Philippe Gonigam (créateur du diplôme) et Denis Schaefer (directeur du centre de formation du FC Metz) ont accueilli la première promotion, en Lorraine, du diplôme universitaire de management d’une carrière de sportif professionnel. Photo Pascal BROCARD
Après Strasbourg et Paris, la Moselle a lancé, au centre de formation du FC Metz, la première promotion de jeunes champions qui vont passer le diplôme universitaire de management d’une carrière de sportif professionnel.
Parce que le terrain ne peut plus, de nos jours, exclure le tableau noir ou l’écran d’ordinateur, le diplôme universitaire de management d’une carrière de sportif professionnel a fait son chemin depuis sa création, en 2012, à l’université de Strasbourg.
« Non seulement, il s’agit d’un outil d’enseignement à distance qui dispense de vrais cours, avec des rendez-vous mensuels, mais il est aussi lié à des contrats de travail permettant une protection sociale. En ce domaine, c’est une avancée primordiale » , explique Philippe Gonigam, ancien athlète œuvrant pour le Moselle Sport Académie. Un département 57 dans lequel ces futurs grands des stades ont trouvé une raison supplémentaire de rester.
L’Alsace comme rampe de lancement, l’Insep Paris (fin octobre) pour asseoir une notoriété légitime, la Lorraine pour réunir une belle et première promotion de champions toutes catégories et d’horizons divers. Suivant Sachina Vignes, n°1 française de badminton, et Nicolas Rousset, leader du sabre national, les fleurons mosellans se sont donc retrouvés, pour une rentrée hautement symbolique, dans les locaux du centre de formation du FC Metz.
Ce fameux post-bac…
Son patron, Denis Schaefer, qui a accompagné plusieurs espoirs des Grenats dans ce projet, entre Etienne Donval, capitaine des U19, ou Thomas Didillion, gardien international, ne cachait pas sa satisfaction : « Depuis longtemps, dans le club, on insiste sur le double projet scolaire et sportif. Nous avons constamment maintenu la pression sur ce double cursus en y mettant les moyens et les infrastructures. Le tout avec une grande réussite mais celle-ci s’arrêtait au bac ! Après celui-ci, nous avons deux ans pour que les jeunes passent professionnels et le scolaire était instauré autour du projet sportif. Dans ce post-bac pas du tout adapté au haut niveau, nos joueurs allaient rarement au bout de leurs intentions. Ils mettaient en sommeil leur formation » , au grand dam des éducateurs, entraîneurs et familles.
Car après cette fameuse terminale, nos chers footballeurs en herbe se contentaient des seuls entraînements, tombant « dans l’oisiveté » ou certains travers, peu en rapport avec leurs capacités. « Nous avons longtemps cherché des réponses , avoue Denis Schaefer. Parmi les pistes, il y a ce diplôme universitaire, vraiment super. Les garçons pourront valider leurs parcours, en mettant un premier pied dans les métiers du sport de demain. »
Le directeur du centre de formation du FC Metz de se montrer même dithyrambique : « Voilà la solution que nous espérions. Je crois beaucoup en ce projet. A leur âge, j’en rêvais ! En plus, cette promo est d’une riche diversité, avec des sportifs d’horizons différents » Etre champion et étudiant à la fois, c’est presque donné à tout le monde. Enfin…
Alain THIÉBAUT.
« Avoir l’expérience du terrain et ce diplôme »
« Une porte de sortie »
Etienne Donval (football, capitaine de l’équipe des U19 au FC Metz, arrière droit, 19 ans, né à Béziers) : « Ce projet me permettra de continuer dans le foot tout en suivant une scolarité digne de ce nom et plus ou moins normale grâce à des horaires aménagés. Il faut avoir conscience que l’on n’est à l’abri de rien, surtout pas d’une blessure grave. Tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Donc, c’est bon d’avoir un bagage derrière. Le FC Metz et M. Schaefer nous ont sensibilisés à ce genre de situation en nous disant qu’il fallait continuer quelque chose. Bien sûr, parfois, il est bon de rester chez soi à ne rien faire et à récupérer mais il est tout aussi important de ne pas devenir des "légumes". Rencontrer d’autres sportifs permet aussi de s’aérer l’esprit. C’est important de se sortir du foot. On a aussi le point de vue de sportifs individuels, on échange les expériences. En plus, on peut être meilleur dans sa discipline car on sait que l’on prépare une porte de sortie. Cela nous enlève de la pression. Quant au contenu, il est très adapté avec l’apprentissage de l’anglais, de notions juridiques etc... L’enseignement donne plein d’idées de professions. Plus tard, on aura la chance d’avoir l’expérience du terrain et ce diplôme ».
« Cours intéressants »
Constance Sibille (tennis, ASPTT Metz, Top 300 mondial, 23 ans, née à Sarreguemines) : « Nous ne sommes pas encore dans le vif du sujet, c’était une rentrée ! On nous a présenté les cours, le fonctionnement. Le groupe, en tout cas, était très intéressant car les sportifs venaient d’horizons différents : natation, boxe… C’est bien de côtoyer des personnes d’un autre environnement. Pour ma part, c’est l’occasion idéale de combler mon temps libre. J’en ai, surtout quand je suis blessée ! Il s’agit d’une bonne idée de concilier le tennis professionnel, qui reste ma priorité, et les études. Suivre ces études permettra de prendre du recul par rapport à son sport car en cas d’échec, il ouvre des portes de sortie. J’étais partie pour suivre le CNED (marketing-communication) mais j’ai été alertée par Pierre Gillet (kiné, président du FC Metz association) et le Conseil général de la Moselle. Tant mieux, le contenu des cours est intéressant, la manière de les suivre aussi. »
« C’est l’idéal »
Quentin Bigot (athlétisme, A2M, lanceur de marteau, international, 21 ans, né à Hayange) : « Cette rentrée s’est bien passée mais je dois l’avouer, j’étais dubitatif par rapport à ce projet. Je m’engageais sans être trop sûr et puis, après la réunion, j’étais convaincu par ce que ce diplôme va m’apporter. C’est l’idéal pour un athlète : davantage de connaissances et de compétences en deux ans alors que les charges de travail et les horaires ne sont pas contraignants. J’avais quitté l’école, ce n’était pas pour replonger dans les bouquins pendant des heures, le soir, alors que j’avais décidé de tout miser sur l’entraînement… Là, les cours sont attractifs Ce sera un bagage supplémentaire (il a déjà un BTS en électro-technique) qui validera ma carrière d’athlète de haut niveau. Intéressant et ça me tenait à cœur. »
« Gérer notre carrière »
Assia Touati (natation, sprint, Sarreguemines, internationale, 18 ans) : « Seulement deux ou trois filles mais beaucoup de sports différents ! Cette rentrée m’a laissé une super impression. L’idée m’est venue après une discussion sur mon avenir avec Philippe Gonigam. Quelle orientation choisir après la natation car je compte reprendre un jour des études longues. Tout est fait pour continuer le haut niveau tout en nous apprenant à gérer notre carrière sportivement mais aussi financièrement, médiatiquement. Je ne voudrais pas finir comme certains sportifs avec zéro euros à la fin de ma carrière et ne pas cotiser pour les retraites. Un tel diplôme libère l’esprit. Grâce à sa souplesse. Après deux heures de maths et de physique, comment vouliez-vous être au top à l’entraînement ? Là, je serai plus concentrée et efficace. »
A. T.
