Tu sais, passé un certain âge, moi, ce fut à la paternité, quand j'ai emmené mon fils au stade, qu'il en est de même avec sa soeur, c'est là que ça a basculé. Avant, j'étais comme tant de jeunes au stade. Le type qui joue en amateur, qui veut que son équipe l'emporte histoire de ne pas prendre trop de scuds à l'entraînement.Livingstone a écrit : Amsalem, tes écrits sont toujours des perles.
Ce que j'aime te lire, ce que tu exprimes résonnent à 100% avec tout ce que je ressens pour le FC Metz.
Comme tu le soulignes fort justement : "A quoi ça sert d'être en L1 pour faire de la figuration ?"
A un avant-match, je discutais avec des supporters grenats de manière informelle, je leur disais : "A quels moments les supporters sont heureux avec les Grenats lors des 20 dernières saisons ?" -> Uniquement quand on monte de L2 en L1. Il n'y a que là.
Après, l'approche a considérablement évolué. Tu comprends que ta vie, autocentrée, tournée vers le résultat, c'est pas/plus ça.
Maintenant, on est dans l'ordre du familial, de la transmission, de la culture même.
Un parent, c'est le prof de ses enfants. Il ne se substitue pas à l'enseignant scolaire, non, il le complète.
Il peut lui parler de sa région, de là où il est né, de son histoire particulière, de ses lieux, de ses grands Hommes, de sa gastronomie aussi.
En plus, il a un bon coup de fourchette.
Il peut lui dire que tout ça, c'est pas du repli sur soi, c'est savoir d'où l'on vient pour, justement, s'ouvrir à l'altérité.
Alors il parle de son club, de ce club, de son histoire.
Souvent, il utilise des termes comme "footix", "mastres", et ça fait rire ses gosses.
Surtout, ses enfants, il les emmène avec son propre père, et là, t'as trois générations qui se côtoient, en plus dans la même tribune, une tribune de petits, de sans-dents, de turbulents, une tribune qu'il a lui-même aimé depuis qu'il est gosse, une tribune où t'as des gens de toutes conditions, pourtant, qui sont là. C'est marrant, parce que sans connaître leur prénom, il voit qu'il a vieilli avec certains. Les mêmes visages, d'une décennie à l'autre.
Il sait que peu importe la division, lui, sera là.
Son père, inch’Allah, pour encore quelques années.
Ses enfants ? Il n'en sait rien. A voir si la passion s'est enracinée pour le long, ou non. Par contre, il y croit.
Il prend son bonheur là où il peut.