
Dix jours après avoir ouvert son compteur, à Dijon, Razak Omotoyossi retrouve Saint-Symphorien armé d’une confiance nouvelle pour aider Metz à prendre sa distance. Photo Pascal BROCARD
Sur la lancée d’un mois de février presque parfait, Metz a l’occasion de confirmer son nouveau souffle et de prendre le large sur Le Havre, qu’il reléguera à sept points en cas de victoire.
Saint-Symphorien, hier midi. Aux abords du stade, la nouvelle manifestation d’un hiver décidément chagrin offre le spectacle désolé d’un décor en mouvement : objets volants non identifiés, branches cassées, barrières renversées, pas humains mal assurés. Au milieu de tout ça, les footballeurs messins quittent l’entraînement, le dernier avant de jouer contre Le Havre, ce lundi, en conclusion de la vingt-sixième journée de Ligue 2.
L’entraînement ? Un bien grand mot. Quarante minutes sur le terrain dégradé du bord de l’autoroute A31, où il aurait pourtant fallu jouer ballon au sol pour lui éviter les déboires d’une trajectoire capricieuse. Rien de bon à attendre d’un matin pour rien : les Messins n’ont pourtant pas attendu le dernier jour de février pour savoir qu’ils avançaient vent dans le dos, au figuré comme, hier, au propre. Jusqu’où ce vent les portera ? Au moins jusqu’à des retrouvailles attendues avec Le Havre, un club qui ressemble à Metz : même passé séculaire, présent pareillement incertain et avenir itou.
Ce lundi de retour au calme après la tempête en dira peut-être un peu plus sur les futurs messins et havrais. Surtout sur le futur havrais, si les Normands échouent pour la septième fois d’affilée à l’emporter loin de chez eux.
Avant, Yvon Pouliquen refuse de considérer ce rendez-vous comme un tournant. Après, éventuellement : « Ce n’est pas un tournant, mais un match important contre un rival, pèse l’entraîneur messin. On ne parlera de tournant qu’en cas de victoire de notre part : un mauvais tournant pour Le Havre. Mais pour nous, il ne s’agirait pas d’une garantie. » Sinon celle de reléguer à sept longueurs un candidat déclaré à la (re) montée en Ligue 1, ce que ne sont déjà plus Strasbourg et Nantes. C’est une garantie de rien, en effet : au printemps dernier, compter cinq points d’avance sur le quatrième, à huit journées de la fin, n’avait pas empêché Metz de se planter intégralement. Quelque prudence de langage vient sûrement de ce douloureux souvenir…
Engouement restauré et élan nouveau
Dans une course à la troisième place menée par les Lorrains, repositionnés par une série de trois victoires et un nul, Le Havre ne constitue qu’une menace parmi d’autres, nommées Nîmes, Angers ou Laval, la prochaine destination messine. Ni franchement impressionnants, ni vraiment inquiétants, les Havrais ressemblent encore aux concurrents moyens qui l’avaient emporté, à l’aller, fin septembre, sur deux buts offerts par une équipe messine alors attentiste et inattentive. « Aujourd’hui, inventorie Pouliquen, nous commettons moins d’erreurs, notre bloc est plus solide et nous nous projetons plus franchement vers l’avant, donc nous nous créons plus d’occasions. » En plus, aujourd’hui, Metz les transforme, car il possède une efficacité nouvelle en même temps qu’un nouvel attaquant, Sylvain Wiltord, deux buts pour sa première apparition à Saint-Symphorien le 5 février (victoire, 3-1, face à Nîmes).
Depuis, les Messins ont beaucoup et bien voyagé (sept points sur neuf en trois déplacements d’affilée), mais l’effet Wiltord n’est pas retombé, même après le premier but de Razak Omotoyossi, celui de la victoire à Dijon : il est probable que, ce soir, Saint-Symphorien approchera la barre des 15000 spectateurs pour la première fois de la saison. Un engouement restauré accompagne l’élan nouveau : Metz revit et « la joie est généreuse », comme le prétend le slogan d’un panneau publicitaire, boulevard Saint-Symphorien, quant à lui solidement enfoncé dans le sol.
Sylvain VILLAUME.
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LA NOUVELLE LOI DU MILIEU

Pour l’instant, Pascal Johansen n’a pas eu à souffrir de la nouvelle concurrence au milieu de terrain. Photo Karim SIARI
L’arrivée de Youssef Mokhtari et la réorganisation d’un système de jeu où figurent désormais deux attaquants, ont relevé la concurrence au milieu de terrain. Et apparemment, les Messins y trouvent leur compte.
Pour certains, s’intéressant de près à l’actualité du FC Metz, c’est devenu un casse-tête. Depuis quelques semaines, à la veille de chaque match, se pose inexorablement la question de savoir quels seront les heureux élus du milieu de terrain. Durant la première partie de saison, en alignant régulièrement cinq pions dans ce secteur de jeu, contre un seul en attaque, Yvon Pouliquen rendait les pronostics plus faciles. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Hier, sur la liste des dix-huit désignés par l’entraîneur messin, sept joueurs figuraient ainsi dans la case regroupant les milieux de terrain. Et ils ne seront que quatre à débuter les hostilités face aux Normands. Et alors ? « Sept solutions pour quatre places, ce n’est pas de trop », souligne le technicien breton, visiblement ravi de la concurrence nouvelle amenée par le recrutement d’un milieu de terrain, Youssef Mokhtari, mais aussi par celle de Sylvain Wiltord.
Des copains d’abord…
L’arrivée de l’attaquant-vedette a incité le staff messin à revoir ses plans tactiques. Depuis la venue de Nîmes, et à l’exception d’Angers – match pour lequel l’ancien international n’était pas qualifié – Metz a toujours évolué avec deux hommes au front. Dans le même temps, les places au milieu sont devenues plus chères. Et donc plus désirées, comme s’en félicite Yvon Pouliquen : « Cette concurrence crée une véritable émulation, aux effets positifs, parce que tous ceux qui sont là aujourd’hui savent que la porte reste ouverte. Ce n’était pas forcément le cas la saison passée, avec un groupe de vingt-quatre, vingt-cinq joueurs. »
Yvon Pouliquen poursuit la démonstration, pour une fois avec des noms à l’appui « Regardez Vincent Bessat, il est sorti du onze contre Nîmes alors qu’il restait sur de bonnes performances. Jérémy Pied est entré en jeu. Cela n’a pas empêché Vincent de revenir dans la partie par la suite et cela n’empêche pas ces deux joueurs d’être deux copains, qui peuvent d’ailleurs jouer ensemble. » Cela s’est vérifié à Angers, le 9 février, ou plus récemment encore au coup d’envoi à Dijon.
Ce qui vaut pour ces deux joueurs de flanc ne vaut pas forcément pour ceux chargés de la récupération. Régulièrement associés devant la défense au cours de la phase aller du championnat, Julien Cardy et Romain Rocchi ne le sont plus systématiquement. Et l’importance de Pascal Johansen dans le schéma de jeu messin – comme sa préfèrence pour l’axe – n’y sont pas étrangères.
« C’est vrai que je me sens plus à l’aise que sur les côtés », avoue le natif de Colmar, dont le potentiel d’animateur lui confère un statut à part. Lui aussi ne voit que des avantages à la concurrence : « Je suis content que de nouveaux joueurs soient arrivés. A un moment donné, on était peut-être en train de s’endormir. Et puis une saison, c’est long. Il y a toujours des moments où certains ont des baisses de forme. Moi aussi, tient-il à préciser. C’est bien de savoir qu’il y a du monde derrière toi. » Il peut être rassuré de ce côté-là. Du monde, il y en a. Dans le milieu messin, une nouvelle loi est en vogue.
Cédric BROUT.
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Le Havre, une carburation à (re) trouver

David Gigliotti (à droite), la recrue havraise, sera aligné à la pointe d’une attaque en quête d’efficacité. Photo MAXPPP
Le Havre a attendu la venue d’Istres, lors de la dernière journée, pour décrocher sa première victoire de l’année 2010. Il n’en reste pas moins un sérieux concurrent dans la course à la montée.
U ne victoire qui change tout. « On s’est donné le droit de jouer un match très, très intéressant à Metz. » Celui qui tient ses propos ne sera pas sur la pelouse de Saint-Symphorien aujourd’hui. Sanctionné d’un match de suspension, Nicolas Gillet regardera en effet ses partenaires de chez lui, dix jours après avoir été l’un des artisans de la victoire face à Istres (2-1). Décroché sur le fil, grâce à un penalty transformé dans le temps additionnel par Jean-Michel Lesage, ce succès s’est inscrit comme le premier du camp havrais depuis le début de l’année. Jusque-là, l’équipe de Cédric Daury n’avait remporté que trois des quinze points qui s’étaient présentés sur sa route (trois nuls, deux défaites). Alors oui, comme l’a suggéré l’entraîneur normand, « cette victoire pourrait compter plus tard ». Dès aujourd’hui ?
Une série à briser. La réponse tiendra en partie dans la capacité havraise à mettre fin à une série ouverte le 26 octobre 2009. Ce jour-là, à Guingamp, les joueurs de Cédric Daury remportaient ce qui reste à cette heure leur dernier succès à l’extérieur. Battu par la suite à Arles/Avignon, Caen, Clermont et Brest, Le Havre a semble-t-il commencé à rectifier le tir dans ce domaine. Ses deux récentes escapades, du côté d’Angers et de Nîmes, se sont toutes deux achevées par un résultat nul. Le mieux est en cours, donc. Reste à savoir si les progrès se matérialiseront à nouveau face à des Messins soucieux, eux, de préserver une efficacité à domicile à peine élimée par le succès de Caen, le 24 janvier.
L’argument défensif. A la traîne au classement de l’offensive – avec vingt-neuf buts marqués, Le Havre y figure au quinzième rang – les Normands ont démontré beaucoup plus de savoir-faire à la protection de leurs filets. Ils n’ont, en effet, encaissé que vingt-cinq buts depuis le coup d’envoi de la saison. Cédric Daury ne compte heureusement pas que sur cela pour remplir l’objectif de la remontée immédiate qui lui a été assigné à son arrivée au poste, courant juin 2009. « Nous sommes une équipe qui aime jouer au ballon. Et ces derniers temps, je dois dire que les pelouses, la nôtre en particulier, ne nous ont pas aidés. J’ai vraiment hâte de sortir de ce football d’hiver. »
C. B.