RL du 20/3: Les petits hommes de la maison Grenat
Publié : 20 mars 2014, 09:04
Gros plan sur le centre de formation du fc metz

Gauthier Hein et Matthieu Hudol, deux Lorrains qui souhaitent devenir professionnels demain. Photo Anthony PICORÉ
Quatre garçons, un rêve et une seule maison : le centre de formation du FC Metz. A travers ces trajectoires s’expose le travail de la maison Grenat. Et se cachent, peut-être, les futurs pros de demain. Suivez le guide.
Mercredi 12 mars, 17 h. La température décline doucement mais le soleil fait du rab. Matthieu Hudol aussi. L’entraînement est fini mais il ramasse du matériel. « Normal , grince gentiment le coach José Pinot, il est arrivé en retard. » Dans cette école d’excellence, petit tremplin vers le haut niveau, on ne badine pas avec la discipline.
DOSSIER
Postés en terrasse, les parents observent le gamin. Comme Guillaume Kremer, le capitaine des U19, ou son coéquipier Gauthier Hein, Matthieu Hudol est un enfant de la région, observé puis attiré au centre de formation du FC Metz. Son père, Luc, a vu ses « c inq enfants faire de l’athlétisme » et il a choisi le plus jeune pour le détourner vers le ballon. « Parce que j’ai fait du foot durant toute ma jeunesse aux Antilles », sourit ce Guadeloupéen qui avait d’abord inscrit son fils à Marly.
Gauthier Hein a lui aussi prolongé ses racines généalogiques. « Tous les hommes jouent au foot chez nous » , dit-il. Son grand-père , Jean-Claude Lohmann, a d’ailleurs connu les grands jours du FC Thionville. Des années plus tard, ce jeune milieu a quitté le club pour rejoindre Metz. Gauthier fréquente le centre depuis six ans et Matthieu Hudol depuis huit ans. A la différence de plusieurs de leurs camarades, ils dorment chez eux le soir.
Leurs foyers lorrains permettent d’éviter l’internat. Ils ne s’en plaignent pas. Leur entraîneur, Sébastien Muet, a surnommé les deux garçons « Tic et Tac » car, imagine Gauthier, « on a le même point de vue footballistique et on se comprend très bien sur le terrain ». Le coach précise : « Ils sont les Bussmann et les Métanire de demain ». Comprendre des produits lorrains, biberonnés au lait grenat, travailleurs et prometteurs. Matthieu, le latéral gauche, lui « fait un peu penser à Roberto Carlos ». Il est vif, puissant et court inlassablement. Un héritage de l’athlétisme évidemment.
« On nous prend pour des fous »
« Le rêve de devenir pro est là , certifie le jeune Hudol. On y pense de plus en plus mais il y a encore du travail. » Gauthier parle aussi de « rêve ». « Mais c’est beaucoup de sacrifices, complète-t-il . On connaît moins les sorties avec les copains, les filles… On n’a pas beaucoup de temps libre et pas trop de vacances non plus. Nos copains, dans le foot, sont contents pour nous mais ceux qui n’y sont pas nous prennent pour des fous. »
Cet asile est sain pourtant. Au centre de formation du FC Metz, la scolarité pèse autant que le sport. Matthieu est déjà bachelier et Gauthier passera l’examen cet été. « On sait que les gamins sont bien suivis au niveau scolaire , avait expliqué Catherine Hudol, la maman. Ça nous a rassurés aussi. Dans un premier temps, on se disait que Metz n’était pas un petit club, comme Marly, et on pensait que ce serait dur pour Matthieu. Alors on a retardé l’échéance jusqu’à ses 10 ans avant de l’amener ici. Maintenant, on aimerait qu’il devienne professionnel mais il faut qu’il soit épargné par les blessures. » Ce facteur-là ne se maîtrise pas.
Gauthier comme Matthieu font déjà les beaux jours des U19 et s’incrustent parfois en CFA2, avec la réserve. Avant de fouler Saint-Symphorien avec un maillot professionnel sur le dos, s’ils ont la chance de figurer parmi les élus, ils campent aujourd’hui au stade des promesses. Comme leurs coéquipiers. D’autres sacrifices les attendent. Le rêve est à ce prix.
Christian JOUGLEUX.
Luka Mladenovic, « le sport dans le sang »

Seul amateur retenu par le centre de formation l’an passé, Luka Mladenovic est un pensionnaire comme les autres. Il lui arrive juste de jouer au billard avec Djokovic de temps en temps. Photo Anthony PICORÉ
Son père était handballeur, sa mère volleyeuse et sa sœur écume le circuit WTA de tennis. Luka Mladenovic prolonge la lignée familiale. Il a quitté le monde amateur l’an dernier pour tenter sa chance au FC Metz.
Luka Mladenovic pouvait difficilement échapper au sport. C’est une tradition familiale. Ses parents étaient internationaux serbes, de handball pour Dragan, le père, et de volley, côté maternel. Sa sœur ainée, Kristina, a épousé la trajectoire elle aussi. Championne du monde junior de tennis en 2009, cette demoiselle de 20 ans est aujourd’hui une figure connue du circuit WTA et pensionnaire du Top 100 mondial.
Reste donc le "petit" dernier. Comme une évidence, Luka veut percer dans la voie du professionnalisme. « J’allais voir les matches de mon père et j’ai toujours eu le goût du sport , dit-il. C’est dans mon sang. »
Lui a choisi l’option foot. Il est le seul amateur retenu par le centre de formation du FC Metz l’été dernier. Natif de Saint-Pol-sur-Mer (Nord), ce milieu récupérateur jouait à Boulogne-Billancourt avant de signer son premier contrat apprenti en mai. « Avec lui , explique Denis Schaefer, le directeur du centre, nous avons misé sur un potentiel à développer plus que sur une qualité actuelle. Il a des qualités physiques et une bonne technique individuelle mais il a eu du mal à passer son premier palier, car l’intensité et le rythme sont très différents du monde amateur. Il a dû accepter cette difficulté mais il intègre vite. Car il est intelligent. »
« Montpellier était intéressé mais, quand j’ai vu Metz, je n’ai pas hésité, reprend Luka. Je savais que c’était un bon club formateur et j ’ai l’impression, aujourd’hui, d’être là depuis deux ou trois ans. Mon intégration a été facile même si, sportivement, j’ai eu du mal au début. Passer de trois entraînements par semaine à une ou deux séances par jour, ce n’est pas facile. Et je n’étais pas à 100 % de mes capacités. »
Billard avec Djokovic
Plus jeune, Luka pratiquait hand et tennis. « I l y avait suffisamment de handballeurs dans la famille, disait mon père ». Alors ce fan du PSG a donc tranché quand sa sœur a privilégié la voie de la balle jaune. « Elle a commencé à voyager vers 13-14 ans , précise-t-il. C’était obligatoire pour percer dans le tennis. Moi, je la rejoignais dans les tournois dès que j’avais des vacances. J’adorais ça. Par nos racines serbes, nous nous entendons super bien avec Novak Djokovic. Je me rappelle des parties de billard avec lui… »
Kristina profite de ses rares fenêtres de liberté pour venir encourager le petit frère. Elle lui a d’ailleurs fait la surprise d’une visite inopinée lors d’un match à Pontarlier. Ce livret de famille est l’autre originalité du jeune homme.
Formé chez les amateurs mais bercé dans l’excellence sportive, « Luka pouvait être trop exigeant avec lui », remarque son coach, Sébastien Muet. Le garçon parle d’un « long processus » avant d’atteindre son rêve professionnel. Il se sait à bonne école. Un peu éloigné des siens mais finalement un peu plus près d’une tradition familiale : le haut niveau.
Ch. J.
Habib Diallo, l’élu sénégalais

Attaquant « plus à l’aise en pointe », Habib Diallo présente un profil similaire à celui de Diafra Sakho. Photo Anthony PICORÉ
Le jeune attaquant a quitté Dakar l’année dernière pour parfaire sa formation à Metz.
Il est le dernier exemple du vivier sénégalais. Le seul élu de 2013 aussi. Habib Diallo a quitté les structures de l’Académie Génération Foot, l’an passé, pour s’accomplir en Europe en général et en Moselle en particulier. Comme Papiss Cissé, Sadio Mané et Diafra Sakho avant lui. Car la passerelle Dakar-Metz s’active avant tout pour les attaquants et celui-ci se dit « plus à l’aise en pointe ».
« Il a le même profil que Diafra, au niveau de la puissance et de la vitesse, même si Diaf était moins performant devant le but à son âge, car il est venu au foot plus tard, expliquait Olivier Perrin, le patron du centre sénégalais, avant l’arrivée de Diallo en Moselle. Sur un plan tactique et au niveau des déplacements, Habib est déjà bon. »
Comme tout nouvel arrivant sénégalais, Diallo a été pris en charge par « le grand frère » Mayoro N’Doye, un joueur pro qui s’investit toujours pour ses compatriotes. Une solidarité nécessaire : l’adaptation n’est jamais simple pour un jeune Africain déraciné. Sakho, justement, se souvient d’abord du froid à son arrivée : « Passer de 35-40° à -5 ou -10°, c’était horrible !, insiste-t-il. J’étais obligé de mettre des sachets plastiques dans mes chaussures ! Les six premiers mois sont difficiles. En plus, au Sénégal, on est solidaire. En France, c’est chacun pour soi. Il faut s’y habituer aussi. »
Le timide Diallo ne se plaint pas de ses premiers mois. « Je me sens bien avec mes nouveaux amis , dit-il. Je prends des nouvelles de ma famille tous les jours avec internet. C’est un peu dur d’être éloigné mais c’est la vie. »
A Metz, le natif de Thies découvre un univers plus tactique, une réflexion de jeu et une culture du placement aux antipodes des parties « dans la rue » qu’il disputait enfant. Le coffre, en revanche, est déjà là. « Physiquement, c’était plus dur au Sénégal », sourit-il. Reste la météo… Ce jeune homme sait combien il a été épargné en cet hiver très doux, une anomalie en Lorraine. Ses éducateurs sont pourtant vicieux : ils ont programmé une sortie ski à la Bresse en début de semaine dernière. Habib Diallo a vu la neige. Une autre première.
Ch. J.

Gauthier Hein et Matthieu Hudol, deux Lorrains qui souhaitent devenir professionnels demain. Photo Anthony PICORÉ
Quatre garçons, un rêve et une seule maison : le centre de formation du FC Metz. A travers ces trajectoires s’expose le travail de la maison Grenat. Et se cachent, peut-être, les futurs pros de demain. Suivez le guide.
Mercredi 12 mars, 17 h. La température décline doucement mais le soleil fait du rab. Matthieu Hudol aussi. L’entraînement est fini mais il ramasse du matériel. « Normal , grince gentiment le coach José Pinot, il est arrivé en retard. » Dans cette école d’excellence, petit tremplin vers le haut niveau, on ne badine pas avec la discipline.
DOSSIER
Postés en terrasse, les parents observent le gamin. Comme Guillaume Kremer, le capitaine des U19, ou son coéquipier Gauthier Hein, Matthieu Hudol est un enfant de la région, observé puis attiré au centre de formation du FC Metz. Son père, Luc, a vu ses « c inq enfants faire de l’athlétisme » et il a choisi le plus jeune pour le détourner vers le ballon. « Parce que j’ai fait du foot durant toute ma jeunesse aux Antilles », sourit ce Guadeloupéen qui avait d’abord inscrit son fils à Marly.
Gauthier Hein a lui aussi prolongé ses racines généalogiques. « Tous les hommes jouent au foot chez nous » , dit-il. Son grand-père , Jean-Claude Lohmann, a d’ailleurs connu les grands jours du FC Thionville. Des années plus tard, ce jeune milieu a quitté le club pour rejoindre Metz. Gauthier fréquente le centre depuis six ans et Matthieu Hudol depuis huit ans. A la différence de plusieurs de leurs camarades, ils dorment chez eux le soir.
Leurs foyers lorrains permettent d’éviter l’internat. Ils ne s’en plaignent pas. Leur entraîneur, Sébastien Muet, a surnommé les deux garçons « Tic et Tac » car, imagine Gauthier, « on a le même point de vue footballistique et on se comprend très bien sur le terrain ». Le coach précise : « Ils sont les Bussmann et les Métanire de demain ». Comprendre des produits lorrains, biberonnés au lait grenat, travailleurs et prometteurs. Matthieu, le latéral gauche, lui « fait un peu penser à Roberto Carlos ». Il est vif, puissant et court inlassablement. Un héritage de l’athlétisme évidemment.
« On nous prend pour des fous »
« Le rêve de devenir pro est là , certifie le jeune Hudol. On y pense de plus en plus mais il y a encore du travail. » Gauthier parle aussi de « rêve ». « Mais c’est beaucoup de sacrifices, complète-t-il . On connaît moins les sorties avec les copains, les filles… On n’a pas beaucoup de temps libre et pas trop de vacances non plus. Nos copains, dans le foot, sont contents pour nous mais ceux qui n’y sont pas nous prennent pour des fous. »
Cet asile est sain pourtant. Au centre de formation du FC Metz, la scolarité pèse autant que le sport. Matthieu est déjà bachelier et Gauthier passera l’examen cet été. « On sait que les gamins sont bien suivis au niveau scolaire , avait expliqué Catherine Hudol, la maman. Ça nous a rassurés aussi. Dans un premier temps, on se disait que Metz n’était pas un petit club, comme Marly, et on pensait que ce serait dur pour Matthieu. Alors on a retardé l’échéance jusqu’à ses 10 ans avant de l’amener ici. Maintenant, on aimerait qu’il devienne professionnel mais il faut qu’il soit épargné par les blessures. » Ce facteur-là ne se maîtrise pas.
Gauthier comme Matthieu font déjà les beaux jours des U19 et s’incrustent parfois en CFA2, avec la réserve. Avant de fouler Saint-Symphorien avec un maillot professionnel sur le dos, s’ils ont la chance de figurer parmi les élus, ils campent aujourd’hui au stade des promesses. Comme leurs coéquipiers. D’autres sacrifices les attendent. Le rêve est à ce prix.
Christian JOUGLEUX.
Luka Mladenovic, « le sport dans le sang »

Seul amateur retenu par le centre de formation l’an passé, Luka Mladenovic est un pensionnaire comme les autres. Il lui arrive juste de jouer au billard avec Djokovic de temps en temps. Photo Anthony PICORÉ
Son père était handballeur, sa mère volleyeuse et sa sœur écume le circuit WTA de tennis. Luka Mladenovic prolonge la lignée familiale. Il a quitté le monde amateur l’an dernier pour tenter sa chance au FC Metz.
Luka Mladenovic pouvait difficilement échapper au sport. C’est une tradition familiale. Ses parents étaient internationaux serbes, de handball pour Dragan, le père, et de volley, côté maternel. Sa sœur ainée, Kristina, a épousé la trajectoire elle aussi. Championne du monde junior de tennis en 2009, cette demoiselle de 20 ans est aujourd’hui une figure connue du circuit WTA et pensionnaire du Top 100 mondial.
Reste donc le "petit" dernier. Comme une évidence, Luka veut percer dans la voie du professionnalisme. « J’allais voir les matches de mon père et j’ai toujours eu le goût du sport , dit-il. C’est dans mon sang. »
Lui a choisi l’option foot. Il est le seul amateur retenu par le centre de formation du FC Metz l’été dernier. Natif de Saint-Pol-sur-Mer (Nord), ce milieu récupérateur jouait à Boulogne-Billancourt avant de signer son premier contrat apprenti en mai. « Avec lui , explique Denis Schaefer, le directeur du centre, nous avons misé sur un potentiel à développer plus que sur une qualité actuelle. Il a des qualités physiques et une bonne technique individuelle mais il a eu du mal à passer son premier palier, car l’intensité et le rythme sont très différents du monde amateur. Il a dû accepter cette difficulté mais il intègre vite. Car il est intelligent. »
« Montpellier était intéressé mais, quand j’ai vu Metz, je n’ai pas hésité, reprend Luka. Je savais que c’était un bon club formateur et j ’ai l’impression, aujourd’hui, d’être là depuis deux ou trois ans. Mon intégration a été facile même si, sportivement, j’ai eu du mal au début. Passer de trois entraînements par semaine à une ou deux séances par jour, ce n’est pas facile. Et je n’étais pas à 100 % de mes capacités. »
Billard avec Djokovic
Plus jeune, Luka pratiquait hand et tennis. « I l y avait suffisamment de handballeurs dans la famille, disait mon père ». Alors ce fan du PSG a donc tranché quand sa sœur a privilégié la voie de la balle jaune. « Elle a commencé à voyager vers 13-14 ans , précise-t-il. C’était obligatoire pour percer dans le tennis. Moi, je la rejoignais dans les tournois dès que j’avais des vacances. J’adorais ça. Par nos racines serbes, nous nous entendons super bien avec Novak Djokovic. Je me rappelle des parties de billard avec lui… »
Kristina profite de ses rares fenêtres de liberté pour venir encourager le petit frère. Elle lui a d’ailleurs fait la surprise d’une visite inopinée lors d’un match à Pontarlier. Ce livret de famille est l’autre originalité du jeune homme.
Formé chez les amateurs mais bercé dans l’excellence sportive, « Luka pouvait être trop exigeant avec lui », remarque son coach, Sébastien Muet. Le garçon parle d’un « long processus » avant d’atteindre son rêve professionnel. Il se sait à bonne école. Un peu éloigné des siens mais finalement un peu plus près d’une tradition familiale : le haut niveau.
Ch. J.
Habib Diallo, l’élu sénégalais

Attaquant « plus à l’aise en pointe », Habib Diallo présente un profil similaire à celui de Diafra Sakho. Photo Anthony PICORÉ
Le jeune attaquant a quitté Dakar l’année dernière pour parfaire sa formation à Metz.
Il est le dernier exemple du vivier sénégalais. Le seul élu de 2013 aussi. Habib Diallo a quitté les structures de l’Académie Génération Foot, l’an passé, pour s’accomplir en Europe en général et en Moselle en particulier. Comme Papiss Cissé, Sadio Mané et Diafra Sakho avant lui. Car la passerelle Dakar-Metz s’active avant tout pour les attaquants et celui-ci se dit « plus à l’aise en pointe ».
« Il a le même profil que Diafra, au niveau de la puissance et de la vitesse, même si Diaf était moins performant devant le but à son âge, car il est venu au foot plus tard, expliquait Olivier Perrin, le patron du centre sénégalais, avant l’arrivée de Diallo en Moselle. Sur un plan tactique et au niveau des déplacements, Habib est déjà bon. »
Comme tout nouvel arrivant sénégalais, Diallo a été pris en charge par « le grand frère » Mayoro N’Doye, un joueur pro qui s’investit toujours pour ses compatriotes. Une solidarité nécessaire : l’adaptation n’est jamais simple pour un jeune Africain déraciné. Sakho, justement, se souvient d’abord du froid à son arrivée : « Passer de 35-40° à -5 ou -10°, c’était horrible !, insiste-t-il. J’étais obligé de mettre des sachets plastiques dans mes chaussures ! Les six premiers mois sont difficiles. En plus, au Sénégal, on est solidaire. En France, c’est chacun pour soi. Il faut s’y habituer aussi. »
Le timide Diallo ne se plaint pas de ses premiers mois. « Je me sens bien avec mes nouveaux amis , dit-il. Je prends des nouvelles de ma famille tous les jours avec internet. C’est un peu dur d’être éloigné mais c’est la vie. »
A Metz, le natif de Thies découvre un univers plus tactique, une réflexion de jeu et une culture du placement aux antipodes des parties « dans la rue » qu’il disputait enfant. Le coffre, en revanche, est déjà là. « Physiquement, c’était plus dur au Sénégal », sourit-il. Reste la météo… Ce jeune homme sait combien il a été épargné en cet hiver très doux, une anomalie en Lorraine. Ses éducateurs sont pourtant vicieux : ils ont programmé une sortie ski à la Bresse en début de semaine dernière. Habib Diallo a vu la neige. Une autre première.
Ch. J.