La joie des Colmariens à l’issue de la séance des tirs au but, fatale aux Messins. Photo L’ALSACE
J’ ai vu une équipe se donner à 100 % et l’autre à 70, la mienne en l’occurrence, qui a parfois refusé le jeu. Colmar mérite sa qualification ». Analyse sèche et clairvoyante d’une déroute. Celle de Metz. Bousculée, déjà, le 21 novembre dernier, lors de son entrée en Coupe de France à Tavaux, la formation d’Yvon Pouliquen s’en était alors sortie avec la carte de l’expérience.
De notre envoyé spécial à Colmar
Mais ce qui avait pu être suffisant face à un adversaire de Division d’honneur ne l’a pas été, hier, face à l’enthousiasme d’une étonnante équipe alsacienne. En tête de son groupe en CFA, celle-ci fera la Une aujourd’hui. Et ce sera mérité. Au terme d’une après-midi épique, conclue à la loterie des tirs au but, Colmar a fait sauter l’une des plus grosses écuries en lice à ce stade de la compétition.
Arrivés en Alsace dans la matinée – faute de places dans les hôtels du coin – les Messins en sont repartis en début de soirée avec une méchante gueule de bois. La méfiance et l’ambition perceptibles dans les discours qui avaient jalonné la semaine messine ont eu du mal à se transcrire sur le terrain. Privé de Julien Cardy (blessé), de Stéphane Borbiconi (non retenu), Metz affichait pourtant un visage plutôt offensif, avec Thibaut Bourgeois et Papiss Cissé sur le front de l’attaque. Colmar s’en est accommodé, sans jamais paniquer. Au contraire : l’aisance et la maîtrise dans le jeu, hier, étaient alsacienne. Du travail de pro, à l’image du premier but de la rencontre (83 e). La combinaison lancée à partir d’une touche anodine et conclue par Moukhlil est venue, tardivement peut-être, mais sûrement, sanctionner la fébrilité d’un ensemble messin qui s’était jusque-là révélé incapable de mettre la motivation nécessaire pour faire naître ses projets, à l’exception du léger mieux entraperçu après la pause. « Ceux qui en voulaient le plus l’ont emporté », dira Pascal Johansen, quelques longues minutes après la fin de la débâcle. Impossible de ne pas en convenir avec lui.
Johansen, un retour amer...
L’ex-Colmarien venait de quitter une pelouse où il avait pourtant inscrit deux buts. Le premier, dans le temps additionnel, sur un penalty consécutif à une faute sur Victor Mendy, avait permis aux siens d’atteindre les prolongations. Le second, d’une frappe splendide, leur avait donné un avantage... de très courte durée (119 e). Moins de soixante secondes plus tard, Faivre relançait en effet son camp, grâce, lui aussi, à un penalty. Derrière son aspect litigieux – une main alsacienne a visiblement touché le ballon avant de rebondir sur celle de Frédéric Biancalani – la sanction récompensait l’abnégation alsacienne.
Capable de surmonter une égalisation au-delà du temps réglementaire et d’encaisser le choc d’un deuxième but, Colmar est allé cueillir son bonheur aux tirs au but. La séance s’est avérée fatale pour les Messins, qui l’avaient plutôt bien démarrée avec Johansen et Pied. Mais le gardien colmarien se mettait alors en travers de leur route, enfonçant un peu plus encore Matheus Vivian en stoppant sa frappe. Dans la foulée, Romain Rocchi envoyait le ballon dans les nuages. Mezriche, lui, trouvait les filets. Pour la dernière fois de la journée. Et pour un exploit retentissant, derrière lequel Metz a montré sa fragilité. « Si nous ne donnons pas le maximum, nous devenons une équipe quelconque,» lâchait Yvon Pouliquen. La preuve, hier, au Colmar-Stadium.
Cédric BROUT.