
Le FC Metz de Kévin Lejeune et d’Ivan Balliu est invaincu depuis l’ouverture du championnat. Les Messins visent la passe de six, ce soir, à Laval. Photo Pascal BROCARD
Le leader messin, qui reste sur quatre succès d’affilée en championnat, retrouve le chemin de la Ligue 2, ce soir, à Laval. Avec un statut à défendre à une semaine du tant attendu derby face à Nancy.
j e suis focalisé sur le déplacement à Laval. Préparer les matches du FC Metz, c’est ça, mon quotidien. » Un quotidien perturbé par une mauvaise histoire belge ( lire par ailleurs ) qui ne fait pas du tout rire José Riga. L’entraîneur messin dont le nom a été cité, avec deux de ses confrères, dans une affaire de corruption présumée du côté du Standard de Liège (son ancien club), reconnaît que l’approche de cette rencontre en Mayenne « a été moins évidente que d’habitude. Être l’objet de telles allégations n’est jamais agréable et les sollicitations ont été nombreuses… »
Pourtant, son équipe retrouve le chemin du championnat, ce soir en Mayenne, après une coupure de près deux semaines, trêve internationale oblige. Le tout avec un statut de leader à défendre. « On le sait : Metz est attendu par tous nos opposants et j’estime qu’être leur cible est un privilège , assure José Riga. Il va falloir être à la hauteur. »
D’autant qu’en face, le Stade Lavallois réalise un excellent début de saison. Quatrièmes à seulement trois points des Messins, les Tangos restent, en effet, sur une série de cinq victoires (3 en Ligue 2 et 2 en Coupe de la Ligue). « On ne verse par dans l’euphorie pour autant , tranche leur entraîneur, Denis Zanko. Affronter Metz, c’est un défi, un gros challenge pour nous. Les Messins sont en haut et, pour l’instant, personne n’a trouvé les clés pour les faire chuter en championnat. J’ai vraiment envie que mon équipe se montre au niveau pour cette confrontation. »
Côté lorrain, l’objectif de José Riga et de son staff – outre le résultat – est « d’être meilleur sur toute l’étendue d’un match ». Il est vrai qu’en termes de jeu, le leader mosellan est branché sur courant alternatif. Capable d’étincelles mais aussi d’interruptions subites des programmes. « Le monde ne s’est pas fait en un jour , glisse le technicien belge. J’estime qu’on a souvent été consistants, mais, évidemment, ce n’est pas encore suffisant. Je suis perfectionniste et donc j’attends toujours plus et mieux de mes joueurs. Cela dit, avec les blessures des uns et les arrivées tardives des autres, il va falloir être patient afin que le ciment prenne. Mais je suis confiant. »
« Il ne faut pas se tromper d’objectif »
La confiance. Un ingrédient qui accompagne les mets messins en ce début de saison. À l’image de Kévin Lejeune, un capitaine gourmand, inspiré et décisif, les Lorrains vont au bout de leurs idées et, surtout, affichent un état d’esprit, pour le moment, à toute épreuve. « Un groupe fantastique », selon le défenseur espagnol Ivan Balliu qui, s’il veut aborder la très attendue réception du voisin nancéien la semaine prochaine avec sérénité, se doit de faire un résultat sur la pelouse du stade Francis-Le Basser. Histoire d’aborder ce derby avec ce costume de leader qui lui va si bien.
« Depuis le jour de mon arrivée, on me parle de ce match face à Nancy , sourit José Riga. Je sais quelle importance ce match revêt dans la région. Mais, pour l’instant, il ne faut pas se tromper d’objectif. Concentrons-nous sur le déplacement à Laval, négocions-le de la meilleure des manières et seulement ensuite, nous pourrons préparer ce rendez-vous tant attendu. »
Jean-Sébastien GALLOIS.
Krivets de retour, Didillon présent
Comme à son habitude, José Riga a désigné un groupe de dix-sept joueurs pour le déplacement à Laval. Parmi eux, deux des quatre derniers arrivants : l’attaquant zambien Mayuka et le milieu offensif portugais Candeias. Mais aussi, et c’est un petit événement, Sergeï Krivets, jamais retenu cette saison et dont la dernière apparition sous le maillot grenat remonte au 14 mars dernier à Saint-Étienne.
Alors qu’un énorme flou entourait le cas du Biélorusse au beau milieu de l’été, le voilà donc de retour. Allez, soyons fous : il n’est même pas interdit de penser que l’ancien milieu de terrain du BATE Borisov puisse débuter la rencontre. Les oppositions de cette semaine pourraient le suggérer, même, si évidemment, l’entraîneur messin n’a dévoilé aucun de ses plans. Si Krivets était titularisé, il pourrait être épaulé, sur les côtés par Ngbakoto et Gbaklé. Juste derrière eux, à la récupération, tout laisse à penser que le duo Santos-Lejeune sera reconduit.
La défense, quant à elle, sera composée du même quatuor ayant été aligné face à Évian après la blessure de Reis : Métanire, Özmen, Palomino et Balliu à gauche. Incertain en raison d’une gêne à la cuisse, Thomas Didillon figure au sein du groupe et devrait donc bien débuter la partie.
Reste à savoir qui occupera le front de l’attaque. Le staff messin décidera-t-il de confirmer Amido Baldé – jusqu’ici muet mais auteur d’un match assez consistant face à Évian – ou lancera-t-il directement dans le bain sa nouvelle recrue, le Zambien Mayuka ? Une chose est certaine, ni Falcon (à peine rentré de sélection), ni Diallo ne seront du déplacement en Mayenne. Pas plus que le nouveau latéral gauche portugais, Tiago Gomes, « un peu juste physiquement , selon José Riga. Nous ne prendrons aucun risque car la saison est encore très longue… »
J.-S. G.
Riga pris dans la tempête

Le stade Maurice-Dufrasne est vide. Mais bouillonnera encore, dimanche, à l’occasion de la venue de Lokeren. Jordan, le fan du Standard, lui, ne regrette pas l’époque Riga. Photo Anthony PICORÉRÉ
Ex-entraîneur du Standard de Liège, José Riga est éclaboussé par une affaire de corruption qui fait l’effet d’une bombe en Belgique, où son image de gendre idéal est plutôt écornée.
Le paysage est trompeur. Le stade Maurice-Dufrasne, qui trône sur les bords de la Meuse à Sclessin, est baigné par un soleil généreux en ce jeudi. C’est le calme plat dans la boutique Planète Rouge où les fidèles du Standard de Liège ont l’habitude de se rendre les jours de match. L’enceinte, d’une capacité de trente mille places, l’une des plus chaudes outre-Quiévrain, fera encore quasiment le plein, dimanche, pour la réception de Lokeren. Malgré le mauvais départ des Rouches en Jupiler League (onzième après six journées) et l’affaire qui secoue le club depuis lundi soir.
De nos envoyés spéciaux à Liège
Président du Royal Standard de Liège depuis le mois de juin, Bruno Venanzi a déclaré dans l’émission « Carrément Steph », diffusée sur le web : « La saison dernière, au Standard, un joueur a payé un entraîneur pour le faire jouer et l’entraîneur a accepté. » Des propos qui ont causé un séisme dans le football belge. Et au-delà. L’onde de choc a même été ressentie à Metz. La raison ? José Riga, désigné cet été par Bernard Serin pour succéder à Albert Cartier sur le banc lorrain, a officié au RSCL durant le dernier exercice, entre février et juin, au même titre que le Serbe Ivan Vukomanovic, dont il avait pris le relais, et l’Israélien Guy Luzon, qui avait débuté la saison.
Les réactions ne se sont pas fait attendre : décidé à faire la lumière sur cette affaire, le club belge a décidé de porter plainte contre X quand José Riga va, lui, porter plainte pour diffamation. Comme le milieu de terrain Jonathan Legear sur qui pèsent les soupçons. Les regards se tournent principalement vers ces deux protagonistes alors qu’aucune preuve n’a été apportée jusque-là.
« Il est bien pour un petit club »
Surnommé « Monsieur Propre », José Riga ne passe pas, en effet, pour un personnage aussi lisse que ça. « Son image de gendre idéal, c’est une façade. », dit-on dans les environs du Sclessin, sous couvert d’anonymat.
A la tête du Soccer Club, un établissement comportant trois terrains de foot en salle à proximité du stade du Standard, Benjamin Nicaise, formé à l’AS Nancy-Lorraine et passé par le FC Metz, se souvient de José Riga, le technicien qu’il a connu lors de ses deux années à Mons (2007-2008) : « Un entraîneur avec qui j’ai eu des performances. Ensuite, j’ai pu signer au Standard. » Devenu consultant à la RTBF, il constate les dégâts engendrés par cette tempête sans précédent. « Sportivement, c’est déjà la crise. Le club vient de changer d’entraîneur (Slavo Muslin a été licencié et remplacé par Yannick Ferrera) et a perdu 7-1 à Bruges, dimanche. Après cette déculottée, les joueurs s’en sortent bien car, depuis le début de la semaine, on ne parle que de cette affaire. C’est quand même le plus grand club en Belgique ! »
Autour du Sclessin, comme est communément appelé l’antre des Rouches, Jordan, 26 ans, regrette ce « début de saison catastrophique ». Mais pas le départ de José Riga durant l’intersaison. « On vient de la même région, de Hermalle-sous-Argenteau. Mais ce n’est pas un super-entraîneur, il n’est pas digne du Standard. Il est bien pour un petit club. En tout cas, ici, il a échoué », affirme le supporter du RSCL, curieux de découvrir la vérité derrière « ces magouilles ».
Cette drôle d’histoire belge fait sourire Eddy, « comme Merckx ! Et j’ai 70 ans comme lui et comme Jacky Ickx ». Supporter du Club Bruges, il est amené, par ses activités professionnelles, « à livrer des couvertures » au Standard : « C’est un vrai scandale. Mais la faute est commise par le président qui aurait dû se taire. A la justice, maintenant, d’éclaircir tout ça. »
Maxime RODHAIN.
« Je nie, évidemment, les allégations »
Invité à exprimer sa position concernant les accusations lancées lundi soir dans une émission de télévision par le président du Standard de Liège, Bruno Venanzi*, et largement relayées par les médias belges – dont le site d’informations Sud Presse qui a cité son nom –, José Riga a brièvement évoqué le sujet, hier en début d’après-midi.
« Je suis bien entendu affecté » par ces accusations, « en tant qu’être humain et comme professionnel. Mais dans mon esprit, les choses sont claires. Je nie, évidemment, les allégations dont je fais l’objet. Cette affaire est totalement aberrante ». A la veille du déplacement de son équipe à Laval, l’entraîneur du FC Metz est, pour autant, apparu serein, tout en reconnaissant « qu’on ne se sent jamais vraiment bien lorsqu’on est attaqué de la sorte ».
Un communiqué lundi
« Mais je fais la part des choses , a-t-il encore expliqué. Ma préoccupation reste le FC Metz et le match à Laval. Cette affaire ne doit pas être un obstacle. » Le technicien belge se laisse le temps du week-end pour rencontrer « les personnes compétentes » afin d’évoquer « les événements sereinement ». « Je n’ai jamais été confronté à ce genre de problème et je n’ai donc jamais fait appel à un avocat. Mais, cette fois, ce sera le cas. »
José Riga a indiqué qu’il publierait un communiqué, « sans doute lundi » dans lequel il devrait exposer sa position et les suites qu’il compte donner à cette affaire. Mercredi, le président messin, Bernard Serin, avait indiqué que son entraîneur envisageait de « porter plainte pour diffamation ».
* Ce dernier avait confié qu’un joueur du Standard avait payé son entraîneur la saison dernière afin de pouvoir jouer.
J.-S. G.