant, afin de prouver qu’il était le type le plus rapide de l’Ouest. Là Henry King a une idée simple mais géniale et quasi innovante pour l’époque, le début des fifties, il a consulté des photos de pistoléro prises vers 1880 et s’en est servi comme modèle :
Résultat, GP, qui, rappelons-le, est à l’époque du tournage une star majeure d’Hollywood, est affublé d’une moustache tout ce qu’il y a de fournie, exit le traditionnel gilet sans manches, il porte des vêtements qui protègent des intempéries et de la poussière, il a une coiffure au bol sous un chapeau informe, bref il est tellement peu glamour que les pontes du studio, quand ils ont visionné les premiers rush ont été horrifiés et ont demandé que les prises soient refaites. Henry King, avec la complicité de GP, leur a fait croire que ça couterait trop cher et c’est resté en l’état.

N’empêche que ça devait être un peu trop too much pour l’époque, le film n’a pas eu les bénéfices escomptés, tu penses bien que ça a du déstabiliser l’amère loque moyen, la dégaine de GP sans compter que le happy end n’est pas au bout des 85 mn qui plus est en noir et blanc, alors que le Technicolor règne déjà en maitre à Hollywood (c'est évidemment un choix d'auteur, pas une considération économique).

M*rde, t’aurais pu prévenir, j’avais l’intention de le regarder ce film, tu me gâches le plaisir !

Depuis le temps que tu le dis, que tu vas regarder un de ces westerns chroniqués ici, on n’y croit plus trop. Et puis de toute façon, c’est le genre de film que tu pressens dès le début que ça ne finira pas par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » !

Lé début donc : GP, enfin Jimmy Ringo, de passage dans un patelin quelconque, entre dans un saloon, un jeune type le reconnait, le provoque (draw !) et se fait descendre, alors que Jimmy a tout fait pour éviter l’issue fatale. Les 2 frangins du défunt se mettent à sa poursuite, dans un premier temps, Jimmy parvient à les distancer, mais très vite les spectateurs que nous sommes savent que ce n’est qu’une question de temps qu’ils rejoignent JR, puisque celui-ci s’est arrêté dans une ville voisine, Cayenne, pour tenter de rencontrer sa femme et son fils (qu’il n’a jamais vu).
A partir de là (on est bien sur un forum de footeux…), on a l’unité de lieu (le saloon et quelques autres endroits de Cayenne) et l’unité de temps (moins de 24 h, avec l'horloge qui cliquète dans le saloon, tic-tac, tic-tac), ça doit réveiller en vous quelques souvenirs de lycée, les fameuses règles de la tragédie classique du 17ème siècle, Racine, Corneille, Rodrigue, as-tu du cœur etc.

Je peux pourtant vous garantir que ce western n’est pas classique, dans le sens où il se démarque franchement de la production moyenne de l’époque, pas de poursuite trépidante, de bagarre homérique, de fusillade pétaradante, peut-être même pas de héros de type hollywoodien, simplement un type très humain, fatigué de sa vie de nomade et probablement de délinquant.

De plus le director a inclus quelques scènes ironico-humoristiques qui fonctionnent très bien (celle des dames de la Ligue Féminine de bonne moeurs ne déparerait pas un Lucky Luke), Gregory Peck est magistral dans le rôle principal de ce type qui ne paye pas de mine, mais reste quand même dangereux de par son sang-froid avec cette scène mémorable quand il fait croire à un jeune blanc-bec qui le provoque qu’il a un 6-coups planqué sous la table alors qu’il était simplement en train de tailler un bout de bois avec un canif (autre scène récurrente dans les albums de Morris).
Pour conclure, très peu de fausses notes dans ce film, on aurait sans doute pu éviter la scène finale dans l’église, car il est quand même à la fois très peu vraisemblable et hors contexte par rapport à l’intrigue que Jimmy Ringo soit enterré en grandes pompes, c’est, à mon sens, la seule faiblesse de ce western assurément pas mal en avance sur son époque.

De plus, outre Peck (je vous l’ai déjà écrit que je suis fan ?), il y a dans le rôle du shérif, Millard Mitchell qui a officié dans au moins 2 chefs d’œuvre du genre, »Winchester 73 » et « L’Appât » sans oublier sa participation à un chef d’œuvre tout court « Singin’ in the rain ».
On aperçoit aussi le fils de Petitjean (le vrai, celui du Robin des Bois avec Errol Flynn), Alan Hale Jr et Verna Felton en présidente de la Ligue de Féminine. A partir des années 40, quand il y a un rôle de tante un peu intrusive, de belle-mère sans gêne ou de bigote coincée ou un mix des trois, une fois sur deux, il s’agit de Verna Fulton…
Qui a démarré sa carrière très jeune, vu que son père toubib est mort prématurément en ne laissant pas un sou à sa famille. Donc tout juste teenager, elle a été repérée par un entrepreneur de spectacle qui l’avait vu chanter et danser à un gala pour les victimes de l’ouragan de Galveston, un équivalent de Katrina qui s’est produit en 1910. Elle a d’abord bossé pour la radio et beaucoup pour les studios Disney en faisant du doublage, elle est d’ailleurs morte un jour avant Walt lui-même !

Mais évidemment ça ne fait pas le poids face aux seconds rôle de « the Bravados », attention, cramponnez vous, Henry Silva pour une fois sympathique, Lee Van Cleef impressionnant dans la séquence où il supplie Peck de ne pas l’exécuter, Stephen Boyd (le Messala dans le Ben-Hur, le vrai…) et et… Joan Collins, si, la s*lope number one dans "Dynasty" (dans la vraie vie, il parait qu’il a fallu expurger ses mémoires tant elle a multiplié les détails sur sa vie amoureuse très très remplie !) alors encore jeunette (27 ans), mais déjà beautiful avec un petit air exotique de senorita.
La, en fait, elle n’a qu’un rôle très décoratif, fallait sans doute une femme pour le héros dans un western de cette époque.

D’autant que le héros (c'est Grégory hein...) est veuf au début de l’histoire, et il cherche qui sont les types qui ont violé et tué sa femme en son absence.
Et là Henry King est fort, à partir d’une simple séquence où un type arrive à cheval dans un défilé, on apprend qu’il va y avoir une pendaison dans la little town voisine , puis petit à petit, on découvre la situation, 4 types (dont 1 métis) arrêtés et condamnés pour un (autre) meurtre suite à une attaque de banque qui a mal tourné et justement ce sont 4 types (dont un métis) qui ont été vus près de la ferme de GP lors du drame.
Pour lui, aucun doute, ce sont bien les assassins de sa femme. Aussi, quand les futurs pendus en viennent à s’évader (je vous laisse découvrir comment) en emportant une otage (une bien jolie fille of course, probablement encore vierge –donc pas Joan Collins), GP se lance à leur poursuite et se montrera impitoyable jusqu’à ce que…, non ça aussi vous devrez le découvrir en visionnant ce film qui passe régulièrement on the TV.

Franchement un bon film, avec tout ce qu’il faut comme ingrédient, les acteurs donc, les paysages, ici le Yucatan, l’intrigue qui serait une dénonciation du Maccarthisme, l'ambiguïté de ce type qu'on prend d'abord pour le bourreau (officiel) et qui va finalement en devenir un, en tout cas on est très loin des valeurs binaires habituelles du genre, aux antipodes du bon vs les méchants !

Pas mal de séquences d’anthologie (Henry King ne fera pas l'économie de la scène à forte tension sexuelle où la jeune oie blanche est cernée à la nuit tombante par des types dont l'un est très désireux de consommer de suite), dont celle-ci : GP à chaque fois qu’il confronte un assassin potentiel exhibe une montre à l’intérieur de laquelle il y a la photo de son épouse.
Lee Van Cleef saura s’en souvenir dans « et pour quelques dollars de plus » quand il reproduira intégralement la même scène (à part que c’est sa sœur et non plus son épouse).

(en faisant du ménage sur mon disque dur, je viens de retrouver ce texte écrit il y a quelque temps déjà )

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 07 oct. 2016, 16:08

J'ai regardé la semaine dernière les "sept mercenaires", qui est un classique que j'avais vu étant jeune et que je considérais comme un bon film. Je savais qu'il s'agissait d'une adaptation des "sept samouraïs", que j'ai vu depuis et je n'ai pas pu m'empêcher de comparer les deux oeuvres.

Et bien les sept mercenaires souffrent beaucoup de la comparaison, au point de rendre le film désuet et le comble, plus ennuyeux que l'original japonais, qui souffrait pourtant de longueurs (normales en 3 h 27 min).

En fait, au jeu des sept erreurs, la plus importante, est d'avoir écourter (voir bâcler pour certains) la phase de recrutement des mercenaires, qui rend leur personnalité moins épaisse et plus lisse quand bien même tout est fait pour les différencier, et notamment du premier (le chef respecté), qui avait accepté cette charge en découvrant le dénuement des paysans japonais, qui se sous-alimenter pour pouvoir payer (en riz) leurs futurs défenseurs.

La pauvreté des villageois et leur roublardise sont à peine (et mal) évoqués alors que c'étaient deux piliers du film japonais tout comme le passé de certains d'entre-eux : le vieux peureux, le jeune marié dont la femme a été enlevé... D'ailleurs en parlant d'elles, point d'enlèvement ici, les méchants n'aiment que le maïs et les poulets, aucun n'a violé ni enlevé de femmes, contrairement au drame du suicide de l'une d'entre-elles lors de sa libération par les samouraïs.

Les attaques du village sont aussi nettement moins bien réalisées (d'ailleurs, il n'y en a qu'une par les méchants) voir carrément comiques quand on voit les mercenaires ériger des murs de 50 cm de haut et creuser des fossés de 30 cm de profondeur, contre des cavaliers. On est loin du plan organisé (et expliqué) par Kanbei...

La mort du dernier mercenaires abattus est-elle aussi assez drôle quand on voit qu'il n'y a plus de méchants dans le village au plan précédent et jure avec la mort des derniers samouraïs, sournoisement abattus par le chef des méchants cachés parmi les vieilles du village.

Le jeu des acteurs souffre aussi beaucoup de la comparaison, notamment dans le rôle du jeune paysan voulant sortir du milieu qu'il hait en devenant un guerrier. Ici, même le personnage est modifié puisque dans la version américaine il ne meurt pas et s'en retourne à son monde originel par amour.

Enfin, le méchant qui laisse repartir 7 gaillards à sa merci alors que ceux-ci ont tué 11 des siens la veille, pour se sortir de la pirouette scénaristique (les mercenaires perdent le village contrairement aux samouraï et doivent donc le reprendre) est tout simplement incohérent.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 07 oct. 2016, 23:01

Bizarrement, alors qu'un nouveau "7 mercenaires " allait sortir, une chaîne cinéma a diffusé récemment "les 7 samouraïs " et le service public " the magnificent seven" hélas en vf la semaine dernière.
Du coup, je m'apprêtais à comparer mais DCD m'a brillamment devancé, même si je ne serais pas aussi dithyrambique sur le film nippon, le jeu de Toshiro Mifune (le samouraï plouc ) est largement en dehors des standards hollywoodiens et puis 3 heures de V.O japonaise, c'est dur...
Disons que le film asiatique est beaucoup plus réaliste, les brigands le sont vraiment et la société paysanne décrite sans concession.

Car Hollywood reste Hollywood, faut un happy end, au moins une star confirmée (Yul le divin chauve ) et des espoirs aux dents longues révélées à la télé ( Steve McQueen et James Coburn ) plus des mecs connus de John Sturges le director, qui avaient accumulé les petits rôles Brad Dexter et surtout Charlie Bronson pour qui c'était le vrai départ sans oublier Robert Vaughn nominé pour un oscar l'année précédente.

On verrouille le tout avce une valeur sûre de la scène amère loque, capable de tout jouer et de ne pas se laisser bouffer par Yul et Steve, Elli Wallace dans le rôle du bandit mexicain et dans celui du pistolero novice, le James Dean teuton, Horst Buchholz (livre en bois, non ? ) .

Pour le scénario, on ne va pas finasser, ni faire de l'analyse sociétale (le "ce sont toujours les paysans qui sont les vainqueurs " des japonais ), on invente une scène d'ouverture relativement rapide (et à peine crédible ) à la suite de laquelle les 7 sont réunis et puis ensuite ce sont les méchants contre les plus ou moins bons mais bons quand même, du classique quoi avec bien sûr une love story quasi à l'opposé de celle des samouraïs comme DCD l'a souligné.

Attention, le film de 1960 n'est pas un navet, c'est un bon produit de l'époque avec une excellente distribution, d'ailleurs Kurusawa le director des 7 samouraïs a été ravi de la version américaine, simplement ce western était moins ambitieux que son modèle !

Les anecdotes piochées ici ou là, pêle-mêle :
Steve McQueen a simulé un accident de voiture pour se faire porter pâle sur le tournage de " sa " série "Au nom de la loi " et pouvoir jouer ainsi son premier grand rôle au cinéma.

Yul s'est marié sur le plateau avec celle qui sera sa 2ème femme (sur 4) . Signalons que cet acteur que je n'apprécie pas forcément a eu le courage de se faire filmer quelques jours avant de mourir d'un cancer du fumeur pour déclarer " don't smoke ".

Évidemment YB et SMQ aussi cabotin l'un que l'autre ont essayé de se voler mutuellement des scènes, enfin c'est surtout Steve qui a essayé de piquer la vedette à la big star qu'était Brinner depuis "the King and I" dans lequel, perso, je le trouve insupportable. ...

Les mexs ont envoyé des huissiers sur le lieu du tournage pour vérifier que les scénaristes hollywoodiens n'avaient pas une fois de plus dégradé l'image de leur pays.

Reste à voir la version 2016 pour voir si c'est moins pire. .

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 11 oct. 2016, 11:32

Oui c'est tout à fait ça. Tu as très bien analysé le film : les 7 mercenaires est une adaptation moins ambitieuse que l'originale, qui perd son souffle épique en condensant l'histoire et en se pliant aux standards formatés Holywoodien. Le samouraï plouc comme tu dis si bien, manque cruellement (quel beau jeu de l'acteur japonais) quand on compare, même si le jeune apprenti mercenaire tente de s'en rapprocher (un peu) avec la scène du bar où il est ivre mort.

D'ailleurs je conseille de regarder les 7 samouraïs en deux fois, comme un film réalisé en deux opus. Cela allège considérablement l'oeuvre et permet de mieux l'apprécier.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 28 nov. 2016, 19:11

Il y a une intégrale Yul Brynner en ce moment sur TCM !

Bien loin de moi l'idée de me fader toutes les œuvres tournées par le chauve, la vie est trop courte pour çà, reste que je me suis laissé tenter par 2 films que je n'avais jamais vu, "Invitation to a gunfighter" fidèlement transformé en "le justicier de minuit" (1964) et pour compléter le post précédent "Return of the Magnificent Seven" (le retour des 7) réalisé en 1966, soit 6 ans après le 1er opus.

Bon, commençons par régler son compte au 1er film, le personnage interprété/surjoué par Yul est un gunfighter tout de noir vêtu, très mystérieux et/ou qui prononce des phrases tellement sybillines que le character qui se la prend dans les dents se gratte la tête pendant plusieurs secondes et, of course, qui fume, quasi sans interruption, des cigares taille Rocco Siffredi.
Rien de bien nouveau, les producteurs capitalisent toujours sur le personnage de Chris, le leader des 7, simplement ça se termine plus mal pour le chauve qui finit, après avoir réglé tous les problèmes, par succomber sous le regard énamouré d'une beauté pourtant engagée envers l'autre personnage principal de l'histoire qui en est à peine une et dont je vous ferai grâce.

Ah si un détail qui m'a bien fait rigoler, mais qui doit très difficile à prononcer et très abscons pour les amères loques : le personnage de Yul s'appelle Jules Gaspard D'Estaing..., la scène où il dit son nom et que d'autres essayent de le répéter, mais c'est à peu près le seul moment original du film.

Pour le "Retour des 7", tout change et en même temps rien ne change...
Je m'explique, on repart de la situation de la fin du 1er film, à savoir 3 "mercenaires" ont survécu, Chris (Yul), Vin (Mc Queen) et Chico (Horst B.), mais le dernier était devenu probablement trop bankable et Yul ne voulait absolument pas rejouer avec Mc Queen, du coup seul Yul reprend son personnage, les 2 autres sont interprétés par 2 quasi-inconnus et qui sont le restés, la preuve, leur nom apparaît en rouge dans le Wikipédia français...

Evidemment, le même village mex est en difficulté, une bande de types à cheval coiffés de sombrero (taille Rocco S.) a enlevé tous les péons, y compris Chico, le pistoléro/paysan.
Sa copine (également interprétée par une autre actrice -moins jolie) appelle à la rescousse Chris, qui assiste, peinard , à une corrida en compagnie de Vin qui, coup de bol, passait justement par là : en fait, il y a une (très) obscure histoire de chasseur de prime que si tu la racontes à un môme de 3 ans, il va émettre des objections.
Après avoir assisté à la danse flamenco qui conclut la corrida, le bon Vin se met en tête de recruter des affidés, donc il va en prison où, soudoyant avec quelques pesos un geôlier qui a l'air complètement demeuré et obviously des difficultés à se procurer un rasoir, il va trouver un américano suicidaire et assassin, plus le bandido local (qui ne peut s'exprimer sans ricaner) sur le point d'être exécuté le lendemain matin et qui selon son dernier souhait, passe la nuit avec une somptueuse chica.

A peine sorti de la prison, des coups de feu éclatent, c'est un type (un autre ricain) qui passe par une fenêtre pour échapper à un mari jaloux (un mex), c'est la troisième recrue, et comme cette petite ville est très très animée le soir, c'est dans un hangar noir de monde que Chris trouve une autre perle, un pauvre hère (forcément un mex...) qui avait tenté de participer de façon sauvage à la corrida et qui pour arrondir ses soirées possède un coq de combat.

Et ça fait que 6 !!!!

Tu oublies Chico, absent de fait mais qui compte quand même...

Apparemment, le gouvernement mexicain n'a pas eu son mot à dire sur l'élaboration du script, car entre le gardien débile, la p*te, le cocu, le pauv' type et le bandit de grand chemin, on ne les a pas loupés, les mexs, mais c'est "normal" puisque le film est tourné en Espagne, d'où les scènes de flamenco et de corrida (même si la corrida est également pratiquée en Amérique Centrale).

Jusque là, tout va bien, c'est après que ça se gâte vraiment, parce que, figure toi que si des péons sont emmenés de force, c'est pour construire une église dans un lieu désert en mémoire des fils morts d'un grand propriétaire terrien qui va sacrifier, je ne sais pas moi, au moins une centaine de ses propres hommes pour ne pas arriver à ses fins.

Parce que les nouveaux 7, c'est pratiquement tous des tireurs d'élite, une balle, 1 mort, même le pauv' gars !

Donc du cliché, du cliché, encore du cliché, même la présence de quelques bons acteurs comme Warren Oates ( l'obsédé sexuel), de Claude Akins (le suicidaire) Emilio Fernandez (le landlord mex) ou Fernando Rey (le curé).

Oui, Fernando Rey, le gars qui jouait souvent dans les films de Bunuel, le pauvre, il prie tout ce qu'il peut, mais ça ne sauvera pas le film, ni d'ailleurs Emilio Fernandez, tout à fait raccord avec ce rôle de mégalo, à la fois fataliste et pathétique.

Un mot sur Emilio : sans doute un des types le plus dans la démesure de tout le cinéma mondial !
D'où ce rôle, mais aussi celui de l'inoubliable général Mapache dans "The wild bunch" ainsi que d'autres du même genre avec Peckinpah notamment.
Quand je parlais de démesure à propos d'Emilio, je parle aussi de sa vie privée, le mec s'est marié x fois, a du avoir x liaisons , OK plutôt banal, mais il a fait plusieurs fixettes sur des actrices célèbres, par exemple Dolorès Del Rio, une des plus célèbres actrices de son époque qui l'a manifestement complètement méprisé et Olivia De Havilland qu'il n'a même jamais rencontrée.
Et puis il a fait construire une demeure tellement incroyable qu'aujourd'hui elle sert de décor à toute une série de films.

Alors oui, la fin !
Rebelote, il y a toujours les 3 même survivants, tout est prêt pour une future suite, il y en a eu d'autres, mais sans Yul et également sans intérêt, encore moins que ce Retour, c'est dire...

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 21 févr. 2017, 00:43

Ah, enfin un western inédit en ce qui me concerne et qui du coup me donne envie de réactiver ce topic consacré au western.

D'ailleurs en ce moment Arte diffuse les lundis soirs un cycle western, dernièrement ont été diffusés les 3 premiers westerns de Sergio ("Pour une poignée de $", "pour quelques $ de plus" ainsi que "le Bon, la Brute et le Truand") Léone et ce lundi soir, c'était "Les Grands espaces" chroniqués plus avant (viewtopic.php?p=281606#p281606), que du bon, essayez d'en profiter.

Alors cette "nouveauté " de 1957 ?

Bon, c'est sur la chaine Action, donc en vf, mais la lecture du générique m'avait fait saliver, James Stewart, Jay C. Flippen, Dan Duryea, et immédiatement fait penser au cycle de westerns d'Anthony Mann avec comme star James Stewart et dans lesquels figuraient à plusieurs reprises les autres acteurs cités, que du chef d'œuvre, ici je crois bien que je n'ai chroniqué que "L'appat" cf viewtopic.php?p=204564#p204564.

Mais là déception, ce film n'est qu'un ersatz des collaborations Mann/Stewart :

D'abord, "Le survivant des monts lointains" doit être au départ une idée de producteurs de Universal, major plutôt spécialisée dans les produits de série B et qui a sans doute voulu surfer sur le succès des films antérieurs d'Anthony Mann avec JT.
Et c'est d'ailleurs Mann qui a commencé à bosser sur le projet, mais très vite il a décelé pas mal de faiblesses , dans le scénario et dans le choix des acteurs, à commencer par Audie Murphy, la covedette du film.

Ben oui, le Audie, sans parler des 17 ans d'écart avec JT, il est pas bien grand, 1,66 m, surtout à côté de James Stewart, 1, 91 m et donc dans les scènes communes, ya fallu faire gaffe pour les cadrer correctement, voire utiliser quelques astuces (pour la bagarre finale, les 2 sont allongés côte à côte et leurs têtes filmées en gros plan, du coup , ça s'arrange...).

En plus, Mann a émis des réserves sur le talent de Audie qui, rappelons le, a fait une carrière à Hollywood après 1945 en tant que héros de la 2d world war muni d'une belle gueule (lire les exploits de AM dans viewtopic.php?p=416668#p416668).

Et puis on retrouve le défaut récurrent des films de James Stewart (et des héros hollywoodiens en général), lui vieillit (il a 47 ans lors du tournage), mais les héroïnes ont toujours le même âge, là ce sont deux filles de 26/27 ans qui s'y collent et bien sûr, à un moment ou à un autre, elles succombent ou ont succombé aux charmes du quasi quinquagénaire.

A la limite, tout ça aurait pu passer avec un bon director, mais franchement l'histoire n'est pas terrible, voire incohérente par moment (et puis là, pour le coup, elle a terriblement vieilli quand on regarde en 2017), d'ailleurs avant le premier coup de manivelle, Mann a mis les bouts, après avoir expliqué à James Stewart que le film allait droit dans le mur, à la fois sur le plan critique et surtout surtout commercial.

Le grand James ne lui a jamais pardonné, d'autant que Mann a eu raison, le film, sans être un bide retentissant est très loin d'avoir empli les objectifs (et les poches des protagonistes) espérés.

Parce que le James, il voulait le faire ce film, ce n'était pas un simple western de plus, non, c'était aussi le film dans lequel il allait prouver au monde entier ses talents d'accordéoniste, un instrument qu'il pratiquait depuis tout petit (déjà...) ainsi que de chanteur.

Prudents, les producteurs ont doublé l'accordéon, mais c'est bien la voix de l'acteur qu'on entend dans 2 (magnifiques) chansons écrites par Dimitri Tiomkin, un des maitres de la musique de film westernienne.

Bon alors le scénar' ?

Grant (JT) parcourt les chantiers de construction du chemin de fer dans le Colorado en jouant de l'accordéon et ainsi récolter quelques piécettes. C'est un ancien de la sécurité du chemin de fer qui a été viré quand 5 ans auparavant il a laissé fuir un bandit qui venait de dévaliser un train.
A ce stade, il y a un gros mystère, mais pourquoi il a fait çà, d'autant qu'il a l'air réglo, on a déjà un indice quand l'ex de Grant ( devenue entre temps la femme du big boss du railroad qui a obviously 30 ans de plus) rencontre le type qu'il a laissé filer, elle lui trouve comme un air de famille avec Grant, alors qu'elle ne l'a jamais vu.
Donc surprise, aux 2/3 du film, il y a la révélation, Grant a un frère, Lee (si, ils ont osé....) devenu Utica Kid et un outlaw et c'est à cause du lien de parenté que l'un a laissé filé l'autre.
S'en suivront quelques discours pas piqués des hannetons sur le Bien et sur le Mal qui peuvent rappeler les leçons de morale qui débutaient la journée en CM1/CM2, voire le catéchisme niveau débutant ou les discours pré élection d'un concours Miss Monde.

Peut-être qu'un grand director (là,il y a juste un type qui fait le boulot, action, coupez etc.) aurait mettre un peu d'ordre, de crédibilité ou de chair et de sang là-dedans, mais là, on n'y croit pas beaucoup, on se contente de regarder les magnifiques paysages du Colorado, la qualité des scènes de train ou les décors naturels genre vieilles mines abandonnées, bien mis en valeur par un nouveau procédé qui avive les couleurs.

Dommage, d'autant qu'il y a dans le casting des pointures en second rôles, comme Jack Elam ou Robert J. Wilke, sans doute le mec le plus buriné (donc taillé à coup de burin) des fifties/sixties, même Bronson a l'air tout lisse à côté, c'est dire.

Un petit mot sur cet acteur : il a été à la fin des années 30 un des meilleurs rushers de Notre Dame, il a participé au All Star Game, bref une star du foot amerloque universitaire, donc un physique imposant associé à des traits bien marqués et qu'on peut considérer comme peu avenants ont fait de lui un acteur de second rôle spécialisé dans les rôles de tueurs, de sales types et de outlaws, un peu comme Lee Van Cleef (plutôt taillé à coup de serpe...), mais contrairement à ce dernier, il n'a pas eu la chance de rencontrer un director comme Sergio Leone qui en a fait un mec bankable.
Pour ceux qui auraient vu "Les 7 mercenaires", le type que dézingue James Coburn dans un duel couteau/révolver, c'est lui.

Je ne vous raconte pas la fin (ni d'ailleurs le milieu !), mais elle est prévisible, le bon frangin survit et en plus la fiancée de son frère va se "tourner" vers lui, c'est pas beau, la morale hollywoodienne des fifties ?

A part çà, comme d'hab', bravo au distributeur français qui a traduit "Night Passage " en "Le survivant des monts lointains" !

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cali57
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Re: Le monde du Western

Messagepar cali57 » 24 févr. 2017, 08:03

J ai regarde les 7 mercenaires et je l ai trouvé plutôt sympa

Hier feu sur les 8 salopards et Là....pffff que de longueur
On reste dans l univers tarentino mais ce n est pas son meilleur film

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Palinodie
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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 24 févr. 2017, 12:02

cali57 a écrit :J ai regarde les 7 mercenaires et je l ai trouvé plutôt sympa

Hier feu sur les 8 salopards et Là....pffff que de longueur
On reste dans l univers tarentino mais ce n est pas son meilleur film

J'ai effectivement regardé "the hateful eight" (les 8 salopards) sur Canal dernièrement, ça passe pas trop mal, en grande partie grâce aux numéros des acteurs qui sont très réussis.
Comme d'autres réalisateurs (Ford ou Peckinpah par exemple), Tarantino a au fil du temps constitué une petite équipe d'acteurs avec qui il apprécie de tourner, à commencer par le rôle principal de ce western, Samuel L. Jackson, mais aussi Michaël Madsen, Tim Roth, Walton Goggins, Bruce Dern, James Park et Kurt Russell qui ont tous joué dans d'autres Tarantino et qui ont ici des rôles importants, voire Zoë Bell (la blonde qui conduit une des 2 diligences) et Dana Gourrier (Minnie, la tenancière du relais) qui figurent quelques mn à l'écran.
Avec ça, on a déjà les 2/3 du casting de ce film qui contient en tout 13 personnages.

Pour le reste, essentiellement un acteur en vogue, Channing Tatum (un des acteurs fétiches de Soderbergh) et Jennifer Jason Leigh, quasi méconnaissable tellement son visage va être de plus en plus tuméfié au fur et à mesure du déroulement du film !

Relevons que Bruce Dern est un vétéran d'Hollywood, 50 ans de carrière, dont cette "Caravane de feu" de 1967 dans laquelle il campe un jeune alcoolo aux côté de John Wayne et de Kirk Douglas, voir viewtopic.php?p=213035#p213035.

J'ai bien apprécié la prestation de Walter Goggins, aperçu dans "The Shield", une très bonne série télé dans laquelle il joue un flic pas mal/beaucoup ripoux et du coup, ça colle un max avec ce personnage qui se prétend shériff et qu'on a beaucoup de mal à situer pendant 2/3 du film.

Je ne vais pas tenter de résumer l'action, taper "les 8 salopards" dans le Wiki français, il y a quasiment l'intégrale de l'intrigue qui est détaillée point par point et vous allez vous rendre compte que l'action, comme souvent avec Tarantino, est séquencée (avec des fondus au noir qui comporte des titres de chapitres), à la limite, on pourrait en faire une pièce de théatre (d'ailleurs Tarantino en a le projet), il suffit de 2 décors, la diligence et le relais), dans le film il n'y a que 2 séquences qui se passent ailleurs, l'une dans un vrai blizzard qui n'a aucune incidence sur le déroulement de l'action et l'autre dans l'écurie où ce qu'il s'y passe pourrait être "réintroduit" dans le relais au moyen d'un dialogue.

Donc c'est vrai qu'on est loin des westerns qui se passent en pleine nature, même si les éléments naturels (le blizzard, la neige, la montagne, le froid) sont très présents mais quasi uniquement en arrière plan.

Et comme souvent dans Tarantino, les personnages sont extrêmes, à commencer par celui interprété par Samuel L. Jackson, on n'est pas du tout dans la nuance, à part les quelques rôles mineurs (les 2 cochers), tout le monde en prend plein la tronche, les nordistes, les sudistes, les noirs, les blancs, les hommes de loi, les outlaws, les hommes, les femmes, bref ya pas grande monde à sauver, d'ailleurs tout le monde meurt à la fin...

Mais reconnaissons que par rapport à "Django unchained" qui faisait énormément dans la caricature façon western spaghetti puissance 10 et carrément dans la démesure (la séquence avec Di Caprio qui est quasiment insupportable au sens premier du terme), "les 8 salopards" reste très regardable et quand on ne connaît pas l'intrigue, contient pas mal de dialogues percutants et réellement une bonne dose de suspense, même si dès le départ, on se doute bien que ça ne pas finir comme un Lucky Luke.
(du coup, évitez, avant visionnage, de lire l'article de Wikipédia)

Et puis, il y a de très bonnes idées dans ce film, à commencer par cette porte qu'on est obligé de défoncer et de (re)clouer à chaque fois que quelqu'un veut entrer (ou sortir) dans le relais.

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Vixxens
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Re: Le monde du Western

Messagepar Vixxens » 26 févr. 2017, 18:00

Ouep assez d'accord avec l'analyse. Croiser le western avec le huis-clos est un pari osé, et je le trouve ici plutôt réussi. Les acteurs s'imbriquent à la perfection, personne ne marchant sur les plates-bandes de l'autre. Le scénario prend effectivement le temps de se poser, mais à mon sens, au service du spectateur. Combien de fois ai-je changé d'avis, pendant le film, sur son dénouement? Je ne pense pas que je me serais autant remis en question avec une demie-heure de moins.

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Palinodie
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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 26 févr. 2017, 23:59

Vixxens a écrit :Croiser le western avec le huis-clos est un pari osé, et je le trouve ici plutôt réussi.
Ne nous y trompons pas, le huis clos dans un western, ce n'est pas de l'inédit, ce n'est pas si fréquent que çà, mais ça a déjà existé.

D'ailleurs Tarantino s'est largement inspiré d'un film comme " Rawhide" (l'attaque de la malle poste"), un western de 1951 de Henry Hattaway avec Tyrone Power et Susan Hayward. Je vous laisse juge :
Une diligence arrive dans un relais au milieu de nulle part, une passagère et sa nièce de 1 an sont débarquées dans le relais, parce qu'une bande d'outlaws rode dans le coin et que ce serait trop dangereux pour elles de continuer.
Mais 4 bandits investissent le relais et du coup tout le film va se dérouler quasiment à l'intérieur avec quelques échappées dans le voisinage immédiat, le tout dans un suspense accru par la présence de la petite fille (très "belle" séquence de la petite qui titube au milieu des balles perdues que n'aurait pas reniée Tarantino), sans parler de celle d'une seule jeune femme au milieu de hors la loi, dont l'un est joué par Jack Elam (le borgne de la séquence d'ouverture de "Once upon a time in the West) qui trouve là un de ses meilleurs rôles et qui est ignoble à souhait et dont on attend/espère/souhaite le décès prochain le plus tôt possible...

On peut penser à un film comme "Day of the Outlaw" (la chevauchée des bannis) chroniqué ici même et qui se passe dans un hameau isolé par la neige et investi par une bande de bandits, cf viewtopic.php?p=208109#p208109, avec là encore une séquence mythique, celle du Saturday night dance où des mecs qui n'ont pas vu une femme depuis des lustres ont la permission d'aller danser avec les 3/4 uniques représentantes du sexe féminin et ont l'obligation de ne pas aller plus loin que la first base...

Ca n'ôte rien à la valeur du film de Tarantino qui est plus un metteur en scène qui amène son propre univers quel que soit le genre de film qu'il tourne qu'un gars qui révolutionne les genres qu'il aborde.


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