Re: Le monde du Western
Publié : 28 janv. 2016, 19:57
Si vous lisez régulièrement ce topic, vous savez que je privilégie les films en VO, mais bon, je vais faire de temps en temps un tour du côté de la chaine Action qui, elle, ne diffuse que des vf et ces derniers temps étaient programmés 2 westerns que je ne connaissais pas, donc tant pis pour la version originale.
Le premier était intitulé "Le fils de Geronimo" (1952), in petto, je me suis dit "on est reparti pour un nième western sur le dernier indien qui a résisté avec en toile de fond le Nouveau-Mexique ou l'Arizona.
Première surprise, la scène d'ouverture se passe obviously dans les Grandes Plaines (tournage dans le Dakota du Sud), on y voit un convoi de colons attaqué par des Indiens qui massacrent tout le monde, y compris les enfants, ne subsiste qu'un rescapé, Jim, un garçon de 12/13 ans, qui abat un guerrier. Au moment où Jim pense que tout est perdu, d'autres Indiens surgissent, pourchassent les assaillants qui s'enfuient et Jim réalise que les premiers Indiens sont des Crows, les seconds, leurs ennemis héréditaires, des Sioux, très exactement des Miniconjous, une des 7 tribus Lakotas.
Jim est adopté par le chef des Sioux (on va les nommer comme çà, c'est plus court..), qui va le nommer "Cœur Vaillant" à cause de sa bravoure lors de l'assaut des Crows et ce chef, c'est ... Geronimo.
Là, je mets sur Pause (pratique, cette fonction du décodeur), je consulte mon dernier cadeau, "L'encyclopédie du Western" et je constate qu'en VO, Geronimo se nomme Yellow Eagle, Cœur Vaillant Warbonnet et le film lui-même "The Savage".
Même si le (très bon) film "Le sauvage" avec Montand et Deneuve ne sortira qu'en 1975 et qu'il ne pouvait pas avoir de confusion possible, les distributeurs français ont du penser que mettre Geronimo dans le titre était plus vendeur, et Cœur Vaillant , ça ne pouvait que rassurer, n'oublions pas qu'au pluriel, c'est le titre du plus emblématique magazine catho pour la jeunesse à l'époque.
Pendant qu'on parle de vf, signalons qu'à un moment du film, un chef indien fait un discours constellé de passés simples et de subjonctifs, un truc que si tu le mets en dictée aujourd'hui, les notes seront négatives si tu comptes toutes les fautes comme à l'époque (4 points pour une faute de grammaire, 2 points pour un faute de "vocabulaire", 0,5 pour une ponctuation défaillante).
Est ce pour autant un mauvais film ?
Non, c'est une production de 1952, une époque dans le western où on commence à considérer que l'indien n'est pas forcément le coupable, l'affreux, le méchant et le blanc le juste, le héros qui emballe la fille à la fin, car est sorti 2 ans plus tôt « La flèche brisée », voir viewtopic.php?p=279284#p279284.
Le héros, c'est Jim, donc un blanc, oui mais qui a été élevé par les Sioux, jeune adulte, il se comporte comme tel, en détestant les Crows (qui ont tué sa famille), mais influencé par son père "Geronimo", il cherche à éviter la guerre avec les blancs et du coup va aller dans le fort voisin afin de connaître les véritables intentions de ceux-ci.
Tout au long du film , il va hésiter sur la conduite à tenir, jouant double, voire triple jeu à un moment pour éviter que les 2 camps s'étripent.
Jim/Cœur Vaillant/War Bonnet est interprété par un Charlon Heston jeunot, dont la carrure est très bien mise en valeur et dont le jeu n'est pas encore pollué par les grimaces dont il abusera plus tard, très bonne interprétation qui ajoute beaucoup de crédibilité à l’histoire.
Pour le reste, il y a pas mal de convenu, la sœur (insignifiante) du lieutenant amoureuse du héros, la fille de « Géronimo » (donc sa sœur de lait) amoureuse sans espoir du héros et qui, du coup, meurt en cours defilm, mais il faut noter l’absence de véritable méchant, dans tous les camps, même chez les Crows, il y a du bon et moins bon, bref pas mal de nuances pas si courantes que ça en 1952, mais à la fin, après beaucoup de péripéties (l’attaque du camp des Crows, l’exécution de traitres, le sauvetage d’un convoi, le duel entre le père et le fils) les Sioux renoncent à attaquer et « laissent un peu de place aux nouveaux arrivants », selon une des lignes de dialogue et Jim revient chez les Blancs, au fort, et la sœur du lieutenant court vers lui…
Après cette fin presque effrayante, passons à « Les prairies de l’honneur », un film de Victor Mc Lagen de 1966.
Le Victor, je ne l’ai pas souvent encensé, je l’ai plutôt assimilé à un espèce de faire-valoir de John Wayne qu’il a fait tourner x fois, avec quelques succès au box-office, mais rien de vraiment marquant à mon goût.
Et là, il m’ a surpris avec cette histoire qui démarre en 1864, donc quelques mois avant la fin de la Civil War, dans la vallée de Shenandoah (mais le tournage a eu lieu dans l’Oregon) qui est par ailleurs le titre original.
Tous les amerloques connaissent cette vallée, c’est une très importante voie de passage et un lieu de bataille pendant la guerre de Sécession.
Un fermier veuf qui vit en Virginie (donc dans le Sud) et qui cohabite avec ses 7 enfants (6 garçons, 5 jeunes adultes et 1 ado, 1 fille vingtenaire) et la femme de son aîné refuse de s’impliquer dans le conflit, mais son plus jeune fils est enlevé par des soldats, il va partir à sa recherche et toute la famille va être confrontée aux conséquences de la guerre.
Et la guerre n’est pas héroïque, on n’y verra qu’embuscades meurtrières, escarmouches sanglantes, soldats démoralisés, morts absurdes et violences corollaires, pillage et un viol (auquel –heureusement- on n’assistera pas, mais qui marque les esprits du spectateur), à tel point que les contemporains y ont vu un parallèle avec la guerre du Viet-Nam qui commençait à avoir pas mal d’écho aux States en 1966.
Mais le film n’est pas qu’un catalogue des horreurs de la guerre, c’est par moment une chronique intimiste, avec de francs moments de rigolade, les scènes à l’église et la demande en mariage de la fille de la famille par exemple.
Bien sûr ce n’est pas le film du siècle, c’est à découvrir, d’autant plus que le casting est extra, James Stewart en patriarche à la fais autoritaire, bourru et humain, 2 fils de, Patrick Wayne et Tim Mc Intire, 2 actrices très jolies, Rosemary Forsyth qui venait de tourner le formidable « War Lord » en 1965 (avec Charlton Heston) et Katharine Ross (l’égérie de « Butch Cassidy and the Sundance Kid ») dans son premier rôle, tout le monde est impeccable.
J’ai été tellement absorbé par le film que la vf ne m’a pas dérangé plus que ça, c’est dire…
Le premier était intitulé "Le fils de Geronimo" (1952), in petto, je me suis dit "on est reparti pour un nième western sur le dernier indien qui a résisté avec en toile de fond le Nouveau-Mexique ou l'Arizona.
Première surprise, la scène d'ouverture se passe obviously dans les Grandes Plaines (tournage dans le Dakota du Sud), on y voit un convoi de colons attaqué par des Indiens qui massacrent tout le monde, y compris les enfants, ne subsiste qu'un rescapé, Jim, un garçon de 12/13 ans, qui abat un guerrier. Au moment où Jim pense que tout est perdu, d'autres Indiens surgissent, pourchassent les assaillants qui s'enfuient et Jim réalise que les premiers Indiens sont des Crows, les seconds, leurs ennemis héréditaires, des Sioux, très exactement des Miniconjous, une des 7 tribus Lakotas.
Jim est adopté par le chef des Sioux (on va les nommer comme çà, c'est plus court..), qui va le nommer "Cœur Vaillant" à cause de sa bravoure lors de l'assaut des Crows et ce chef, c'est ... Geronimo.
Là, je mets sur Pause (pratique, cette fonction du décodeur), je consulte mon dernier cadeau, "L'encyclopédie du Western" et je constate qu'en VO, Geronimo se nomme Yellow Eagle, Cœur Vaillant Warbonnet et le film lui-même "The Savage".
Même si le (très bon) film "Le sauvage" avec Montand et Deneuve ne sortira qu'en 1975 et qu'il ne pouvait pas avoir de confusion possible, les distributeurs français ont du penser que mettre Geronimo dans le titre était plus vendeur, et Cœur Vaillant , ça ne pouvait que rassurer, n'oublions pas qu'au pluriel, c'est le titre du plus emblématique magazine catho pour la jeunesse à l'époque.
Pendant qu'on parle de vf, signalons qu'à un moment du film, un chef indien fait un discours constellé de passés simples et de subjonctifs, un truc que si tu le mets en dictée aujourd'hui, les notes seront négatives si tu comptes toutes les fautes comme à l'époque (4 points pour une faute de grammaire, 2 points pour un faute de "vocabulaire", 0,5 pour une ponctuation défaillante).
Est ce pour autant un mauvais film ?
Non, c'est une production de 1952, une époque dans le western où on commence à considérer que l'indien n'est pas forcément le coupable, l'affreux, le méchant et le blanc le juste, le héros qui emballe la fille à la fin, car est sorti 2 ans plus tôt « La flèche brisée », voir viewtopic.php?p=279284#p279284.
Le héros, c'est Jim, donc un blanc, oui mais qui a été élevé par les Sioux, jeune adulte, il se comporte comme tel, en détestant les Crows (qui ont tué sa famille), mais influencé par son père "Geronimo", il cherche à éviter la guerre avec les blancs et du coup va aller dans le fort voisin afin de connaître les véritables intentions de ceux-ci.
Tout au long du film , il va hésiter sur la conduite à tenir, jouant double, voire triple jeu à un moment pour éviter que les 2 camps s'étripent.
Jim/Cœur Vaillant/War Bonnet est interprété par un Charlon Heston jeunot, dont la carrure est très bien mise en valeur et dont le jeu n'est pas encore pollué par les grimaces dont il abusera plus tard, très bonne interprétation qui ajoute beaucoup de crédibilité à l’histoire.
Pour le reste, il y a pas mal de convenu, la sœur (insignifiante) du lieutenant amoureuse du héros, la fille de « Géronimo » (donc sa sœur de lait) amoureuse sans espoir du héros et qui, du coup, meurt en cours defilm, mais il faut noter l’absence de véritable méchant, dans tous les camps, même chez les Crows, il y a du bon et moins bon, bref pas mal de nuances pas si courantes que ça en 1952, mais à la fin, après beaucoup de péripéties (l’attaque du camp des Crows, l’exécution de traitres, le sauvetage d’un convoi, le duel entre le père et le fils) les Sioux renoncent à attaquer et « laissent un peu de place aux nouveaux arrivants », selon une des lignes de dialogue et Jim revient chez les Blancs, au fort, et la sœur du lieutenant court vers lui…
Après cette fin presque effrayante, passons à « Les prairies de l’honneur », un film de Victor Mc Lagen de 1966.
Le Victor, je ne l’ai pas souvent encensé, je l’ai plutôt assimilé à un espèce de faire-valoir de John Wayne qu’il a fait tourner x fois, avec quelques succès au box-office, mais rien de vraiment marquant à mon goût.
Et là, il m’ a surpris avec cette histoire qui démarre en 1864, donc quelques mois avant la fin de la Civil War, dans la vallée de Shenandoah (mais le tournage a eu lieu dans l’Oregon) qui est par ailleurs le titre original.
Tous les amerloques connaissent cette vallée, c’est une très importante voie de passage et un lieu de bataille pendant la guerre de Sécession.
Un fermier veuf qui vit en Virginie (donc dans le Sud) et qui cohabite avec ses 7 enfants (6 garçons, 5 jeunes adultes et 1 ado, 1 fille vingtenaire) et la femme de son aîné refuse de s’impliquer dans le conflit, mais son plus jeune fils est enlevé par des soldats, il va partir à sa recherche et toute la famille va être confrontée aux conséquences de la guerre.
Et la guerre n’est pas héroïque, on n’y verra qu’embuscades meurtrières, escarmouches sanglantes, soldats démoralisés, morts absurdes et violences corollaires, pillage et un viol (auquel –heureusement- on n’assistera pas, mais qui marque les esprits du spectateur), à tel point que les contemporains y ont vu un parallèle avec la guerre du Viet-Nam qui commençait à avoir pas mal d’écho aux States en 1966.
Mais le film n’est pas qu’un catalogue des horreurs de la guerre, c’est par moment une chronique intimiste, avec de francs moments de rigolade, les scènes à l’église et la demande en mariage de la fille de la famille par exemple.
Bien sûr ce n’est pas le film du siècle, c’est à découvrir, d’autant plus que le casting est extra, James Stewart en patriarche à la fais autoritaire, bourru et humain, 2 fils de, Patrick Wayne et Tim Mc Intire, 2 actrices très jolies, Rosemary Forsyth qui venait de tourner le formidable « War Lord » en 1965 (avec Charlton Heston) et Katharine Ross (l’égérie de « Butch Cassidy and the Sundance Kid ») dans son premier rôle, tout le monde est impeccable.
J’ai été tellement absorbé par le film que la vf ne m’a pas dérangé plus que ça, c’est dire…