
En position de force pour finir l’hiver, Metz attaque le printemps vent de face : il compte cinq points d’avance sur ses poursuivants, le bon moment pour se rendre compte de ses limites et se souvenir de ses fatalités.
Yvon Pouliquen ne manque ni de mémoire, ni d’humour, pour peu que son équipe ne perde pas. Elle ne perd plus, tout va bien. Lundi soir, interrogé sur les difficultés rencontrées, en une semaine, à Laval puis face à Nantes, l’entraîneur messin a conclu la discussion en ces termes : « Nous n’aurons pas la tâche facile, et nous le savons depuis la première journée. La preuve : nous en avions pris trois à Vannes. »
GRAND ANGLE
Vu sous cet angle et selon cet espace-temps, il existe effectivement quelque chose de formidable à l’idée de retrouver Metz sur le podium de la Ligue 2, sept mois plus tard, avec cinq points d’avance sur ses poursuivants, dans le respect d’un tableau de marche lui garantissant historiquement la montée à la fin de la saison.
Mais il y a un mais, un gros mais, un mois de mai passé qui inquiète sur l’issue du mois de mai à venir : depuis lundi soir, Metz compte donc, à dix journées de la fin, strictement la même avance que la saison dernière à huit journées de la fin. Et alors ? A l’époque, Metz s’était mis soudain à déraper, à gaspiller, puis à échouer pour finir. Deux matches nuls et le calendrier viennent de suffire à ramener à la surface la poussière planquée à la hâte sous les tapis de Saint-Symphorien.
C’est évidemment très subjectif, sinon très imparfait : il n’y a pas spécialement lieu de comparer les deux situations ( lire ci-dessous). Mais c’est aussi une affaire d’affectif, plus qu’une question d’effectif : revenu plus massivement au stade en même temps que Sylvain Wiltord est arrivé sur le terrain, le public messin traduit sa peur en manifestant son mécontentement comme il signifierait sa défiance, quand tout ne se passe pas comme il l’espère, c’est-à-dire quand il voit ce qu’il a vu avant-hier de la première à la dernière minute de Metz - Nantes. Lundi soir, toujours, Yvon Pouliquen a ainsi admis avoir « ressenti une certaine fébrilité » parmi ses troupes, mais il l’attribue à l’environnement : « Nous ne sommes pas aidés par le public qui, dès que nous sommes moins bien, se met à nous siffler. » Peut-être que le public messin ne manque ni de mémoire, ni d’humour.
« Ce sera long et pas évident »
L’insipidité de l’opposition fournie face à Nantes, le scénario rocambolesque de la sortie précédente à Laval, où Metz a mené 1-0 avant d’encaisser trois buts et d’arracher le nul, le triomphe heureux obtenu face au Havre : l’actualité messine suscite des réserves, en plus de raviver de vilains souvenirs. Mais pas au point d’altérer le bénéfice comptable des trois dernières journées, qui viennent de voir les Lorrains porter un coup fatal aux ambitions havraises, puis de repousser Laval et les autres poursuivants à cinq points. « Nous venons de réussir notre septième match sans défaite, nous avions quatre points d’avance lundi matin, nous en comptons un de plus aujourd’hui, et c’est peut-être un point qui comptera, à la fin », retient Yvon Pouliquen. « Mathématiquement, souligne Pascal Johansen, ce n’est pas si mal. » Mais le grand voyageur du milieu de terrain messin maintient une prudence qui doit sûrement à ses souvenirs printaniers : « Inconsciemment, nous nous sommes peut-être relâchés, c’est un avertissement, comme à Laval, et ça nous montre que rien n’est fait. Il reste dix matches, de bonnes équipes à affronter, ce sera long et pas évident. » Ayant renoncé à tout changer pour ne pas renouveler son échec de 2010, Metz a au moins pris le parti de se regarder en face. Miroir, mon beau miroir…
Sylvain VILLAUME.
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FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : décrassage pour les titulaires de Metz - Nantes, séance d’entraînement pour treize autres joueurs peu ou pas utilisés lundi. Aujourd’hui et demain : entraînement à 10h.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Nantes (28 e journée) lundi 15 mars : 0-0. Prochain match : Guingamp - Metz (29 e journée) vendredi 19 mars (20h30). A suivre : Châteauroux - Metz (30 e journée) vendredi 26 mars (20h30).
A l’infirmerie. Victime d’une contracture à la cuisse, Nuno Frechaut est resté aux soins, hier matin : le milieu de terrain et défenseur portugais devrait en savoir plus aujourd’hui sur ses capacités à tenir sa place à Guingamp. Malade, Frédéric Biancalani n’a pas participé au décrassage d’hier ; il devrait reprendre aujourd’hui.
Suspendu. Aucun.
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EXIT LE FANTOME
Pour éloigner le spectre de son échec de la saison dernière, Metz devra rapidement se remettre à gagner. Dès vendredi par exemple ?
Faut-il, en mars 2010, établir un parallèle avec la fin de la précédente saison messine ? Sur le strict plan du calendrier, non bien sûr : en 2009, Metz avait pareillement compté cinq points d’avance sur le quatrième, mais il restait alors huit journées, contre dix aujourd’hui Raison de plus : encore très présent dans les esprits, sans quoi Metz ne se préparerait pas aujourd’hui à visiter Guingamp et à recevoir Châteauroux, l’échec de l’année dernière incite à la prévention. Voici pourquoi…
- Parce que Metz a ralenti. L’actuelle série messine peut se distinguer en en deux périodes : quatre victoires et un nul entre la venue de Nîmes et celle du Havre ; deux nuls de suite, depuis, à Laval et contre Nantes. L’an passé, entre un nul à Vannes et un autre à Strasbourg, les Lorrains s’étaient inclinés, à domicile, face à Clermont : pour ne pas entretenir la comparaison, une victoire s’impose, le plus vite possible, c’est-à-dire vendredi à Guingamp.
- Parce que les adversaires jouent gros. Avec Guingamp puis Châteauroux, Metz s’apprête à affronter deux équipes à la lutte pour le maintien, comme l’étaient Clermont (défaite) ou Nîmes (nul) il y a un an. « Nous ne jouons pas entre nous, il y a un adversaire et il n’est pas là pour jouer les faire-valoir », rappelle Yvon Pouliquen. Metz doit aussi affronter trois de ses actuels poursuivants : Sedan, Ajaccio et Angers.
- Parce qu’il existe un effectif pour monter. En qualité comme en quantité, Metz possède un groupe assez complet et assez compétitif pour se maintenir sur le podium, et c’est encore plus vrai depuis l’arrivée de Sylvain Wiltord, fin janvier, date depuis laquelle les Messins n’ont plus perdu un match. Reste à trouver l’alchimie, le bon dosage entre de nécessaires rotations et le souci de la stabilité. Dans ce domaine, Metz s’était planté dans les grandes largeurs, la saison dernière, dans un climat pollué par la situation de nombreux joueurs en fin de contrat (douze, contre treize aujourd’hui), et par l’apparition d’un fossé entre des joueurs trouvant leur sort injuste et d’autres semblant bénéficier d’une forme d’impunité. Une expérience probablement bénéfique à l’entraîneur d’aujourd’hui, qui se trouve être l’entraîneur de l’époque. « L’échec me servira. On apprend parfois beaucoup dans la défaite », déclarait Yvon Pouliquen en début de saison. Aujourd’hui, il répète que « l’ambiance est bonne » et que la concurrence au sein de son effectif « créé une véritable émulation aux effets positifs, ce qui n’était pas forcément le cas la saison passée avec un groupe plus fourni ». Jusque-là, en effet, tout va bien.
S. V.