
Juan Falcon et Metz ont rendez-vous avec leur avenir, tout à l’heure, à Reims. Photo Pascal BROCARD
Si le maintien du FC Metz est encore possible, il passe, pour commencer, par un succès à Reims aujourd’hui, sans doute le dernier carrefour entre la lumière et le néant.
Que reste-t-il après Guingamp (0-2), le « match le plus important de la saison », « presque celui de la dernière chance » ? Quelques miettes d’espoir concentrées dans cette phrase reprise en chœur par les Grenats. « Mathématiquement, c’est encore jouable. » Quelques actes aussi. Une discussion dans le vestiaire pour commencer la semaine. Ensuite, Albert Cartier a pris le parti de resserrer son groupe à vingt joueurs, pour bâtir un commando spécial qui part aujourd’hui en croisade dans les plaines de Champagne-Ardenne. Sa mission est limpide : il faut rester en vie.
Le réveil insiste. Il est l’heure d’interrompre la chute. Ce problème perdure depuis treize journées de championnat traversées sans victoire. Là-haut, sur sa montagne de soucis, le FC Metz n’en finit plus de revisiter le mythe de Sisyphe. Il pousse sans relâche un fichu rocher, qui retombe inlassablement à l’approche du sommet. Le perpétuel recommencement. L’impossible délivrance. Ou la triste rengaine qui peuple la littérature lorraine aujourd’hui.
« Pas impossible »
Il faudra bien que cette série cesse un jour. Et pourquoi pas à Reims, cet après-midi ? Après tout, Metz rend visite à la pire défense de Ligue 1 (42 buts encaissés). « Mais eux peuvent aussi se dire qu’ils affrontent la plus mauvaise attaque (19 réalisations), rappelle Johann Carrasso. On marque très peu de buts en ce moment, pour ne pas dire que c’est quasiment le néant. » « Mais on a l’obligation de gagner , prolonge le défenseur Guido Milan. Il faut au moins 21 points pour se sauver. Ce n’est pas impossible, mais on ne doit plus perdre à domicile et réussir des coups à l’extérieur. »
Metz sait pertinemment que sa survie dans l’élite ne tient plus qu’à un fil. Celui-ci peut justement gagner en épaisseur si les Grenats gagnent tout court. Mais ils doivent « se lâcher », l’expression était dans toutes les bouches cette semaine. Puisse-t-elle investir les têtes et libérer les jambes. Car cette équipe a, semble-t-il, oublié qu’elle était capable de fragiliser l’OM par séquences au Vélodrome (3-1), de piétiner Reims à Saint-Symphorien (3-0) ou de ne prendre aucun but à Lille (0-0) pour sa première visite en L1... « La qualité existe », martelait le même Guido Milan, jeudi. Il est urgent, sinon vital, d’en apporter la preuve.
À la fin de ce week-end, le FC Metz en saura davantage. Il aura alors une vision plus claire de sa destinée. Une défaite jetterait un voile sombre, quasi définitif sur son avenir. Un nul ne l’arrangerait pas. Et une victoire retarderait la montée dans l’ascenseur, avant le vertige suivant, en compagnie d’Evian. Le football reste un éternel recommencement, mais les hommes d’Albert Cartier seront ravis de partir sur d’autres bases. Plus sereines. Bien vivantes. À Reims, le Sisyphe messin doit tout simplement balancer son rocher. Il traîne depuis trop longtemps ce maudit boulet.
Christian JOUGLEUX.
Carrasso : « Un moment fort »

Johann Carrasso n’abdique pas. Photo Pascal BROCARD
Johann Carrasso revient sur la décision d’Albert Cartier de resserrer son groupe pour préparer le déplacement à Reims. « Ça ne fait jamais plaisir de voir partir des coéquipiers du vestiaire », confie le gardien messin.
Johann Carrasso, c omment garder le moral quand on traverse une période aussi délicate ? « Dans ces moments-là, il faut que chacun utilise son vécu personnel et l’expérience collective. Pour ma part, j’essaye de penser où on était il y a deux ans. Il y a toujours moins bien dans une vie, mais c’est vrai que dans un passé assez proche, on était en National et, aujourd’hui, on a la chance de s’exprimer en Ligue 1. Il faut s’accrocher jusqu’au bout, essayer d’avoir les ondes le plus positives possibles. »
• Parvenez-vous à garder le sourire, à rire dans le vestiaire ? « La semaine dernière avait été assez tendue parce que c’était un tournant assez décisif qu’on a mal négocié. Cette semaine, le coach a réduit le groupe, un moment fort. Ça ne fait jamais plaisir de voir partir des coéquipiers du vestiaire. Mais il fait des choix et on les assume tous ensemble. On se retrouve à une vingtaine de joueurs, on se sent concerné par le projet du club et on a surtout envie de donner encore plus de sourires dans ce vestiaire et aux gens qui nous suivent. »
• Le groupe a-t-il été surpris par la décision d’Albert Cartier de resserrer l’effectif ? « On ne s’attend jamais à ça. Il a fait un choix. Il nous l’a dit dès qu’on est arrivé le premier jour de la semaine de travail, c’est-à-dire mercredi. On l’accepte et on travaille dans ce sens-là. De toute façon, on a tous un projet commun, que ce soit l’entraîneur ou les joueurs, on est tous ensemble dans tous les cas de figure et toutes les situations. »
« Les discussions font avancer »
• Les discussions entre joueurs, dans l’intimité du vestiaire, ont-elles permis de faire avancer les choses ? « On a toujours discuté. Mais, depuis un mois, un mois et demi, on en a encore fait plus, étant donné notre situation au classement, pour renverser la vapeur. Toutes les discussions font avancer, tous les discours aussi. C’est un choix fort qu’il (Albert Cartier) a fait, mais ça part aussi dans l’idée de faire avancer le club et les résultats. »
• Est-ce un groupe commando qui se déplace à Reims ? « Ç’a été exprimé comme ça. Dans tous les cas, je pense à Bastia où on a vu des Messins énormément dans l’agressivité, parfois un peu trop – de temps en temps, on n’a pas maîtrisé nos nerfs –, le comportement est bon sur le terrain, on s’arrache, on a tous envie de s’en sortir. Maintenant, au bout d’un moment, c’est la réalité, l’efficacité défensive ou offensive. En ce moment, on pêche surtout dans le domaine offensif. Mais on a pêché aussi défensivement. C’est tout le groupe qui est concerné. Il faut surtout être efficace dans les zones de vérité. »
Maxime RODHAIN.
Métanire monte d’un cran

Romain Métanire doit apporter un plus offensif . Photo Anthony PICORE
Alors que Lejeune recule pour prendre la place de Bussmann à gauche, l’habituel défenseur devrait, lui, évoluer plus haut dans le couloir droit.
Inoffensif face à Guingamp, dans un match qui ressemblait déjà à celui de la dernière chance, le FC Metz devra présenter un tout autre visage, cet après-midi, à Reims. Pour être nettement plus mordant. « Il faudra transpirer du sang pour gagner », lance même Albert Cartier.
Après avoir resserré son groupe à vingt joueurs cette semaine, se privant notamment des services de Jérémy Choplin, Ahmed Kashi et Yeni Ngbakoto, l’entraîneur messin devrait procéder à plusieurs changements pour ce déplacement en Champagne. Le premier est d’ordre tactique : le 4-4-2 devrait être délaissé au profit d’un 4-1-4-1 dans lequel les Grenats ont déjà évolué durant la première partie de saison.
Pour animer ce schéma, les hommes devraient également changer. En défense, Gaëtan Bussmann, en difficulté contre Guigamp, est invité à céder sa place à Kévin Lejeune dans le couloir gauche. À l’opposé, Jonathan Rivierez devrait débuter la rencontre avec Romain Métanire devant lui. Dans un rôle nouveau, l’habituel arrière droit doit, par sa vitesse, apporter une plus value offensive.
Dans l’entrejeu, où Guirane N’Daw est suspendu, Chris Philipps devrait se poster en sentinelle devant la défense, derrière un tandem Doukouré-Sassi, Bouna Sarr se positionnant sur le flanc gauche, notamment pour alimenter en ballons Modibo Maïga, aligné seul en pointe.
À Reims, l’attaquant brésilien Diego, grippé, a de grandes chances de manquer à l’appel. Benjamin Moukandjo, qui avait démarré sur le banc à Marseille (2-2) lors de la dernière journée, saute dans la brèche. Nicolas De Préville et David Ngog sont en balance pour le poste d’avant-centre.
M. R.
Hors-jeu

Florent Malouda. Photo Pascal BROCARD Florent Malouda. Photo Pascal BROCARD
Malouda
Sorti sur blesure à Lyon (2-0) le 21 janvier, Florent Malouda se remet de sa déchirure aux ischio-jambiers. Assez vite. L’ancien joueur de Chelsea a effectué son retour à l’entraînement, cette semaine, au milieu de ses coéquipiers. Mais une rentrée à Reims aujourd’hui serait prématurée. Albert Cartier ne veut prendre aucun risque avec l’ex- international tricolore. « Il devrait être opérationnel pour le prochain match », estime l’entraîneur messin.
Jeunechamps
Albert Cartier a décidé de restreindre son groupe à vingt éléments, cette semaine, à l’entraînement, histoire de soigner la qualité des séances. Jérémy Choplin, Ahmed Kashi et Yeni Ngbakoto, entre autres, ont ainsi été invités à rester en marge de la préparation du match contre Reims. Une décision temporaire, selon José Jeunechamps. « La porte est ouverte. À eux de bien réagir. Toutes les journées sont différentes, les cartes seront redistribuées », indique l’adjoint de l’entraîneur lorrain.
Exemple
Lors de la saison 2002/2003, qui marque le retour de la Ligue 1 à vingt clubs, Montpellier, alors entraîné par Gérard Bernardet, comptait seulement 18 points à l’issue de la 25e journée de championnat et neuf points de retard sur le premier non-relégable, qui était l’AC Ajaccio. Sans changer de technicien, les Héraultais avaient renversé la vapeur et s’étaient finalement maintenus en fin de saison avec un total de 40 points. Voilà un bon exemple à suivre pour Sylvain Marchal et ses coéquipiers.
Vasseur
À l’image du FC Metz, le Stade de Reims traverse une crise de résultats depuis le début de l’année 2015. Jean-Luc Vasseur et ses joueurs comptent sur la réception des Grenats pour enfin se relancer. « Il faudra être ambitieux dans le jeu pour faire un résultat », estime l’entraîneur rémois. « Il ne faudra pas avoir peur car on a la pression du résultat », ajoute-t-il.
Metz va enfin rejouer (CFA)
Le match. FC Metz : 15e avec 29 pts (3 victoires, 4 nuls, 9 défaites) ; dernier match : défaite à Moulins (1-0).
Belfort : 2e avec 45 pts (8 victoires, 6 nuls, 1 défaite) ; dernier match : nul à Fleury Mérogis (1-1).
L’enjeu. Les Messins qui n’ont pas joué depuis le 31 janvier devraient retrouver la compétition avec la réception de Belfort. Alors qu’ils ont subi leur 9e défaite à Moulins avec un penalty une nouvelle fois concédé dans les toutes dernières minutes, les Grenats vont se retrouver face à un sérieux client puisque Belfort occupe la deuxième place avec huit victoires au compteur et reste sur six matches sans défaite.
L’avis de l’entraîneur messin, José Pinot : « Ça fait plaisir après tous nos matches reportés de pouvoir rejouer. Il va nous falloir vite reprendre parce que quand on reçoit les leaders, on s’attend à un match difficile ».
Le groupe messin. Les seize joueurs qui figureront sur la feuille de match seront désignés à l’issue des derniers entraînements. Hein et Pierrot, blessés, et Toussaint et Seydi, suspendus, ne pourront pas participer à cette rencontre.
FC Metz-Belfort (15 h au stade des Hauts de Blémont à Metz-Borny)
Jatoba : « Trouver un équilibre »

Simone Jatoba, la meilleure joueuse du FCMA, montre toujours l’exemple. Photo Pierre HECKLER
À sept rencontres du terme du championnat et avant un match qu’elle juge décisif, face à Soyaux, sixième, qui s’était imposé à l’aller (5-2), Simone Jatoba, la capitaine brésilienne du FC Metz, fait le point.
Simone Jatoba, quels souvenirs avez-vous du match aller et comment jugez-vous cette équipe charentaise ? « Nous avions été menées 2-0. Nous étions revenues à 2-2 avant de lâcher après l’heure de jeu. Soyaux, c’est une équipe établie dans le championnat de France de D1, une formation qui dispose de trois bonnes attaquantes. Le match, forcément, sera compliqué. »
• Et aujourd’hui, il engage le maintien du FCMA… « Effectivement, notre situation est dorénavant compliquée. Il nous reste à jouer sept matches, dont quatre à la maison. Il faut que le groupe soit soudé. Il faut que l’envie soit forte. Il faut que la pression devienne positive. J’ai connu des situations comme celle-ci. Souvent, les matches se jouent sur la concentration et les détails, ce qui fait le haut niveau. C’est dans ce domaine que nous avons à progresser ensemble. »
• Vous évoluez au poste de libero. Ce choix vous convient-il ? « Je joue où je suis le plus utile à l’équipe. En équipe du Brésil, c’est à droite comme défenseur ou au milieu de terrain défensif. Ce sont les entraîneurs qui décident. Mais ce poste me convient aussi. Ce qu’il faut que nous trouvions, c’est un équilibre. »
« Montpellier, notre meilleure rencontre »
• Le FC Metz/Algrange pèche comme les garçons dans le jeu et dans le jeu vers l’avant. On a l’impression qu’il manque une Jatoba en 6 et une Jatoba en 10… « Quand le niveau monte, c’est souvent le cas. On ne produit pas suffisamment de jeu, c’est un fait. Et il est vrai qu’il nous manque une meneuse de jeu. Nous ne frappons pas suffisamment au but non plus comme on a pu le voir, la semaine dernière, en Coupe de France face à Vendenheim (0-2). »
• Quel match accompli cette année faudrait-il reproduire pour battre Soyaux ? « C’est face à Montpellier (2-2), à Saint-Symphorien, que nous avons joué notre meilleure rencontre. C’est ce type de match que nous devons livrer aujourd’hui au Batzenthal pour continuer à croire au maintien. »
A. Z.