Le monde du Western

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Palinodie
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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 21 nov. 2011, 18:14

Le suivant, c'est une curiosité, un western est-allemand de 1975, "Frères de sang" (Blutsbruder).

Non mais attendez, quand je dis une curiosité, c'en est vraiment une.
Déjà le film est post synchronisé (comme pas mal de westerns spaghetti par ailleurs), cad que les acteurs bougent les lèvres (ou pas...), mais ce sont d'autres acteurs qui enregistrent les dialogues en studio, idem pour les sons d'ambiance (le galop d'un cheval, le vent dans les arbres, un coup de fusil); tout est refait en studio, ce qui fait que, dans le cas d'un mec qui passe à cheval, des fois tu continues à l'entendre claquer des sabots alors qu'il a stoppé.

Le seul acteur connu, c'est Dean Reed (il a joué notamment dans un Sabata), un amerloque, qui, pour éviter la guerre chez les Viets s'est enfui à l'Est. Du coup, les est-allemands ont sauté sur l'occase et réalisé un western.
Enfin réalisé !!!! Disons qu'on a filé une caméra à un type, il a fait comme vous et moi, la 1ère fois qu'on s'en est servi, il a beaucoup joué du zoom, mais bon, c'est plus ou moins cadré, et puis les travelling, on va pas s'emmerder à construire comme une petite voie ferrée sur laquelle glisse la caméra à la même vitesse que ce qu'elle filme, par exemple un mec à cheval, non, on va filmer comme çà, à l'arrache, je prends une Skoda, je me mets debout dedans et je filme, tant pis si ça saute un max.

Mais attention, les allemands de l'est, ils sont pro, ils ont beaucoup regardé les films sortis à l'ouest, donc dans les années 70, à part le zoom, on venait aussi de découvrir qu'on pouvait faire des ralentis, vous savez avec tout un liseré tout autour de l'image, pour bien nous faire comprendre que c'est un retour en arrière, donc allez, ne soyons pas chiens, on va t'en coller du ralenti, tu vas voir si à l'Est, il n'y a rien de nouveau.

Après, si on fait un western, il ne sera pas dit qu'on ne maitrise pas les codes du genre, donc pour le nom du héros, c'est carrément Harmonica comme dans "il était une fois dans l'Ouest", pour le scénar', on prend une pincée de Litte Big Man (notamment la scène où le héros se "débarbe" en s'arrachant les poils touffe par touffe, sans compter sa déchéance après la mort de sa femme), quasiment une scène complète de "Soldat Bleu" (le massacre historique de Sand Creek), mais sans les viols et toute cette violence décadente, un soupçon de "un homme nommé Cheval", puisque le héros devient un indien, l'image finale de "Butch Cassidy et le Kid", tous ces westerns datant de 1969 ou 1970.

Je pense aussi qu'un mec de l'autre coté du Rideau de fer a lu Lucky Lucke, puisqu'il a réussi à mettre dans le film un espèce de dialogue entre le héros et son cheval et plus fort à insérer la fin traditionnelle des albums, vous savez "I am poor lonesome cow-boy" avec le soleil couchant et tout çà.
Le problème, c'est qu'on pouvait pas coller ça à la fin et pourtant "p*tain, Mensch, c'est dommage, je t'avais réussi à la filmer cette scène, y avait de ces couleurs ce soir là dans le ciel". Pas de problème, on va te la coller entre le moment où le héros déclare son amour à sa belle et celle où il va demander sa main à son frère.

Perso, j'aurais préféré avoir comme musique le générique du dessin animé "Lucky Lucke", parce que là, on a du subir, soit de la gimbarde, cad un instrument qui joue quoi, 2 ou 3 sons maxi ou de l'harmonica, mais attention du genre lancinant ou pire encore on mélange les 2, là tu peux être certain que ça a pas du couter cher en droit d'auteur.

A part çà, l'histoire ? Donc l'armée massacre une tribu, un soldat déserte, se retrouve prisonnier des Cheyennes, (ouais c'est les Cheyennes, comme d'ailleurs dans "Plume Blanche"), se marie avec la soeur du chef, remassacre, la soeur enceinte est tuée, le héros disjoncte, picole, se ressaisit à temps pour sauver son beauf' et puis là ça y est, il est devenu un vrai indien et va lutter jusqu'au bout contre ces infâmes capitalistes, enfin non, je me suis laissé emporter, mais c'est quand même la tonalité.

Remarquons que même filmé à l'Est, c'est l'indienne qui tombe amoureuse du blanc et jamais la blanche qui tombe amoureuse de l'indien, oui, dans ce sens là, l'indien enlève la blanche et ça devient un viol...

Un dernier point, des dialogues savoureux, je ne sais pas à quel point les mecs l'ont fait exprès, par exemple, l'indienne est à cheval, mais en croupe, derrière le héros et elle lui dit "joue moi de ton instrument, peut-être que ça va me plaire", bon, nous on sait que le mec a un harmonica !
Dans le même ordre d'idée, lors du mariage, le beauf' offre un cheval (blanc, forcément) au marié (là, nous sommes avant la consommation du mariage) et lui dit " cette bête n'a jamais été domptée, personne ne lui a monté dessus", tout ça en fixant le marié et sa future enlacée devant le tipi, mais bon, comme il n'a pas ajouté "enfin j'espère", le doute est permis...

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 22 nov. 2011, 12:56

Retour sur TCM après ce crochet sur Ciné - Classic pour les 2 derniers westerns chroniqués et retour gagnant avec "L'homme sauvage" (1968), un western qui se démarque beaucoup de la production moyenne de ce genre, j'irais même jusqu'à dire que c'est un western pour adultes.

Pas certain qu'avec ce préambule, je vais accrocher le lecteur qui préfère, de loin, quand la critique joue plutôt sur le régistre de la dérision, mais, aprèstout, il n'y a sans doute pas que des Chippendale sur ce forum !

Donc, nous sommes en 1881, quelque part dans les montagnes du Sud Ouest américain, pas très loin de la frontière mexicaine, (si vous avez lu les Blueberry du cycle de l’Allemand perdu, c’est tout à fait çà) l'armée encercle une bande d'indiens Apaches fugitifs, essentiellement des femmes et des enfants, pour les contraindre à regagner la réserve de San Carlos. Surprise, une femme s'adresse aux soldats en anglais, c'est une Blanche, enlevée il y a une dizaine d'années, accompagnée de son fils, un métis de 8 ans. Cette femme, qui a peur manifestement de quelque chose, va insister pour partir de suite et c'est l'éclaireur qui vient juste de terminer sa période d'engagement avec l'armée qui consent à l'accompagner à la station de relais de diligence la plus proche.
A un moment donné, le trio est amené à quitter ce relais et lorsqu'il y revient, tous les occupants ont été massacrés. La femme révèle alors qu'elle était la "compagne" de Salvaje, un Apache connu pour sa violence extrême et que ce dernier veut récupérer son fils.
A partir de là, c'est clair, tout mène vers l'affrontement inéluctable entre l'Apache et l'éclaireur, même si ce dernier a pris, avec la femme et l'enfant, la destination de son ranch au Nouveau-Mexique, soit à des centaines de km de là, c'est d'ailleurs ce que vient lui confirmer un scout (soit un indien travaillant pour l'armée), ce scout que lui-même avait éduqué lors de son séjour de 15 ans à l'armée.

Tourné dans un cadre magnifique, d'abord ces déserts montagneux et quasi-lunaires, puis cette vallée plus luxuriante du ranch, voilà un film qui fait date dans l'histoire du western : très peu de personnages, quasiment pas de dialogues, mais attention, on n'est pas dans une "oeuvre" de Monte Hellman (faudra que je vous en parle un jour, de celui-là), non, il y a ce qu'il faut de moyens (quand l'armée intervient, il y a un peu plus de 3 figurants), et tout est calibré, calculé pour que la machine hollywoodienne ponde cet OVNI au milieu de la production qui commence à être très influencée par le western spaghetti en cette fin des sixties.

D'abord, le choix des acteurs, l'éclaireur c'est Grégory Peck, impeccable dans le rôle de frontier man taiseux, il a alors la cinquantaine, mais éclatante, ce qui corespond tout à fait à ce personnage qui vient de passer 15 ans à l'armée, disons qu'on lui donne 40 ans. Idem pour la femme, c'est la très hitchcockienne (blonde donc) Eva Marie-Saint qui a alors 45 ans, mais qui n'a pas eu besoin de lifting pour jouer ce rôle d'une jeune trentenaire un peu usée par une vie qu'on pressent n'avoir été pas été facile.
L'indien, lui, on ne le verra quasiment pas, ce sera d'abord une ombre, puis une silhouette qu'on devine, ensuite un bras, un mouvement derrière un buisson, bref toute la panoplie utilisée et usée jusqu'à la corde dans les Jason et autre Vendredi 13 qui vont éclore un peu plus tard, mais là employée à bon escient

J'ai lu que ce film "donnait le mauvais rôle aux indiens", perso, ce n'est pas mon avis, le comportement quasi psychopathe de "l'homme sauvage" s'explique "naturellement" par le traitement infligé aux indiens par la société américaine, parqués, séparés, contraints d'abandonner leur culture etc, la violence « sanguinaire » faisant alors écho à une autre violence, institutionnelle celle là, et le film le montre bien à sa manière, dans les premières scènes, les soldats ne sont même pas brutaux, non simplement, c'est le système, les indiens doivent pourrir à San Carlos, d'ailleurs quelqu'un suggère qu'on relâche un des prisonniers pour qu'il aille avertir les autres fugitifs que, s'ils veulent revoir leur famille, il leur faudra réintégrer la réserve.

Comme souligné plus haut, c'est avec une économie de paroles remarquable que le réalisateur arrive à nous faire ressentir les choses, ainsi en ce qui concerne le racisme anti-indien de cette fin de 19ème siècle, une seule phrase prononcée par un personnage du relais de diligence (accompagnée de regards appuyés envers la femme et son fils) annonce des lendemains peu enchanteurs pour l’ex captive et son métis/batard.
De la même façon, cette simple et unique (il n’y en aura pas d’autres sur le sujet) ligne « je savais ce qu’il fallait que je fasse pour rester en vie » en dit plus long que 3 pages de dialogues sur ce qu’a du endurer la prisonnière.
Ce n’est donc pas dans ce film qu’il va y avoir des répliques qui font feu de tout bois, la plupart des personnages en sont réduit au silence ou au monologue, puisqu’il y a aussi le problème de la langue, le garçon indien ne parlant que le dialecte apache.
Ainsi, c’est par le truchement d’un jeu de carte qui symbolise (et quel symbole, il me semble que ce n’est pas très flatteur pour les valeurs américaines !) le monde des blancs que le scout va communiquer avec le petit garçon.

Comme vous le voyez, un western pour adultes, on peut en discuter pendant des heures…

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 22 nov. 2011, 13:07

Je m'aperçois que j'ai oublié de préciser que c'est Robert Mulligan, le réalisateur.
Robert Mulligan, c'est aussi "Un été 42", un film qu'il faut absolument avoir vu, bien que ce ne soit pas du tout un western...

Et puis le titre original c'est "Stalking Moon", bien moins trivial que "l'homme sauvage" qu'on confond quelquefois en France avec "le plus sauvage d'entre tous", alors qu'il n'y a aucun point commun entre ces 2 films.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 30 nov. 2011, 00:07

Ce soir, sur Ciné-Classic, Séminole de Bud Boetticher, un film de 1953 avec Rock Hudson et Anthony Quinn.

Titre Français, "L'expédition du Fort King", effectivement le fort King figure dans le film, il a même existé dans la réalité (nous y reviendrons), mais Séminole, ça évoque quand même un peuple indien célèbre, « le peuple invaincu » puisqu'aucun traité quelconque ne les a contraint à être obligé de vivre dans des réserves, mais sans doute que les distributeurs frenchies ont eu peur qu'on confonde Séminole et séminal.

Nous sommes en 1835, Lance Caldwell (Rock H) revient de West Point dans sa Floride natal, tout fier d'être nommé sous-lieutenant à Fort King, il pense en profiter pour renouer avec son amour d'enfance, Revere Muldoon, et également retrouver son pote de toujours, John (Anthony Quinn), un métis.
Le commandant du fort, le major Degan, est un va-t-en guerre qui va ignorer les avertissements de Lance sur les dangers du milieu floridien (les marais, le climat) quand il va lancer une expédition dont le but est de tuer tous les Séminoles quand ils se croient en sécurité dans leur village.
Mais le village est vide, les soldats sont massacrés, Lance est blessé et parce qu'il est sauvé par John, qui est en fait, non seulement l'amant de Revere, mais est devenu le chef Osceola, les quelques survivants dont le major Degan pensent qu'il est un traitre.
Degan, pour se tirer d'affaire (la branlée qu'il a prise et qui va faire mauvais effet pour sa carrière), contraint Revere à aller au camp indien pour ramener à la fois Oscéola, afin de lui proposer un traité de paix et Lance, que du coup, il ne traduira pas en cour martiale.
C'est évidemment un piège, Osceola est tabassé et emprisonné parce qu'il ne signe pas une reddition sans condition, Lance qui veut le défendre est mis aux arrêts.
Un Séminole, Kajeck, s'introduit dans le fort en tuant une sentinelle afin de, non pas délivrer Osceola, mais de l'achever, car il veut prendre sa place, Lance intervient, dans la bagarre, Osceola, déjà sérieusement affaibli, se noie, le Séminole s'enfuit et c'est Lance qu'on accuse du meurtre de la sentinelle.
Cour martiale, condammnation à mort, le peloton va exécuter la sentence, quand surprise, les Séminoles atttaquent, c'est Kajeck, averti par Revere, qui vient revendiquer le crime de la sentinelle, du coup happy end, Lance est réhabilité, il serre dans ses bras Revere et les Séminoles repartent avec le corps d'Osceola.

Tout d'abord, afin de lever toute ambiguité, Revere est bien une femme, en 1953, personne (dans le public) ne savait que Rock H était homosexuel, il allait d'ailleurs se marier 2 ans plus tard, un mariage arrangé par ses agents, non Rock H joue bien le personnage viril qu'on attend dans une production de type western, mais bon le corps à corps du début du film avec un musclé Séminole n'a pas du lui déplaire...

De même, Anthony Quinn se glisse d'autant plus facilement dans la peau de son personnage qu'il ne joue quasiment que ça, à cette époque à Hollywood, soit des indiens, soit des pirates espagnols, énormément de petits rôles dans ce style. Là, il y met ce qu'il faut de nuances pour qu'on voit qu'Osceola (qui a vraiment existé) est un personnage torturé par sa bivalence, Séminole et blanche et son sens des responsabilités envers les Séminoles.

Le maillon faible, c'est plutôt l'actrice principale, Barbara Hale, dont le charisme ne m'a pas frappé, elle est surtout connue par les fans de la série "Perry Mason", une série bien oubliée (et oubliable ?), c'était la secrétaire du détective joué par Raymond Burr, le futur "Homme de fer".

Il y a plusieurs choses intéressantes dans ce film, à commencer par le personnage de Revere, qui n'a pas attendu, au coin du feu, en tricotant des chales, 5 ans son fiancé, elle a préféré se taper son meilleur copain, on ne vit qu'une fois, c'est nettement plus réaliste que les standards hollywoodiens conventionnels, bien sûr, à la fin, elle va se marier avec Rock, mais c'est plutôt du réalisme, puisque Osceola est mort...
Ensuite ce film reflète bien ce qu'ont été les guerres séminoles. Ne croyez que je suis un spécialiste capable de vous énumérer les innombrables épisodes des 3 (oui trois) conflits qui ont opposés les amerloques aux Séminoles, non j'ai simplement passé un peu de temps sur Wikipédia (c'est quand même formidable d'avoir un accès quasi immédiat à l'information).
Où j'en étais, ah oui, les guerres séminoles, c'était surtout des escarmouches, des embuscades et évidemment les indiens faisaient merveille de par leur connaissance du terrain, ajoutez le climat tropical humide, pendant 6 mois sur 12, les soldats évitaient d'aller dans les marais because les maladies, du coup, ces fameuses guerres, ça a duré des décennies, sans que les blancs pour une fois n'aient réussi à écraser les indiens.

Donc, cet aspect est bien rendu dans le film, avec aussi la sauvagerie planifiée de l'armée, représentée ici par le commandant du fort qui veut tuer tous les indiens, y compris femmes et enfants, faut voir cette scène où les soldats, baionnettes au canon, se glissent devant chaque hutte du village indien pour exterminer les habitants endormis, d'habitude, dans les westerns, c'est l'inverse, le rouge se glisse sournoisement pour égorger le malheureux qui lui tourne le dos alors que le blanc, la poitrine offerte, charge comme un fou en terrain découvert.
Bon, là, les Séminoles ont flairé le piège, la suite logique auraient voulu que, planqué dans les arbres, ils déciment tranquillement les soldats encerclés, mais non, ils vont préférer le corps à corps, ça reste un film et ça permet à Rock de batailler comme un beau diable...
Ceci dit, ce type de combat a vraiment eu lieu en 1836, avec 2 soldats survivants.

Autre scène géniale, c'est le retournement final, lors de l'exécution de Lance, c'est très bien mis en scène, tu ne vois rien venir.

Et dans la réalité ? Osceola a vraiment été victime de la fourberie d'un gradé qui l'a invité à des pourparlers, simplement le chef indien a mis 3 mois pour crever dans sa prison, donc le scénario s'est vraiment inspiré de faits historiques, faits qui se sont produits ailleurs, ainsi Cochise, le chef navajo, a lui aussi été victime de la ruse du drapeau blanc, sauf que lui a réussi à s'évader.

Un autre aspect m'a surpris, c'est l'accoutrement dont on a affublé ces malheureux Séminoles, en gros, ils ressemblent plus à une troupe de bohémiens, les peintures faciales en plus, qui s'apprêtent à jouer une pièce sur un marché, c'est multicolore à souhait, quasiment tout le monde est enturbanné, Anthony Quinn pouvait sans changer de costume jouer le rôle d'un maharadjah indien, ah non, pas tous, sauf Kajeck, lui, pour qu'on ne le confonde pas avec les autres, il a hérité du genre de coupe Pawnees, Iroquoise, le genre de coiffure qui n'annonce rien de bon, si t'es pionner et que tu vois un sauvage avec des plumes, t'as une chance que ça ne se passe pas trop mal, mais si tu vois une crête, c'est que ton scalp va bientôt servir de monnaie d'échange pour acquérir un cheval ou une squaw.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 14 déc. 2011, 00:12

Au fait, c'est quoi un bon western ? m'interrogeai-je (plus facile à écrire qu'à prononcer...) ce soir en regardant "La femme de feu", un film de 1947 de Toth, oui, comme un ancien joueur du FC Metz, un hongrois lui aussi, mais c'est André de.

En général, c'est filmé en technicolor, ce qui met en valeur les magnifiques paysages naturels de l'Ouest américain, avec des acteurs emblématiques qui donnent de la crédibilités à leurs personnages et puis, quand même, une histoire qui se tient à peu près et pour terminer un réalisateur plein de savoir faire.

Autant dire de suite que les conditions ne sont pas réunies, déjà c'est un film en NB, mais bon, ce n'est pas rédhibitoire, Ford (John hein !) et Hawks notamment ont passé outre avec brio, mais là ça coince nettement au niveau des acteurs : le héros, c'est Joël Mc Crea, vraiment pas l'acteur le plus charismatique du genre (et pourtant, il en a tourné des westerns !), le méchant et ses acolytes, le shériff, les copains du héros, bref, les seconds rôles, y'en a certains que tu te dis "ouais, celui-ci- Donald Crisp-, j'ai du le voir dans Lassie" (le chien fidèle et tout ça, perso, je hais les colleys qui eux mêmes détestent les vélos...) ou "tiens, c'est Lloyd Bridges, le père des jumeau Bridges", des mecs qui ont joué des centaines de petits rôles et là qui se voient offrir plus que les quelques mn habituelles à l'écran, mais sans vraiment casser la baraque, pour les autres c'est inconnu au bataillon et finalement ce n'est que justice qu'ils le soient restés.

Reste les rôles féminins, et surprise, il y a Véronika Lake, star des forties, mais plutôt dans les films dit noirs. Là, d'ailleurs le metteur en scène (son mari) ne l'a pas avantagé, parce qu'il faut savoir que cette actrice a surement été une des stars hollywoodiennes les plus petites (1,51 m) et que souvent on lui collait dans les pattes Alan Ladd (1,65m), ce qui fait que ces 2 là ont souvent tourné ensemble.
Là au miilieu de tous ces cow-boys en bonne santé, par moment on dirait une naine, bref la Lake touch n'est guère présente ici.
Entre parenthèses, une petite anecdote sur cette actrice (qui a terminé alcoolo et parano) qui montre bien à quel point c'était pas la joie de tourner avec elle, tiens je vous en mets 2, plutôt 2 déclarations un rien vachardes, je vous laisse juge, une de Mac Crea him self à qui on proposait de tourner un 2ème fim avec la blonde "Life's too short for two films with Veronica Lake" et 1 autre de Eddie Bracken "She was known as 'The Bitch' and she deserved the title", fermez le ban !

Reste sa rivale, celle qui va conquérir le coeur de Mc Crea, Arleen Whelan , aperçue dans "Young Mister Lincoln" de Ford, là, elle joue le rôle de la fille sympa que tout le monde aime bien, de là à se marier avec..., mais heureusement Mc Crea qui a connu bien des malheurs (là, je parle du film, hein !), il a perdu sa femme, puis son fils, ensuite est devenu alcoolo (c'est toujours le film, dans la vraie vie, Mc Crea s'est marié une fois, a économisé à mort et a fini millionaire), mais ensuite il a su voir toutes les trésors que recèlait Arleen (quand elle vous demande "elle vous plait ma robe ?", on voit bien qu'il ne pense pas qu'au tissu) , mais elle aussi, elle manque clairement de ce petit quelque chose qui fait que plus tard, vous vous rappelez d'elle en vous disant "mais comment déjà elle s'appelait cette actrice", certes, vous ne vous rappelez pas toujours de son nom, mais voilà, il vous reste quelque chose, là, Arleen, si j'avais pas tapé cette chronique, je l'aurais déjà oubliée, c'est cruel, hein ?

Et puiis l'histoire, c'est du 100 fois vu, y a un mec qui veut être le maitre de la ville, Mc Crea va l'en empêcher, mais comme De Toth (le director) est marié à l'actrice principale, Lake (vous suivez toujours ?), il va lui donner un rôle de garce, en fait, le double du méchant, et quand ce dernier sera terrassé par Mc Crea qui le shotgun à bout portant, elle finira toute seule, (quoique, avec ce physique..., OK, 1,51 m mais très bien proportionnée !), c'est la seule véritable originalité de western, d'autant que de Toth ne s'est pas foulé, au début, c'est limite si on comprend quelque chose, tant les personnages déboulent de partout sans qu'on sache trop qui est qui et puis aussi on en perd en chemin, le père de Lake par exemple qui a une certaine importance dans l'intrigue et puis qui disparait brusquement pour ne réapparaitre que quasiment à la fin de l'histoire.

Bref, à oublier, en fait je l'ai déjà oublié.

Zut, j'allais oublier justement : c'est Ramrod le titre original. J'ai du sortir le Harrap's Shorter, 975 000 mots, expressions et traductions (donc pas si short que çà), alors Ramrod, c'est un truc qui sert à nettoyer le canon du fusil, en français ça donne écouvillon, du coup, les distributeurs français sont obligés de trouver un autre titre, donc il y a Lake, blonde dans le genre explosive, ça donne "la Femme de feu", pourquoi pas ?

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 19 déc. 2011, 17:28

Aujourd'hui (je l'ai vu la semaine dernière), on parle de "Jeremiah Johnson", enfin un film de connu, vont soupirer certains !
Oui, OK, vous l'avez déjà regardé, mais saviez vous que le scénario de ce western s'inspire de la vie d'une légende de l'Ouest américain, John Johnson, dit le Mangeur de foie ?
En fait ce mec a vraiment existé, mais on lui prête (sans intérêt) tellement d'aventures (qui en ont) que le Wikipedia amerloque nous prévient que tout ce qui est dit dans l'article n'est pas forcément parole d'Evangile.
D'ailleurs on ne verra pas JJ manger de foies de Corbeaux (c'est à dire d'indiens Crows) dans le film, mais apparemment il a vraiment mené une vendetta personnelle contre cette tribu, dont certains membres auraient tués sa squaw.

Le film démarre au moment où un ancien soldat, vers 1850, quitte la civilisation pour s'enfoncer dans les Rocheuses et mener une vie de Moutain Man, cad de chasseur/trappeur solitaire dans des territoires peuplés de tribus amérindiennes plus ou moins hostiles, ajoutez à cela le climat, l'altitude et vous conviendrez que ni vous ni moi n'auraient pas survécu plus d'1 mois dans des conditions pareilles.
Jeremiah va heureusement rencontrer un Moutain Man blanchi sous le harnais qui va lui enseigner les bases du "métier", ensuite il rencontrera/subira pas mal d'évènements que je vous laisse découvrir si vous n'avez pas encore vu ce merveilleux film (il passe sur TCM ces temps ci).
Si vous avez lu ma chronique précédente ou au moins le début, vu que c’est dans les 1ères lignes que je détaille ce qu’est un bon western, vous pouvez rapidement vous apercevoir que "Jeremiah Johnson", c’est un bon, un très bon western.
Tout y est, à commencer par les paysages (en couleur) des Rockies de l’Utah, somptueux, qui occupent par ailleurs un rôle très important dans ce film, puisqu’on peut considérer que la nature/montagne est un personnage à part entière et t’as intérêt à la respecter, parce qu’elle ne pardonne rien…

Comme vous le savez, c’est Redford, l’acteur principal, il est formidablement crédible dans ce rôle, ce n’est pas son côté beau gosse qui est mis en avant, au contraire, la plupart du temps, il a une barbe qui lui mange le visage et puis tout autour de lui, des inconnus (pour moi, à part Will Geer), mais qui se coulent à merveille qui dans un rôle de vieux trappeur bougon, qui dans un rôle de montagnard moitié déjanté, qui dans une femme littéralement folle de chagrin, les indiens font indiens etc.

Et pour interpréter Swan, la squaw, Sydney Pollack, le metteur en scène, n’a pas été chercher une beauté exotique (en général, on tape du côté mexicain), ni débaucher une star hollywoodienne, non, il a pris Delle Bolton, une inconnue (et qui le restera, puisque c’est son seul rôle répertorié) qui physiquement convient au character et qui se comportera comme une squaw est censée le faire (enfin, je suppose…), déjà, on évitera de passer par la case maquillage et coiffure tous les matins avant le tournage.
Et puis, pas plus Jeremiah que Swan ne vont tomber amoureux comme ça du jour au lendemain (en général, la squaw succombe au charme ravageur du héros dans la première minute de leur rencontre, mais cherche à le dissimuler pendant environ 30 mn de film), déjà, ils ne parlent pas la même langue (les mauvaises vont dire « comme ça, ils ne peuvent pas s’engueuler…), la bouffe, c’est pas ça non plus ce qui va les rapprocher apparemment !

Quant aux Indiens, ils ne sont ici ni démolis, ni sacralisés, par exemple, il y a 2 massacres dans le film, celui de la famille de la femme folle et celui de la « famille » de Jeremiah, autant le premier apparait incompréhensible, autant le deuxième s’inscrit dans une certaine logique, puisque basé sur des convictions profondes, même si les 2 sont de toute évidence monstrueux.
Remarquons au passage que Del Gue le trappeur cinglé ne fera pas mieux en tuant des indiens endormis.

Tout ça est sans doute du au metteur en scène, Sydney Pollack, un mec qui a su aborder avec bonheur quasiment tous les genres, Tootsie, c'est lui, les 3 jours du Condor, c'est lui, Out of Africa, c'est lui, pour ne citer que les ultra connus, là, il réalise un western intemporel, qui ne vieillit pas donc…

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 21 déc. 2011, 22:53

Tiens, encore un classique du western, toujours sur TCM, "L'appat" d'Anthony Mann (1953), en VO, the naked spur, soit l'éperon nu : d'abord, parce qu'il y un éperon rocheux dans une scène du début du film, ensuite parce que dans le dénouement, un éperon que porte James Stewart aura son importance et ensuite sans doute le héros et ses comparses sont aiguillonnés par l'appat du gain (d'où probablement le titre frenchie).

Voilà un film qui n'a pas couté cher en figuration, on va suivre 5 characters et uniquement ceux -ci, excepté une bande d'une dizaine de Black Feet qui traversent le film pendant une brève, mais violente séquence , il n'y a pas eu non plus besoin d'un décorateur (pas une seule construction/maison/hangar ne figure dans le film), les Montagnes Rocheuses de la région de Durango (Colorado) vont largement suffire (ô combien ! ) et puis l'accessoiriste, ni les costumières n'ont du être débordés, vu que les personnages vont garder les mêmes fringues du début à la fin.

C'est donc James Stewart, un ex-fermier du Kansas qui pourchasse et capture un outlaw (Wanted dead or alive 5000 $), aidé par 2 personnes rencontrées par hasard, un prospecteur et un ex-officier.
Et le 5ème personnage ?
J'y arrive, c'est une jeune fille orpheline que le hors la loi a pris sous sa protection.

Vous voyez, un thème classique, riien de bien révolutionnaire, sauf que c'est quasiment un chef d'oeuvre du genre, voire du cinéma tout court.

D'abord, parce que Stewart est formidable dans son rôle de chasseur de prime novice décidé à se renflouer et à changer de vie, que Robert Ryan est inquiétant à souhait dans le rôle de l'assassin en fuite, prêt à toutes les manipulations, bassesses et autres sal*peries pour échapper à la potence, on peut simplement regretter que Janet Leigh (la fille massacrée dans la douche dans Psychose, c'est elle) est un peu trop asexuée à mon goût, dans les fifties, son personnage ne pouvait être qu'une oie blanche, bien que cotoyant quotidiennement un criminel de la pire espèce, donc là, c'est clair, on ne la verra pas prendre de douche, tout juste exhiber un décolleté relativement sage.

Chaque personnage a son histoire, qui va influencer sur le déroulement de l'aventure, et donc le réalisateur va nous faire découvrir par petites touches chaque particularité que va tenter d'exploiter à son profit Ben (le criminel), ainsi le passé de l'ex-officier va le rattraper en la personne des Indiens, le prospecteur va succomber à sa soif d'or, le chasseur de prime veut effacer une terrible désillusion, la jeune fille est naïve et dévouée, bref, ça tourne comme une horloge, tout s'enchaine, jusqu'à ce qu'on ne peut pas appeler un happy end, même si Stewart et la belle prennent la décision de partir ensemble en Californie, enfin, je vous laisse vous faire votre propre opinion, perso, j'aurais bien vu une autre fin et je ne parle pas de culbuter l'orpheline...

Ajoutez à çà quelques scènes d'anthologie, dont le combat final dans un décor de torrent furieux et vous avez là un petit bijou de film que je suis certain que vous reverrez avec plaisir un peu plus tard et je n'ai pas assez insisté la dessus, quel décor, mais quel décor, faut absolument que j'aille faire un tour par la-bas avant de mourir ou devenir impotent !

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 29 déc. 2011, 12:13

Toujours sur TCM, "Shoot out" (ça veut dire Fusillade, mais les distributeurs ont choisi un titre plus western spaghetti, alors à la mode, "Quand siffle la dernière balle") de 1971, un des derniers films de Henry Hattaway, un des spécialistes du genre, mais cette fois ci avec Gregory Peck comme vedette et non John Wayne comme très souvent.

J'ai déjà évoqué GP dans ce topic et là encore, cet acteur est impeccable et surtout très crédible dans le rôle de cet ex-prisonnier résolu à se venger de son complice qui lui a tiré dans le dos et qui est confronté à la présence non prévue d'une petite fille qui fait irruption dans sa vie.
Faut dire qu'on ne s'est pas trompé non plus en choisissant la gamine qui joue dans ce rôle, elle est craquante à souhait, les joues bien rebondies, avec des remarques qui tuent, GP va donc craquer rapidement, même s'il a tenté de s'en débarrasser au début du film. A signaler que Dawn Lyn (l'actrice qui joue la gamine) n'a pas fait carrière ensuite, du moins n'a pas percé dans le métier.

Mais celui qui crève l'écran, c'est un autre acteur tout autant resté inconnu, du moins en Europe, Robert F. Lyons, dans un rôle de punk, pas les mecs avec une crête des années 70/80, mais un voyou quasiment déjanté qui avec ses 2 comparses va semer la terreur tout au long du film.
A mon sens, Robert F. Lyons a souffert de la comparaison avec un acteur comme Nicholson qui surgit quasiment à la même époque, mais un peu avant, ce qui fait que le créneau était pris.
En tout cas, ce film contient des scènes mémorables et en admettant que vous ne connaissiez pas encore Guillaume Tell, il y a des grandes chances que l'histoire de la pomme (ou d'autres objets) sur la tête s'imprime profondément dans votre mémoire.

De plus, les dialogues ne sont pas dégueu, avec juste l'ironie qu'il faut et puis vous pouvez compter sur Hattaway qui, en vieux briscard, vous enrobe tout çà avec savoir faire, parce que quand même la dedans, c'est une vision de la société un peu particulière, les mecs de 20 ans sont soit des dégénérés, des abrutis ou des simplets, les filles du même age des prostituées, m'étonnerait pas que le vieil Henry ne soit pas un peu réac', il a pas du aimer mai 68 et tout çà...

Mais je le répète, un excellent film, avec une fois de plus un thème classique (la vengeance), peu d'acteurs, mais bien choisis, toujours le décor de l'Ouest américain (pas pu trouver la région dans laquelle ont été tournés les extérieurs), une construction habile avec alternance de scènes d'action plutôt inattendues dans un western dit classique(qui a sans doute du "subir" l'inffluence du western spaghetti, lle tenancier de saloon en fauteuil roulant par exemple) et intimistes, la petite fille certes, mais aussi la scène avec la veuve, non pas éplorée, mais qui est à moitié détruite par la solitude et prête à tout pour en sortir.

Allez, une critique quand même, Lomax (GP) sort de prison avec uniquement une chemise sur le dos (son fute aussi, je vous rassure...) et déboule comme ça dans la ville voisine, pas trop crédible, Hattaway s'aligne sur le politiquement correct en faisant mourir la prostituée (le seul moyen, sans doute, de se racheter d'une vie de pécheresse), mais bon cela est compensé par le reste et notamment les dialogues suivants, trouvés sur le Net : http://www.imdb.com/title/tt0067750/quotes, j'y ajoute la réplique de Peck, lors de l'avant dernière scène, réplique qui s'adresse à la gouvernante de son ex-associé, complètement terrorisée par ce qui vient de passer (là, faut voir le film...) : Prévenez la police en vf !

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 05 janv. 2012, 21:41

OK, j'avoue, c'est vrai, ce n'est pas tout à fait un western, mais bon, "L'esclave libre" (1957) se passe avant et pendant la guerre de Secession et l'action essentielle se déroule à New Orleans, donc l'époque correspond, sinon le lieu, quoique pas mal de westerns ont eu pour cadre à un moment ou un autre cette ville.

En gros, au début du film, on est dans l'ambiance de "Autant en emporte le vent", une plantation, des esclaves, mais un maitre sympa avec eux, il refuse qu'on fouette ceux qui essaient de s'enfuir et puis il a eu des bontés avec une esclave noire, dont il a eu une fille.
Celle-ci ignore totalement qui est sa mère, d'autant plus qu'elle n'a absolument pas le morphotype d'une métis, non, c'est Yvonne de Carlo, une des plus belles actrices de cette époque, certainement une des plus méconnues, dans la mesure où on l'a cantonné dans des rôles de beauté exotique, s'il fallait interpréter un rôle de favorite du harem, d'entrée, les studios devaient penser à elle, du coup au bout d'un moment, en fait quasiment après ce film, elle en a eu marre et a tourné le dos à Hollywood, en faisant du théatre et en jouant plutôt à l'étranger.
Vous avez déjà compris qu'Yvonne m'a fait une forte impression, mais bon, je reviens à nos moutons, en l'occurence le père qui a dilapidé sa fortune avec une demi-mondaine dont il a fait son héritière, meurt, et la fille apprend qu'elle est une fille d'esclave, donc esclave elle-même et séance tenante elle est embarquée par un marchand d'esclaves qui l'emmène à NO pour la vendre.

Evidement tentative de viol sur le bateau, Yvonne réplique par une tentative de suicide, le marchand effrayé par la perspective de perdre une marchandise d'une telle valeur se la met sur l'oreille et met YdC en vente.
C'est un certain Hamish Bond qui l'achète et l'emmène chez lui, où surprise, il reste un gentleman, l'invite à manger, lui paye des robes somptueuses etc. Troublée, YdC s'aperçoit que les esclaves d'Hamish sont très bien traités, surtout Michelle dont on comprend vite que c'était sa favorite avant et Rau-ru, un vingtenaire dont Hamish a fait son homme de confiance dans les affaires.

Hamish, c'est Clark Gable, plus à l'aise dans ce rôle que dans le western cité plus avant, même si la encore, ça fait une belle différence entre YdC qui a 35 ans (mais elle est au summum de sa beauté, ele pourrait en avoir 25) et ce vieux Clark qui même en costard de gentleman sudiste (en fait, c'est un yankee) accuse terriblement son âge.
Rau-Ru, c'est Sydney Poitiers plutôt en début de carrière.

Après se passe un tas de choses, avec les problématiques suivantes : quel est le secret d'Hamish qui l'air de lui peser, les esclaves (dont Rau-Ru) peuvent-ils aimer vraiment leur maitre avec comme corollaire YdC va t-elle sucomber au charme de Hamish, celle ci va t-elle supporter/assumer sa négritude et c'est évidemment la défaite du Sud qui va permettre de dénouer toutes situations.

Vous vous doutez bien, comme on est à Hollywood, il va forcément une scène d'amour, même si elle reste très fifties, on est dans l'allégorie, ça va se passer un soir de tempête, à la fois donc dans les coeurs et dans la nature, Gable rendu encore plus viril après le rhum qu'il vient d'enquiller avec un vieux pote, va exhiber ses muscles en fermant les fenêtres qui claquent (la tempête), YdC réveillée par le boucan se lève précipitemment (en déshabillé, mmmm..., j'vous dis pas !) et tombe dans les bras du vieux brigand, là la tempête redouble ( va chercher la signification, toi...), mais bon le metteur en scène enchaine vite fait (fondu au noir) sur les larbins qui balaient la cour le lendemain matin, histoire de réparer, s'il est possible, les dégats de la nuit (va chercher etc...).

Le metteur en scène, c'est Raoul Walsh, un vieux routier du western et du film d'action, bref pas un tacheron, en quelques scènes au début du film, le spectateur qui n'aurait pas lu cette chronique, va vite comprendre la situation de départ, pas besoin d'explication qui dure des heures, donc tout s'enchaine sans temps mort, c'est plaisant à suivre, les questions de racisme sont correctement traitées (si on fait abstraction que les Noirs restent quand même de grands enfants, des fois un peu simplets, je rappelle, on est en 1957 aux Etats-Unis), on voit bien que les Nordistes ont autant de préjugés que les Sudistes vis à vis des negroes (pas la peine de me faire un procès d'intention, c'est le terme utilisé dans le film), on peut juste regretter la scène un peu trop idyllique de l'arrivée d'Hamish dans sa plantation, tu pourrais croire que ses esclaves vont l'adorer, littéralement, comme un dieu.

A noter que Hamish, qui n'a jamais brillé par son engagement avec le Sud, lutte à sa façon contre les Nordistes en brulant ses champs, ses recoltes et en libérant ses esclaves, et agit donc exactement comme Rhett Butler/Gable dans Gone with the wind, qui, lui, va prendre les armes quand tout est perdu.
Pour renforcer le clin d'oeil, on a nommé le général nordiste Butler...

A moins que tous ces détails ne soient tirés du bouquin à l'origine du film, Band Of Angels, qui est aussi le titre amerloque !
Ce titre reste un mystère pour moi, pas vu d'anges, ni d'orchestre la dedans !

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 12 janv. 2012, 00:05

Encore un western de De Toth, "La chevauchés des bannis" (1959), en NB, avec comme acteur connu Robert Ryan.

Ca démarre vraiment doucement, 2 personnages, RR (à qui on a affecté le doux prénom de Blaise) et le contremaitre de son ranch se rendent dans un hameau (une vingtaine d'habitants) pour se ravitailler, mais aussi pour empêcher un fermier de procurer du barbelé et pour se faire RR n'hésitera pas à employer la force (comprenez un duel au pistolet) pour arriver à ses fins. D'autant que ledit fermier est le mari de son ancienne maitresse, jouée par Tina Louise.
Ce nom ne vous dit rien, à moi non plus, mais pardon encore une fois, quel physique ! Remarquez, c'est un ancien mannequin, aujourd'hui on dirait top-model, elle a posé un paquet de fois dans les pin-up magazines et a tenté, sans trop de succès apparemment une carrière d'actrice.
Là, on la remarque d'autant plus qu'il y a très peu de personnages et que 4 femmes, 2 qu'on ne verra quasiment jamais et puis 1 blonde ingénue assez fadasse (limite gourde) interprétée par Vanessa Stevenson, dont les seuls faits d'armes ont été de se marier successivement avec Russ Tamblyn (un des chefs de gang de West Side Story) et Don Everly, un des 2 Everly Brothers (je ne peux pas grand chose pour vous, si vous ne connaissez pas les Everly Bros), autant dire que Tina Louise a le champ libre pour faire son petit effet, surtout qu'on l'a affublé d'un mari avec un physique une présence tellement banales que je l'ai déjà oublié.

Bref, duel imminent entre RR, le mari et 3 de ses potes bouseux, "fais rouler la bouteille sur le bar, quand elle tombera, ce sera le signal", la bouteille roule, va tomber, mais ne tombe pas, car la porte du saloon s'ouvre brusquement et repousse la bouteille, et 7 malfrats déboulent brusquement, justifiant par la-même le titre original "the day of outlaw".

Ouais, mais ça n'a pas l'air trop réaliste ton film, dans un saloon, ce sont des portes battantes, c'est comme ça dans tous les westerns !
Sauf que là, on est dans le Wyoming, en montagne, en plein hiver, tu penses bien qu'on limite au max les courants d'air.

Je reprends, les 7 malfrats déboulent, ce sont des fugitifs, poursuivis par la cavalerie, menés par un ex-colonel qui cherchent un abri temporaire afin de repartir vers Cheyenne, la grosse ville du coin.
Des mecs que ça fait 1 mois, depuis le vol de la paye de l'armée, qu'ils fuient, donc qu'ils n'ont pas bu une goutte d'alcool et pas entrevu l'ombre d'une femme, tu t'imagines bien l'allure que ça va prendre quands ils entrent dans un bar, qu'ils ont désarmé tout le monde et qu'ils tombent sur Tina Louise qui descend les escaliers toute palpitante pour voir le résultat du duel entre son mari et RR.
"Pas touche" dit le colonel, c'est Burl Ives, alors lui, si son nom ne vous dit rien, il est quasiment certain que vous l'avez croisé à un moment ou à un autre dans une série télé ou un film de cette période là, bref le colonel mène d'une main de fer ses hommes, là le bat blesse un peu, on a du mal à comprendre pourquoi ce gros monsieur, qui plus est gravement blessé, inspire une telle terreur à ses hommes et en particulier à Jack Lambert qui a trainé sa carrure et sa trogne inquiétante dans x western, films et séries télé. De Toth aurait pu trouver quelque chose d'un peu plus fort que "ils ont besoin de moi" quand RR s'interroge sur sa capacité à empêcher l'assèchement complet de toutes les ressources en alcool locales le viol immédiat de toutes les femelles du hameau.

Comme vous le voyez, l'histoire a pris un virage à 90°, on est passé d'une simple rivalité fermier/éleveur à un huis clos étouffant qui oppose les outlaws et les habitants du village, avec notamment une scène hallucinante, le Saturday Night Dance, qui dure un paquet de mn, quand le colonel, pour "calmer" ces hommes, organise une soirée danse entre les 4 femmes et les bandits.
Il y a une véritable tension qui monte tout au long du film, parce qu'on se doute bien, qu'à un moment donné le colonel ne va pas pouvoir retenir longtemps 3 chiens enragés de son équipe, 3, parce qu'il y a un petit jeune qui s'est amouraché de la gourde citée plus haut, il y a un jusqu'auboutiste du colonel et puis un dernier qui a l'air trop vieux pour être dangereux.

C'est donc RR qui, après avoir été sévèrement battu par les voyous (même pas mal, 2 heure de repos et il n'y parait plus rien) arrive à les faire partir en leur révélant qu'il connait un passage dans la montagne pour se rendre à Cheyenne. Stratégie que la blondinette manque de mettre à mal, parce qu'elle ne veut pas que son amoureux transi la quitte (ça, c'est tout sauf crédible, vu que si lui reste, les autres aussi vont rester et finiront par faire plus que lui tenir compagnie), c'est alors que RR fait appel au sens de l'honneur du colonel et du coup, ce dernier part vers ce qui est forcément sa mort prochaine, étant donné qu'il sait que RR les emmène vers nulle part et qu'il n'y survivra pas, blessé comme il est, sans parler que la brute n°1 lui en veut terriblement de ne pas avoir pu assouvir ses instincts.

Finalement RR et la troupe parte, là ça devient plus classique, les voyous s’éliminent entre eux à cause de l’appât du gain et aussi à cause du climat, seuls survivent le petit jeune(grâce au colonel) et RR.

La fin est d’une rapidité (par exemple, Tina Louise n’apparait plus…) telle que je me suis demandé le pourquoi du comment : il apparaitrait que De Toth ait manqué d’argent pour faire « correctement » le film d’où sans doute ces quelques imperfections et /ou invraisemblances, fallait faire vite et remballer au plus tôt, étant donné que le tournage a eu lieu en Orégon, en pleine tempête de neige, ce qui n’a pas arrangé les choses, non plus que la pneumonie que Ryan a contracté en tournant les extérieurs.
Avec un budget plus conséquent, sans doute que cela aurait pu donner un très bon film, tiens on aurait pu attribuer les 2 rôles du jeune couple à deux autres acteurs un peu plus performants…

Dommage, c’était le dernier western de De Toth, peut-être dégouté par les conditions de tournage de celui-ci !
Dernière modification par Palinodie le 29 août 2014, 14:46, modifié 1 fois.


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