
Au diable la manière, Metz s’est encore rapproché de son paradis. Les hommes d’Albert Cartier ont fait un nouveau pas vers la Ligue 1, hier, grâce à une victoire très laborieuse sur le terrain de Châteauroux (0-1).
De notre envoyé spécial à Châteauroux
Un succès majeur. Car la concurrence, au pied du podium, est repoussée ce matin à dix points d’un leader qui a pourtant souffert mille maux pour se défaire de ce candidat au maintien résolument coriace.
Metz s’est sans doute demandé dans quel bourbier il s’est engagé hier. Dès le premier quart d’heure, ses deux milieux, Kashi et Rocchi, étaient déjà lestés d’un avertissement. Aucun espace, non plus, à infiltrer face à un adversaire parfaitement organisé, intelligent dans son placement et même suffisamment malin pour piéger systématiquement les Lorrains sur hors-jeu. Sakho était pris dans la boîte et les efforts d’Eduardo pour créer des solutions demeuraient stériles. C’est bien simple : les Grenats n’ont eu qu’une occasion à se glisser sous les crampons et encore : la frappe lointaine de Rocchi, hors cadre (11e ), n’était pas tout à fait une occasion.
Une fin irrespirable
Les répliques castelroussines n’ont pas connu meilleure fortune dans cette mi-temps infâme, mais la Berrichonne eut au moins le mérite de faire peser le danger via des contres incisifs. Carrasso a d’ailleurs sauvé son camp en repoussant une tête de Makengo (28e ), quand un coup franc de Tait, qui a rebondi dans la surface et dans le trafic sans trouver preneur (45e +1), faisait passer un dernier frisson avant la pause. Une pause bienvenue, autant l’avouer…
Metz n’a pas coutume de proposer deux mi-temps ratées cette saison et l’entame de la seconde fut effectivement plus digne de son statut de leader. Et célébrée, d’entrée, par une frappe puissante de Métanire claquée par Bonnefoi (46e ). Sakho débordait un peu plus tard avant d’être contré par Obiang (62e ). La partie s’est emballée sur le corner consécutif à cette action. Lejeune, au tir, lançait une combinaison qui aboutissait au premier but messin d’Eduardo, d’une frappe en retrait, sèche et à ras de terre, imparable pour Bonnefoi (0-1, 63e ). Dans la minute suivante, Rocchi fauchait Obiang et quittait les siens sur un deuxième carton (64e ) puis Chamed, de la tête, obligeait Carrasso à se détendre (66e ).
La fin de cette rencontre s’est avérée interminable pour des Messins en infériorité numérique. Châteauroux a poussé pour combler son retard, obtenu plusieurs coups de pied arrêtés et vu, notamment, une frappe de Dupuis (78e ) et une tête de Maboulou (86e ) glacer le sang mosellan. Jean-Louis Garcia, comme Albert Cartier, s’agitaient frénétiquement devant leur banc. La maigre affluence de Gaston-Petit donnait de la voix elle aussi. C’était proprement étouffant… mais Metz est finalement parvenu à s’imposer d’un souffle. Et peut, aujourd’hui, respirer à pleins poumons sur les cimes du classement.
Christian JOUGLEUX.
Eduardo ouvre son compteur

Le Brésilien n’a eu qu’une occasion, hier, qu’il a convertie avec bonheur pour Metz.
L’ homme clé. Les arrêts de Johann Carrasso méritaient une mention dans cette rubrique, comme les interventions défensives de Jérémy Choplin et Guido Milan en fin de partie, mais Eduardo décrochera le pompon pour le coup. Toujours disponible et pertinent dans ses déplacements, il fut l’attaquant messin le plus inspiré hier. Le Brésilien a finalement été récompensé de ses efforts en se trouvant à la conclusion d’une combinaison à quatre hommes sur corner (Lejeune, Ngbakoto puis Rocchi), pour ouvrir son compteur grenat. Puis, expulsion de Rocchi oblige, il a été remplacé par N’Doye (67e ).
L’initiative. La Berrichonne de Châteauroux avait décidé de célébrer la saint-Patrick en offrant l’entrée au stade, pour le match contre Metz, à tous les hommes (ou femmes, pourquoi pas) portant ce prénom. Une initiative de circonstance mais censée également doper l’affluence d’un stade qui sonne régulièrement le creux. Hier, 4 947 personnes seulement ont fait le déplacement. Le nombre de Patrick n’a pas été annoncé.
La sanction. Kévin Lejeune sera absent, le lundi 24 mars, pour la réception de Brest à Saint-Symphorien. Le milieu messin est en effet suspendu à cette occasion, en vertu des trois avertissements qu’il a reçus en moins de dix rencontres. Exclu hier, Romain Rocchi passera aussi son tour. Sa suspension est automatique.
Le déplacement. Comme un souvenir du National, les Messins sont rentrés par la route de Châteauroux et surtout dans un bus-couchettes qu’ils ont inauguré hier. Ils devaient arriver en Moselle sur les coups de 6h30 ce matin. « Au moins, le retour sera plus joyeux, imaginait Kévin Lejeune. Même si je n’arrive pas à dormir en bus… »
Paroles, paroles. Albert Cartier, entraîneur de Metz : « C’est positif. La deuxième mi-temps a montré la philosophie et l’ADN de ce groupe qui est resté solidaire. On n’a pas plus de talent que les autres mais on a cette capacité à se sublimer dans la difficulté. […] On a aussi des garçons pour tenir la baraque. Les Kashi, Rocchi, Choplin et Milan savent gérer ce stress. […] On a 54 points mais on va rester tranquille. En dix matches, il y a encore des choses qui peuvent se passer. »
Jean-Louis Garcia, entraîneur de Châteauroux : « On aurait dû mener au score après la première mi-temps qu’on a contrôlée. On n’est pas récompensé alors qu’on a bousculé le leader. On a manqué de réalisme, de précision. C’est très frustrant. Mais quand on voit notre prestation contre la meilleure équipe du championnat, je me dis aussi que ce match laisse beaucoup d’espoir. »