À l’aller, Metz et Guido Milan avaient contrarié, par instants, le PSG peu inspiré de Marquinhos (2-3). Photo Anthony PICORÉ
Pour continuer de croire à un hypothétique maintien, le FC Metz doit profiter de la mise à jour du calendrier et gagner son match en retard ce soir. Problème : c’est à Paris. Difficulté en sus : la place de leader est en jeu.
C’est l’équivalent d’un bal de fin d’année. Une soirée pour se montrer, un moment propice pour prendre une danse aussi. Ce soir, le FC Metz aborde l’étape la plus prestigieuse de ce qui ressemble à une tournée d’adieux à la Ligue 1. Le club grenat reviendra obligatoirement à Paris, la saison prochaine, mais plus sûrement pour visiter Créteil ou le stade Bauer. C’est moins glamour, forcément, qu’un détour par le Parc des Princes sous les projecteurs d’une chaîne cryptée. Et moins impressionnant qu’un rencard avec le PSG, qui voudra récupérer sa première place, au lendemain d’une 34e journée qui l’a vu zlataner Lille (6-1), sans sa diva suédoise préférée. Metz en est là. Dans de beaux draps. Et il lui appartiendra de ne pas traverser cette soirée comme un fantôme.
« Jouer avec le cœur »
Comment procéder ? Comment faire pour éviter le ridicule d’une raclée prévisible ? Deux écoles pourraient s’opposer. La première, caricaturale et frileuse, tendrait à dresser une muraille défensive, sur le modèle d’architecture présenté à Lille justement, lors de la 1re journée de championnat (0-0). La manœuvre lorraine avait inspiré cette tirade à René Girard : « Il y a des équipes qui jouent bas, mais là, à part jouer en tribunes, ils ne pouvaient pas jouer plus bas ! »
L’autre option, celle que brandit Metz actuellement, consisterait plutôt à profiter du moment et se jeter dans cette chouette bataille avec une ferveur décomplexée. Le fameux « j eu sans pression ». Après tout, les Grenats sont libérés du stress lié à leur survie. S’ils avaient cueilli un succès à Bordeaux, samedi (1-1), ils auraient pu s’accrocher à un petit espoir mathématique de maintien, mais les Messins sont désormais trop loin. Pire, les voilà obligés de battre Paris, dans ce match en retard pour imaginer un autre terminus que l’ascenseur. Battre Paris, oui…
Par expérience sans doute et plus certainement par envie, Florent Malouda préconise de « jouer avec le cœur ». C’est une belle voie à suivre. Quitte à arbitrer la course au titre et les places européennes, autant opérer avec panache. Le champion de Ligue 2 a d’ailleurs une dynamique avec lui, quatre matches consécutifs sans défaite. Bon, Metz a un lourd passif aussi : un succès, cinq nuls et onze revers en déplacement. Soit 8 points sur 51 possibles. À l’évidence, les voyages ont déformé la genèse d’une saison plus paisible.
Vu d’en face, le fossé est vertigineux. À Auteuil, le PSG pèse douze victoires et quatre nuls, 40 buts marqués, 11 encaissés et, bien sûr, aucune défaite en Ligue 1. C’est simple, seul le FC Barcelone s’est montré capable de climatiser le Parc des Princes cette saison. C’est dire l’ampleur du défi et combien une victoire lorraine apparaîtrait comme une anomalie. Tout à l’heure, Metz va tenter d’incruster son petit caillou dans l’énorme godasse d’un club en route vers le titre. Le plus modestement du monde. Ce qui n’exclut pas le panache.
Christian JOUGLEUX.
Paris vise la tête
Thiago Silva retrouve le groupe parisien. Photo Anthony PICORÉ
Le PSG reprendra la tête du classement de L1, s’il ne perd pas contre le FC Metz ce soir. C’est une obligation dans sa course au triplé.
Si tous les chemins mènent à Rome, la route qui conduira le PSG vers un triplé historique impose au club de la capitale de battre… le FC Metz ce soir. Ou, du moins, de ne pas perdre. Peu de parieurs auraient misé un riyal qatarien sur cette hypothèse, en début de saison, mais le destin parisien est bien lié aux Grenats. Car, dans l’hypothèse où Lyon, l’actuel leader, et l’équipe de Laurent Blanc venaient à gagner leurs dernières rencontres, ce serait bien ce match en retard et la reconquête de la première place contre les Lorrains qui permettraient au PSG d’être titré pour la troisième fois d’affilée.
Pour l’heure, Paris a déjà prouvé, de façon spectaculaire, que la page Ligue des Champions était tournée. Après l’élimination à Barcelone, Lavezzi et compagnie ont en effet pulvérisé Lille (6-1) et rassuré leurs suiveurs. Hier, Laurent Blanc espérait d’ailleurs que cette démonstration servirait d’exemple. « On n’est jamais sûr de rien, mais plus le temps avance et moins il y a de matches, et plus les joueurs, le club, les supporters, sont conscients que les points valent très chers, alors j’espère que la détermination sera la même que contre Lille ; et il n’y a pas de raison que ça ne soit pas le cas », expliquait l’entraîneur.
Blanc a « du respect » pour Metz
Au sujet de son hôte du jour, Laurent Blanc a livré dans le politiquement correct et la courtoisie d’usage. « On a du respect pour cette équipe qui est dans une situation délicate , assure le technicien. On sait que rien n’est facile pour eux, mais pour nous non plus. Quel que soit l’adversaire sur le terrain, nous devons prendre les points. Ils ont fait un excellent match à Bordeaux (1-1). Leur programme a été alourdi par ce match de milieu de semaine mais, pour nous, il n’y a pas d’autre issue que de prendre trois points. »
Faute de consécration européenne, le PSG doit en effet s’attacher à marquer l’histoire autrement. Après sa victoire en Coupe de la Ligue et avant sa finale de Coupe de France contre Auxerre (L2), il ne peut se permettre de laisser filer un titre de champion de France qui demeure sa propriété depuis deux saisons maintenant. D’où l’importance de ce dernier rendez-vous sans Zlatan Ibrahimovic, qui purgera là son ultime match de suspension, après sa fameuse sortie sur la France « pays de m**** »…
L’attaquant suédois ne sera pas le seul absent. Le gardien Salvatore Sirigu est encore « trop juste » pour reprendre du service, selon Laurent Blanc, et il cédera encore sa place à Nicolas Douchez. Touché à une cuisse, Serge Aurier devra aussi passer son tour. En revanche, Thiago Silva (cuisse également) est rétabli et le capitaine retrouve le groupe.
Avec les mêmes, finalement…
« On vise l’exploit », assure Yeni Ngbakoto. Photo Pascal BROCARD
Pour défier le PSG, en quête d’un cinquième titre de champion de France, Albert Cartier et son staff ont décidé de reconduire l’intégralité du groupe revenu, vendredi, de Bordeaux avec un point.
Vendredi soir, dans les travées du stade Jacques-Chaban-Delmas, Albert Cartier avait lâché, un brin irrité par la programmation de trois rencontres en moins d’une semaine, qu’il réfléchissait à la possibilité d’envoyer son équipe réserve au Parc des Princes. L’entraîneur du FC Metz n’en fera rien. « Mais , précise-t-il, ce n’était pas une plaisanterie. Nous nous sommes sérieusement posés la question. Jusqu’où pouvions-nous aller afin de négocier au mieux ces trois rendez-vous ? » Et, accessoirement, envoyer un message à la LFP et à ses diffuseurs sans scrupule. « J’imagine qu’il y avait d’autres matches que celui du FC Metz à programmer ce vendredi. »
Finalement, pour affronter le PSG, le technicien messin et son staff ont décidé… de ne rien changer. Autrement dit, ils espèrent garder « l’élan de ces dernières semaines, entretenir une dynamique ». Car mine de rien, Guido Milan et ses partenaires restent sur quatre matches sans défaites (2 victoires, 2 nuls), soit leur meilleure série cette saison. Une réaction sans doute trop tardive…
Pourtant, même à l’heure d’aller se frotter à l’ogre parisien, les Lorrains veulent encore croire à leur salut, à l’instar de Florent Malouda : « Oui, j’y crois , assure l‘ex-international français. Quand on va jouer à Bordeaux avec de telles ambitions sur la première période, je n’ai vraiment aucun doute et je pense qu’on peut poser des problèmes à n’importe quelle équipe. » « On a failli réaliser un exploit à Bordeaux , poursuit son coéquipier Yeni Ngbakoto. À Paris, on sait que sera encore plus difficile, mais on vise également l’exploit. Paris a besoin de ces trois points, mais nous aussi ! »
« Avec un peu plus de jugeote »
Son entraîneur devine que son équipe « réglera les problèmes des qualités individuelles des Parisiens par une réponse collective ». Et, « avec un peu plus de jugeote dans les choix pour gérer les temps forts et les temps faibles », prévient Florent Malouda.
Ce dernier devrait une nouvelle fois débuter la partie au cœur du jeu avec Bouna Sarr et Yeni Ngbakoto sur les côtés, Modibo Maïga occupant le front de l’attaque. Par contre, à la récupération Ahmed Kashi pourrait être accompagné de Guirane N’Daw. Ferjani Sassi, touché à Bordeaux, n’était, hier, pas totalement rétabli. Derrière, outre la possibilité d’un retour de Gaëtan Bussmann dans le couloir gauche à la place de Kévin Lejeune, le staff messin ne devrait rien bouleverser avec toujours Anthony Mfa dans les buts, Johann Carrasso ne figurant toujours pas le groupe.
Jean-Sébastien GALLOIS.
« L’Himalaya a été franchi ! »
FC METZ. « Le PSG c’est une montagne mais même l’Himalaya a été franchi ! Il y a quelque chose à faire. Je pense que le plus gros du travail est psychologique. Nous devons nous mettre vraiment dans la peau d’une équipe qui n’a rien à perdre, en respectant Paris mais pas trop. » De Florent Malouda, le milieu de terrain messin avant le déplacement, ce soir, au Parc des Princes.
