Le monde du Western

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Amos
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Re: Le monde du Western

Messagepar Amos » 24 mars 2015, 21:43

Palinodie a écrit : Si j'avais chroniqué "Laurel et Hardy au Far-West" (1937), tu m'aurais cru octo/nonagénaire ?
Non, juste DCD ! :-D

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 20 avr. 2015, 23:42

P’t’e que parmi vous, certains se demandent pourquoi le western spaghetti a pris tout d’un coup (à partir de 1964) autant d’importance , au point de faire chuter de façon drastique la production hollywoodienne de westerns tout au long des années 70.

Pour le comprendre, il suffit de regarder les 2 films suivants, « Law of the Lawless » (Condamné à être pendu), 1963 et « Johnny Reno » (Toute la ville est coupable), 1966. Je ne cite pas les directors, ils ont peu d’importance, ces 2 films sont en fait des créations d’un producteur, AC Lyles.
Ce type, né en 1918, a monté peu à peu tous les échelons hollywoodiens, au point de devenir producteur pour Paramount qui, au début des sixties, l’a prêté à CBS pour produire 9 épisodes d’une célèbre série westernienne, Rawhide (qui a révélé, entre autres, un tout jeune Clint Eastwood).

Parallèlement, la Paramount déplorait que le studio ne produise aucun western, à une époque où ce dernier rapportait des mille et cents, particulièrement en Europe. Du coup, Lyles a proposé de faire un low-budget western, qui, pour le marché US, serait casé en première partie (oui, aux States, une soirée cinoche, c’est 2 films, du moins c’était, en cette lointaine époque).
Pour faire un film à bas coût et néanmoins à Hollywood, c’est pas compliqué, il faut le faire vite, avec très peu de frais de tournage et avec une faible masse salariale, tous les producteurs de films de Q vous le diront. Problème, faut quand même attirer le public et là, AC Lyles a the idea : embaucher des acteurs dont le nom parle toujours au public amerloque, même si leur période de gloire est plutôt derrière eux, bref des has-been.

Pour « Law of the Lawless », pas de vraie star, mais du connu outre -atlantique, Dale Robertson, un quadragénaire très populaire grâce à sa participation au télévision show « Tales of Wells Fargo », des seconds couteaux plus ou moins prestigieux, John Agar, qui a tourné 2 films, eux, prestigieux (cf. viewtopic.php?p=213571#p213571) vers 1950 avec John Ford, grâce à son 1er mariage avec Shirley Temple, Bruce Cabot maintes fois évoqué ici, (cf. viewtopic.php?p=213035#p213035 ), une ex-future big star, Yvonne de Carlo (cf viewtopic.php?p=206212#p206212) toujours aussi sexy et puis aussi tiens le fils de Joël Mc Crea, un nom prestigieux de plus sur l’affiche….et enfin Lon Chaney Jr, authentique star des films d’horreur des années 30 et 40, à cette époque alcoolique notoire et ça se voit à l’écran.

A propos d’alcoolo, c’est Dana Andrews (inoubliable dans « Laura », 1944) épaissi par l’alcool qui est la vedette masculine de « Johnny Reno » (non, ce n’est pas de la médisance, Dana l’a avoué publiquement quelques années plus tard), la féminine, c’est Jane Russell, les années ont passé depuis « Gentlemen prefer Blondes » (la chirurgie esthétique était nettement moins présente…), et puis tiens, on retrouve Cabot et Agar (et aussi Cabot hagard, voire Agar légèrement cabot), sans oublier Lon Chaney, ah oui, parce que là, on est 3 ans après le premier film de Lyles, la formule est au point, le studio est content, ça rapporte (évidemment, vu le coût..), du coup, le Lyles, il a constitué un petit groupe d’acteurs qui vont d’un petit rôle à l’autre, vous pensez que le Lyles a multiplié les sorties et a même exporté la recette dans d'autres genres, comme le film de sf matiné d'horreur.

Pas du jeune donc, les vingtenaires sont rares, les figurants aussi d’ailleurs, quand tu filmes la meanstreet d’une petite vile, c’est tout juste si tu ne devines pas l’assistant qui fait signe aux gens de passer devant la caméra à ce moment là et à cet endroit là.

Donc déjà, pour le director, on prend un type quelconque qui a du être assistant quelque part et qui de toute façon sera aux ordres, pour les scénar’, on ne va pas se prendre la tête et fignoler, ce serait trop long, et puis tant pis également si les rôles ne correspondent pas vraiment à l’acteur, par exemple, Lyles a recruté pour le rôle du shériff dans « Law of the Lawless » William Bendix, un type hyper (re)connu pour ses rôles d’ouvrier prolo, le mec que t’attends à voir débouler en bleu de travail au troquet du coin et pas vraiment en train de faire le coup de feu au saloon. Ca ne lui a pas porté chance, « Law of the Lawless » est son dernier film, il est mort juste après, c’est le risque quand tu emploies des gens plus tout jeunes…

Evidemment, les décors sont basiques, très peu d’extérieurs, les scènes d'action sont réduites au minimum, les trucages sont baclés (il y a un type qui s'explose à la dynamite qui mériterait de figurer dans les insolites de DCD), des petits gilets à n’en plus pouvoir comme costumes, et puis attention, il faut une morale, d’ailleurs Lyles se définissait comme un filmmaker who believes in the kind of movies that assured front-row kids that good guys win out in the end and there is a law for the lawless…

Par exemple, dans , « Law of the Lawless » un juge déboule en ville pour le procès du fils du potentat local, accusé de meurtre, alors que lui plaide la légitime défense. Du coup, le procès occupe un bon moment du film, un seul décor, c’est toujours ça de gagné. Il y a une intriguette dans laquelle YdC est impliquée, c’est cousu de fil blanc, bon, à la fin, le méchant va être pendu, on est bien aux Etats-Unis !

Dans « Johnny Reno », ya un peu plus de subtilités, mais guère : un US marshall, JR (Johnny Reno) se rend dans une petite ville, il est attaqué par 2 types aux abois, il en descend 1 et ramène l’autre en ville et le colle en prison. Ce type était justement poursuivi par un posse (DCD, tu sais ce que c’est maintenant ?), parce qu’il aurait tué un indien, mais pas n’importe lequel, le fils du sachem local.
JR refuse de le livrer au maire de la ville qui voudrait le pendre immédiatement, va même être obligé de le protéger, alors que lui, au départ, tout ce qu’il voulait c’était retrouver un amour de jeunesse (Jane Russell qui a conservé tout de même ses atouts principaux).
Au final JR découvre que « toute la ville était coupable », à savoir que le maire, mécontent que le jeune indien fricote avec sa fille, l’a fait tuer par ses potes (le barman, un adjoint, bref tous les notables de la ville ) en faisant porter le chapeau à 2 types qui passaient par là et quitte la ville au bras de JR (Jane Russell..).
C’aurait pu être pas trop mal, mais Lon Chaney en shériff se sacrifiant pour son devoir, c’est limite grotesque, mais moins que l’attaque des indiens, qui est déjà terminée, à peine commencée.

Si on ajoute à ça que dans les 2 films, il y a une musique pour le moins répétitive (en gros, on a les oreilles cisaillées en permanence), on voit bien que les ritals ont joué sur le velours en inventant une formule avec des héros légèrement déviants, mais pleins d’humour et de ressources, des méchants à la fois répugnants et souvent très intentionnellement parodiques, du mouvement en permanence, des innovations avec une bande-son qui met en valeur l’action, bien sûr, ce n’est pas toujours le cas, mais au moins c’était vivant, ça bougeait,, là pour les films cités plus haut, on n’est pas très loin du produit conservé dans le formol…
Dernière modification par Palinodie le 22 avr. 2015, 15:29, modifié 4 fois.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 21 avr. 2015, 00:09

Juste un truc, Western - spaghetti, le terme a été popularisé par les amères loques, sans doute légèrement revanchards, les ritals, eux, ils disent westerns italiens...

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 04 mai 2015, 08:20

Avec mon pseudonyme cité deux fois, j'ai l'impression que tes articles me sont dédiés :love:

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 12 mai 2015, 08:22

DCD a écrit :
Palinodie a écrit :Ah encore une légende de l'Ouest qui est le personnage principal d'un western, c'est Tom Horn dont les derniers "exploits" sont contés dans "Tom Horn" (1980)
Ce western est officiellement dirigé par un inconnu William Wiard, en fait c'est quasiment un prête-nom pour Steve Mc Queen qui joue le rôle titre et qui a été obligé d'en passer par là pour ne pas s'attirer les foudres des tous puissants syndicats hollywoodiens.

Comme on est en 1980 et que la mode n'est plus à l'exaltation sans faille des figures de l'Ouest, donc ce film raconte ce qu'était l'occupation principale (et qui a fait en partie sa légende ) de Tom Horn, à savoir la chasse aux voleurs de bétail.
Ca ne mégote pas vraiment, Horne est engagé par un propriétaire, un gros, un de ceux qui a des milliers de tête de bétail, il observe, fait des rondes, repère les voleurs, puis s'embusque et avec un fusil pour tuer les bisons dégomme aussi bien dans le dos les voleurs pris sur le fait, puis signe son exploit en plaçant une pierre sous la tête des cadavres, et enfin va toucher sa récompense, quelques centaines de dollars par tête.

C'est donc ce qui est conté ici, mais nous sommes en 1903 dans le Wyoming, que l'époque n'est plus tout à fait la même qu'à l'époque de la guerre du comté de Johnson qui a lieu 10 ans plus tôt, (cf "les portes du Paradis viewtopic.php?p=265391#p265391), que le pays devient un peu plus civilisé et que quand les cadavres s'accumulent, ça commence à grogner un peu dans ce qu'on peut appeler l'opinion publique, du coup, les association de proprios, qui ont vu les vols quasiment disparaitre, décident de ne plus soutenir Tom Horn (qui a été engagé sans mandat officiel) et lorsqu'un jeune garçon de 13 ans, fils de bergers qui essayaient d'introduire l'élevage des moutons dans ce coin du Wyoming est abattu, Horne est accusé, se défend très mal, en étant notamment piégé par un shériff qui a des ambitions politiques et qui lui fait déclarer "If I did shoot that boy, it was the best shot I ever made.", est emprisonné, jugé et pendu à l'âge de 43 ans.

Ce western a eu un certain retentissement en 1980, parce qu'il sort alors que Steve Mc Queen est gravement malade, un cancer (probablement le tabac) qui le tuera 6 mois plus tard.
Mais ça n'a pas été pour autant un succès, les amerloques n'aimant pas en règle générale une remise en cause si noire de la légende de l'Ouest, les parodies, ça peut passer, mais pas ce genre de film, auquel par ailleurs il manque un vrai director, et puis qui décrit Tom Horn de cette façon : un type sans illusion sur l'épopée de l'Ouest ( If you really knew how dirty and raggedy-assed the Old West was, you wouldn't want any part of it) et qui est devenu un assassin "légal" parce que c'est la seule chose qu'il sait (très bien) faire.

Au début du film, Horn est décrit comme un mec plutôt rustre, qui ne crache pas sur la boutanche, fait preuve d'un certain courage et même qui arrive à séduire, par son naturel et son bon sens, l'instit du coin, c'est Linda Evans, la Krystle Carrington de la série Dynasty.
Mais lors d'un pique-nique avec elle, quelqu'un essaye de flinguer Tom qui réagit avec une sauvagerie incroyablement "naturelle" et là on sait vraiment à qui on a affaire.

Notons qu'il y a comme un parallèle entre Tom Horne et Steve McQ, qui lui aussi, a eu, un temps, une bonne image "publique", celle d'un mec sympa, humble, sorti de nulle part (il a été un délinquant juvénile) bref un acteur populaire dans tous les sens du terme, mais qui au fur et à mesure que son succès a été grandissant, est devenu, comme beaucoup d'autres, un narcissique invivable avec tous les excès possibles et imaginables (grosse tête en permanence, drogue, alcool et petites pépées), alors ce film a été vu comme un espèce de symbole qui préfigurait la fin de Mc Queen qui aurait accepté sa propre mort prochaine inéluctable comme Tom Horn accepte la sienne dans le film (Keep your nerve Sam, 'cause I'm gonna keep mine dit -il sur la potence à son ex-boss, un des seuls à lui rester fidèle).
J'ai regardé Tom Horn (sans "e") hier soir sur Paris Première. Palinodie a tout dit du film je pense, et même des à côtés. Mais je vais brièvement donner mon ressenti.

D'abord, Steve Mac Queen : à ses rides, on sait d'emblée qu'il s'agit de l'un de ses derniers films (l'avant dernier en fait) et à sa démarche de petit-vieux au dos en compote, on comprend qu'il était déjà bien affaiblie.

La réalisation : quand bien même il y a eu 3 réalisateurs (le premier, Mac Queen et le troisième) j'ai bien aimé les plans du films, ses décors épurés et j'ai trouvé que l'époque charnière (fin de la conquête de l'ouest et début de son embourgeoisement) étaient très bien mis en avant par opposition des costumes et des coutumes (la scène de dégustation des homards et de la pendaison moderne).

L'Histoire : basée sur la biographie de Tom Horn par l'un de ses amis, on n'est pas tombé dans le film à charge de la justice aveugle contre l'innocent héros. Comme l'avait souligné Pali, le Tom Horn sous ses airs sympathiques était une brute, qui aurait très bien pu assassiner ce garçon de 13 ans et le film laisse justement plané le doute jusqu'au bout, quand bien même il évoque clairement le coup-monté. Et c'est là toute la réussite de ce film, car même si l'on sait que Tom Horn doit être innocent, on en est pas certain au fond.
"Tom Horn, sa véritable histoire" ce soir sur Paris prem's !

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 14 mai 2015, 00:35

DCD a écrit :"Tom Horn, sa véritable histoire" ce soir sur Paris prem's !
Sur Paramount Channel, ces temps ci, "Fort Utah" qui "raconte" un soi-disant épisode de la vie de Tom Horn, carrément le bon gars qui va s'échiner à sauver un convoi d'une attaque d'Indiens, puis combattra un sergent déserteur qui a monté sa propre troupe de hors la loi, tout en minaudant avec succès autour de l'héroïne.

Mais c'est un film de 1967 réalisé par Lesley Selander, probablement le pire director à la chaîne d'Hollywood, produit par AC Lyles (voir plus haut), avec donc la formule habituelle, des cadrages genre télévision (pour éviter que l'on voit que le film est fauché), un scénario baclé (les assiégés du fort le défendent depuis l'intérieur de la cour, sans penser à monter sur les "remparts"), des bagarres très mal réglées, les seules scènes d'action un peu potables sont des reprises d'un autre western de 1951 (le sentier de l'enfer) et forcément tripatouillées/massacrées pour se couler dans l'intrigue, des acteurs vieillissants, notamment John Ireland qui fut dans les fifties un des plus remarquables cynical villains de westerns et accessoirement (l'heureux homme..) le mari de Joanne Dru pendant 8 ans et Virginia Mayo dont le seul vestige de sa beauté, à 46 ans, subsiste dans un décolleté pigeonnant généreusement mis en valeur, bref un foutage de gu*ule total que même un inconditionnel de westerns comme moi ne peut supporter et qui ne vaut pas plus que ces quelques lignes...

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 27 août 2015, 20:28

En général, il est relativement rare d'avoir un bon western tourné par un director peu renommé avec des acteurs de second rang sur un scénario moyennement original.

Et pourtant, c'est bien le cas aujourd'hui avec ce "Gunman's walk" (le salaire de la violence en vf), 1958, tourné par Phil Karlson, un honnête metteur en scène de série B (mais qui a eu la bonne idée un peu plus tard, en 1973, de se faire rémunérer en % de recettes, ce qui a fait sa fortune), avec comme premier rôle Van Heflin, pas vraiment le plus charismatique des acteurs, mais qui là est formidable dans le rôle du propriétaire terrien self made man et dur à cuire qui se croit toujours à l'époque où la loi n'existait pas ou si peu.

Là, on est vers 1880, il n'y a plus de guerre indienne, les barbelés délimitent les propriétés et le port d'armes est interdit en ville (situation vue et revue dans nombre de westerns), mais Van H a élevé ses 2 fils avec des principes pour le moins discutables et dont voici un échantillon :
Without any spirit (comprenez l'esprit de rebellion, l'individualisme, la loi du plus fort, être toujours le meilleur etc.), a man's like a horse: if he don't buck the first time you put a saddle on him he ain't worth having.

Evidemment, ses 2 fils sont complètement différents, l'ainé essaye en permanence de surpasser son père qui a été quasiment un des fondateurs de l'Etat (ici le Wyoming alors que le film a été tourné en Arizona) et le cadet a, lui, bien conscience que l'époque n'est plus la même qu'à l'époque des pionniers.

Dès les premières scènes, on voit bien l'écart entre les 2 frangins, le premier drague de façon odieuse une jeune métisse sioux, le second essaye d'arranger les bidons et engage le frère de la belle (of course, elle est ravissante...) avec 2 autres Sioux pour traquer des chevaux et les convoyer, vu que ce sont des spécialistes et sans doute les meilleurs du coin.

L'aîné, déjà raciste au dernier degré, comme son père (qui, lui, a combattu les indiens dans sa jeunesse), est jaloux de la dextérité du frère de la ravissante et le pousse dans un ravin, ce qui entraîne sa mort, bref on prend la direction de Roméo et Juliette, tant il est évident que le cadet n'a d'yeux que pour la jeune métisse qui, on le pressent, le lui rend bien, même si l'incident précité refroidit considérablement les élans amoureux des 2 côtés !

S'en suit une audience chez le juge pour savoir si il y a eu meurtre ou accident et alors que le juge s'apprête à envoyer l'aîné au tribunal (il y avait 2 témoins, les potes sioux), coup de théâtre, un inconnu se lève et déclare qu'il a tout vu et que c'est la faute à pas de chance, du coup, non-lieu.

En fait, le type est un marchand de chevaux légèrement escroc qui a compris qu'en faisant çà, il allait toucher le jack-pot, en l'occurrence une dizaine de chevaux qu'il prétend avoir perdu dans la masse de ceux raflés par les frangins et leurs employés.

Pour le reste, je vous laisse deviner la suite, mais sachez que, très vite, on se rend compte que l'aîné, dans sa compétition avec ce qu'a été son père dans le passé va forcément franchir la ligne rouge et là que va faire le père et les 2 tourtereaux pourront-ils convoler (en un seul mot) en justes noces ?

Comme je l'ai signalé plus haut, Van Heflin, plutôt voué aux seconds rôles, dont certains importants (cf viewtopic.php?f=8&t=6502&start=90#p283564) est extra, les 2 fistons sont joués par des jeunots alors au faîte de leur gloire en tant que chanteur/acteur des fifties, particulièrement dans des teenmovies.

L'un est Tab Hunter, l'un des beefcakes d'Henry Wilson, cf viewtopic.php?f=8&t=6502&start=110#p292661, a eu un gros hit en 57, ce qui lui a probablement valu ce rôle important. A noter que comme Rock Hudson, il était gay et le cachait vigoureusement avec la complicité de son agent qui lui inventait des relations féminines en pagaille. Lui aussi est convaincant, alors qu'il ne jouait que très rarement les bad guys.

L’autre est James Darren, un italo-américain, un beau ténébreux donc, un peu falot à mon goût (du coup, ça colle pas trop mal avec le personnage du film!), un p’tit gars que même Amos connait, c’est un des deux acteurs de » Time Channel « (Au cœur du Temps), une série télé dont je n’ai jamais vu la fin alors que j’étais accroc quand j’étais tennager.
Tiens, il figure aussi dans les combattants qui font sauter « les canons de Navarone » (1961), une tentative pour tenter de passer d’idole des jeunes à des rôles plus matures, tentative qui n’a pas abouti à grand-chose, sa carrière cinématographique s’achève en 1963 !

Et l’héroïne ? Kathryn Grant, elle aussi c’est un de ses derniers films, mais ne vous faites pas de bile pour elle, elle a assuré son avenir en devenant en 1957 la seconde femme de Bing Crosby. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est (à peu près hein..) l’équivalent amerloque de Tino Rossi, tout en étant meilleur acteur (là c’est pas trop difficile !) et meilleur chanteur (en beaucoup plus swing) que le corse, donc une big big star pendant plusieurs décennies qui pendant que Tino vendait péniblement 5 millions de » Petit papa Noël » écoulait, tranquillou, 100 millions de « White Christmas ».
Probablement que l’énorme fortune de Bing a fait passer au second plan les 30 ans de différence d’âge entre lui et Kathryn…
Mais en qui concerne ce film, elle fait une métisse tout ce qu’il y a de plus crédible et charmante !

Pour conclure, un bon film, vraiment, qui passe en ce moment sur une des chaînes d’Orange.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 01 nov. 2015, 19:35

Tiens, ça faisait un moment que je n’avais pas continué cette rubrique western, faut dire que ça devient de plus en plus compliqué d’en voir, en ce qui me concerne, des inédits, puisque apparemment les chaînes cinoche, que ce soit Orange, Canal ou autres, d’une année sur l’autre, diffusent quasiment les mêmes œuvres et du coup, je n’ai pas grand-chose à me mettre sous la dent (que j’ai parfois dure…), d’autant que je suis plus enclin à « parler » de films plutôt méconnus que de disséquer des classiques, fin de la phrase, ouf.
Et là ces derniers temps, de l’inédit, il y en a eu, commençons par un film de 1963 titré en français « A l’Ouest du Montana » et dont le titre original américain est « Mail Order Bride ».

Du coup, pour trouver un peu de grain à moudre, avant de commencer cette rubrique, je vais sur mon moteur de recherche et je tape « Mail Order Bride », sauf qu’au lieu des renseignements attendus, j’ai droit à de la Guatémaltèque/philippinne/ukrainienne en maillot de bain, avec des poses plutôt suggestives.
Obviously, Mail Order Bride n’avait pas tout à fait le même sens à la fin du 19ème siècle aux Etats-Unis, il s’agissait pour les pionniers américains, en majorité mâles, de trouver une épouse qui viendrait en principe de l’Est des States, cette dernière cherchant, la plupart du temps, à prendre un nouveau départ dans la vie, thème plutôt rare dans les westerns, le plus fameux étant « Westward the woman » encensé plus avant dans ce topic, cf viewtopic.php?p=286260#p286260.

Ca commence plutôt bien, un » vieux »(pensez, l’acteur qui l’incarne a 55 ans) cow-boy (disons un mec habillé comme tel, petit gilet, révolver etc) fait du café au bord d’un cours d’eau, un jeune type arrive, le old man lui dit de ne pas traverser à cet endroit, l’autre réplique, mi agressif, mi menaçant, qu’il traversera où il veut, et finit dans un trou d’eau, trempé, ayant perdu une botte.
D’entrée, la tonalité est plutôt comique d’autant que le vieux est plutôt laconique alors que le jeune est limite exubérant.
Ensuite, le vieux se rend sur une tombe, discute avec un shériff et là on comprend que, lui-même ancien shériff à la retraite, il vient accomplir le souhait d’un pote (celui de la tombe), à savoir élever correctement le fils du défunt, qui est en train de dilapider l’héritage familial (une ferme et du bétail) en beuveries, jeux et petites pépées. Pour cela, il dispose d’un argument de poids, si le fiston ne rentre pas dans le droit chemin, il sera deshérité au profit du vieux.
Of course, le fils en question est le jeune homme de la 1ère séquence.

Après la bagarre géante obligatoire dans tout western, l’ancien prend une décision, une femme pourrait faire changer le fêtard en citoyen modèle et il fonce (à 30 km/h, en train, 2 jours de voyage) à Kansas City chercher une des mail order bride repérées dans un catalogue.
Après avoir éliminé une volumineuse trombonnettiste de l’Armée du Salut, une semi-prostituée et une coincée de première, il échoue dans un saloon où la patronne lui fait un rentre-dedans pas possible, mais comprenant que cen’est pas pour lui qu’il cherche, lui déniche une de ses employées qui aspire à changer de vie.
Et pour cause, elle est mère (célibataire) d’un fiston de 6/7 ans, ce qui à l’époque est plus grave, selon Hollywood, que d’avoir le choléra !

Là, on reste clairement dans le western comique, limite parodique, mais cela aurait pu être bien meilleur, avec un scénario plus consistant , des personnages plus fouillés (le méchant ne l’est vraiment pas assez !) .
Car les acteurs sont impeccables, quoique la plupart méconnus de ce côté ci de l’Atlantique.

Le vieux, c’est Buddy Ebsen, qui a failli être le Tin Man du » Magicien d’Oz », mais manque de bol, il était allergique au costume de métal du personnage et a du laisser sa place, le jeune, Keir Dullea, sera, 5 ans plus tard, le character principal de « 2001, l’odyssée de l’espace », la bride, Lois Nettleton, une inconnue pour moi et l‘entraineuse du saloon, c’est Barbara Luna, avec un physique très avantageux (normal avec ce nom qui aurait pu être celui d’une actrice porno…).
De plus, le bad guy de l’histoire, c’est Warren Oates, un des acteurs fétiches de Peckinpah, mais qui la joue ici un peu trop décontracté à mon goût.
Bref, ce film reste une découverte agréable, mais sans plus.

Tout comme les 2 suivants, « War path » (le sentier de l’enfer) et « Silver City » (Terreur à Silver City), les 2 de 1951 et du même director, Byron Haskin et le même acteur principal, Edmond O’Brien.

Byron Haskin n’est absolument un spécialiste du western, il a fait l’essentiel de sa carrière dans les effets spéciaux et en tant que réalisateur on se souvient de lui grâce à « La guerre des Mondes » (les ET attaquent) et « quand la Marabunta gronde », (les fourmis attaquent), mais bon là il va tourner 3 westerns de suite qui ne manquent d’ailleurs pas de qualité.

Dans » War path » dont l’un des thèmes est le 7ème de cavalerie (Little Big Horn, Custer etc.) , il y a des « vrais » indiens, car il a tourné en partie dans la réserve Crow et si on est attentif, on peut voir des gamins amérindiens se marrer pendant la séquence des danses guerrières, les scènes de combat sont réussies, c’est tourné en décor naturel, les acteurs sont plutôt bon, et dans « Silver City », on apprend pas mal de choses sur l’extraction de l’argent, il y a la magnifique Yvonne de Carlo (viewtopic.php?p=206212#p206212), un scénario qui se tient, même si la fin est un peu expédiée, mais mais ce qui cloche, à mon sens, c’est l’acteur principal Edmond O’Brien.

Pourtant si le moteur de recherche du forum fonctionnait correctement, vous pourriez constater que j’ai encensé cet acteur pour sa prestation dans « the man who shot Liberty Valance » (viewtopic.php?p=320272#p320272) et il est également remarquable dans « the wild bunch », alors qu’est ce qui ne va pas ?

Tout simplement, en 1951, il n’a à la fois pas le physique requis pour jouer les premiers rôles, avec ce que cela comporte comme côté séducteur (ah Yvonne…), et ensuite son jeu apparait trop « monolithique » alors que dans les 2 cas, il incarne des personnages très ambivalents (l’un est un vengeur compulsif, limite obsessionnel, l’autre un homme qui fuit son passé, bref on(je) n’y croit pas, on (je) ne marche pas, bon on (je) regarde le film , mais le plaisir est moins grand…

A signaler que dans « War path », un des méchants est joué par Forrest Tucker, un acteur qui joue fréquemment dans des westerns, en partie grâce à un physique très imposant (1,96 m notamment), si imposant qu’un bruit a couru à Hollywood que toutes les parties de son corps étaient très très grandes et du coup je suis obligé de vous narrer l’anecdote suivante pour vous récompenser d’avoir lu jusqu’au bout. :
Le bon Forrest jouant au golf avec des amis s’est vu refuser un gimme (le l’adversaire donne le point car la balle est à quelques cms du trou) ) a fanfaronné que « la balle est si près du trou que je pourrais la pousser avec ma b….. pour qu’elle rentre ». Et ainsi fut fait !

Je ne sais pas s’il faut y voir une relation de cause à effet, mais cet (heureux ?) homme s’est marié 4 fois.
That all, folks !

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 02 nov. 2015, 00:11

Normalement les 3 films précités passent ces temps ci sur les chaine cinéma de Canal Sat et je crois bien que "Westward the women est encore visible sur Canal Sat à la demande, ne le ratez pas !

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 02 nov. 2015, 09:10

C'est qui Yvonne ?


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