Mardi, Thibaut Bourgeois est entré lors des dix dernières minutes de Metz - Brest. L’organisation de jeu privilégiée le laisse pour l’heure sur la touche. Photo Pascal BROCARD.
Il n’y a même pas eu à formuler la proposition à ce défenseur messin croisé mardi soir à l’issue du deuxième 0-0 infligé à la galerie locale, il a lui-même anticipé sur la question qui n’allait pas lui être posée : « Et là, vous allez me demander s’il faut recruter un attaquant ? » Perdu ! Ce soin, il suffit de le laisser aux premiers concernés, qui ont élevé le débat au rang de rengaine depuis que Papiss Cissé a décidé d’aller voir à Fribourg si l’herbe poussait plus verte qu’en Lorraine.
A l’occasion, cela fera une excuse commode, en cas d’échec : comment voulez-vous réussir à monter quand vous perdez votre meilleur buteur ? C’est oublier un peu vite que le meilleur buteur en question (8 réalisations en 16 matches) caracole également en tête du classement des occasions manquées. Accessoirement, il est temps pour le FC Metz de résoudre ses problèmes offensifs, qui sont aussi un problème d’attaquants : au train où vont les choses, ceux qui restent finiront par passer pour des incapables et Papiss Cissé pour Jules Bocandé et Bernard Zenier réunis. Le tout serait d’une part injuste et, d’autre part, exagéré.
Mardi soir, Yvon Pouliquen a redit son espoir d’accueillir un renfort extérieur, selon l’hypothèse émise lorsque ses dirigeants ont réussi la performance d’obtenir 1,6 million d’euros pour Papiss Cissé. Sinon ? Sinon, « nous lancerons des jeunes », a affirmé l’entraîneur messin, qui avait titularisé Diafra Sakho à Lyon, la semaine dernière, en Coupe de la Ligue. Cet autre représentant de la filière sénégalaise du FC Metz a fêté ses vingt ans à Noël, et il est remarquable de noter combien quelques jours auront suffi à lui permettre de passer Thibaut Bourgeois, son conscrit, au hit-parade des attaquants en vogue.
C’est notamment une question de profil : dans l’organisation actuellement privilégiée par Yvon Pouliquen, Bourgeois ne possède pas les caractéristiques de l’attaquant de pointe. C’est aussi une question de choix : le maintien du 4-2-3-1 et, de facto, le rejet du 4-4-2 excluent d’un même élan le retour aux affaires du sauveur de la patrie grenat et de quelques têtes, début octobre, grâce à son doublé renversant lors de Metz - Laval (0-2, puis 3-2). Depuis, en championnat, Thibaut Bourgeois n’a été titulaire qu’à deux reprises, lors des deux matches qui ont suivi, avant de disparaître sur le banc.
A Omotoyossi de jouer ?
Un seul être manque à son attaque patraque, et Metz devrait s’en trouver dépeuplé ? Outre qu’ils finiront par se lasser de se l’entendre dire, les intéressés le nient. « Tous les attaquants du vestiaire ont le niveau et nous sommes toujours là pour jouer la montée », affirmait par exemple Thibaut Bourgeois, dans nos colonnes, le 6 janvier. Parmi « les attaquants du vestiaire », figure un absent qui, lui, reviendra bientôt : Razak Omotoyossi a précisément été recruté, en juin, en prévision d’un transfert susceptible d’intervenir dès l’été dernier. La suite est connue. A son retour de la Coupe d’Afrique des Nations, le Béninois aura peut-être l’occasion de rattraper le temps perdu : il aurait déjà dû être titulaire, le 20 décembre, sans le report de Metz - Caen.
Entraîner un club soumis à quelques exigences pécuniaires n’est pas simple. Et trouver la formule efficace revient toujours à résoudre une équation à multiples inconnues. Voilà pourquoi, fin janvier, c’est un peu comme si Yvon Pouliquen devait tout recommencer pendant que la concurrence, pour sa part, garde toutes ses forces quand elle ne les complète pas. C’est la raison pour laquelle, mardi soir, l’entraîneur messin a évoqué « des objectifs revus à la baisse », en cas de statu quo : l’ouverture du parapluie, sous un ciel incertain, est une pratique très courue au sein de sa corporation.
Les Messins ne savent pas encore s’ils accueilleront un attaquant supplémentaire, parce que la perle est rare et parce que le précédent Jestrovic, dernier fiasco en date, il y a un an, reste dans toutes les mémoires. Une seule certitude alimente ce débat qui pollue l’air d’un candidat à la montée successivement tenu en échec par l’avant-dernier (Istres) et par le deuxième (Brest) : Momar N’Diaye ne sera pas le nouveau Papiss Cissé. Depuis hier, il discute d’un transfert avec Aalen, club allemand de troisième division. Donc, son entraîneur ne s’oppose pas à son départ.
Sylvain VILLAUME.