Séb a écrit :Dominique Bijotat : « J’agirai autrement »
Très remonté à l’issue du revers concédé en Normandie (2-1), Dominique Bijotat a promis du changement dans les jours à venir. Mais de quelle marge de manœuvre dispose l’entraîneur messin ?
Dominique Bijotat a décidé de tourner le dos à ses habitudes récentes. Il promet du changement ! Photo Pascal BROCARD
Jusqu’à présent, Dominique Bijotat, sans esquiver les carences de son équipe, avait souvent fait preuve de mansuétude à l’égard de ses joueurs. Ce temps semble désormais révolu. Dans les entrailles du stade Jules Deschaseaux, vendredi soir, c’est un technicien courroucé qui a pris la parole. Mécontent du contenu, insatisfait de la manière, cette défaite consentie au Havre a réveillé de la rancœur chez l’homme.
Ces prochains jours, l’entraîneur devrait repenser en profondeur les contours de son système de jeu et du choix des hommes. En somme, rebâtir sur des fondations bien trop chancelantes pour la rudesse de la Ligue 2. La révolution silencieuse est en marche.
Changer les hommes ?
« Je suis remonté. Pendant soixante-quinze minutes, nous n’avons pas montré l’attitude ni l’âme d’une équipe qui joue sa survie ». En effet, l’apathie de ses hommes a conduit Metz à une chute prévisible : « On donne les occasions à notre adversaire ». Avant l’ouverture du score havraise signée Jovial, sur un service involontaire de Diagne (!), les visiteurs avaient renvoyé d’inquiétants signes de faiblesse : dans la relance (bourde de Brégerie dans l’axe), dans l’animation avec une nouvelle fois un Gaëtan Englebert en retrait et, mal persistant depuis le début de l’exercice, dans la finition. « Collectivement, il va falloir faire autrement. En tout cas, j’agirai autrement moi-même ». Cette menace sera suivie d’effets. Le choix des hommes pourrait ainsi faire débats dans les vestiaires messin. A titre d’exemple, on imagine mal Tenema N’Diaye survivre à cette énième sortie insipide, ponctuée de maladresses et de pertes de balle annihilant les faibles velléités mosellanes.
Le problème pour l’entraîneur réside dans la faible marge de manœuvre à sa disposition dans le secteur offensif. Ces prochains jours, Thibaut Bourgeois et Rudy Gestede devraient retrouver du crédit. Ces deux attaquants, écartés du groupe pro depuis la réception de Sedan, abattront leur dernière carte avant l’issue des matches aller. Merlin Tandjigora, intéressant dans la percussion, peut lui aussi profiter des malheurs messins pour se frayer un chemin sur les prochaines feuilles de match. Enfin, il semblerait opportun d’installer plus durablement Yeni N’Gbakoto au cœur du projet collectif. En Normandie, le vainqueur de la Coupe Gambardella n’a fait son apparition qu’au retour des vestiaires. Un temps de jeu plus conséquent, qui renforcerait sa confiance, serait salvateur pour ce joueur créatif. Une denrée rare ici bas…
Changer le système ?
La formule éprouvée hors de Saint-Symphorien, soit un 4-2-3-1 satisfaisant depuis la neuvième journée à Tours (2-2), a touché ses limites. Au Havre, ce positionnement à mi-chemin entre prudence et ambition, n’a pas eu la solidité escomptée. Orphelin de Ludovic Guerriero, son âme guerrière, le milieu de terrain a manqué de robustesse et de clairvoyance face aux solistes normands. Adopter une stratégie davantage axée sur la récupération paraît plus conforme aux desseins d’un simple candidat au maintien. Dans le même ordre d’idée, la complémentarité entre Traoré et Englebert, censée dynamiser les offensives mosellanes, n’a pas eu le rendement attendu. Le Belge peine à prendre la mesure de son rôle de meneur de jeu. Ce qui n’est pas le cas du joueur prêté par Nice, capable à lui seul de guider les siens vers la zone de vérité. Sacrifier l’un ou l’autre est une nécessité.
Attendre le mercato ?
Dans sa situation plus qu’inconfortable (19 e, 13 pts), Metz ne pourra pas décemment faire l’économie du marché des transferts d’hiver. Dominique Bijotat l’a reconnu du bout des lèvres : « Bien sûr que si j’ai la possibilité de retoucher cet effectif, je le ferai. Mais tout le monde connaît la réalité économique du club ». Ladite réalité requiert la vente, ou le prêt d’un joueur pour recruter, d’après le directeur sportif Joël Muller. Soit, mais si par malheur ce départ n’était pas entériné, on imagine mal le club du président Bernard Serin poursuivre sa route en L2 dénué de renforts.
Le mal a, depuis longtemps, été clairement identifié : il se situe dans le secteur offensif, là où se perdent les bonnes intentions mosellanes depuis l’entame du championnat. La quête d’un buteur, voire d’un élément offensif pour épauler Mahamane Traoré, animera les décideurs messins. Dominique Bijotat a d’ailleurs dressé le portrait-robot de ces recrues espérées : « Au Havre, nous n’avions ni l’attitude, ni le comportement requis. Il nous faut des joueurs de caractère ». Que sa doléance soit entendue…