La Ligue 1 se rapproche à grands pas pour Romain Rocchi et ses coéquipiers, qui ont su renverser la vapeur face à Istres. Photo Anthony PICORE
Au pied du podium, un petit précipice. Le FC Metz l’a creusé, hier, sur son propre terrain. Le leader a encore pris de l’altitude et peut aujourd’hui considérer, s’il en était besoin, la meute de ses poursuivants avec un certain détachement. Car huit points séparent les Grenats de Lens, le deuxième, et surtout quatorze unités comblent le fossé jusqu’à la quatrième place du classement. Non, vraiment, sur ses hauteurs, le promu lorrain commence réellement à respirer le parfum de la Ligue 1…
Avant cette petite délivrance, les Grenats ont aussi connu de menues frayeurs. Metz n’est pas spécialement habitué à courir après un score cette saison, mais il a dû s’y résoudre, hier, face à une équipe d’Istres parfaitement décomplexée et fidèle à sa réputation joueuse. Les quatre supporters venus des Bouches-du-Rhône ont d’ailleurs dû apprécier le crime de lèse-majesté de la 18e minute. Sur un contre, Dabo faussait compagnie à Métanire et servait idéalement Diarra, plein axe, pour l’ouverture du score (0-1). Coup de froid à Saint-Symphorien et silence incrédule. Les Mosellans, empêtrés dans leurs déchets et curieusement lunés, venaient d’être sanctionnés en conséquence. Mais sans conséquence…
Doublé de Ngbakoto
La surprise n’a duré qu’un temps. Metz a saisi l’avertissement et répondu très vite à son hôte. Sakho a même égalisé dans la foulée, sur une passe de N’Doye, mais son but, hors-jeu, a été justement refusé (22e ). L’attaquant a insisté sans connaître davantage de succès. Avec un duel perdu face à Balijon (28e ), une reprise ratée (68e ) et une tête déviée par le gardien istréen, le Sénégalais a connu une soirée sans réussite. Il l’avait déjà débutée par une talonnade sur le poteau (4e ).
Yeni Ngbakoto n’en dira pas autant. Il ne s’arrête plus en ce moment. Buteur face à Brest comme à Angers, le milieu offensif a confirmé sa forme pétaradante et ajouté deux perles à son chapelet. La première est venue d’un coup franc direct, à l’angle de la surface : son ballon enroulé a transpercé le mur et surpris Balijon (1-1, 38e ). Le but de la victoire, c’est plus rare avec Ngbakoto cette saison, a été inscrit à bout portant, sur une reprise de la tête en prolongement d’un service de Sakho, décisif malgré tout hier (2-1, 53e ).
Ces deux équipes se sont finalement quittées sur le même score qu’à l’aller. Malgré les tentatives de Bussmann (28e ), Rocchi (45e +1, 49e ), Eduardo (45e +2) ou encore Vion (80e ), Metz, en supériorité numérique depuis l’expulsion de Keita (58e ), n’a pu se mettre à l’abri et a dû attendre une dernière intervention de Métanire, sur un coup franc de Leroy, pour savourer son œuvre. Et entendre Saint-Symphorien chanter ceci : « Bientôt en Ligue 1, bientôt en Ligue 1 »…
Christian JOUGLEUX.
Ngbakoto voit double
Yeni Ngbakoto, face à Jérôme Leroy, a encore fait preuve d’efficacité. Photo Anthony PICORE
Auteur d’un doublé, le milieu de terrain messin a porté à onze buts son total depuis l’ouverture de la saison. Et trois points de plus à son équipe.
C arrasso. Malgré une sortie dans le bon tempo, il n’a pas pu empêcher Dabo de servir Diarra sur l’ouverture du score istréenne. Peu sollicité par ailleurs, le gardien messin est resté attentif à l’image de ses interventions sur les tentatives signées Leroy (21e ) et Diarra (35e ).
Métanire. Après une bonne intervention dans la surface sur un rush de Keita (16e ), le défenseur messin s’est laissé surprendre par la vitesse de Dabo sur le but de Diarra (18e ). Une action qui symbolise ses difficultés en première période. Il s’est parfaitement repris par la suite, rendant une copie nettement plus propre.
Marchal. Quelques interventions et relances curieuses mais, dans l’ensemble, le capitaine du FC Metz a fait le job à l’image de ce retour salvateur dans les pieds de Diarra parti à la limite du hors-jeu (48e ).
Milan. Précieux. Dans le placement. Dans son art de défendre debout. Dans la relance. Et dans son jeu de tête évidemment.
Bussmann. Beaucoup d’énergie. Comme d’habitude. Peu présent dans le domaine offensif en première période, malgré un coup de tête qui aurait mérité meilleur sort (28e ), Gaëtan Bussmann s’est montré plus disponible en seconde mi-temps.
Rocchi. Le patron du leader de la Ligue 2, incontestablement. Travailleur infatigable au milieu, Romain Rocchi n’a pas hésité à tenter sa chance : une première frappe contrée (45e +1), un enchaînement mal maîtrisé ensuite (49e ) comme preuves de son implication offensive. Remplacé par Kashi (81e ).
N’Doye. Dans la continuité de ses prestations face à Brest et à Angers. Le milieu sénégalais a récupéré énormément de ballons et harcelé ses vis-à-vis provoquant, au passage, l’exclusion de Keita (58e ). Une passe lumineuse sur le but refusé de Sakho (22e ) est également à mettre à son actif.
Lejeune. Il s’est démené comme un beau diable dans son couloir, tant défensivement qu’offensivement. S’il peut déplorer quelques déchets dans les transmissions, Kevin Lejeune a également démontré qu’il pouvait jouer juste à l’image de cette remise de la tête mal exploitée par Rocchi (49e ). Remplacé par Sarr (70e ) qui a apporté de la vivacité à sa formation.
Sakho. L’attaquant sénégalais n’a pas marqué hier. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Sa première tentative a échoué sur le poteau (4e ). La deuxième a été refusée pour un hors-jeu (22e ) avant de buter sur le gardien (27e ). Malheureux dans ce registre, il s’est mué en passeur décisif, de la tête, sur le but vainqueur signé Ngbakoto (53e ). Il aurait pu enfoncer le clou (68e , 79e ), mais l’engagement de Sakho a, une nouvelle fois, était exemplaire.
Eduardo. Plutôt à son aise depuis son arrivée en Moselle, l’attaquant brésilien s’est révélé assez discret hier. Il a manqué une grosse occasion, de la tête, peu avant la pause (45e +2). Remplacé par Vion (63e ), auteur d’une entrée en jeu intéressante ponctuée par un bon centre (65e ) et une reprise de volée (80e ).
L’HOMME CLÉ
Ngbakoto. Son retour au premier plan est une certitude. Buteur face à Brest et à Angers, Yeni Ngbakoto a remis le couvert, hier face à Istres, en inscrivant un doublé. Un coup franc travaillé et une tête pleine de sang-froid qui ont permis au FC Metz de renverser la vapeur et d’empocher trois nouveaux précieux points. En outre, le milieu n’a pas ménagé ses efforts dans son couloir.
Jean-Sébastien GALLOIS.
« Nous n’avons jamais paniqué »
Albert Cartier (entraîneur de Metz) : « Je ne pensais pas qu’on rentrerait aussi difficilement dans ce match. On a réussi à renverser la situation en ne s’affolant pas, en prenant les bonnes décisions. C’est une belle victoire, pas la plus belle mais elle est importante et nous permet d’avancer. La montée ? On a tout pour le faire, les joueurs, l’environnement. On peut le faire à une condition : ne pas penser que c’est déjà fait. »
Frédéric Arpinon (entraîneur d’Istres) : « Même à dix, on n’a jamais refusé le jeu et on aurait pu égaliser. Je regrette qu’on ait été en danger sur les coups de pied arrêtés. Ce serait dommage de descendre avec cette équipe. On savait qu’on se ferait rentrer dedans, on a bien résisté. »
Kevin Lejeune (milieu de Metz) : « Istres nous a mis en difficulté, mais nous sommes logiquement revenus au score avant de prendre, logiquement également, l’avantage. Ce fut un match difficile, mais on ne peut qu’être heureux de prendre les trois points. Nous n’avons jamais paniqué. »
Yeni Ngbakoto (milieu de Metz) : « On a su réagir après l’ouverture du score après une entame de match délicate. Ensuite, grâce à un gros pressing et beaucoup de présence dans les duels, on s’est rapidement projeté vers l’avant. On est sur le bon
chemin… »
Romain Rocchi (milieu de Metz) : « Face à une bonne équipe, techniquement, on a vu très rapidement qu’on serait en difficulté. A l’image de cette saison, on ne doute pas, on est en confiance. Forcément, on ne va pas se voiler la face, on touche la Ligue 1 du doigt. Ce n’est pas un sujet dont on parle tout le temps, on va se battre. On est dans une très bonne position pour monter et, pourquoi pas, être champion. Le plus important est de garder notre état d’esprit. »
Cartier veut rester
En fin de contrat cet été, Albert Cartier ne fait pas mystère de ses projets. « Ma priorité, c’est Metz , affirme l’entraîneur. Je suis venu pour permettre la progression du club et pour atteindre des objectifs. Quand je suis revenu ici, j’avais d’ailleurs présenté un projet au président pour faire remonter le club en Ligue 1 et l’y maintenir. »
Le technicien et Bernard Serin se sont croisés vendredi dernier. Ils ont convenu « d’attendre la montée (en Ligue 1) pour discuter » d’une prolongation de contrat. Au demeurant, il serait incohérent de se séparer d’un entraîneur qui a largement dépassé ses objectifs, à savoir ramener le FC Metz en Ligue 2 et rapprocher ce groupe de son public. Le Vosgien bénéficie, en outre, de soutiens massifs en interne, bien qu’il affirme : « Loin de moi l’arrogance de penser que je fais l’unanimité »…
Une autre issue qu’une prolongation serait pourtant incomprise à Metz.
