
Le milieu de terrain offensif retrouve Metz avec bonheur et sérénité. Romain Rocchi n’est plus tout à fait le même qu’en 2010. Il a connu des joies sportives et personnelles dont la plus grande : celle d’être père.
On l'avait quitté le crâne rasé. Trois ans plus tard, les cheveux sont un peu plus longs, le regard toujours doux comme l'accent du Sud chantant dans sa voix rauque. Romain Rocchi foule à nouveau les pelouses d'entraînement du FC Metz. A 32 ans, le milieu de terrain revient en terre grenat, attendu et reconnu pour son talent et son état d'esprit. «Si tout se passe bien, Metz pourrait constituer le club où j'ai joué le plus grand nombre d'années», dit-il. L'acte 1 s'était terminé avec «un goût d'inachevé». Objectif déclaré, rêve accessible, la montée en Ligue 1 était finalement tombée dans les limbes d'une saison gâchée. «C'est l'un des plus gros regrets de ma carrière», lâche Romain Rocchi.
Devoir inaccompli
C'est donc le sentiment du devoir inaccompli qui l'a ramené ici. Et à quelques jours de faire son retour à Saint-Symphorien face à Laval, le jeune homme a la mine apaisée. Entre le Rocchi d'hier et le Rocchi d'aujourd'hui, une chose essentielle a changé. Il est devenu papa d'une petite Lou-Anne, âgée de 19 mois. «Cela me fait peur d'aimer quelqu'un autant», confie-t-il avant de dévoiler une part de son intimité : une vidéo où on le voit hilare aux côtés de sa petite fille. Elle lui a changé la vie, dans tous les sens du terme. «Je relativise sur plein de choses». Sportivement aussi, Romain Rocchi n'est plus tout à fait le même. «Je me sens plus posé. J'ai progressé dans mon jeu. L'année dernière j'ai réalisé une des meilleures saisons de ma carrière. J'ai toujours autant de plaisir et d'envie. Je reste un passionné».
La première fois, c'était à quatre ans et demi. Premiers coups de pied dans un ballon à l'école de foot de l'Isle-sur-Sorgues dans le Sud-Est. Et voilà, poussé par sa maman, Romain Rocchi est devenu accro au foot. A 13 ans, il entre au centre de formation de Cannes. Changement de monde. «J'ai appris que le foot pouvait représenter un métier avec de la concurrence». Il y reste jusqu'à ses 20 ans, «avec des hauts et des bas. Le plus dur était de concilier le foot et les études». Bac STT en poche, Romain Rocchi part pour la capitale et un club mythique, le PSG. Il y côtoie «des grands hommes, des grands joueurs». Sa vie change à nouveau. «J'avais 20 ans, j'étais célibataire. J'ai fait les expériences que je devais faire», confie pudiquement le joueur. Ensuite, sa carrière a connu les pérégrinations d'un joueur de foot, une saison par-ci, une saison par-là, l'impression de ne jamais se poser, d'être toujours en correspondance. Romain Rocchi ne se lasse pas de cette vie de voyages. «Je me dis que j'ai de la chance de pouvoir rencontrer des personnes différentes. A chaque fois, j'ai pris le meilleur».
Pour le plaisir
Après Metz durant deux saisons, Romain a signé avec l'Hapoël Tel Aviv. Nouveau changement de température. «Je perdais trois kilos à chaque entraînement. Physiquement, c'était compliqué». Il découvre également une autre façon de vivre et de travailler. Mais comme d'habitude, il ne retient finalement que le meilleur : la Ligue des Champions. Il serait d'ailleurs resté une saison de plus si Arles Avignon ne lui avait pas fait une proposition difficilement refusable. Tout proche de sa famille, dans un club qui évolue alors en Ligue 1, Rocchi dit oui. Il achète même une maison. Mais choisit finalement de repartir vers un challenge qui sportivement lui semble plus excitant. Il ne serait pas parti pour n'importe quel club. A Metz, il se sent presque comme à la maison même si les visages ont changé. «J'ai l'impression que le club est encore plus convivial qu'auparavant». Comme s'il s'était soudé dans la douleur d'une descente et d'une saison en National. Le contrat affiche une durée de deux ans voire plus si affinités. Romain Rocchi aimerait pouvoir se poser plusieurs saisons à l'Est. Mais quand on joue au foot, l'imprévisible est une règle. Romain Rocchi sait une chose : il prendra du plaisir. C'est déjà le cas, chaque matin quand il arrive à l'entraînement.
Mes coins perso
Cannes et Metz
« Cannes : j’ai été formé là-bas, j’y suis devenu un homme. C’est une ville ni trop grande ni trop petite, très agréable à vivre. Metz, pour ses proportions idéales. Avec ma femme, nous nous y plaisons vraiment. On peut y faire plein de choses, Notamment de la pêche au brochet. Je pêche à la truite depuis que je suis tout petit».
Mes livres
« J’ai essayé mais je n’y arrive pas (rires). Je préfère être dehors ou faire des activités manuelles. Du vélo, du skate, de la pêche».
Mon film
La vie est belle de Roberto Benigni
« J’en citerai trois : La vie est belle, Le dernier samouraï et Braveheart. Je regarde très peu la télévision».
Mon resto
«Avec ma femme, nous sommes des fans de sushis. Nous allions souvent au @Gourmand ? Oui, quand je me retrouve face à un pot de Nutella»
Mes modèles
«Zizou, David Beckam, Ryan Giggs. On ne peut que les admirer pour leur simplicité, leur classe, leur professionnalisme».
Mon refuge
Bricolage et jardinage
« La musique, le bricolage, le jardinage. Seul et tranquille quand je pratique ces activités, je ne pense à rien et cela me va bien».
Mon coup de gueule
« Contre tous les papiers que l’on doit fournir pour louer un appartement. Je suis en plein dedans ! »
Ma devise
“Dans la vie, il n’y a pas de hasard. Tout ce l’on obtient, on le mérite”
Des mots que me répétaient souvent mon entraîneur en moins de 17 ans.
Ma musique
De tout sauf du classique
« J’écoute beaucoup de musique et de tout... sauf de la musique classique. Cela va de Coldplay à la Sexion d’assaut en passant par Feist»
Mon souhait
“Apporter ici ce que l’on attend de moi. Rester le plus longtemps possible à Metz. Etre heureux”
http://www.lasemaine.fr/2013/07/26/milieu-affectif
Par Aurélia SALINAS • Journaliste de La Semaine •