[Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois aussi»

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polskapolska
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[Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois aussi»

Messagepar polskapolska » 30 mars 2024, 09:17

Bonne lecture :bieres:

https://www.liberation.fr/sports/footba ... K7KB6STMU/

Alors que le FC Metz lutte contre la relégation en Ligue 2 en cette fin de championnat de France, les footballeurs Arthur Atta et Maxime Colin analysent avec pragmatisme la charge psychologique que la situation leur transmet.

Un joueur de foot porte le poids de ses propres performances et bien plus : il est redevable collectivement au quotidien sur ce qu’il apporte dans le jeu, dans le lien aux autres et même – les supporteurs le lui rappellent assez – sur les résultats et leurs conséquences. Pour les clubs, le maintien en Ligue 1 est un prérequis, une nécessité absolue (les recettes plongent en flèche en Ligue 2) et il concerne pas moins de huit clubs lors de cette fin de saison. Alors que le FC Metz, 17e du championnat et premier relégable, reçoit l’AS Monaco ce samedi 30 mars pour le compte de la 27e journée de Ligue 1, on est allé se poser longuement avec deux joueurs du club lorrain, le milieu Arthur Atta (21 ans) et le défenseur latéral Maxime Colin (32 ans), pour leur demander quelle est la charge psychologique incombant aux joueurs dans des situations tendues. Et si on est arrivé avec nos questions, on est aussi reparti avec, tant ce qu’ils ont raconté est loin des clichés circulant sur ces situations et la façon dont un vestiaire professionnel les appréhende.

Existe-t-il un stress particulier lié à une possible relégation ?

Arthur Atta : Je ne parlerais pas de stress mais d’une prise de conscience. On sait lire un classement. Mais on n’a pas le temps de stresser : les matchs viennent les uns après les autres, la saison avance et les joueurs savent leur mission, qui est de maintenir le club en Ligue 1. Le chemin est tracé. Concrètement, le staff technique ne fait pas de discours généraux mais parle de foot, insiste sur tel élément durant les séances d’entraînement ou fait passer tel message technique lors des causeries qui précèdent les matchs. Récemment, on a mis l’accent sur la coordination et la vitesse du pressing par exemple, parce qu’on n’est pas suffisamment au point. C’est du foot. On reste là-dedans.

Maxime Colin : A Birmingham, où je jouais le maintien, il y avait près de 400 employés. Tu sais très bien qu’une descente aura des répercussions sur l’emploi et tu portes lourd. Pour parler du FC Metz, je n’ai pas vécu la montée [en mai dernier, ndlr] mais on m’a quand même parlé de l’engouement, le club a battu son record d’abonnés [porté à 17 000] dans la foulée. Après, c’est plus simple quand le joueur prend du recul par rapport à l’enjeu. Avec l’expérience, je sais ce qui est bon pour moi, les routines le jour du match par exemple, et je n’ai aucune raison de les changer quand la pression monte. C’est un truc que j’ai appris à Troyes avec l’entraîneur Jean-Marc Furlan : ne pas laisser tes émotions te gérer. Ça vaut pour l’approche de la rencontre comme pour les événements du match ; ne pas tomber dans le défaitisme ou l’euphorie. Furlan parlait de «cold blood», garder le sang froid. Avoir une ligne de conduite, individuelle et collective. Et s’y tenir.

Existe-t-il des incidences concrètes ?

Arthur Atta : Les matchs se jouent, les nôtres et ceux des autres. Donc, on regarde les résultats des clubs de bas de tableau et on se projette un peu. Je ne vais pas jusqu’à regarder le calendrier des autres équipes, ça me semblerait… obsessionnel. On a quand même le maintien entre nos mains. Quant à ta façon de jouer… je ne vais pas me cacher et être inhibé à cause de l’enjeu, c’est plutôt le contraire (sourire). Plus j’ai le ballon, mieux je me porte et il m’arrive de trop le demander, dans le sens où je dois parfois faire quelques mètres de plus pour qu’on puisse me le donner plus haut, dans une meilleure position. Après, on ne va pas se mentir, notre équipe n’a pas énormément le ballon non plus [par rapport à l’adversaire] et parfois, le mieux, c’est de ne pas se projeter vers l’avant, de rester en place pour laisser l’adversaire venir et le contrer. L’idée, c’est de demander le ballon avec une intention et non pas le demander pour le demander.

Maxime Colin : La notion de plaisir est différée après le coup de sifflet final. Le match, c’est un examen : tu es reçu ou pas. Contre Clermont (1-0, le 10 mars), j’obtiens un penalty peu après la demi-heure de jeu mais sur le coup, je n’étais pas… (pensif). Déjà, il fallait le transformer. Ensuite, c’était tôt dans le match. Enfin, je peux faire deux boulettes après ça et faire perdre mon équipe. Tu ne t’échappes jamais du match. Je pars du principe que si les quatre défenseurs ne font pas d’erreur – un placement imprécis, un marquage trop lâche, tu oublies de resserrer à l’intérieur du jeu quand le ballon vient de l’aile opposée –, il y a de grandes chances que l’on ne prenne pas de but. Tous les centres ne font pas les buts, mais je suis là pour en bloquer une majorité. Je vois le poste de défenseur comme un métier différent, avec une responsabilité décuplée.

L’âge joue-t-il un rôle ?

Arthur Atta : Ce n’est pas l’âge qui te fait progresser, mais l’expérience. Elle te donne des repères. En jeune, parfois, j’avais l’impression d’être bon tout en passant à côté de mon match : ça voulait tout simplement dire que je n’étais pas assez bon. Tu apprends à mettre le curseur. Personnellement, j’ai passé du temps sur le banc cette saison [4 titularisations et 10 rentrées en jeu à ce jour, ndlr] et il m’a fallu appréhender la frustration. A mon échelle, ce fut un apprentissage important. Travaille, fais-toi confiance, ça finira bien par s’ouvrir…

Maxime Colin
: Quand je jouais à Birmingham, on a eu des jeunes mecs en prêt qui venaient de très gros clubs, comme Chelsea ou Tottenham. Je peux vous dire qu’ils avaient compris beaucoup de choses. Après, les anciens doivent souvent porter le fardeau. Il peut y avoir différents contextes mais l’idée générale est partout la même : mettre de l’intensité, de la concentration dans une situation où il est plus facile de se laisser aller que de se retrousser les manches. Après, le leadership ne suit pas la courbe de l’âge. Un joueur doit prouver pour avoir l’oreille du vestiaire mais certains n’ont tout simplement pas ça en eux, parce qu’ils n’ont pas l’ego qui les pousse dans ce sens-là ou parce qu’ils ne désirent pas aller plus loin. Exprimer cette limite, c’est aussi faire preuve d’honnêteté.

Si un club descend, les joueurs, eux, peuvent signer ailleurs. Existe-t-il un risque que ceux-ci s’échappent, ou se désolidarisent du groupe ?

Maxime Colin : Pour ce que j’ai pu en voir dans la carrière, le risque est double. Premièrement, rentrer dans une logique «ce n’est pas de ma faute, mais c’est de la leur». Deuxièmement, penser d’abord à soi. Ça ne se voit pas beaucoup mais ça se voit quand même. Quand tu mets 5% d’énergie de moins, que tu ne fais pas les deux ou trois mètres qui permettent d’aider un coéquipier, le décalage est fait et toute la différence entre un 0-0 et une défaite 1-0 est là. Tu peux te dire «bon, j’en mets 95%, c’est pas mal», sauf que non, ce n’est pas possible. On se connaît depuis des mois, on sait ce que l’autre est capable de faire ou pas. Après, tu ne vois pas tout, tu ne sais pas ce que le gars fait chez lui, s’il se couche tôt par exemple. Alors oui, des joueurs peuvent se dire qu’ils partiront en cas de relégation. Et ils se trompent. Déjà, si tu es impliqué dans une descente, ta valeur baisse parce que tu étais dans le même bateau. Ensuite, ton club n’est pas obligé de te vendre si tu es encore sous contrat et il peut décider de te faire joueur en Ligue 2, il en a le pouvoir. Enfin, il y a de plus en plus de joueurs professionnels sur le carreau, qui ne trouvent pas de travail et ce n’est pas anodin non plus.

Arthur Atta : On a commencé le championnat avec l’objectif du maintien, on l’a en tête depuis le premier jour. On est dans l’action, pas à se dire «mais s’il se passe ci ou ça». Les deux victoires de suite [2-0 à Nantes le 3 mars et 1-0 devant Clermont, après 11 matchs sans victoires, ndlr] nous ont donné quelque chose à quoi nous raccrocher. Tant que tu n’es pas largué au classement, tu fais ton taf, tu ne penses pas à la dureté du métier. Tu dois quelque chose au public qui vient en masse, au club, et tu te le dois aussi.

Quel type de discours vous tient-on ?

Arthur Atta : Le discours tenu par les cadres, c’est «pas de panique, on est dedans». Si ça ne passe pas un jour, ça peut passer plus tard. Parfois, tu es catastrophique à l’entraînement sur un exercice mais ça passera lors du match parce que tu auras installé l’idée. A Nantes, on était parti sur le fait que je devais me projeter vers l’avant et suivre les actions offensives. Ce n’est pas passé ce jour-là, mais ça a marché deux semaines plus tard à Reims [où il a égalisé, malgré une défaite 2-1 du FC Metz].

Maxime Colin : J’ai tout entendu depuis que je joue en professionnel. Certains staffs pètent les plombs, d’autres essaient de relativiser… ça dépend du coach, de la structure de ton vestiaire. Je me souviens d’un match contre Brendford avec Birmingham City, on avait gagné 1-0 et le président du Brendford FC, que je connaissais puisque j’avais passé deux saisons là-bas, était venu me serrer la main. Ils étaient à fond sur les stats et le président était ravi : «Bon, on a perdu 1-0 mais d’après les statistiques du match, on avait 87% de chance de gagner», ça lui suffisait. Vous savez quoi ? C’est lui qui avait raison. Parce que le FC Brendford est monté en Premier League à la fin de cette saison-là. Certains entraîneurs te font un retour positif si tu gagnes, d’autres regardent le contenu… Quand on s’impose (0-1) à Lens en septembre, on subit 31 tirs. Si on en suit les statistiques, on ne doit pas gagner.

Plus généralement, trouvez-vous le métier de joueur plus difficile sur le plan psychologique que celui des gens qui vous entourent ?

Arthur Atta (fait la moue) : Non. Dans mes années de formations rennaises, j’étais dans la Section, en marge du centre de formation : c’est à Metz que j’ai connu le football d’élite, avec un suivi physique et tes matchs décortiqués. J’ai trouvé ça collectivement très agréable parce qu’on avait tous les mêmes rêves, les mêmes ambitions. Certes, la pression individuelle existe, mais tu sais aussi que tout le monde ne sera pas pro et, dans ton quotidien, tu parles le même langage que ceux qui sont là. A partir d’un certain niveau, il est clair que tu joues pour gagner. Je pense pourtant que si tu progresses, tu peux retrouver ce plaisir que tu éprouvais quand tu jouais en étant gosse, ou du moins l’approcher un peu. Je crois en ça.

Maxime Colin : Je peux penser le foot d’une certaine façon mais ça ne dira rien de la manière dont un autre joueur le voit. Ce n’est pas écrit dans un bouquin. Le jour où tu ne ressens plus de pression, ça veut dire que tu t’en fous, que tu n’as plus d’appartenance au club. Autant dire que la fin est proche. Alors oui, il ne faut pas que ça te bouffe. Mais tu ne dois pas passer de l’autre côté non plus.

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pilch
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar pilch » 30 mars 2024, 09:36

C'est intéressant mais c'est vrai que parfois les réponses n'ont pas de rapport avec les questions

david7
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar david7 » 30 mars 2024, 09:38

Un article de Libé sur le forum ça doit être une grande première ;-)
En tous cas c’est intéressant : les 2 sont capables d’une prise de recul sur leur vécu et leur expérience, et d’un certain franc-parler. Ça change des tartes à la crème insipides qui ressortent souvent des interviews de footballeurs, même si à leur décharge, c’est compliqué de faire des réponses quand les questions sont aussi souvent des poncifs…
Du plaisir à le lire en tous cas merci, car sur le site de Libé il était bloqué.

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lucalesmetz
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar lucalesmetz » 30 mars 2024, 10:27

Merci pour cet article !

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Couleurdhiver
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar Couleurdhiver » 30 mars 2024, 11:00

"s’il se couche tôt par exemple" :mrgreen: :mrgreen:
Elle est ciblée celle-là ? :-P

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polskapolska
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar polskapolska » 30 mars 2024, 14:36

david7 a écrit : Un article de Libé sur le forum ça doit être une grande première ;-)
En tous cas c’est intéressant : les 2 sont capables d’une prise de recul sur leur vécu et leur expérience, et d’un certain franc-parler. Ça change des tartes à la crème insipides qui ressortent souvent des interviews de footballeurs, même si à leur décharge, c’est compliqué de faire des réponses quand les questions sont aussi souvent des poncifs…
Du plaisir à le lire en tous cas merci, car sur le site de Libé il était bloqué.
Pur hasard, je ne regarde quasi jamais les pages 'sport' de Libé (trop généraliste, on va dire - ce qui se ressent dans les questions posées, somme toute effectivement plutôt banales).
Mais bon, c'est pas tous les jours qu'on y est ! :metzch:

david7
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar david7 » 30 mars 2024, 17:09

polskapolska a écrit :
david7 a écrit : Un article de Libé sur le forum ça doit être une grande première ;-)
En tous cas c’est intéressant : les 2 sont capables d’une prise de recul sur leur vécu et leur expérience, et d’un certain franc-parler. Ça change des tartes à la crème insipides qui ressortent souvent des interviews de footballeurs, même si à leur décharge, c’est compliqué de faire des réponses quand les questions sont aussi souvent des poncifs…
Du plaisir à le lire en tous cas merci, car sur le site de Libé il était bloqué.
Pur hasard, je ne regarde quasi jamais les pages 'sport' de Libé (trop généraliste, on va dire - ce qui se ressent dans les questions posées, somme toute effectivement plutôt banales).
Mais bon, c'est pas tous les jours qu'on y est ! :metzch:
Je n’ai pas de certitude, mais ça fait des années que je reçois les notifications de Libé et j’avais jamais vu les mots FC Metz ;-)

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Jeanmich57
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Re: [Libé 30/03] La lutte pour le maintien en Ligue 1 : «Tu dois quelque chose au public, au club, et tu te le dois auss

Messagepar Jeanmich57 » 30 mars 2024, 20:16

polskapolska a écrit :
david7 a écrit : Un article de Libé sur le forum ça doit être une grande première ;-)
En tous cas c’est intéressant : les 2 sont capables d’une prise de recul sur leur vécu et leur expérience, et d’un certain franc-parler. Ça change des tartes à la crème insipides qui ressortent souvent des interviews de footballeurs, même si à leur décharge, c’est compliqué de faire des réponses quand les questions sont aussi souvent des poncifs…
Du plaisir à le lire en tous cas merci, car sur le site de Libé il était bloqué.
Pur hasard, je ne regarde quasi jamais les pages 'sport' de Libé (trop généraliste, on va dire - ce qui se ressent dans les questions posées, somme toute effectivement plutôt banales).
Mais bon, c'est pas tous les jours qu'on y est ! :metzch:
J'aime bien Gregory Schneider de Libé. Il intervient souvent sur l'équipe du soir.


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