Image symbole du passage de témoin entre Papiss Cissé et Razak Omotoyossi, l’un de ses successeurs (potentiels) à la tête de l’attaque messine.Photo Pascal BROCARD
Aujourd’hui, Yvon Pouliquen participera à une réunion qu’il aurait sans aucun doute préféré ne jamais voir s’inscrire à son agenda. Mais voilà, l’ordre du jour est là, bien là, et imposera à l’homme de terrain un passage dans les bureaux de Saint-Symphorien : en compagnie, entre autres, de Joël Muller, directeur sportif, l’entraîneur messin devra prendre le temps d’évoquer la situation dans laquelle le départ pour l’Allemagne de Papiss Cissé l’a plongé, lui et la collectivité de ses vestiaires.
GRAND ANGLE
Transféré au SC Fribourg pour 1,6 million d’euros – la chose est désormais officielle – l’international sénégalais était, avec huit buts inscrits en championnat, le meilleur réalisateur messin lorsque la trêve hivernale a sonné. « Notre deuxième meilleur buteur (le milieu de terrain Jérémy Pied, ndlr) compte trois buts à son actif. C’est dire l’importance que pouvait avoir Papiss , souligne Yvon Pouliquen. Forcément, pour moi, son départ est gênant. C’est un garçon qui, en dépit des critiques dont il a fait l’objet quand la réussite le fuyait, faisait peur aux défenses adverses. »
Aux yeux de l’extérieur, aussi, la vente de Cissé a interpellé, dès son annonce faite par son ordonnateur, le président Bernard Serin. Et elle interpelle toujours aujourd’hui, une semaine plus tard, alors qu’aucune information permettant d’envisager l’arrivée d’un renfort extérieur n’est remontée à la surface.
« Des impératifs économiques »
Hier, à l’heure de l’ouverture officielle du marché des transferts, Joël Muller rappelait d’ailleurs la difficulté de réaliser une affaire à ce stade de la saison. « En général, les joueurs qui sont libres aujourd’hui n’ont pas joué beaucoup ces derniers mois. Ils ne sont donc pas opérationnels. Si malgré tout nous trouvons un garçon susceptible d’amener un plus, pourquoi pas… Mais il y a aussi des impératifs économiques à prendre en compte. » Impératifs qui ont conduit le FC Metz à se séparer de l’un de ses plus gros salaires, et accessoirement de son joueur le plus efficace.
Entendue, bon gré mal gré par Yvon Pouliquen – « c’est le lot des entraîneurs ; je comprends cette décision dictée par des raisons financières » –, la décision prise de répondre à la proposition de Fribourg place malgré tout, et quoi qu’on veuille bien en dire, les acteurs en poste dans une situation inconfortable. Leur metteur en scène en premier lieu.
L’équilibre que ce dernier avait trouvé – quand bien même parsemé d’imperfections – avait permis à Metz de se relever d’un début de saison inégal et de rejoindre le trio de tête au soir de la quinzième journée de championnat. Papiss Cissé n’avait certes pas été le seul artisan de ce parcours ascensionnel, mais son apport s’était révélé décisif à plus d’un titre. Difficile, donc, de ne pas associer son départ à une grosse prise de risque. A ceux qui restent, et en particulier à ceux qui auront la charge de le remplacer au front, de démontrer que celle-ci n’était pas inconsidérée.
Cédric BROUT.