Au terme d’une rencontre très électrique, les Messins, réduits à dix peu avant la pause, se sont contentés d’un résultat nul (2-2), hier face à Laval. Logique mais frustrant.
Kevin Diaz et les Grenats ont été accrochés par une formation mayennaise à l’aise à l’extérieur. Pascal BROCARD.
d
epuis de longues semaines, s’imposer à domicile est érigé comme un véritable devoir du côté de Saint-Symphorien. Un texte inscrit à l’encre indélébile sur la Déclaration universelle des droits de l’homme messin version 2011-2012. Et personne ne s’en plaindra. Au contraire. Mais le plus difficile, évidemment, reste de parvenir à transformer ces bonnes paroles dans les actes. Dominique Bijotat avait pourtant prévenu, à la veille de la réception de Laval, tout « excès, quel qu’il soit, est dangereux dans notre métier. »
Le message de l’entraîneur messin a mis un certain temps avant d’être entendu. Trop brouillons, trop fades, trop crispés, trop nerveux, les Messins ne sont que trop rarement parvenus à déployer des arguments suffisamment solides pour mener à bien leur mission durant une première période hachée, au sens propre comme au figuré. Et deux événements symbolisent ces quarante-cinq premières minutes particulièrement pénibles : l’ouverture du score signée Badiane au milieu d’une défense pour le moins attentiste (0-1, 8 e) et l’exclusion, peu avant la pause , d’un Ludovic Guerriero un peu trop généreux et excédé par les décisions de M. Lavis (45 e+2). Pour les droits et les devoirs, on repassera.
D’autant que Laval, sans complexe, a développé son jeu, démontré une belle aisance en contres mais également dans les arts martiaux. Résultat, les Lorrains ont souvent été privé de ballons, même si Duhamel (19e) et Traoré (22e) ont entretenus l’espoir. Finalement, au milieu de ce mouvement en jaune majeur, les Messins parvenaient à revenir dans le match : la tentative de Duhamel, contrée par la main de Belaud, offrait un penalty que le numéro dix grenat transformé sans trembler (1-1, 36e). Rideau.
Regain d’énergie
Réduits à dix, les hommes de Dominique Bijotat allaient-ils sombré où repousser leurs limites comme le réclamait Joris Delle quelques heures avant cette sixième journée ? S’ils avaient regagné les vestiaires têtes baissées, c’est avec le regard haut que les Lorrains retournaient au combat. Traduction de ce regain d’énergie et d’enthousiasme : un coup franc rapidement joué par Traoré pour Diaz ; le centre de ce dernier trouvait Duhamel qui, d’une superbe reprise de volée acrobatique, signait son premier doublé de la saison. L’attaquant messin permettait surtout à son équipe de prendre l’avantage (2-1, 59e). Logique malgré tout… A l’image d’un Kevin Diaz jusque-là peu inspiré, le FC Metz retrouvait cette générosité qu’il est souvent parvenu à trimballé ces dernières semaines. D’ailleurs, le milieu de terrain prêté par Monaco était à deux doigts de mettre les siens à l’abri, mais Balijon était attentif (76e). « On a cherché à continuer à jouer malgré tout, a souligné Dominique Bijotat. Et nous sommes parvenus a perturbé cette équipe de Laval. Mais malheureusement, il y a eu cette faute d’inattention. » En effet, si les Lorrains démontraient qu’ils étaient capables de (bien) jouer au ballon, ils cédaient une seconde fois lorsque Le Baron gagnait son titre de noblesse en grillant la politesse à Fallou (2-2, 76e). Frustrant, d’autant que même en infériorité numérique, Metz a prouvé qu’il pouvait être dangereux, mais ni Traoré, sur une remise de Keita (85e), ni Pouye, auteur d’une belle frappe enroulée (90e+2), ne parvenaient à remettre leur équipe dans le droit chemin. Au sortir de ce résultat nul, « assez logique » selon Dominique Bijotat, les Messins restent invaincus à domicile et s’accrochent à leur sixième place. C’est déjà ça.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Et Duhamel a surgi…
Romain Metanire. Photo Pascal BROCARD.
EN VUE
Kévin Diaz. Absent des débats en première mi-temps, un brin amorphe, Kévin Diaz a toutefois justifié son statut de joueur décisif au retour des vestiaires. Sa patte gauche a délivré un centre délicieux à Mathieu Duhamel (60e). Cinq minutes plus tard, dans un angle fermé, il n’a pas été loin de tromper lui-même la vigilance du gardien.
Mahamane Traoré. Alors que Metz balbutiait dans les grandes largeurs son football en première mi-temps, sa touche technique a remis ses partenaires dans le sens de la marche. A l’aise dans les petits espaces, clairvoyant dans le jeu long et n’hésitant à porter seul le danger dans la défense lavalloise, Traoré se révèle toujours aussi précieux. Dans les bons, comme dans les mauvais moments…
Adama Tamboura. Actif, plein de punch et toujours aussi volontaire pour s’affranchir de sa simple tâche de défenseur, Adama Tamboura a légitimement (re) gagné ses galons de titulaire.
Dans l’ombre
Diagne Fallou. Son aptitude à relever le défi physique imposé par ses adversaires ne saurait gommer ses déficiences dans la relance. Une fois encore, le défenseur central a accumulé les fautes de goût balle au pied. Son repositionnement aux côtés de David Fleurival en milieu de seconde mi-temps l’a quelque peu soulagé.
Ludovic Guerriero. Fortement mécontent de son premier avertissement en début de soirée, il n’a pas su contenir son incompréhension. En multipliant les contestations auprès de l’arbitre, il est allé au-delà de son statut de capitaine. Son tacle inutile dans les dernières secondes de la première mi-temps s’est accompagné du rouge. Frustrant pour lui, extrêmement pénalisant pour son équipe…
Paroles, paroles…
Philippe Hinschberger (entraîneur de Laval) : « On fait un nul pénible à onze contre dix. Mais ce n’est pas toujours facile de contourner un bloc de huit joueurs adverses en défense. En deuxième mi-temps, je ne sais pas trop ce que nous voulions faire mais heureusement les changements nous ont dynamisés. »
Mathieu Duhamel (attaquant du FC Metz) : « Ce point ? Je suis un compétiteur donc je vais dire que je suis frustré. Maintenant, il faut reconnaître que nous nous sommes bien battus à dix. Nous préservons notre invincibilité ce qui est bon pour l’état d’esprit. »
Dominique Bijotat (entraîneur du FC Metz) : « J’éprouve un sentiment partagé. Après notre mauvais départ, nous avons trouvé les ressources pour égaliser avant l’expulsion de notre capitaine. Une expulsion que nous avons vécu comme une petite injustice car je trouve que les cartons sont sortis trop rapidement. Ce score ne nous suffit pas car nous sommes devenus exigeants… Mais il faut reconnaître que ce nul décroché par Laval n’est pas immérité. »
Temps additionnel
« Je ne pense pas avoir quatre-vingt-dix minutes dans les jambes. » La confession dans nos colonnes de Franck Signorino, ancienne tête bien connue du FC Metz, s’est heurtée aux desseins de Philippe Hinschberger. Hier, l’ancien latéral grenat, débarqué tardivement à Laval, a tenu tout le match avec sa hargne coutumière. La belle-famille mosellane du joueur devait être fière du gendre…
Jean-Michel CAVALLI.
TRIBUNE LIBRE
Le péril jaune
La Ligue 2 méritait, hier, ses plus belles lettres de noblesse : V pour virilité, C pour contact ou encore M pour maladresse. Championnat régulièrement décrié, la L2 a accouché d’un de ses plus beaux spécimens de prestation à oublier. En l’espace de 45 minutes et des poussières, pas moins de sept cartons jaune ont été distribués par William Lavis. C’est beaucoup. Beaucoup trop au goût d’un Dominique Bijotat ne sachant plus sur qui déverser son incompréhension. Beaucoup trop au goût de Ludovic Guerriero, sans cesse dans la réclamation après son premier avertissement. Le destin du capitaine messin dans cette partie était prévisible. Il ne manquait que l’étincelle, matérialisée par un tacle inutile dans le temps additionnel de la première mi-temps, pour le renvoyer définitivement aux vestiaires. Hachés comme un steak saignant, ces quarante-cinq minutes auront démontré que la créativité était (parfois) une valeur secondaire dans l’antichambre de l’élite. Triste.
J.-M. C.
L’HOMME DU MATCH
Mathieu Duhamel. Photo Pasacl BROCARD
L’HOMME DU MATCH
Mathieu Duhamel. Pugnacité, opiniâtreté et sens du sacrifice. Hier encore, Mathieu Duhamel a fait du Duhamel. Toujours aussi précieux comme point de fixation, toujours aussi prompt à prendre la profondeur, Mathieu Duhamel n’est pas un être facilement impressionnable. L’attaquant a d’abord ajusté Arnaud Balijon avec intelligence sur penalty pour ramener les siens sur de bons rails. Avant de délivrer Saint-Symphorien d’une reprise de volée étincelante après un travail d’orfèvre de Kévin Diaz. Deux buts et une présence plus que réconfortante : oui, Duhamel a fait du Duhamel…
