RL du 02/03/2010 - Petite victoire pour grand écart
Publié : 02 mars 2010, 03:06

En inscrivant ses troisième et quatrième penaltys en l’espace de quatre matches, Pascal Johansen permet au FC Metz de prendre ses aises sur le podium. Photo Pascal BROCARD
Le sang-froid de Pascal Johansen, double buteur sur penalty, permet à Metz de bien s’en sortir et de repousser Le Havre, sa nouvelle victime, loin du podium.
Une étape importante vient d’être franchie, dans la course à la montée en Ligue 1, à laquelle Metz prétend un peu plus et Le Havre un peu moins depuis leurs retrouvailles échevelées d’hier soir. Sept points séparent les deux équipes, ce matin, ce qui n’indique évidemment rien de définitif à douze journées du but, mais offre une tendance très prononcée. Là-dessus, il reste un hiver à bien finir et un printemps à traverser : les Messins ont payé, il y a moins d’un an, pour tout savoir de la difficulté à boucler une fin de saison.
Metz a donc porté, hier soir, sa série d’invincibilité à cinq matches, dont quatre victoires : treize points sur quinze, c’est un rythme engageant pour un candidat à la montée qui s’était déplacé trois fois avant de revenir hier soir sur ses terres. Il faut aussi relever que Metz a marqué quatre fois sur penalty au cours des quatre dernières journées : c’est, au choix, un signe ou une chance. La chance qui sourit aux équipes prêtes à embrasser un destin ; le signe qu’un élan favorable pousse désormais les Messins, en 2010, peut-être de façon inexorable.
Depuis qu’il s’est découvert un goût certain pour l’exercice, au détour d’un tour de Coupe de la Ligue, mi-septembre, face à Valenciennes, Pascal Johansen est devenu un tireur de penalty infaillible : comme à Angers et comme à Tours, il en a cette fois transformé deux face au Havre, ses troisième et quatrième en l’espace de quatre matches, à chaque fin de mi-temps. Le premier est survenu à un moment opportun, juste avant la pause d’une partie que Metz n’avait pas spécialement bien négociée jusque là. Un penalty indiscutable, le Havrais Aït Ben Idir ayant effectivement fauché Cheikh Gueye à hauteur de tibia, quelques centimètres à l’intérieur de la surface. Un penalty exécuté avec sang-froid, d’un contre-pied parfait selon l’expression consacrée, pour offrir aux Messins un avantage d’un but éminemment flatteur au vu de la production livrée.
Piégés par le pressing constant des Havrais sur le porteur du ballon, les Messins ont peiné à s’en défaire et à trouver une solution alternative. Ou, lorsqu’ils la trouvaient, il manquait systématiquement quelque chose : quelques centimètres à Razak Omotoyossi pour devancer Johny Placide, le gardien havrais, sorti au devant d’un centre de Victor Mendy devant le but, à 0-0 (27 e) ; un dixième de seconde à Victor Mendy, après avoir embarqué la défense havraise en pleine surface, pour lâcher sa frappe avant le retour de Kana Biyik, à 1-0 (45 e+1).
Désespérant pour Le Havre
Le Havre avait ouvert les hostilités sur une frappe de Walid Mesloub, stoppée en deux temps par Marichez, puis il avait surtout réussi à se protéger d’une solide carapace. Mené, c’est à peine s’il s’est davantage découvert, et Metz a très vite perdu une occasion de doubler la mise, d’entrée de seconde mi-temps, lorsque Cardy a placé Omotoyossi sur orbite : au bout de sa course, l’attaquant béninois a assez étrangement perdu son face-à-face avec Placide, plaçant sa frappe du droit hors cadre !
Réorganisés en 4-3-3 avec la sortie de Razak Omotoyossi et son remplacement par Romain Rocchi, au bout de cinquante minutes, soumis aux rotations constantes avec les sorties de Bessat puis Wiltord, les Messins ont un peu mieux porté le danger, mais ils ont alors péché par précipitation, ou par excès d’individualisme, ou les deux (Mario Mutsch puis Romain Rocchi, dans les cinq dernières minutes). A la limite, les Lorrains pouvaient presque s’estimer heureux d’avoir préservé leur victoire : à la 80 e, il avait fallu une sortie judicieuse de Christophe Marichez pour empêcher l’égalisation de Mesloub, lancé par Bonnet. Dans ce contexte, le deuxième but messin sur un deuxième penalty a quelque chose de désespérant pour les Havrais ; il n’y avait cette fois pas faute de Placide sur Johansen, ce qui n’a évidemment pas empêché le nouveau spécialiste maison de tromper Nestor, gardien de secours après l’exclusion du titulaire du poste. Il faut aussi savoir gagner sans briller, et parfois avec un certain bonheur : c’est même un préalable, pour un candidat à la montée.
Sylvain VILLAUME.
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Johansen, la bonne habitude

Un match sérieux pour Cheikh Gueye, à l’origine, notamment, du premier penalty. Photo Pascal BROCARD
Le meneur de jeu messin a une nouvelle fois été décisif, inscrivant les deux buts de son camp. L’un et l’autre sur penalty.
LA DÉFENSE
Marichez. Un premier arrêt en deux-temps sur la frappe de Mesloub (19 e) et un autre sur un tir signé Gigliotti l’ont mis sur la trajectoire d’une soirée réussie. La preuve : il n’a pas tremblé sur la tentative du même Gigliotti à l’entrée de la seconde période (48 e) et il est sorti victorieux de son duel face à Mesloub (80 e). Absent lors du dernier match, le capitaine messin a repris le train en marche sans souci.
Gueye. Il a eu le pied assez long pour ôter un ballon qui aurait pu profiter à Mesloub (11 e). Auteur d’interventions plutôt inspirées, tant dans son devoir défensif que dans les déploiements au-delà de la ligne médiane, il s’est surtout distingué en obtenant le penalty qui a permis à son camp d’ouvrir le score (42 e).
Frechaut. A l’exception d’une relance hasardeuse plein axe (20 e), il a négocié le premier acte de la soirée avec autorité. Sans Vivian, son repère habituel dans l’axe messin, il a mené sa barque sans jamais s’affoler.
Diagne. Appelé à la rescousse en raison de la suspension de Vivian, le Sénégalais a ouvert sa deuxième titularisation de la saison sans prendre de risque. Cela ne lui a pas épargné quelques instants de flottement, mais il a su achever l’ouvrage en affichant un visage plus rassurant… et encourageant pour la suite.
Biancalani. Auteur d’un bon retour devant Gigliotti (34 e), il a affiché une santé de tous les instants.
LE MILIEU
Mendy. Son centre aurait pu s’avérer décisif si Razak Omotoyossi avait sauté quelques centimètres plus haut (26 e). Puis il a manqué l’occasion de finir le travail lui-même alors qu’il s’était habilement défait du marquage de son défenseur (45 e+1). Il est parvenu à frapper mais sans trouver le cadre havrais.
Cardy. Il s’est très vite égaré. Ses efforts, quand bien même nourris par une combativité indéniable, n’ont pas suffi à masquer ses peines. Plus mordant après la pause, lorsqu’Yvon Pouliquen a envoyé du renfort au milieu de terrain.
Johansen. Il a peut-être manqué de compagnie en début de soirée. Mais il fait preuve de persévérance et de sang-froid. D’abord pour transformer le penalty consécutif à une faute sur Gueye, puis pour inscrire celui qu’il a obtenu lui-même en toute fin de rencontre, dans la confusion consécutive à l’expulsion du gardien havrais.
Bessat. De l’envie dans le coffre. Il a multiplié les tentatives sur son côté gauche, offrant notamment un centre qui aurait pu profiter à Victor Mendy dès la huitième minute. Jérémy Pied lui a succédé à vingt minutes du coup de sifflet final. Son centre en bout de course a abouti au second penalty messin de la soirée.
L’ATTAQUE
Omotoyossi. Tout feu, tout flou. Il n’est jamais parvenu à structurer son envie de bien faire. Sa maladresse devant le but, sur un service de Johansen, l’a aussi empêché de mettre les siens à l’abri : sa frappe, puissante, a manqué la cible (47 e). L’attaquant a cédé sa place à un milieu de terrain, Romain Rocchi, juste après le repos. Il a tenté de stabiliser l’édifice. Il aurait pu soigner son bilan s’il n’avait pas "oublié" Jérémy Pied, libre de tout marquage sur sa droite (89 e).
Wiltord. Il s’est appliqué dans chacune de ses interventions. S’il n’a pas retrouvé le chemin des filets, son importance dans le schéma messin ne s’est jamais démentie dans les deux rôles différents qui lui ont été confiés hier soir. Remplacé par Mario Mutsch (83 e).
Cédric BROUT.
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« Au final, ça fait trois points »
Hier soir, Pascal Johansen est devenu le meilleur buteur messin en activité, portant son compteur à six réalisations. Deux penaltys sont passés par là…
Pascal Johansen, vous voilà en tête du classement des buteurs messins. Mais une question s’impose : le second penalty dont vous avez bénéficié avait-il lieu d’être ? « Je ne pense pas qu’il y avait faute, encore que, après avoir revu les images… Le gardien prend le ballon avant de me faire tomber. Sur le coup, je ne croyais pas que l’arbitre allait le sanctionner. »
• Avez-vous hésité à le tirer ? « Pas du tout. Je crois que Cheikh Gueye voulait le frapper, mais apparemment le coach tenait à ce que je le fasse moi-même. C’était un peu spécial parce que le gardien avait été expulsé et que je me suis retrouvé face à un joueur mais au final, j’ai trouvé le but. »
« On a "la gagne" »
• Et cela a suffi à faire le bonheur messin… « Oui, c’est exact. C’est une victoire qui nous fait beaucoup de bien. Nous avons eu quelques difficultés en première période face à une bonne équipe havraise. Heureusement, Christophe ( Marichez) a fait du bon travail et les changements opérés après la pause nous ont permis d’être plus costauds. Nous n’avons pas su jouer certains contres, mais le dernier, mené par Jérémy ( Pied) s’est avéré décisif. »
• Et Metz a su profiter de l’occasion qui lui était présentée de réaliser un gros coup… « Oui, on ne s’est pas planté. Au cours de la saison passée, l’enjeu avait parfois pris le dessus dans ces cas-là et nous n’arrivions pas à nos fins. Cette fois, nous avons répondu présents. Tout n’a pas été parfait, mais on a "la gagne" et au final, ça fait trois points. »
C. B.
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« Garder cet état d’esprit »
Yvon Pouliquen (entraîneur de Metz). « Ce n’est sûrement pas le match le plus abouti de la saison, et sûrement le moins abouti des cinq derniers. Mais nous avons su corriger en seconde période les défauts apparus lors de la première, au cours de laquelle nous avions laissé trop d’espaces aux Havrais. Le gros regret reste de ne pas avoir pu finir le match plus tranquillement, alors que nous avons eu plusieurs occasions de marquer. Maintenant, ce championnat est si compliqué qu’il vaut mieux continuer à se méfier du Havre. »
Cédric Daury (entraîneur du Havre). « C’est une grosse frustration, c’est le moins que l’on puisse dire. Au niveau du contenu, je n’ai rien à reprocher à mes joueurs. Ils ont notamment livré une belle première période, qui aurait sans doute mérité de se matérialiser au tableau d’affichage. Mais il faut apprendre à mettre les occasions au fond lorsqu’elles se présentent. Metz a pris ses distances mais comptez sur nous pour ne rien lâcher. Je ne reviendrai pas sur le scénario du match et sur ce deuxième penalty. Il est plus constructif de se concentrer sur ce que nous pouvons changer… »
Frédéric Biancalani (défenseur de Metz). « Il faut garder cet état d’esprit. Nous avons montré des choses intéressantes, d’autres moins, notamment en première mi-temps. Nous n’avons sans doute jamais eu autant d’occasions, et on ne les a jamais aussi mal négociées. Nous devons encore travailler dans ce domaine. »
Christophe Marichez (gardien et capitaine de Metz). « Le score de 1-0 en notre faveur à la pause était peut-être un peu flatteur, c’est vrai. Mais nous avons essayé de rectifier le tir au retour des vestiaires. Le deuxième penalty va peut-être faire couler de l’encre, mais de toute façon, je ne pense pas que les Havrais seraient revenus. Nous avons fait preuve de caractère pour remonter sur le podium, à nous de continuer sur cette voie. »