Les Messins Gueye et Milan ont fait le travail en défense. Pour ramener un bon point de leur premier déplacement de la saison. Photo Pascal BROCARD
Grâce à une grosse solidarité et un bloc défensif bien huilé, les Messins ont débuté leur saison en tenant en échec le LOSC sur sa pelouse (0-0). Encourageant.
Le FC Metz est rentré en résistance, hier, comme d’autres entrent en religion. D’ailleurs, tout au long de la semaine, Albert Cartier avait rappelé à ses joueurs qu’ils devaient croire en eux. Croire en leur capacité d’exister au sein d’une élite que tous, ou presque, ont découvert hier soir sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy.
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Croire aussi que tenir en échec un candidat à la Ligue des Champions sur son terrain était du domaine du possible. Certes, les fines bouches pourront toujours sortir de leur carton des chiffres, tels que la possession de balle ou le nombre d’occasions largement en faveur des Lillois. Mais le promu messin a joué avec son cœur et surtout s’est appuyé sur une grosse cohésion collective dans le domaine défensif. Le tout enrichi par une superbe prestation de Johann Carrasso.
Dès la deuxième minute, le gardien lorrain claquait ainsi un coup franc de Corchia dévié par le mur (2e ), avant de détourner le coup de tête signé Kjaer d’un superbe réflexe (10e ). Malgré une frappe, trop molle, de Bouna Sarr (15e ), le FC Metz a mis tout de même un bon quart d’heure à trouver une carburation digne du rythme de l’élite. Un semblant de fébrilité qui s’est dissipé au fil des minutes, même si le LOSC était encore dangereux. Mais Mendes ne réglait pas la mire à quelques centimètres du but (18e ), alors que Carrasso était à nouveau à l’œuvre sur une tête d’Origi (25e ) et une tentative à bout portant de Basa (36e ).
Les Messins tiennent la cadence
Peu avant la pause, Yeni Ngbakoto faisait à peine trembler Vincent Enyeama qui accompagnait du regard le coup franc tendu et trop enlevé du Messin. Qu’importe, les hommes du président Serin regagnaient les vestiaires sans s’être noyés devant les vagues d’une équipe lilloise déjà affûtée par sa campagne européenne.
Dans ce domaine, Sylvain Marchal et ses partenaires ont cependant largement tenu la comparaison. L’éprouvante préparation d’avant-saison porte déjà ses fruits. En seconde période, les Messins sont même parvenus, par instants, à accélérer la cadence et à porter le danger dans le camp lillois. Bouna Sarr, côté gauche, servait ainsi Juan Falcon, mais l’attaquant vénézuélien était un brin trop court devant Enyeama (47e ) qui devait s’employer sur un nouveau coup franc de Yeni Ngbakoto (62e ).
Et quand Lille a appuyé sur l’accélérateur pour tenter de faire la différence, les Lorrains ont à nouveau su sortir leur parapluie de solidarité. Tout le monde s’est mis au diapason, même Guido Milan appelé à suppléer son capitaine Sylvain Marchal, légèrement blessé (59e ). Il est toujours délicat de rentrer dans un tel contexte, mais l’Italo-Argentin, à l’image de son équipe, a mis un pied, une tête, un coude… pour contrarier les plans des joueurs de René Girard. Johann Carrasso y allait, évidemment, de son petit coup de pouce en s’emparant de la frappe de Mendes, malgré la menace du remuant Corchia (58e ). Lille avait beau pousser dans les derniers instants par Roux notamment (79e , 89e ), Metz tenait bel et bien son premier point en Ligue 1.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Bussmann ne change pas
Guirane N’Daw : un impact physique indéniable. Photo Pascal BROCARD
Fidèle à lui-même, l’arrière gauche de Metz a livré une partie pleine, comme si la différence de niveau n’avait pas d’impact sur sa façon de jouer…
C ARRASSO : Décisif, tout simplement. Le gardien messin s’est fendu de deux arrêts réflexes bienvenus sur des têtes de Kjaer (10e ) et Origi (25e ), puis il s’est couché parfaitement sur une frappe écrasée de Mendes (58e ). Autant d’interventions salutaires qui ont permis à Metz de ramener son premier point de la saison.
MÉTANIRE : Il aime vraiment monter pour apporter son concours offensif mais il n’en a jamais vraiment eu l’occasion hier. Ou si peu… En tout cas, il avait les jambes pour contrarier les attaques lilloises et il a fait bonne garde dans son couloir.
MARCHAL : Touché à la cheville, le capitaine a laissé sa place à Guido Milan à l’heure de jeu (59e ). Auparavant, il avait livré un match aussi propre que ses transmissions (89 % de passes réussies). Sa science du placement a aussi permis d’annihiler régulièrement les attaques nordistes.
CHOPLIN : Une partie globalement sécurisante pour l’ancien Bastiais qui ne s’est pas encombré de fioritures et a pu imposer son physique dans des situations chaudes. Une erreur aurait pourtant pu dévaster son bilan : cette passe manquée, récupérée par Rodelin qui a servi Roux pour un tir de peu à côté (79e )…
BUSSMANN : National, Ligue 2 ou Ligue 1, c’est indifférent. Le Vosgien maintient un niveau égal de prestation et s’avère toujours précieux dans son couloir gauche, malgré un client comme Corchia à surveiller. Il s’est aussi autorisé quelques montées en attaque, sur coups de pied arrêtés en particulier, mais on retiendra surtout sa présence défensive et ce sauvetage, sur la ligne, devant l’occasion d’Origi (25e ).
SIDO : Pour sa première titularisation, la petite révélation des matches de préparation n’a jamais vraiment existé dans cette partie. Sans surprise, Albert Cartier a choisi de sortir Fadil Sido à la pause, au profit de Cheick Doukouré qui a renforcé le milieu messin et contribué à préserver l’imperméabilité de la grande muraille dressée à la mi-temps.
ROCCHI : Trop discret en première mi-temps, Romain Rocchi s’est montré beaucoup plus influent en seconde, dans un travail exclusivement défensif. Ses nombreux dégagements dans la surface ont alors régulièrement soulagé ses coéquipiers.
N’DAW : Avait-il des antécédents avec Balmont ? Le Sénégalais a très vite échangé des amabilités avec le milieu lillois et fini par écoper un avertissement (36e ) pour l’ensemble d’une première mi-temps nerveuse. Il s’est assagi en deuxième et a posé davantage de problèmes aux Nordistes dans un registre plus calme.
NGBAKOTO : Beaucoup de volonté pour le milieu offensif messin mais peu de fenêtres pour se montrer. Il a donc profité de sa spécialité : le coup de pied arrêté. Son premier coup franc intéressant est parti dans la lune (44e ) ; le second a filé en pleine lucarne et obligé Enyeama à se détendre pour évacuer le danger (62e ). Il s’agissait du deuxième et dernier tir cadré messin dans ce match.
SARR : Le seul tir cadré de Metz, en première mi-temps, est pour lui, mais il manquait trop de puissance pour inquiéter Enyeama (15e ). Dans un rôle de soutien, derrière l’attaquant, Bouna Sarr a montré de l’envie mais la configuration de la partie a très vite limité son rayonnement. Alors il a contribué à défendre lui aussi… Volontaire et collectif pour résumer.
FALCON : Ce n’était pas un match pour les attaquants messins et Juan Falcon a pu très vite le comprendre. Esseulé en pointe et rarement servi, le Vénézuélien n’a jamais eu l’occasion de s’exprimer. Malgré une bonne volonté évidente, il ne s’est pas créé d’occasion non plus et a cédé sa place à Moussa Gueye (77e ), au moment où Metz, de toute façon, cherchait surtout à conserver son point.
Christian JOUGLEUX.
Cartier : « Une bonne base de départ »
Assez satisfait de ce premier devoir accompli, l’entraîneur du FC Metz Albert Cartier est apparu à la fois serein et déterminé, après la rencontre. « C’était important pour nous de réussir cette première sortie. Prendre un point à Lille, c’est une bonne base de départ pour espérer maintenant nous améliorer, progresser, pour prendre confiance, admettait le coach mosellan. Pour cette première, les garçons étaient tendus, ils avaient la pression. Il ne faut pas oublier que la plupart découvraient la Ligue 1. Tout le monde s’est mis au service du collectif, face à une équipe de Lille qu’on savait joueuse. Le seul regret, c’est qu’on aurait pu peut-être être un peu plus ambitieux en début de deuxième mi-temps. »
René Girard, l’entraîneur lillois , faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Avec un peu d’humour pour agrémenter le tout… « Face à une équipe très regroupée, venue pour ne pas perdre, c’était très difficile de faire la différence. Certaines équipes jouent bas, mais là, pour jouer plus bas, il aurait fallu jouer dans les tribunes (sic). C’est dommage, les garçons ont fait les efforts, mais nous n’avons pas été assez précis, sans doute. »
Guirane N’Daw, le milieu de terrain de Metz revenait sur son début de match houleux : « Non, il n’y a pas d’histoire du tout entre Florent Balmont et moi. C’est le football, c’est tout. Après le match c’est fini… »
Le défenseur messin Gaëtan Bussmann était, pour sa part, satisfait de la prestation des siens : « Un point à Lille, que demander de mieux ? On a fait le match qu’il fallait. On a un peu souffert sur les coups de pieds arrêtés mais Lille n’a été que dangereux sur ces actions. Si on a senti la différence avec la Ligue 2 ? Oui, tout est plus précis. Techniquement, c’est plus propre aussi. »
Guido Milan, le défenseur mosellan , appréciait le travail de tout un groupe : « Ce point, c’est la récompense de tout le travail effectué depuis la reprise. Nous avons réalisé un match costaud grâce à un bloc défensif très bien en place : on a tous travaillé ensemble. C’était très cohérent. A titre personnel, je suis très heureux d’avoir effectué mes premiers pas en Ligue 1, même s’il n’est jamais facile de rentrer dans un tel contexte. Mais il faut toujours être prêt, à 100 %. Je suis content pour moi mais surtout pour l’équipe. »
Circonstances atténuantes pour Falcon
Juan Falcon. Photo Pascal BROCARD
S’il est un Messin qui était attendu au tournant hier soir, c’est bien Juan Falcon. Le Vénézuélien, avant d’apprendre la veille de la rencontre sa titularisation en attaque, avait d’abord vécu une semaine assez agitée, côté coulisses.
Jouera ? Jouera pas ? Jusque-là, tout avait indiqué qu’Albert Cartier ferait appel aux services de Juan Falcon, son nouvel attaquant. La seule tête nouvelle de son effectif plutôt attirée par les filets adverses.
Jusque-là, l’entraîneur messin l’avait d’ailleurs utilisé lors de toutes les rencontres amicales programmées durant la préparation. Un signe. Six matches, six participations. Et aussi trois buts, face à Amnéville, Charleroi et Sochaux, qui ont vite suscité beaucoup d’espoirs dans les rangs des supporters grenat. D’autant que le départ de Diafra Sakho, le buteur maison, au fil des jours, prenait un peu plus corps…
Et puis, en début de semaine, le doute s’est installé. La qualification de l’intéressé ne paraissait pas acquise. Une qualification sur laquelle le FC Metz entretint curieusement un silence assourdissant… Une fois le doute levé, – on l’apprit mercredi –, Albert Cartier allait sans doute devoir choisir entre les deux hommes. Jusqu’à ce que les sirènes anglaises finissent, jeudi, par attirer à elles le meilleur buteur messin de ces deux dernières saisons. La voie était ouverte… D’autant plus ouverte que Vion, Nsor, blessés, et Cornet, manquent tous à l’appel.
Privé de ballons
Esseulé aux avant-postes, privé de ballons durant toute la rencontre, à la fois dans les pieds et dans la profondeur, le successeur désigné de Sakho, n’a pas pu, hélas, et pour cause, faire parler la poudre. Le Vénézuélien a dû se contenter de jouer l’essuie-glace devant la défense centrale lilloise, avec le plus souvent le grand Marko Basa sur le paletot. Pas simple de se mettre en évidence en pareil cas.
Ne rechignant jamais, revenant défendre lorsqu’il le fallait, Juan Falcon aura passé, au bout du compte, toute la soirée à défendre, plutôt qu’à attaquer. Sur les corners lillois, on le retrouva même dans sa propre surface… Avant de le voir repartir au combat avec beaucoup d’abnégation. Dans une équipe messine courageuse, très régulièrement dominée, Juan Falcon a donc signé une première sortie bien discrète, mais en bénéficiant de bien des circonstances atténuantes. Il laissa alors sa place à Moussa Gueye (77e ).
On le reverra dans un tout autre contexte, samedi prochain, face à Nantes, à Saint-Symphorien. Avec, cette fois, espérons-le, quelques ballons à se mettre sous la dent.
Patrick DELAHAYE.
L’adversaire
La campagne européenne de Lille a sans doute laissé des traces car les Dogues ont paru s’émousser au fur et à mesure de la partie. La base arrière, peu sollicitée, n’a jamais montré de signes de faiblesse. Florent Balmont a souvent perturbé l’entrejeu messin en première période et Sébastien Corchia a fait preuve d’une activité constante et pertinente, mais le résultat final et cette stérilité offensive viendront ternir l’impression globale laissée par le LOSC. Son gardien reste toutefois une valeur sûre : sans l’intervention d’Enyeama sur le coup franc de Yeni Ngbakoto (62e ), Lille pouvait pleurer le hold-up lorrain.
Hors jeu
Sido
Arrivé sur les bords de Moselle en janvier dernier, Fadil Sido n’avait pas encore eu l’occasion de débuter un match de championnat sous le maillot messin.En L2, le jeune milieu de terrain était entré en jeu à 4 reprises. C’est donc en Ligue 1 que le Burkinabéa honoré, hier soir,sa 1re titularisation avec le FC Metz.
Josué
La piste Josué a vécu.Le milieu portugais du FC Porto intéressait Metz mais la réciproque n’est pas nécessairement vraie.Le garçon doit s’engager avec le club de Bursaspor pour une saison. Les médias turcs annoncent son arrivée aujourd’hui. En revanche,la venue en Lorraine du jeune attaquant de River Plate, Federico Andrada, semble se préciser.Son président évoquait dans les médias argentins un prêt à hauteur de 150 000 euros et une option d’achat fixée à trois millions de dollars (environ 2,34 M€).
Béria
Franck Béria était le régional de l’étape hier soir au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq. Arrivé dans le Nord en 2007,il est désormais le seul ancien Messin de la bande à Girard, depuis le départ de Ludovic Obraniak pour Bordeaux à la fin de la saison 2011-2012. L’ancien défenseur grenat n’a plus beaucoup d’accointances messines cela dit. Il a joué avec Christophe Marichez, aujourd’hui membre du staff du club à la Croix de Lorraine, et connu Albert Cartier avant de débarquer chez les pros. Mais il le dit sur le site officiel du FC Metz, il suit toujours attentivement le club de ses débuts.
Oppositions
On ne peut pas direque le déplacementen terre lilloise s’achève souvent avec le sourire.Avant la rencontre, lors des 20 dernières saisons, depuis 1983-1984, les Messins se sont en effet inclinés 13 foiset n’ont vaincu qu’à 2reprises. Si l’on remonteun peu plus loin, en 41matches au total à domicile, les Lillois l’ont emporté 27 fois et les Grenats 4 fois seulement, pour dix nuls. Pas très flatteur.
Maillot
C’est un sondage réalisé auprès des Internautes de L’Equipe.fr qui le dit,c’est le maillot messin
le plus séduisant de tous, pour le moment ! Les quelque 150000 votants de la semaine écoulée l’ont choisi pour 14 % d’entre eux. Suivent, sur le podium ceux de Monaco et du PSG.Un sondage qui vaut ce qu’il vaut mais qui a le mérite de mettre le FC Metz à la 1re place d’un classement de Ligue 1 !
Girard
René Girard, l’entraîneur lillois, semble tenirAlbert Cartier,son homologue messin,en haute estime. La preuve ? Dans la Voix du Nord d’hier matin, l’ex-Montpelliérain l’exprimait très clairement… « C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup et qui a été un très bon joueur. C’est un gars simple, pas une grande gueule. » L’intéressé appréciera.
