Le monde du Western

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Palinodie
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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 26 févr. 2015, 20:36

Vraisemblablement, le lecteur qui parcourt ce topic plus ou moins régulièrement n'est pas forcément visionneur de western, déjà faut trouver l'horaire, le canal qui diffuse (surtout depuis que cette feignasse de Pali ne donne plus ces renseignements !), ensuite négocier un créneau pour pouvoir l'apprécier sans remarque(s) désobligeante(s) du conjoint (en un seul mot).
Eh bien là, je vous donne le moyen de voir le western du jour, tranquille, sur votre ordi, quand vous voulez, au bureau même, si votre boss n'a pas les moyens de vous espionner, puisque "Angel and the bad man" (L'Ange et le mauvais garçon, incroyable traduction !) est disponible sur la Toile, suite à une négligence des ayant-droits qui ont omis, à un moment donné, de faire la démarche qu'il fallait.

Bon, OK, je ne me fais pas d'illuses, pourquoi iriez vous regarder ce western de 1947, dont la renommée, c'est le moins qu'on puisse dire, n'a pas traversé les âges et dont l'auteur de ces lignes n'avait jamais encore entendu parler (alors que c'est John Wayne, le Duke himself la star) avant sa diffusion sur Paramount Channel ?

Déjà, pour réparer une injustice et peut-être même un complot !
Une injustice, parce que ce "petit" western n'est pas plus mauvais qu'un autre, qu'y figure une actrice formidable et totalement oubliée et un complot parce que pour la 1ère fois dans l'Histoire d'Hollywood, qu'un acteur s’intéresse à la production et que du coup, les majors n'ont pas du voir çà d'un très bon œil et faire tout ce qu'il fallait pour l'audience reste confidentielle (le film fut déficitaire et Darryl D. Zanuck, un des plus célèbres nababs, s'en est réjoui publiquement).
Soyons honnête (pour une fois), j'en parle également parce que j'ai trouvé une mine d'infos sur ce film et notamment un article de presse de l'époque qui, même s'il est promotionnel, , nous donne pas mal de renseignements.

J'arrête là les préliminaires avant de perdre la quasi totalité de "mon" lectorat et je vais attaquer...., ben je vais commencer par le plot :
Un gunfighter réputé et ancien adjoint de shériff, mais pas n'importe lequel un adjoint (fictionnel, je le précise) de Wyatt Earp , Quirt Evans, est devenu un outlaw, qui donne dans les trafics en tout genre, dont les vols de bétail. Poursuivi par des rivaux, il est blessé et est recueilli par une famille de Quakers (pas les céréales, mais la Société religieuse des Amis) dont la fille, Penélope, tombe instantanément amoureuse de lui (of course, c'est John Wayne, encore sans moumoute).
Evidemment, ya quelques différences culturelles entre les 2 tourtereaux et notamment l’utilisation ou non de la violence.
Là, le lecteur de 2015, ce scénar’, ça lui dit quelque chose, bon sang, mais c’est, bien sûr, ça fait penser à « Wittness », mais là en 1947, c’était une idée originale et par ailleurs, beaucoup de spécialistes (c’est une énigme, qui sont les spécialistes ?) s’accordent (pour une fois) à dire et même à écrire que "Angel and the bad man" aurait pu être à l’origine du script de « Witness ».

En tout cas, le début du film, une fois passée la séquence du générique ultra-classique (une poursuite dans les paysages si caractéristiques du SW amerloque), est savoureux, notamment avec des scènes (celle où un complice de Quirt le retrouve avec un bébé dans les bras par exemple) et des dialogues aux petits oignons entre le voyou et l’ingénue, je ne peux pas m’empêcher d’en mettre un extrait :

Quirt Evans:
Is that Quaker stuff?
Penelope Worth:
Uh huh.
Quirt Evans:
You mean that nobody can hurt you but yourself?
Penelope Worth:
That's a Friend's belief.
Quirt Evans:
Well, suppose someone whacks you over the head with a branding iron? Won't that hurt?
Penelope Worth:
Physically, of course. But in reality it would injure only the person doing the act or force of violence. Only the doer can be hurt by a mean or evil act.
Quirt Evans:
Are there very many of you Quakers?
Penelope Worth:
Very few.
Quirt Evans:
I sort of figured that.

PS : Friends, c’est pas Ross, Rachel and Cie, mais le nom que se donnent les Quakers… Et si vous lisez vraiment, on apprend en plus des trucs sur la véritable philosophie de ce mouvement religieux

La fin du film est sans doute moins originale, mais je suis persuadé que le duel final vous surprendra, même s’il est acquis par avance que John Wayne, acteur ET producteur ne peut pas perdre…
En tout cas, je ne dévoilerai rien de plus, faudra aller sur Youtube pour découvrir le reste et notamment cette actrice qui donne la réplique au Duke, la belle Gail Russell.

Elle est crédible et très touchante dans le rôle de cette pure jeune fille, pour autant capable d’aller droit au but, tant son amour est sincère et immense.

OK, OK, nous Russell Jane, on visualise, surtout avec ses 2 gros atouts, mais Gail Russell, nada. Alors comment que ça se fait que personne ne la connaisse ?
Et bien figure toi que rien ne prédestinait cette toute jeune fille à devenir une star et même une actrice. Selon la légende (l’article de presse cité plus haut, mais à ce jour jamais démenti), Gail était une étudiante sans histoire à Santa Monica (à quelques encablures de LA) et un jour, 2 étudiants pris en stop par un studio casting supervisor lui déclarent en substance « ouais, ben, les plus belles actrices d’Hollywood peuvent aller se rhabiller, chez nous, il y a une fille qui les enterre toutes », le mec intrigué envoie un talent scout à Santa Monica, elle est invitée à venir faire un test dans les studios, quelques cours d’art dramatique et quelques petits rôles plus tard, elle joue à 23 ans, en co-star avec JW.
Petit problème, Gail est d’une timidité maladive voire pathologique et va prendre l’habitude de noyer son trac dans l’alcool et devenir très rapidement alcoolique, à tel point que les studios ne lui refileront aucun rôle à partir de 1951 (elle a 27 ans !). En 1956, elle semble aller mieux, elle a 2 rôles conséquents, mais patatras, en 1957, elle plante sa caisse dans la devanture d’un coffee shop qui venait de déboiter sans prévenir, en plein Beverly Boulevard. Elle meurt à 36 ans, seule dans son appart’, de mal nutrition et le foie en vrac… Beau petit destin, trop triste pour qu’Hollywood en fasse un film !

Revenons au film lui-même et au générique, vous apercevrez, vers la 45ème seconde, le nom de Yakima Canutt crédité comme second unit director . Ca fait des mois que j’aurais du vous parler de ce type, qui a une filmographie de dingue, d’abord comme simple cascadeur, spécialiste en chevaux (il a été un authentique champion de rodéo) , ensuite comme responsable de toutes les scènes avec des cascades plus ou moins dangereuses,
C’est sans doute le 1er qui a professionnalisé cette activité, en évitant que les animaux et les hommes ne soient blessés ou tués (50 morts entre 1925 et 1930) dans ces scènes d’action. Il est devenu pote avec le Duke au début des années 30 et cela a grandement facilité sa carrière, mais là, à juste titre.
La prochaine que vous verrez Ben Hur avec sa célèbre course de chars, vous penserez à YC, c’est lui qui a tout réglé au quart de poil, bon, c’était son fils qui doublait Heston, Yakima avait 64 ans à ce moment là !

Autre légende qui figure au générique, c’est Harry Carey (son dernier rôle, il meurt en 1947) , dans un rôle de shériff à la limite du fantastique, car il apparait à l’écran, alors qu’on ne l’a pas vu arriver. J’ai bien dit Harry Carey et non Harry Carey Junior (cf. viewtopic.php?p=218565#p218565), son fils, un membre du John Wayne pack et qui l’est devenu parce qu’il était le fils de son père, un hommage de la part du Duke qui aimait beaucoup HC.

« Angel and the bad man" est également le film qui a remis le pied à l’étrier à John Cabot, cf viewtopic.php?p=213035#p213035, parce qu’il était quand même sinon blacklisté, du moins légèrement en retrait, à cause d’une sombre histoire de trafic d’or avec les nazis quand il servait en Egypte en 1942 (un poste pas trop exposé…), dans laquelle il avait été suffisamment impliqué pour être arrêté par la Sécurité Militaire et viré de l’armée.
Le Duke, qui, rappelons le, n’a fait la guerre qu’à l’écran, avait sympathisé avec lui et le Bruce a pu de nouveau avoir un semblant de carrière et jouer des tas de seconds rôles derrière JW.

Un petit mot sur le director, James Edward Grant, surtout connu pour avoir signé le scénario de Alamo (director John Wayne…) sans oublier celui de la Dernière Caravane , cf. viewtopic.php?p=376063#p376063, un western dont également j’avais adoré la 1ère partie du film.
Non mais j’insiste, si vous devez regardez un bout de ce film, commencez par le début, par moment l’ambiance et les dialogues sont tels qu’on pense aux meilleurs séquences de Capra, tiens cette petite séquence où JW » convainc » un voisin hostile aux Quakers de leur laisser l’accès à l’eau ainsi que la réaction dudit voisin.

La vache, j’ai fait long là, faut que je stoppe, sinon je vais finir tout seul…
Dernière modification par Palinodie le 27 févr. 2015, 09:22, modifié 1 fois.

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 27 févr. 2015, 09:12

Yakima ! Tu devrais peut-être aussi nous parler de ses origines à l'occasion. Avec un prénom japonais il a du en baver durant les années 40 !

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 27 févr. 2015, 10:31

Yakima nippon ?
I don't think so !

C'est un authentique américain, c'est à dire que ça faisait probablement pas plus de 2/3 générations que sa famille avait racheté/squatté des terres indiennes, il s'appelait en réalité Enos Edward Canutt, il doit son surnom de Yakima à un journaliste local qui, lors d'un rodéo auquel il participait, l'avait nommé ainsi parce qu'il avait cru qu'il était originaire de la ville de Yakima (Washington State).
Et Yakima est également le nom d'une tribu indienne, qui a donné, outre ses terres et toutes ses possessions (pionniers, accrochages, traité, non respect du traité, raids des natives, US Cavalry et confinement en réserve) son nom à une ville de l'Etat de Washington dont Enos n'est pas originaire, lui, il est de Colfax, à l'est de l'Etat, je précise des fois qu'il prendrait l'envie à quelqu'un de faire en vélo Yakima/Colfax.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 27 févr. 2015, 20:53

Zut, j'ai omis de signaler une anecdote assez marrante sur ce film :
Je vous ai dit que John Wayne avait produit le film et a été en même temps la star, ce qui avait profondément irrité les grosses companies. Le Duke qui venait de choper tout juste la quarantaine avait senti le besoin de passer à un niveau supérieur, en prévision de l'époque où on ne lui confierait plus de rôle de premier plan, ce qui, entre parenthèses, n'est jamais arrivé, le bougre ayant joué quasi jusqu'au bout.
Donc en 1946, JW signe un nouveau contrat avec Republic avec comme clause principale la possibilité pour JW de produire des films.

1947, premier essai avec "Angel and the bad man", le Duke, pas trop sûr de lui, n'envisage pas de jouer, mais bon, finalement il se résout à avoir le premier rôle, d'autant que Yates, le patron de Republic insiste pour qu'il joue, certainement parce que le renom de l'acteur doit contribuer grandement au succès public du film.

Le Duke s'investit à fond, a un mal de chien à tout gérer , mais finalement le tournage se termine et comme c'est la tradition, tous les participants au tournage font une fête le dernier jour.
JW arrive donc assez tard chez lui, voire même assez tôt le matin et là c'est le drame...

Faut dire que le Duke est marié à Esperanza Baur, sa seconde femme (ses 3 femmes seront d'ascendance mex, JW aimait bien les señoritas), une lady d'un tempérament volcanique De plus, Esperanza s'est mis dans le crâne que son mari et sa partenaire de boulot, Gail Russell, ont été plus que des collègues et dans le cornet un certain nombre de décilitres de boissons alcoolisées, vous mélangez le tout, vous ajoutez une arme à portée de la main et le Duke se fait tirer dessus à peine la porte franchie.
Heureusement la dame a eu la précision de Métanire devant le but adverse et le Duke a pu divorcer un peu plus tard.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Nestor la Foudre » 28 févr. 2015, 08:10

messinmarseille a écrit :Quel courage pour continuer ce monologue westernesque, merci pour la prose ;-)

Faut bien s'occuper a la retraite , les journées sont longues .

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 01 mars 2015, 10:32

Ah une intervention de NLF !
Faut savoir que NLF est la face culturelle du duo qu'il forme avec Beaulier, c'est son côté Docteur Folamour vs Mister Hyde, en conséquence de quoi, régulièrement, soit 1 ou 2 fois par an, il intervient dans l'Espace Culturel.
Une de ses dernières (en 2012) et non moins lumineuses interventions étaient de s'inquiéter par rapport aux roues du Mettis, je resitue dans le contexte :

geo alambic venait de remarquer: J'aime bien les grandes vitres latérales [du Mettis], mais pas l'avant et les cache-roues.

Réponse nlfienne (typique, une dizaine de mots, pas de virgule -s'il y en a une, les espaces ne sont pas respectés-, un humour torride) :
Vu les quartiers qu'il va traverser mieux vaut planquer les roues.

Du coup, peut-être que je dois me sentir flatter d'attirer l'attention de Riders/Pajero/Maia/Chippendale etc.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 24 mars 2015, 19:42

Encore un film qui est rattaché à mon histoire personnelle et qui est toujours resté dans ma mémoire, même des décennies plus tard !

Je devais avoir quoi, 10/12 ans, c’était l’été, les vacances scolaires, le mois d’août, j’étais en colo comme tous les ans à cette époque et toutes les semaines on avait droit à notre séance de cinoche, ce soir là, était programmé « Laura » (1944) –bon, effectivement, on ne peut pas dire que c’était une nouveauté, mais on s’en foutait, y avait qu’une chaine de télé quand tu avais la chance que tes parents en aient acheté une et tous ces films étaient des inédits pour nous… - de Otto Préminger , mais quand le dirlo a ouvert les boites contenant les bobines, il y avait eu gourance, Laura était partie dans une autre colo et on nous a projeté à la place « North West Frontier » (1959), le dirlo nous a prévenu « au lieu d’avoir un seul mort, dans ce film, il y en aura 10 000 », tu parles si on a été attentif ensuite…

Un critique cinoche du Star (journal british) écrit le 08/10/1959 que « this film is one of the best Westerns I remember” et le Daily Mail (autre canard angliche) décrète, le lendemain, que “‘this north-western eastern can claim to be the first genuine British Western”.
Diable, authentique western, la formule est plaisante, quand on sait que l’action de “North West Frontier” se déroule dans le Pakistan actuel, à ce que l’on appelait à l’époque (1905) les Indes Britanniques, le joyau de l’Empire, ce qui, par ailleurs, justifie le titre français « Aux frontières des Indes ».

Mais, c’est pas idiot comme formule, parce que l’action se déroule comme dans Stagecoach (la Chevauchée Fantastique) dans un lieu clos, à ceci près que là on va être dans un train au lieu d’une diligence, qu’il y a évidemment des Indiens (je ne pouvais pas la laisser passer celle-là ! ), poursuite, attaque du train, un traitre, une love story etc., pas mal d’ingrédients qu’on retrouve dans ce genre relativement codifié qu’est le western.
Western/Eastern, finalement, on s’en fiche, c’est un très bon film d’action qui prend, de plus, une consonance actuelle, j’y reviendrai plus loin.

Resituons ce film dans son contexte, les anglais voudraient bien pénétrer le marché amerloque dans lequel le western est une valeur sure, du coup, le director choisi par la production va être Jack Lee Thompson, un type qui rêve toutes les nuits de réussir à Hollywood (et qui y parviendra grâce au succès mooondial des » Canons de Navarone » qu’il a dirigé), il me semble avoir évoqué ici quelques unes de ces « œuvres » pas toujours très réussies, « The Kings of the Sun », cf viewtopic.php?p=303502#p303502 et « The white buffalo, cf. viewtopic.php?p=299071#p299071.
On « sécurise » un peu plus en engageant comme actrice principale Lauren Bacall, actrice hyper-connue aux States, même si l’essentiel de sa carrière de star légendaire et bankable est derrière elle, car depuis la mort de son premier mari Humphrey Bogart survenue en 1957, elle s’est plutôt consacrée au théâtre . D’emblée, disons que Lauren est impeccable dans ce rôle de femme active et limite insolente et qui a passé l’âge de se comporter en midinette.

Je n’ai pas d’infos précises sur la rentabilité du film aux States, mais ce fut un des gros succès de l’année 1959 en Grande-Bretagne, la nostalgie de l’Empire « sur lequel le soleil ne se couchait jamais » a du jouer un grand rôle la dedans, mais pas que, car le scénar’ est solide et la distribution intéressante.

Un petit mot sur l’histoire, des musulmans indiens se révoltent, en plus de vouloir chasser les Britons, les insurgés veulent tuer un enfant de 6 ans, le dernier héritier de la dynastie de Maharadjah du coin, pour cela, ils assiègent la vile où le gamin est , sous la protection des anglais, réfugié dans une ville fortifiée qui est totalement encerclée et en grand danger d’être investie par les assaillants. Seule solution : exfiltrer l’héritier en utilisant la dernière loco de la ville, loco auquel on a attelé un seul wagon dans lequel vont prendre place un officier anglais, 2 soldats indiens, la gouvernante du mioche (c’est Lauren B.), la femme du gouverneur, un marchand d’armes, un fonctionnaire de l’empire et un journaliste hollandais, tout ce beau monde dépendant du conducteur indien de la loco, Gupta. Il y aura pas mal de péripéties dans ce voyage, péripéties que jem’en voudrai de vous dévoiler, sachant que je garde l’espoir ténu qu’un d’entre vous aille jeter un œil sur TCM, la chaîne qui multi-diffuse ce film en ce moment (http://television.telerama.fr/tele/film ... usions.php).

Sachez tout de même que les extérieurs de ce film ont été tournés en partie en Inde et en partie en Espagne (et c’est raccord), dans la Sierra Nevada en utilisant une voie de chemin de fer désaffectée.

A part l’américaine LB, les autres acteurs sont des valeurs sures des films british, et qui du coup, vu que la plupart d’entre eux n’ont performé ailleursque dans des films uniquement distribués en Angleterre sont quasi-inconnus ici.
Valeurs sûres, donc, à commencer par Kenneth More, le lead character, qui joue à la perfection cet officier en même temps porteur des valeurs de l’Empire et limite prolo –par opposition à l’image stéréotypée, qu’on a de l’officier intransigeant et borné , de plus il forme un duo à la fois très dissemblable au niveau des valeurs (un officier reste un officier et en face c’est une américaine indépendante et déterminée) et très complémentaire, love story oblige !

Tout le reste de la distribution est à l’avenant, étant évidemment entendu qu’à part Gupta (le mécano qui a une grande importance dans l’intrigue) les 2 acteurs autochtones jouant les soldats indiens n’ont aucune scène pour s’exprimer, dans la grande tradition des westerns où les acteurs jouant (et étant)des natives sont très souvent dans les fifties et les sixties à peine cités dans les génériques. J’ai une tendresse particulière pour Ursula Jeans qui colle à merveille dans ce rôle de la femme du gouverneur, pour qui la Britannia rule est la seule qui compte, faut dire qu’elle a un avantage, elle-même est née à Simla, la ville des contreforts de l’Himalaya où l’élite anglaise se réfugiait à l’époque des grosses chaleurs.

Ajoutons aussi que tous les acteurs ont peu ou prou l’âge de leur character, ça aide quand même à la crédibilité de l’histoire, Hollywood n’aurait pas hésité à mettre James Stewart ou John Wayne en face de Lauren Bacall (plus de 20 ans d’écart !).

Ah, il manque encore un acteur, probablement le plus étonnant dans ce film, j’ai nommé Herbert Lom.
Herbert Lom, Herbert Lom, je parie que ce nom vous évoque quelque chose, de toute façon, tout le monde l’a vu jouer dans, dans, dans… plusieurs film de la série « la Panthère rose », c’est lui le chief inspector Dreyfus qui devient de plus en cinglé au fur et à mesure des épisodes, un rôle comique donc et ce en face de Peter Sellers, une pointure du genre.
Là, il est incroyable dans le rôle du journaliste qui devient de plus en plus inquiétant à mesure que l’action se déploie et également dans sa bouche, il y a plusieurs répliques qui résonnent particulièrement quelque 110 ans après l’époque où est censée se dérouler ce film, quand il est question de différences, de tolérance, de lutte pour le pouvoir, de la finalité des actions, en tout cas, quand Lom s’exprime, on se pose à tout le moins des questions.

Bon , je n’insiste pas, ça reste quand même largement un film d’actions, perso, je l’ai vu pour la première fois quand j’étais teenager, la scène du train des réfugiés (très actuelle aussi, tiens !) ou celle du viaduc m’a laissé plus de souvenir que les diatribes d’un journaliste !

Et la semaine après "North West Frontier", la colo a remis la main sur "Laura" et Gene Tierney est entrée dans ma vie...

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 24 mars 2015, 20:33

T'étais ado en 1959 ?

Je peux t'appeler papi ?

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 24 mars 2015, 20:39

DCD a écrit :T'étais ado en 1959 ?

Je peux t'appeler papi ?
En 59, je n'étais pas teenager et j'habitais encore à Metz, enfin à Montigny...
Si t'as bien lu le post, les films diffusés en colo n'étaient pas des perdreaux de l'année, loin s'en faut.
Si j'avais chroniqué "Laurel et Hardy au Far-West" (1937), tu m'aurais cru octo/nonagénaire ?

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 24 mars 2015, 20:40

Palinodie a écrit :
DCD a écrit :T'étais ado en 1959 ?

Je peux t'appeler papi ?
En 59, je n'étais pas teenager et j'habitais encore à Metz, enfin à Montigny...
Si t'as bien lu le post, les films diffusés en colo n'étaient pas des perdreaux de l'année, loin s'en faut.
Si j'avais chroniqué "Laurel et Hardy au Far-West" (1937), tu m'aurais cru octo/nonagénaire ?
J'aurais du mettre 1944.


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