bulbi a écrit :Thomas, sur ses premiers tours et si je ne me plante pas, galérait à suivre le train. Venant de la piste, rien de plus normal. Avec le temps, il s'est accroché puis a développé des qualités qu'il avait déjà mais qu'il n'avait pas exploitées en tant que pistard (on parle d'un gros palmarès olympique tout de même). Et ça a pris du temps ! Il y en a eu des fringales, des moments de moins bien et des contre-performances... Et puis, de ce que j'en sais, il n'a "détruit" aucun record lors de cette édition du TdF le Geraint. Certes, il a eu des équipiers incroyables dont on ne soupçonnait pas que certains pouvaient faire claquer tout un peloton dans une côte à 9/10 % ... Ce n'est pas la "superforce" de Geraint qui le fait gagner ce tour (je pense que Dumoulin était meilleur) mais bien son équipe qui lui a permis de ne jamais se faire attaquer. Et là dessus, effectivement, on peut se poser énormément de questions.
Pour le reste, j'ai tout de même du mal à comprendre que des purs grimpeurs ne soient jamais en capacité de distancer des grimpeurs/rouleurs.
Quant au dopage, en général, je connais très bien un ancien président d'une fédération sportive française qui m'a un jour glissé : "ils sont tous dopés, pas un n'a que du sang dans les veines. Pas un."
Je cite ce message parce que c'est de ta position que je me sens le plus proche.
Pour moi, le peloton actuel souffre beaucoup moins du dopage que de la concentration des moyens financiers (et des autres qui en découlent) dans une seule équipe. La grande force de la Sky, c'est d'avoir 4 ou 5 coureurs qui, dans d'autres équipes, seraient leaders et viseraient le Top 10, comme Porte et Landa qui sont partis. À partir de là, ça roule fort, ça décourage les attaques et on s'ennuie sec la plupart du temps. Cela dit, ce scénario de course n'a rien de nouveau, il est le même depuis une trentaine d'années (je ne sais pas pour avant, j'étais trop mioche
). Je me rappelle la Banesto qui menait grand train jusqu'au milieu du dernier col (avec "écrémage par l'arrière" et tout ça) et ensuite Indurain contenait les attaques et remportait le Tour grâce aux c-l-m. La seule différence, c'est qu'Indurain avait l'intelligence de laisser les victoires d'étape à ceux qu'il suivait (comme Tony Rominger ou Luc Leblanc) et... il avait des Gérard Rué et Jean-François Bernard comme équipiers, alors les Français acceptaient sa domination. (À mon avis, la meilleure chose que pourrait faire la Sky, c'est de recruter Bardet comme "équipier de luxe" - ils en ont les moyens -, et ils auront le public avec eux l'an prochain... Par exemple, je n'ose imaginer si ç'avait été un Sky qui avait fait le sprint de Démare tout à l'heure, en commençant le long de la balustrade et en finissant au milieu de la route sans que personne lui dise rien
)
Pour ce qui est des performances, Thomas n'a rien fait d'extraordinaire : il n'a pas perdu de temps bêtement dans la plaine (à la différence de Froome ou Dumoulin - ou de Porte, qui serait peut-être sur le podium sans son abandon), il a profité du travail de l'équipe dans le c-l-m et en montagne, et il est cette année le meilleur dans les cols, mais ses performances ne resteront pas dans les annales : il a gagné à l'Alpe en montant en 41 min 16, ce qui n'est même pas dans le Top 100 de la montée de l'Alpe (c'est 4 min 30 de plus que Pantani, presque 4 min de plus qu'Ullrich et Armstrong, à plus de 3 min d'Indurain, Riis, Zülle, Virenque, etc., et même à 1 min 40 de Sastre ou 1 min 20 de Quintana, pour prendre une référence plus récente). Pourtant le matériel est meilleur, la nutrition est plus fine, les techniques de récupération ont évolué, etc.
Un autre avantage de cette puissance financière, c'est que la Sky peut présenter des leaders différents sur les grands Tours. Je postais ça en mai dernier :
Bel Jéthucine a écrit :Comme prévu, Froome a mené intelligemment son Giro, mais je ne comprends toujours pas pourquoi il y a participé : à sa place, j'aurais "assuré" un cinquième Tour avant de tenter ce genre de chose.
Et effectivement, Froome a payé ses efforts, mais Thomas le remplace. Dumoulin perd une minute sur un incident dans la plaine, il n'a aucun équipier en montagne, il est désavantagé par les nouveaux tracés du Tour qui réduisent à presque rien les c-l-m individuels (à l'époque d'Indurain, ça représentait entre 100 et 130 Km, maintenant, c'est presque 100 de moins). Et malgré ça, il n'est pas loin de gagner le Tour. Si Sunweb avait eu un autre leader au Giro, ça pouvait passer (du coup, je doute qu'il le fasse l'an prochain, maintenant qu'il a pris conscience qu'il peut gagner le "grand" Tour).
Bref, tout ça pour dire que les instances ont encore beaucoup à réfléchir, mais à mon avis c'est plutôt autour du "fair-play financier" que des problématiques autour du dopage que les réflexions devront porter.