Le monde du Western

Présentations des nouveaux, loisirs, cinéma, musique, lecture, anniversaires, insolites, jeux, un peu de tout et de rien...
Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 12 mars 2014, 00:37

En préambule et qui n’a rien à voir avec le western, en ce moment sur TCM, est diffusé « Moonfleet » (les contrebandiers de Moonfleet) de Fritz Lang, sans doute un des plus beaux (et palpitants et tous les superlatifs possibles) films d’aventures des fifties, avec des acteurs exceptionnels, entre autres Georges Sanders et Stewart Granger, des séquences inoubliables, par exemple celle où Liliane Montevecchi danse (et comment) sur une table et tiens ne ratez pas la séquence initiale dans laquelle un jeune garçon erre, la nuit, sur une lande plutôt sauvage, passe à côté d’un cimetière et…
Pour les anciens, une photo tirée d’une séquence de tournage de « Moonfleet » a servi pour le 1er générique du ciné-club de la 3 (le dimanche soir, vers minuit (après des week-end pas vraiment reposants) dans le début des années 70.
Ah il y a aussi Jack Elam dans ce film, ce qui fait la liaison avec le thème de ce topic.

A part çà, je poursuis mon exploration avec 2 découvertes (pour moi, of course) diffusées en ce moment sur les chaines cinéma de Canal.

Le 1er, c’est «The Tin Star »(1957) et comme vous le savez la tin star, c’est l’étoile en étain que porte un shérif ou un marschall, enfin un représentant de la loi et là le shérif, c’est Anthony Perkins qui va se faire apprendre le métier par Henry Fonda. C’est vrai que Perkins, il a beau dire, il a beau faire, il est marqué à vie par le rôle qu’il jouera quelques années plus tard dans « Psychose », bon là, ce rôle de type un peu nerveux et pas trop sûr de lui lui convient parfaitement.
Histoire classique, mais qu’on suit sans déplaisir, grâce au scénario bien ficelé (c’est Dudley Niichols un des scénaristes, un mec qui a écrit pour John Ford ou Hawks et plein d’autres) et à la mise en scène sans temps mort de Anthony Mann.

Si j’évoque ce film aujourd’hui, ce n’est pas à cause du titre français (Du sang dans le désert), mais à cause de quelques particularités bien venues, comme le fait que le héros number one HF avoue qu’il est quasi-impossible pour un regular citizen of the United States de ne pas haïr les indiens (ou les métis), tant c’est ancré dans l’éducation de cette époque.

Henry Fonda est parfait en mentor légèrement désabusé et sans illusion sur la nature humaine, celle des outlaws bien sûr, mais également celle des « honnêtes gens ».
A signaler un grand monsieur dans ce western, c’est John McIntire, qui a été un des grands seconds rôles dans de nombreux films (tiens, il figurait aussi dans Psychose), capable de passer sans dommage du rôle de bad guy à celui de good guy, ici, c’est quasi le père fondateur de la little town du film.

Apparaissent également Betsy Palmer qui sera quelques années plus tard la mère de Jason dans Vendredi 13 (paraît qu’elle avait besoin de s’acheter une bagnole, alors elle a accepté le rôle), Lee Van Cleef, un méchant métis (pléonasme ?)et Neville Brand, évoqué plein de fois dans ce topic et parfaitement raccord en brute épaisse et raciste qui tente de faire appliquer la loi de Lynch.

Le second film, j’ai failli ne pas le regarder, faut dire que c’est Lesley Selander le director, on ne peut pas dire que les films que j’ai vus de lui m’ont impressionnés, mais sans doute que la télécommande était hors d’atteinte, du coup, j’ai laissé défiler le générique et j’ai vu apparaitre le nom de Blake Edwards, vous savez bien le metteur en scène des Pink Panther et de bien des chefs d’œuvre de la comédie comme "Victor, Victoria », « Operation Pettycoat » ou "S.O.B" (si, si, ça veut bien dire ce que ça semble dire !), en tant que writer, normal, mais aussi en tant qu’acteur.
Effectivement, il joue un gunman(bottes fantaisistes, gants noirs, cheveux bouclés façon chérubin, bref un tantinet ridicule) à la solde du méchant, mais en admiration/jalousie devant le héros, un outlaw sur le chemin de la repentance et probablement le plus rapide à l’Ouest du Mississipi.

C’est un western marqué par son époque, 1948, un héros, avec un petit gilet, impassible, très bon au poker autour d’une table enfumée (tous les mecs ont des cigares proportionnels à l’importance qu’ils ont dans l’histoire), la fille qui succombe dès qu’elle le voit, la justice immanente rendue à la fin après une bagarre mémorable et quelques duels au pistolet, un titre incompréhensible pour les français, « Panhandle » (c’est une région du nord du Texas) transformé en « le justicier de la sierra », mais peut-être à cause du talent de scénariste de Blake Edwards, il y a plein de choses intéressantes :

La girl énamourée, c’est Anne Gwynne, un ancien top model (ancien, ancien, elle a pile 30 ans, côté face, probablement moins…) classée dans le top five des pin-up par les GI pendant la world war 2, ici sublimée par une coiffure ébouriffante et qui surprend par l’insolence et la liberté de son character, que faisaient les censeurs quand elle se roule par terre dans sa chambre avec le héros.
Encore une qui n’est jamais devenue vraiment une star, elle est restée cantonnée aux rôles de screaming girl, vous savez la blonde qui hurle dans les films d’horreur des fifties.

Il y a également des dialogues surprenants, celui entre le héros et Blake Edwards est quasi surrealiste, en tout cas totalement inattendu, des personnages secondaires pittoresques, comme le gambler au début du film, le héros qui fredonne, non je ne suis pas ennuyé une seconde et puis on apprend comment boire une tequila.

Bizarrement, c’est Cathy Downs (la Clementine de « My darling Clementine ») qui a un rôle moins important que Anne Gwynne , mais qui est créditée en plus gros sur l’affiche à côté du héros joué par Rod Cameron.

Lui, c’est ni plus ni moins qu’un Randolph Scott bis (grand, un peu raide et monolithique), mais il a une particularité qui l’a rendu célèbre à Hollywood : il a divorcé de sa femme pour épouser la mère de celle-ci, sa belle-mère donc qui avait quand même 56 ans, quelle santé !

Sinon, j’insiste, »Moonfleet », ne le ratez pas, si vous avez un gosse de 10 ans (ou un neveu, ça fera aussi l’affaire), mettez le devant, ça vous fera un alibi pour le regarder…

Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 02 avr. 2014, 19:12

Ah, ça y est, le voila qui remet çà, encore des westerns inconnus au bataillon, il y en a marre, va pas nous faire défiler tous les nanars sortis depuis l’invention du cinoche !

C’est vrai que « Branded » (marqué au fer ), sorti en 1950 et « Apache riffles » (la fureur des Apaches) sorti lui en 1964 ne sont pas des œuvres inoubliables.
Surtout que Branded, je l’ai vu en vf, et une vf des années 50 forcément, avec l’héroïne qui est doublée par une certaine Micheline Cevennes et tu te retrouves avec une nenette au milieu des cactus qui cause avec l’accent de Belleville, ça crée un certain décalage…

L’histoire démarrait pourtant bien, le héros, un petit malfrat est recruté pour jouer un fils de (riche) famille enlevé quand il était bébé, charge à lui de se faire reconnaitre grâce à une fausse marque tatouée/branded sur son épaule. Evidemment il retrouve sa « sœur » dont il tombe instantanément amoureux, sa « mère » qui était inconsolable et son « père », un dur à cuire qui a fait fortune contre vents et marée, cad en luttant contre les outlaws, les Indiens et le climat.
Bref, prise de conscience du héros, qui va essayer de retrouver le vrai fils et à partir de là, ça vire au conte de fées, d’ailleurs ça finit comme dans un conte de fées avec mariage en vue et probablement beaucoup d’enfants, vu que la contraception n’existait pas.

Non, ce qui est intéressant là-dessus, c’est qu’on y retrouve Alan Ladd (doublé par le père de Catherine Deneuve et de Françoise Dorleac), lui, je vous en ai déjà parlé, 1m65, d’où la caisse qui le suivait en permanence comme accessoire pour embrasser ses partenaires, sauf quand c’était Veronica Lake 1m51.

Faut toujours que t’exagères, t’es sans arrêt en mode ironie, ça devient pénible…

Non, mais ya du lourd, des metteurs en scène devaient trouver des astuces quand ils engageaient Ladd, soit tu mettais un système de planches qui surélevait l’acteur par rapport aux autres, soit tu creusais une tranchée pour l’héroïne au moment du baiser final (authentique !). Dans Branded, j’ai été attentif, la galoche terminale se fait sur une barrière sur lequel AL est perché.
Et là, Alan Ladd colle au personnage ambigu du héros, c’est d’ailleurs dans ce genre de rôle qu’il excelle (cf Shane viewtopic.php?f=8&t=6502&p=283564&hilit ... dd#p283564), pas quand il joue les héros super positifs.

D’ailleurs, tout n’a pas été rose dans sa vie perso, par exemple sa mère alcoolique qui meurt parce qu’elle a avalé du poison à fourmis ( !) ou ses rêves de sélection olympique en plongeon qui s’envolent à cause d’une blessure, il lui en est resté des séquelles et lui aussi finira alcoolo à 50 ans (rapport officiel overdose d’alcool et de 3 autres drogues).

Autre acteur intéressant qui joue le père, c’est Charles Bickford, un type complètement à part à Hollywood. Il a 20 ans dans les années 1910, alors qu’il est plutôt parti pour une carrière d’ingénieur, il devient acteur et carrément star en 1930 en tournant avec Garbo.
Mais là, ça dérape, le mec qui est une force de la nature (grand, bien bâti) ne supporte pas d’être trop dirigé, il boxe ses metteurs en scène, refuse des scénar’, s’engueule avec le big boss, se fait virer de la MGM, du coup, aucune compagnie ne veut l’engager et il devient acteur indépendant, ce qui est super-rare à l’époque où tu signes des contrats avec une compagnie qui te fait tourner.
En 1935, en tournant » East of Java », il se fait grièvement mordre par un lion, alors qu’il venait de retrouver un contrat avec la Fox, qui du coup le vire, à cause de la cicatrice sur son cou et de son âge, 45 ans et balafré, ça devient limite pour jouer les héros.
Virage à 180°, il se reconvertit aussitôt dans les figures d’autorité, les pères, les capitaines au long cours ou les grands propriétaires comme dans « Branded ». Autant dire que sa filmographie est hyper-longue, sans parler de ses rôles à la téloche, bref le mec est hyper connu aux States, au moins par les personnes qui ont un certain vécu et qui l’ont forcément vu dans les feuilletons et les films de leur enfance (Bickford est mort en 1967)…

Autre acteur qui mérite qu’on s’y arrête, c’est Audie Murphy, le lead-character de « Apache riffles ».

Lui, ça doit être le seul acteur à qui on a demandé de jouer son propre rôle, je m’explique :
Audie, pas loin d’être une ablette lui aussi, s’engage à 17 ans(en trichant sur son âge) en 1943 dans l’US Army, c’est sa 2ème tentative, il a été une 1ère fois refusé parce qu’en sous-poids.
Déjà là, un scénariste verrait un début d’histoire, mais depuis sa naissance, c’est tout un roman-photo, ça n’existe plus aujourd’hui , en général le héros ou l’héroïne avait tous les malheurs possibles, pour Audie, ça partait mal, son père a fui le domicile familial, lui quitte l’école assez vite pour cueillir du coton et chasse du petit gibier pour aider sa famille, sa mère meurt de maladie quand il a 16 ans, ses frères et sœurs sont placés à la DDASS locale et il multiplie les petits boulots.

A l’armée, il devient un héros, je n’exagère pas, c’est le mec le plus décoré de toute la 2ème guerre mondiale aux States, juste un de ces faits d’armes les plus célèbres, un tank US est détruit, son équipage sous le feu des Germains, Audie Murphy, seul (il a demandé à ses hommes de se retirer), fait diversion avec sa mitraillette, attirant le feu ennemi, recueille les tankistes, puis se sert de la mitrailleuse du tank (qui brule et risque d’exploser) pour repousser l’infanterie boche, dirige par téléphone les tirs de l’artillerie pour aire reculer l’ennemi, est blessé, mais refuse d’être évacué, car il veut organiser ses hommes pour une contre-offensive, fermez le ban.
Donc tu vois, le scénario de « to hell and back » (1955) qui raconte sa vie et qu’il joue est déjà écrit, pas besoin d’enjoliver !

A mon sens, le plus intéressant dans son histoire perso (et que bizarrement Hollywood n’a pas exalté), c’est la suite : Audie a été très traumatisé (cauchemars, migraine etc.) par son action pendant la World War 2, il était d’ailleurs en permanence sous tranquillisant, mais il a milité pour que le stress post traumatique soit reconnu par l’Armée et que les vétérans soient soignés en conséquence.
Pas certain que John Wayne, qui n’a jamais combattu en vrai, ait fait la même chose…

Autre point « positif », alors qu’il était quasi ruiné (il produisait ses propres films et c’a n’a pas trop marché), il a refusé d’apparaitre dans des pubs pour l’alcool (évidemment il buvait..) et les cigarettes, conscient de l’importance de son image (il était portée aux nues par les médias amerloques) vis-à-vis de la jeunesse.

Et dans « Apache riffles « ?
Bah, c’est un officier qui déteste les Indiens, mais qui va changer d’avis à cause d’une belle métisse, les mineurs sont tous des vilains qui ne pensent qu’à exproprier les Indiens, le deus ex machina est un commerçant capitaliste, l’Indien sanguinaire devient un pote, non en 1964, tout ça, c’est du vu et revu, de toute façon, Audie a tourné essentiellement des séries B et n’a jamais été un acteur charismatique.

La fin de sa vie ? Pas un happy end, on s’en doutait, mais lui n’est pas mort alcoolique ou drogué, il n’a pas eu le temps, et c’est en star déchue (et ruinée) qu’il est mort, à 46 ans, dans un accident d’avion.

Sinon, j’ai revu « High noon » (le train sifflera 3 fois) avec Gary Cooper et je n’avais jamais réalisé à quel point Sergio Leone s’est inspiré des séquences où les malfrats attendent à la gare pour réaliser la scène d’ouverture de « once upon a time in the west ».

P*tain, enfin un film célèbre et il en fait 2 lignes…

Avatar de l’utilisateur
DCD
Messages : 27771
Inscription : 27 août 2009, 08:51
Contact :

Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 03 avr. 2014, 11:11

C'est vraiment très intéressant :ok:

Avatar de l’utilisateur
drac
Messages : 15992
Inscription : 27 août 2009, 00:03
Localisation : Metz Queuleu avec vue sur mon église du Sablon

Re: Le monde du Western

Messagepar drac » 03 avr. 2014, 12:22

Pali, fan de Western comme moi !
(j'ai honte, mais j'étais passionné de Peplum, j'en ai vu des quantités.
Steve Reeves, mon idole étant gamin, je rêvais de lui ressembler, raté !
:mrgreen: )

Avatar de l’utilisateur
DCD
Messages : 27771
Inscription : 27 août 2009, 08:51
Contact :

Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 25 avr. 2014, 16:29

Palinodie a écrit :Ah encore une légende de l'Ouest qui est le personnage principal d'un western, c'est Tom Horn dont les derniers "exploits" sont contés dans "Tom Horn" (1980)
Ce western est officiellement dirigé par un inconnu William Wiard, en fait c'est quasiment un prête-nom pour Steve Mc Queen qui joue le rôle titre et qui a été obligé d'en passer par là pour ne pas s'attirer les foudres des tous puissants syndicats hollywoodiens.

Comme on est en 1980 et que la mode n'est plus à l'exaltation sans faille des figures de l'Ouest, donc ce film raconte ce qu'était l'occupation principale (et qui a fait en partie sa légende ) de Tom Horn, à savoir la chasse aux voleurs de bétail.
Ca ne mégote pas vraiment, Horne est engagé par un propriétaire, un gros, un de ceux qui a des milliers de tête de bétail, il observe, fait des rondes, repère les voleurs, puis s'embusque et avec un fusil pour tuer les bisons dégomme aussi bien dans le dos les voleurs pris sur le fait, puis signe son exploit en plaçant une pierre sous la tête des cadavres, et enfin va toucher sa récompense, quelques centaines de dollars par tête.

C'est donc ce qui est conté ici, mais nous sommes en 1903 dans le Wyoming, que l'époque n'est plus tout à fait la même qu'à l'époque de la guerre du comté de Johnson qui a lieu 10 ans plus tôt, (cf "les portes du Paradis viewtopic.php?p=265391#p265391), que le pays devient un peu plus civilisé et que quand les cadavres s'accumulent, ça commence à grogner un peu dans ce qu'on peut appeler l'opinion publique, du coup, les association de proprios, qui ont vu les vols quasiment disparaitre, décident de ne plus soutenir Tom Horn (qui a été engagé sans mandat officiel) et lorsqu'un jeune garçon de 13 ans, fils de bergers qui essayaient d'introduire l'élevage des moutons dans ce coin du Wyoming est abattu, Horne est accusé, se défend très mal, en étant notamment piégé par un shériff qui a des ambitions politiques et qui lui fait déclarer "If I did shoot that boy, it was the best shot I ever made.", est emprisonné, jugé et pendu à l'âge de 43 ans.

Ce western a eu un certain retentissement en 1980, parce qu'il sort alors que Steve Mc Queen est gravement malade, un cancer (probablement le tabac) qui le tuera 6 mois plus tard.
Mais ça n'a pas été pour autant un succès, les amerloques n'aimant pas en règle générale une remise en cause si noire de la légende de l'Ouest, les parodies, ça peut passer, mais pas ce genre de film, auquel par ailleurs il manque un vrai director, et puis qui décrit Tom Horn de cette façon : un type sans illusion sur l'épopée de l'Ouest ( If you really knew how dirty and raggedy-assed the Old West was, you wouldn't want any part of it) et qui est devenu un assassin "légal" parce que c'est la seule chose qu'il sait (très bien) faire.

Au début du film, Horn est décrit comme un mec plutôt rustre, qui ne crache pas sur la boutanche, fait preuve d'un certain courage et même qui arrive à séduire, par son naturel et son bon sens, l'instit du coin, c'est Linda Evans, la Krystle Carrington de la série Dynasty.
Mais lors d'un pique-nique avec elle, quelqu'un essaye de flinguer Tom qui réagit avec une sauvagerie incroyablement "naturelle" et là on sait vraiment à qui on a affaire.

Notons qu'il y a comme un parallèle entre Tom Horne et Steve McQ, qui lui aussi, a eu, un temps, une bonne image "publique", celle d'un mec sympa, humble, sorti de nulle part (il a été un délinquant juvénile) bref un acteur populaire dans tous les sens du terme, mais qui au fur et à mesure que son succès a été grandissant, est devenu, comme beaucoup d'autres, un narcissique invivable avec tous les excès possibles et imaginables (grosse tête en permanence, drogue, alcool et petites pépées), alors ce film a été vu comme un espèce de symbole qui préfigurait la fin de Mc Queen qui aurait accepté sa propre mort prochaine inéluctable comme Tom Horn accepte la sienne dans le film (Keep your nerve Sam, 'cause I'm gonna keep mine dit -il sur la potence à son ex-boss, un des seuls à lui rester fidèle).
J'ai regardé Tom Horn (sans "e") hier soir sur Paris Première. Palinodie a tout dit du film je pense, et même des à côtés. Mais je vais brièvement donner mon ressenti.

D'abord, Steve Mac Queen : à ses rides, on sait d'emblée qu'il s'agit de l'un de ses derniers films (l'avant dernier en fait) et à sa démarche de petit-vieux au dos en compote, on comprend qu'il était déjà bien affaiblie.

La réalisation : quand bien même il y a eu 3 réalisateurs (le premier, Mac Queen et le troisième) j'ai bien aimé les plans du films, ses décors épurés et j'ai trouvé que l'époque charnière (fin de la conquête de l'ouest et début de son embourgeoisement) étaient très bien mis en avant par opposition des costumes et des coutumes (la scène de dégustation des homards et de la pendaison moderne).

L'Histoire : basée sur la biographie de Tom Horn par l'un de ses amis, on n'est pas tombé dans le film à charge de la justice aveugle contre l'innocent héros. Comme l'avait souligné Pali, le Tom Horn sous ses airs sympathiques était une brute, qui aurait très bien pu assassiner ce garçon de 13 ans et le film laisse justement plané le doute jusqu'au bout, quand bien même il évoque clairement le coup-monté. Et c'est là toute la réussite de ce film, car même si l'on sait que Tom Horn doit être innocent, on en est pas certain au fond.

Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 20 mai 2014, 23:12

Régulièrement dans ce topic, je fais l’apologie du metteur en scène (quelquefois) ou je descends le director en flamme (régulièrement aussi…).
C’est évidemment histoire de démontrer l’importance de cette fonction que ce soit ou non dans un western.

Et « Hondo » (Hondo, l’homme du désert en vf) en est la preuve vivante. Car voilà un film qui véritablement dirigé aurait pu être un grand film, au lieu de cela, cela reste un honnête western de série qui n’a d’ailleurs fait exploser le box-office à sa sortie en 1953.
John Wayne qui est le lead character a prétendu que c’était parce que l’histoire « avait des similitudes avec » Shane » (L’homme des vallées perdues ) également sorti en 1953.

Ouais quelques similitudes certes, un homme arrive dans un ranch où vit une femme et son fils, mais là le mari est un s*laud, tout tourne autour des Apaches en pleine révolte, donc pas trop quand même, jugez par vous-même, cf viewtopic.php?p=283564#p283564.

Non, le John Farrow qu’a choisi JW (c’est 1 des 2 producteurs du film) est moyennement à la hauteur, donc il y a des temps morts, Ward Bond, grotesquement perruqué, est très mal utilisé, JW fait un peu trop son numéro, surtout quand il affirme être un métis Apache ( !), bref c’est pas du John Ford, ah si, juste à la fin, le père Ford a tourné la bataille finale, because Farrow devait commencer un nouveau tournage à Hollywood, alors que « Hondo » a été tourné au Nouveau-Mexique.
Une autre preuve que Farrow n’a pas été un foudre de guerre, au moins pour ce film, c’est qu’il aurait du tourner en 3D, mais à cause du poids des caméras, du sable du désert, des conditions atmosphériques en général, il n’a pas pu/su utiliser toute cette nouvelle technique, et seulement dans quelques scènes, on a une impression inhabituelle de profondeur de champ, mais c’est tellement inattendu, qu’à ces moments là, t’as l’impression que les acteurs au premier plan jouent devant un autre écran …

Un bon choix, c’est celui de l’actrice qui a le second rôle, c’est une actrice de théâtre, Geraldine Page, qui est très très crédible dans ce rôle de femme courageuse. Au départ pourtant, c’est Katherine Hepburn qui était le premier choix, mais son agent lui a conseillé de refuser, parce que au fur et à mesure que le script se développait, le rôle de JW devenait de plus en plus important au dépens des autres.
Par ailleurs, JW, en tant que producteur, n’avait pas l’intention de figurer dans ce film, il avait choisi Glenn Ford, qui avait refusé, puisqu’il sortait d’un tournage avec Farrow « et que non merci, pas 2 fois, ça m’a assez saoulé comme çà la 1ère fois » !

Alors l’histoire : Un éclaireur métis (il a fallu qu’il le dise, ça ne voit pas du tout !) arrive dans une ferme isolée en plein territoire Apache, il demande asile, à manger et un cheval, la fermière s’exécute en précisant que son mari est dans le coin, qu’il ne va pas tarder à revenir, bref elle insiste tellement lourdement qu’on en vient à se demander si le mari existe vraiment. Elle a un garçon de 6 ans qui voudrait bien jouer avec le chien de l’éclaireur, mais celui-ci précise « ce n’est pas mon chien, il fait ce qu’il veut, je ne le nourris pas non plus, mais ne t’approche pas trop près, il mord ».
Ledit clébard est le fils de la Lassie n°1 (non, mais véridique), du coup, un colley dans le désert, c’est moyen, il a du mal avec la chaleur, alors pour qu’il ne reste pas à haleter sans arrêt et consente à grogner ou à courir pour les besoins du scénar’, l’équipe technique le gardait au frais et ne le laissait sortir que quelques mn avant les scènes à tourner.

Lui aussi, son role aurait pu être un peu mieux développé, mais il meurt à mi-film, tué par un Apache méchant, le second de Vittorio, grand chef Apache qui a réellement existé.
Et Vittorio est faché, les blancs ont rompu un traité, il se révolte, vient à la ferme que JW vient de quitter pour rejoindre l’armée ( non sans avoir roulé une pelle à la fermière) est séduit par l’attitude du petit garçon, décide que celui-ci sera un apache plus tard, il recommande à sa mère de bien veiller sur son futur guerrier, problème, il faut un mari, sinon pas d’éducation possible, la fermière a beau protester qu’elle est mariée, le Vittorio fait défiler tous ses guerriers, devant le peu d’enthousiasme de la future épousée, il avance quelques arguments de choc « celui-ci ne bat pas trop ses femmes » « celui-là a beaucoup de chevaux » ou » cet autre n’a que 2 squaws, mais l’une est trop vieille », comme l’heureuse élue hésite encore, il menace « je reviendrai à la saison des pluies et là tu choisiras » clataclop, clataclop, toute la horde regagne ses pénates.

Pendant ce temps-là, JW a regagné son poste qu’il quitte aussitôt après s’être bastonné avec un type qui 1 voulait tuer son chien, 2 voulut le frapper quand JW a interrompu une partie de poker et 3 a traité JW de voleur quand il a reconnu son cheval (que JW avait payé à la fermière remember !).
Et ce type, je vous le donne en mille, Emile, c’est le mari.

Celui-ci, pourri jusqu’à la moelle, suit à la trace JW dans le désert, essaye de l’abattre, alors que JW vient de le sauver d’un assaut d’Indiens, mais JW (et c’est une constante dans sa carrière westernienne) est plus rapide et le descend et là, horreur, il s’aperçoit, grâce à un daguerréotype du petit garçon que son père garde sur lui, que c’est le mari de sa future bien-aimée, ô rage, ô désespoir, il en casserait son fusil, mais non, car cataclop, cataclop, tous les Apaches surgissent, après une course poursuite épique et une douzaine de rouge au tapis, le font prisonnier.

Il est promis à une mort très lente et douloureuse, il s’en sort grâce au daguerréotype que Vittorio reconnait, du coup, il décide devant la bravoure de JW de lui confier le rôle du mari et il l’amène donc chez la fermière.
Qui apprend du coup la mort de son mari, mais version douce, il a été tué, car JW a trouvé son corps quelque part par là dans le coin, mais aussi qu’elle en a hérité d’un second, de mari, ce qui a plutôt l’air de lui plaire, jusqu’au moment où l’armée déboule dans la ferme et qu’elle apprenne fortuitement qui a tué son mari.

Elle en conçoit quelque amertume, jusqu’au moment où JW lui explique tout, et d’ailleurs il prévient qu’il va dire toute la vérité au fiston « oui, j’ai tué ton père, qui était par ailleurs un sale c*n », bref un truc dans le genre, mais la fermière l’arrête net « arrête ton char, on ne parle comme ça à un gosse", bref c’est l’impasse et là tout s’arrange, l’armée vient de se prendre une déculottée par Vittorio qui, manque de bol, s’est fait descendre dans la bataille (« Everybody gets dead. It was his turn » qu’oraisonne JW), cela laisse un peu de répit aux survivants pour regagner le fort le plus proche, « car les Indiens ne peuvent combattre sans chef, il faut qu’ils en élisent 1 ».
P*tain, les élections chez les Chiricahuas, ça va quasiment aussi vite qu’en Ukraine, cataclop, cataclop, les voilà qui déboulent sur les traces des fuyards, dont font partie JW, sa fermière et son fils (ils ont du laisser le pot au lait dans la ferme).

Grosse baston, JW finit par tuer le nouveau chef fraichement élu (le tueur de chiens, cf plus haut), écoeurés ou n’ayant plus d’urnes et d’isoloirs sous la main, les indiens abandonnent.
Tout est bien qui finit bien, Hondo et sa nouvelle famille vont aller vivre dans le ranch que possède l’éclaireur, c’était "Hondo", un film de 1953.

Tout n’est pas négatif dans cette histoire, ainsi, les Apaches apparaissent plutôt comme les victimes des blancs qui les ont trompés avec leurs traités et Vittorio particulièrement est très loin du stéréotype de l’apache sanguinaire très souvent montré dans les westerns de cette époque, mais je pense qu’avec un scénario un peu mieux toiletté, un très bon director, cela aurait pu donner autre chose.

D’ailleurs, je me souviens qu’à la fin des sixties a été diffusée sur une chaine française une série amerloque éponyme « Hondo », avec le même héros mais interprété par un autre acteur, ce héros avait un chien « dont il ne s’occupait pas », et il protégeait une femme et son fils qui vivaient dans un fort au milieu du désert.
Le simple fait que je me souvienne de la série quelques décennies plus tard montre bien qu’elle devait être un tout petit plus crédible que le long-métrage de 1953. Bizarrement à 15 ans d’écart, c’est le même acteur qui jouait Vittorio, un mec bien connu dans ce topic, Michael Pate, je voudrais avoir autant de billets de 500 € qu’il a joué le rôle d’amérindiens à la fois au cinoche et à la téloche.

Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 30 juil. 2014, 23:14

Comme d’hab, un excellent titre original « A distant trumpet » soit une trompette dans le lointain, un titre qui claque bien dans un western qui met en scène des Indiens et l’US cavalry, transformé en un banal « La Charge de la huitième brigade » en vf, banal puisque c’est le 6 ème western dont le titre commence par la charge qui a déjà été « fantastique », « héroïque », « victorieuse » of course, on parle bien de celle « des Tuniques bleues » qui peuvent même charger « sur la rivière rouge ».
Remarquez bien que de Raoul Walsh, un des 3 borgnes d’Hollywood, (avec John Ford et Fritz Lang) dont c’est le dernier film, a repris l’idée d’un titre d’un de ses film « Distant drums » (1951) avec Gary Cooper et qui oppose déjà, en Floride, les soldats bleus et les Séminoles.

Cette fois-ci, on est dans l’Arizona et c’est la der des der des guerres indiennes, je ne vous raconte pas tout en entier, rien de vraiment original, en gros, c’est comme si Cochise, vaincu, s’était mis au service de l’armée en tant que scout, pour vaincre Géronimo réfugié au Mexique et qui va envahir le territoire amerloque, mais sachez qu’à la fin les Indiens sont battus, mais obtiennent des conditions de reddition relativement avantageuses jusqu’à ce que Washington s’en mêle.

Car c’est un film de 1964, de l’eau a coulé dans les canyons depuis les débuts du western, l’américain moyen est au courant que tout n’a pas été aussi binaire que d’un côté le soldat héroïque et de l’autre l’indien sournois et sanguinaire.
Dès le début, le film souligne le rejet complet des indigènes, c’est même du racisme de la plus belle eau, avec cette scène où le héros, un jeune lieutenant fraichement émoulu de West Point, intervient pour obliger les soldats à accepter la présence dans leur carriole d’un scout indien, les natives qui sont joués par des acteurs indiens, probablement des Navajos, ce qui n’est pas si courant, posent clairement le problème de la légitimité de leurs revendications.

Mais bon, on n’est pas encore arrivé au point de « Danse avec les loups », les Indiens restent quand même de grands enfants et Walsh a osé la scène où un farouche guerrier, en plein pillage des affaires perso du héros, se fait peur en retournant un objet qui s’avère être un miroir..
Par ailleurs, les acteurs indiens et il y en a 2 qui ont un rôle relativement important ne sont pas crédités au générique, c’est sûr, il y a du progrès, mais peut mieux faire !

Dans un autre registre, quand le héros arrive au fort, on lui signale qu’il n’y a pas de femmes, à part celle du commandant, alors que, par un travelling, on vient de découvrir qu’il y a une bonne demi-douzaine de lavandières qui s’affairent autour du puits, mais ce sont des mex, donc elles ne comptent pas…

Vous allez me dire que c’est bien joli tout çà, mais franchement ce film, vous n’en avez jamais entendu parler, les plus cinéphiles d’entre vous savent qui est Raoul Walsh dont j’ai déjà du vous narrer quelques unes de ses œuvres (viewtopic.php?p=206212#p206212), mais bon, il a quoi, plus de 70 ans quand il fait ce film, qui est sans originalité dans le script, c’est écrit plus haut, alors quoi ?

Vous n’avez pas tort (pour une fois), d’autant que certains critiques ont carrément dit que c’était le plus mauvais film du borgne, à cause de la prévisibilité de l’histoire et aussi du casting.

Les mecs, ils me font rire, on parle de western, là, c'est-à-dire d’un genre qui a tendance à rabacher et pour cause, on multiplie les films qui racontent ou déforment des faits qui se déroulent sur un laps de temps assez court, 2 siècles à tout casser, imaginez qu’en France, on ait sorti pendant plusieurs décennies 30 films par ans exclusivement sur la guerre de Cent Ans, y en aurait pas des redites ?

Ce problème évacué (quoique, j’y reviendrai…), reste la distribution et là faut dire que l’acteur qui joue le rôle principal, c’est pas du top choix.
C’est Troy Donahue, nous ici en Europe, on connait pas, ni vous, ni moi, mais aux States, ce fut une autre affaire (installez vous bien, l’oncle Pali va vous raconter une belle histoire-belle mais qui finit comme le Cendrillon de Téléphone-) : figurez vous qu’à Hollywood, en cette fin des années cinquante qui vit l’explosion de ce qu’on a appelé le rock’n’roll avec ses tas de stars propres sur elles (Chuck Berry, Little Richard et cie, c’est caca, je parle des vedettes blanches que l’industrie a promu), on a cherché l’équivalent en terme d’acteur et ça a donné entre autre l’eclosion de Troy Donahue, un grand blond athlétique, genre quaterback sans hormone de croissance, qui au départ faisait des études de journalisme.
Le gars a joué dans tout plein de teenmovies (qui n’ont jamais du franchir l’Atlantique) et dans une série qui a cartonné aux States, Surfside 6, du coup, il est devenu bankable et a été engagé dans « A distant trumpet ».
Malheureusement, même s’il est encore beau gosse, les stigmates de l’alcool et d’une vie assez dissolue commencent déjà à le marquer et puis franchement ce n’est pas un très bon acteur.

Logiquement sa carrière s’est assez vite arrêtée, d’autant plus vite qu’il a insisté pour jouer le rôle d’un serial killer et le public n’a pas marché, aussitôt son contrat a été rompu, sentimental Hollywood...
Ensuite, c’est la routine, descente aux enfers (alcool, drogue, 4 mariages qui durent quelques mois, faillite etc.), puis relative redemption , il avoue en public ses addictions, joue un petit rôle dans le Parrain 2, fait des pubs à la télé, s’inscrit aux Alcooliques Anonymes, mais à 64 ans, madame Cirrhose et/ou Mme Hépatite le rattrapent, rideau.

Donahue, lors de Surfside 6, avait joué avec une autre jeunesse, Diane Mc Bain, recrutée pour jouer les débutantes, plutôt héritières ou originaires de la grande bourgeoisie, upper-class quoi !
Là dans ce western, c’est la future du héros, qui complote grâce au fait qu’elle soit nièce d’un général pour que le mariage ait lieu au plus tôt, elle fait plutôt poupée Barbie qu’autre chose, surtout en face de celle qui illumine ce film, Suzanne Pleshette.

Non mais le délire, Suzanne Pleshette, même en rêve, personne ne connait.

Pas sûr, si vous avez vu "les Oiseaux" d’Hitchcock, il y a une instit, l’ex du héros, qui finit énuclée par les corbacs, eh bien, c’est elle et objectivement, si je ne connaissais pas son nom, j’ai tout de suite percuté que je l’avais déjà vu quelque part, quand elle apparaît, en tant qu’épouse du commandant.
Pas fidèle, l’épouse, elle va craquer assez vite, la aussi le western a évolué, en 1954, soit 10 ans plus tôt, dans une scène similaire –l’héroïne trempée se déshabille, s’enroule dans une couverture et se réchauffe à un feu dans une caverne- Mitchum et Marylin (viewtopic.php?p=294510#p294510)n’avaient pas consommé, alors que la Suzanne a lancé un paquet de messages que le Troy reçoit 20/20 et puis ils vont remettre le couvert plusieurs fois, dès que Suzanne susurre « don’t touch me » !

Cette romance, grâce au talent et au sex-appeal de Suzanne va illuminer ce western, qui finit un peu à l’eau de rose, forcément la potiche blonde ne peut pas gagner contre Suzanne, les indiens auront bien le droit de vivre dans leur réserve, c’en est même un peu génant…
Ceci dit, in the real life, Suzanne et Troy se sont mariés en 1964 et ont divorcé en 1964…

Sinon, il y a des très bons seconds rôles qui officient, Claude Akins, qui joue un méchant (un métis) comme souvent, James Gregory qui a concocté avec talent un général qui émaille sa conversation de citations latines, quelques scènes sympas, l’arrivée des p*tes au fort et comment le héros arrive à les chasser, celle où les indiens se servent à la lettre des lois en vigueur, les paysages fabuleux de l'Arizona qui vous sautent à la figure, de belles scènes de bataille, même si les blue soldiers dégomment à chaque fois qu'ils tirent, à tel point qu'on se demande comment c'est possible qu'il y ait des survivants en face, non franchement avec 2/3 changement au casting, c’eut pu être un film qui compte.

Reste la musique composée par un vétéran du genre, Max Steiner, 300 films au compteur, là, il a 78 ans, il va faire simple, un thème quand les soldats sont à l’écran, avec des trompettes of course, un tempo plus ou moins rapide selon l’action en cours et une rythmique que ne renierait pas un orchestre bavarois échauffé par 5/6 chopes de bières, un autre quand ce sont les indiens à l’écran, un truc genre oriental sur fond de tambours, pour les scènes d’amour, je ne me rappelle pas, je n’avais d’yeux que pour Suzanne.

Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 16 sept. 2014, 00:03

Reprenons par un western de 1956 qui a une excellente côte auprès des cinéphiles, « The last hunt » (la dernière chasse) de Richard Brooks. Ce serait le premier western écologique, qui dénonce avec force le massacre des bisons, ainsi que le racisme anti-indien.

Et effectivement, au niveau de la distribution, il y a du lourd, Robert Taylor qui a multiplié les grands rôles dans les films d’aventure en tout genre, par exemple « Westward the women » chroniqué ici même (viewtopic.php?p=286260#p286260), mais aussi « Ivanhoé » (car si Errol Flynn est Robin Hood, RT est sans conteste Ivanhoë ) et puis Stewart Granger, l ‘inoubliable aventurier de « Moonfleet », sans oublier Debra Paget, dans le rôle de l’Indian girl.
Par ailleurs, j’ai « découvert » un très bon acteur, Lloyd Nolan qui fait un véritable numéro dans le rôle du pote du héros positif de l’histoire, figure aussi, dans un rôle de jeune métis, Russ Tamblyn qui sera quelques années un des chefs de gangs dans « West Side Story ».

Non jusque là, rien à dire, d’autant que l’association Taylor/Granger avait réussi dans un film précédent « La perle noire », alors la MGM a proposé à Brooks de les engager pour les 2 rôles principaux, mais en inversant les rôles, Taylor devenant le bad guy et Granger, the good guy.

Et c’est là que le bat blesse à mon sens, Brooks veut démontrer quelque chose et pour çà, il crée 2 versions de chasseur, l’un qui chasse les bisons pour vivre, éprouve du remords, a conscience de la conséquence sur les indiens, l’autre, un chasseur qui chasse pour le plaisir de tuer et qui jubile à l’idée qu’en plus, les indiens vont en pâtir, d’ailleurs, s’il faut contribuer au génocide des indigènes, il met volontiers la main à la pâte.

Alors RT la joue halluciné, il est à la limite du sadisme, de la folie meurtrière, alors que SG devient un quasi gentleman, attentif et bienveillant, j’exagère un peu, dans une scène, il se saoule à mort, tabasse les clients d’un estaminet et est ramassé par une p*te, mais attention, il ne consomme pas (cette dernière, pour le reste, il a explosé l’alcootest…), bref pour moi, ça manque un peu de nuance, mais le fait est que les bisons ont été massacrés à la limite de l’extinction, ce qui a contribué à la déchéance des nations indiennes des Grandes Plaines, donc Brooks ne s’embarrasse d’artifice, il fait un film choc avec plusieurs séquences marquantes, il y a une scène qui pourrait avoir inspiré Kubrick dans la scène finale de « Shining ».

Je suppose que ce film a du faire son petit effet en 1956, à l’époque, une telle charge contre ce qui s’était passé à la fin du 19ème siècle devait être plutôt rare, mais il faut probablement relativiser car ce film n’a pas cartonné, étant même légèrement déficitaire, sans doute que le spectateur amerloque des fifties a du être déconcerté par l’image inhabituelle (par rapport à la production moyenne des westerns) que ce film lui renvoyait d’un passé pas si ancien que çà (70 ans à tout casser).

De plus, Debra Paget est légèrement (euphémisme) transparente dans le rôle de la jeune femme indienne, déjà, elle est chaudement habillée, du coup, un de ses atouts number one, sa plastique, s’en trouve fortement diminué… J’ai lu par ailleurs que c’est Anne Bancroft, la future » Mrs Robinson » qui aurait du tourner, mais elle s’est blessée en tombant de cheval lors d’une scène avec SG.

Ah oui, chaudement habillée, parce que le film est censé se passer en hiver. Or il a été tourné en plein été, dans la fournaise du Custer State Park dans les Black Hills, et Stewart Granger, avec son costume de chasseur (des fourrures) a un jour suffoqué de chaleur, il a fallu couper ses fringues en toute urgence !

Autre anecdote plus significative, les bisons sont réellement tués dans ce film, Brooks ayant profité de la sélection opérée régulièrement dans les troupeaux de bisons afin d’éviter la dégénérescence des bovidés. Il y a eu une cinquantaine de bêtes abattues, mais bon le tournage d’un film, ça dure, du coup, ya fallu les stocker tous les soirs les carcasses dans des camions frigo et les remettre le lendemain dans la même position que la veille !
Au bout de quelques semaines de ce régime par forte chaleur, je vous laisse imaginer l’odeur de putréfaction qui s’élevait aux abords du tournage…

Pas futfut, ces ruminants, si tu expédies ad patres le vieux male qui guide et surveille le troupeau, les autres ne bougent plus, probablement désorientés et se laissent massacrer les uns après les autres sans chercher à déguerpir, enfin c’est ce que Granger enseigne à Taylor, vous voilà prêt pour faire à votre tour un carton, si d’aventure vous croisez des bisons lors d’une ballade.

Un mot sur Richard Brooks, il a réalisé, entre autres œuvres de qualité, 2 autres excellents westerns, « The Professionals » (les Professionnels, cf viewtopic.php?p=273382#p273382) et « b*** the Bullet » (la chevauchée sauvage) et a épousé la 1ère femme de Stewart Granger, l’adorable Jean Simmons, mais bon, ce mariage a eu lieu quelques années plus tard, en 1960, mais peut-être qu’ils ont fait connaissance à cette occasion.

Toujours est-il que dans ses Mémoires, il en ressort que Granger n’était pas hyper pote avec Brooks, mais j’aurai sans doute l’occasion de reparler de Stewart Granger, puis que ce mois ci, il y a l’intégrale de cet acteur sur TCM, l’occasion de voir/revoir/découvrir « Moonfleet » et autres »Mines du Roi Salomon » et d’autres joyaux du film d’aventures des fifties.

Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 12 oct. 2014, 19:34

Hier soir, doc sur Arte sur "Calamity Jane (1856/1903), une légende de l'Ouest", certes en même temps que France/Portougal, mais il y a Canal à la demande, ce qui résoud bien des problèmes.

Perso, je croyais connaître un peu le sujet, j'avais notamment lu "Lettres à sa fille", un recueil de lettres que Calamity aurait écrit à sa fille sans jamais lui envoyer, lettres qui nous apprennent, entre autres, que CJ a été mariée avec Wild Bill Hickock, avec qui elle a eu cette fille et que la vie de CJ n'avait pas été un chemin pavé de roses, notamment avec ses problèmes avec l'alcool.

Et ça tombe bien, l'auteur du doc, Grégory Monro, vient de faire rééditer " Lettres à sa fille", dont il vient par ailleurs d'acheter le manuscrit original.

Du coup, je me renseigne un peu, je vais sur la Toile et je trouve trace d'une émission récente de France-Inter "L'heure des rêveurs" consacrée à CJ avec comme invité Grégory Monro. Je podcaste et là stupéfaction, j'apprends que le fameux recueil de lettres n'est pas de CJ, mais d'une certaine Jean McCormick, 68 ans en 1941, qui a déclaré publiquement cette année là donc, sur les ondes de la CBS être la fille de Calamity Jane, et produit ces missives que la célèbre cow-girl lui aurait écrites pendant vingt-cinq ans - sans les envoyer - et que lui aurait remises son père adoptif.
D'ailleurs, ajoute Monro, rien de surprenant, Calamity n'ayant été que très peu à l'école savait probablement à peine lire et écrire.
Par contre, ce qui a été surprenant, c'est que l'animatrice de l'émission s'est appuyée sur ces lettres pour parler de la vie de CJ, qui, si elles ne sont pas "vraies" reflèteraient quand même assez bien, voire très bien la réalité de la vie de CJ. J'avoue que ce genre de raisonnement me laisse un peu sceptique, moi, je veux des faits.

Bon, ça tombe bien, le doc d'Arte en donne en masse, l'origine de Martha Jane Cannary, la future CJ, son père alcoolo qui disparaît assez vite, sa mère qui fait la bringue avec d'autres messieurs et qui meurt tout aussi rapidement, les enfants placés et séparés, Martha Jane livrée à elle-même à peu près à l'âge de 12/13 ans, qui attaque assez rapidement la bouteille, sans compter qu'elle va vivre pas loin de garnisons de soldats, ce qui fait qu'elle va séjourner régulièrement dans ses jeunes années dans des bordels de 3ème ordre comme prostituée, puis plus tard comme lavandière.
Tout ça se passe dans l'Ouest amerloque des années 1860/70, dans le South Dakota, le Montana, c'est l'époque de Custer, les guerres contre les tribus des Grandes Plaines, la ruée vers l'or dans les Blacks Hills et la construction de la ligne qui reliera le Pacifique et l'Est du pays, Martha Jane a cotoyé tous ces évènements, sans y prendre part d'une façon significative, hein.

Mais, il y a un mais, quand ses parents, petits fermiers ruinés ont émigré vers l'Ouest, ont rejoint une caravane et c'est là que Martha Jane, à qui son père avait confié toutes les tâches habituellement dévolues à un garçon (s'occuper des chevaux par exemple) au lieu de rester cantonner à faire la cuisine et laver le linge a découvert que la vie d'un homme est bien plus passionnante que celle d'une femme qu'elle a commencé à prendre l'habitude de pratiquer toutes les activités réservés aux hommes, les activités de plein air OK, mais aussi aller picoler dans les bars, fumer le cigare, jurer, prendre du bon temps etc.

Ca plus le fait qu'elle soit rapidement livrée à elle même dans un environnement légèrement instable l'a conduit à s'habiller en homme pour trouver un boulot intéressant, par exemple accompagner l'armée comme palefrenier ou un truc dans le genre dans une expédition dans les Blacks Hills, expédition où figure un journaliste qui la prend en photo, la fameuse photo que tout le monde a vu, et écrit un article où parait pour la 1ère fois, le surnom de Calamity.
Evidemment, les officiers, dès qu'ils s'aperçoivent de la supercherie, la vire de l'expédition, dans lequel elle n'a donc joué aucun rôle, du coup, tous ses emplois de scout et ses prétendus exploits sont plus que sujet à caution, personne n'a trouvé de preuves pour les accréditer.

Mais cet article a fait boule de neige, les journaux locaux, puis nationaux ont commencé de parler de CJ, les récits sur la conquête de l'Ouest étant très à la mode dans l'Est, quelque écrivaillon a eu l'idée de faire une série consacrée à CJ, dont il inventait toutes les semaines des aventures rocambolesques et héroïques. Ca plaisait d'autant plus aux amères loques que ceux ci venaient de prendre, en 1876, 2 sévères branlées contre les Sioux.

A partir de ce moment là, et CJ a quoi une vingtaine d'années, vous avez 2 CJ, une qui flambe, en pantalons et colt à la main dans les romans à 10 cents et l'autre qui mène sa pauvre vie, en robe, remplie d'alcool et de rencontres douteuses (dont le père de sa fille qui la tabasse régulièrement), avec en prime des gens qui disent en la rencontrant "t'as vu, c'est Calamity, allez c'est ma tournée, raconte nous un peu ton histoire", ce qui n'a rien arrangé (Calamaty avait probablement un don pour raconter tout en inventant, là tout le monde est d'accord).
Il y a eu donc régulièrement scandales, tapages, ivresse sur la voie publique et petits séjours en taule.

Le doc d'Arte est pas mal fait, vraiment, il va même juste à décrire les différents types de bordels de l'Ouest, CJ étant plutôt une habituée de ceux bas de gamme, alors que dans les westerns, à quelques exceptions près (les bordels mexicains en général et celui de "John Mc Cabe" par exemple), on nous montre plutôt du haut de gamme, la tenancière stylée, des canons à disposition, la baignoire luxueuse, des lourdes tentures et des boissons à volonté.

On nous démontre par A+B que CJ et Wild Bill ne se sont cotoyé que quelques semaines, qu'éventuellement, CJ était partante et WB pas intéressé (CJ n'était pas vraiment un top), avec les photos, on se rend bien compte de la vie de CJ pas bien reluisante et qu'elle est très souvent habillée en femme, les seuls clichés d'elle en cow-boy sont ceux de photographes ou de journalistes à la recherche de sensationnel ou de promotion pour des spectacles, dans lesquels elle a été exhibée comme d'autres freaks (la femme à barbe par exemple) et dans lesquels grâce à son talent oratoire et son image, elle attirait les gogos de l'Est, parce que ces tournées se déroulaient dans l'Est.
En général, elle dépensait en rien de temps les sommes qu'elle touchait en tournées dans les troquets. Pour résumer, on peut dire que ça a été de mal en pis jusqu'à sa mort à 47 ans (super photo prise d'elle quelque temps avant sa mort, sur la tombe de Wild Bill, près de Deadwood, juste à côté de l'endroit où elle va être enterrée ou comment vivre sa légende jusque dans la mort !)

Bref, un bon doc, avec des images de l'Ouest actuel, des documents parlants, une réussite, mais un bémol ou deux, le mot "cow-boy" mis à toutes les sauces et surtout, l'auteur ne dit pas que les fameuses lettres évoquées au début de ce post sont un fake manifeste, alors qu'il en avait parlé dans l'émission d'Inter.

Pas envie que les gens n'achètent pas ce bouquin qu'il a contribué à rééditer ?

Avatar de l’utilisateur
Palinodie
Messages : 3220
Inscription : 27 août 2009, 11:51
Localisation : Haute-Marne

Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 19 nov. 2014, 14:44

Très souvent, quand je regarde un western, même si je pense ne l'avoir jamais vu, souvent au détour d'une scène souvent marquante surgissent des réminiscences provenant en ligne directe des films des dimanches après-midi de mon enfance. La 2ème chaîne quand elle est passée du NB à la couleur a notamment diffusé un paquet de westerns tournés dans les fifties.

Mais là cette semaine, nada, que dalle, d'où la conclusion suivante, soit je n'avais jamais vu les 2 westerns que je vais chroniquer, soit ils ne m'avaient absolument pas marqué.

Pour le 1er, "Two Flags West" (Les Rebelles de Fort Thorn en vf), un film de 1950, c'est certain que ce fut une première cette semaine, puisqu'il a été longtemps inédit en France. Maintenant, il n'est pas certain qu'il eut marqué de manière durable mon sub- ou inconscient, parce que, sans être totalement anodin, ce n'est pas un chef d'œuvre du genre, loin de là.
Niveau scénar’, ça se rapproche pas mal de celui de « Major Dundee »( qui, lui, est un film qui compte) de Peckinpah, des soldats sudistes sont recrutés pour lutter contre des Indiens, le commandant nordiste déteste les sudistes et ceux-ci ne pensent qu’à déserter, au milieu, il y a une femme, la belle-sœur du commandant dont ce dernier est secrètement amoureux, enfin secrètement, ça se voit comme le nez au milieu de la figure, faut dire que c’est Linda Darnell qui joue la veuve pas trop éplorée.

Ah Linda, encore un destin hollywoodien, une beauté remarquable (et remarquée) dès qu’elle se pointe à 17 ans, une carrière en dent de scie, un doigt, voire deux d’alcoolisme, touillons avec pas mal de mésaventures sentimentales, ça va donner un suicide raté, puis une mort moche, vraiment moche à 42 ans, brulée vive alors qu’elle avait la phobie du feu. Selon son biographe, au lieu de sauter par la fenêtre comme l’autre occupant de la maison en flammes, elle s’est précipitée vers la porte, mais la poignée était trop brulante pour qu’elle puisse s’en saisir…
A part la phobie du feu, elle avait aussi celle des chevaux, ce qui fait qu’elle a détesté tourner ce western, où elle doit monter pendant de longues séquences. A part çà, elle n’aimait pas beaucoup ses partenaires sur ce film, Joseph Cotten et Cornel Wilde (acteur vu dans viewtopic.php?p=312828#p312828).
Ceci dit, si vous voulez apercevoir Linda Darnell à son meilleur, ne ratez pas » A Letter to Three Wives » (Chaînes conjugales) qu’elle venait de tourner en 1949.

Pour en terminer avec ce film, signalons que Jeff Chandler qui venait de jouer quelques mois plus tôt, Cochise dans « Broken Arrow » (cf viewtopic.php?p=279284#p279284) est cette fois ci le commandant aigri, anti-sudiste mais aussi anti-indien et que les Indiens censés être des Kiowas sont joués par d’authentiques Navajos, ce qui n’est absolument pas la norme en 1950 où les figurants censés jouer les indiens ne sont quasiment jamais des natives .

En ce qui concerne le second, c’est une autre histoire : si l’on en croit beaucoup de critiques spécialistes du western, « Garden of evil » (le jardin du diable), 1954, dirigé par Henry Hattaway (voir aussi viewtopic.php?p=205303#p205303 ) est à la fois un chef d’œuvre du genre et un film à part.
Alors disons que je ne serai pas aussi dithyrambique, mais c’est vraiment un western particulier, qui a pas mal d’atouts de son côté :

Le scénario d’abord, 3 aventuriers, coincés dans un petit port du Mexique, sont engagés par une (séduisante) femme pour aller sauver le mari de cette dernière, coincé dans l’éboulement de leur mine d’or très productive, celle-ci étant située en plein territoire apache, alors que ceux-ci sont dans leur période « traque et mise à mort de tous les intrus ».

Les lieux du tournage ensuite, au Mexique, des paysages magnifiques et notamment un endroit très étrange, le village de Paricutin, recouvert par la lave à la suite de la « naissance » brutale d’un volcan en 1942.
Ca, c’est une histoire que je me rappelle parfaitement avoir vu aux actualités du cinoche de mon enfance, ça commençait comme ça « un jour, un paysan mexicain travaillait dans son champ de mais quand il a vu une fissure en train de s’agrandir, puis une petite butte de terre surgir, 1 mois plus tard, cette «petite butte » était devenue un volcan de 300 m de haut »…

Les acteurs, Gary Cooper, Richard Widmark notamment, mais aussi Susan Hayward qui est ici une espèce de femme fatale et puis dans un tout petit rôle, Rita Moreno, une beauté latino qui avait forcément tapé dans l’œil de quelqu’un d’important à Hollywood, du coup, on lui a écrit une séquence sur mesure où elle montre tout à la fois sa plastique et ses talents de danseuse et de chanteuse. Tapez Rita Moreno dans le Wiki english, vous avez une photo d’elle à 80 ans, vive la chirurgie esthétique, c’est incroyable…

Le dialoguiste a fait très fort par moment, avec des répliques d’anthologie, comme :
I guess if the earth were made of gold, men would die for a handful of dirt.
Ou bien des dialogues percutants :
[Fiske (RW) et Hooker (GC) regardent Rita Moreno en train de chanter en espagnol]
Fiske: I've found that pretty women speak the same language all over the world.
Hooker: What about the ugly ones?
Fiske: Never listened.

Tout ça et tu fais la fine bouche ?

Ben disons que le voyage aller à la mine est un peu longuet par moment, j’eusse préféré qu’on voit encore moins les Indiens (comme d’hab, alors que ce sont censés être des Apaches, on les a attifés comme des indiens des plaines), le suspense n’en eut été que plus grand et puis Gary Cooper est un peu trop too much dans son rôle d’aventurier au sang-froid à toute épreuve à la limite de Monsieur Je sais tout et je comprends tout (alors que Richard Widmark a, comme d’hab, un rôle plus ambigu, mais qui bascule, à la fin du bon côté, entendez qu’il se sacrifie littéralement).

Ah Gary Cooper, lui aussi, ça me rappelle des souvenirs, notamment quand il est mort en 1961 (à 60 ans) d’un cancer, dans l’hebdo de presse enfantine (et catho) auquel j’étais abonné, il avait été célébré comme un espèce de saint qui évoluait à Hollywood, faut dire qu’il s’était publiquement converti au catholicisme quelques années auparavant sous l’influence de son épouse.

Of course, quelques années plus tard, j’ai compris que tout ça n’était que de la poudre aux yeux, le bon Gary, marié ou pas, était un serial dragueur, comme disent les amerloques, avec leur sens de la formule, he had several high-profile relationships with actresses, évidemment que de la bombasse, Marlene Dietrich (jeune...), Anita Ekberg ou Grace Kelly (avant Monaco) pour ne citer que les plus illustres.

A l’aube de la cinquantaine, il a eu comme maitresse une jeune actrice, Patricia Neal, il l’a mise enceinte, l’a convaincu d’avorter, il l’a aussi gifflée quand Kirk Douglas l’a draguée, sa femme a demandé par lettre à Neal d’arrêter les dégats, le summum a été atteint quand la fille adolescente de GC a craché sur la pauvre PN qui a enfin rompu et s’est consolée avec Roald Dahl, un de mes écrivains favoris, tout ça sans que ça déborde trop dans les médias, vraiment une autre époque, les studios veillaient à préserver la réputation de leurs stars.

Finalement ce film, que je suis certain de n’avoir jamais vu avant cette semaine a réveillé quelques souvenirs annexes !


Revenir à « Le bistrot du Graoully »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 556 invités