
Pour de nombreux observateurs, Malik Couturier et les Angevins représentent une réelle menace pour Pascal Johansen et le FC Metz dans l’optique de la montée. Photo MAXPPP
Nous avons sondé plusieurs entraîneurs de Ligue 2, témoins privilégiés ou acteurs de la course au podium : si la montée de Caen et Brest leur semble acquise, tous voient en Angers le rival désigné des Messins.
Envieux ou simplement attentifs, ce sont souvent ceux qui la regardent de loin qui parlent le mieux de la course à la montée. Il en est ainsi des huit entraîneurs de Ligue 2 interrogés cette semaine par Le Républicain Lorrain, à l’approche d’une trentième journée qui lance le sprint final.
Bien sûr, tous voient Caen et Brest en Ligue 1, d’ores et déjà, ou très bientôt, jouant alors sur les mots. Là où le Vannetais Stéphane Le Mignan assène que, « pour Caen et Brest, la montée est déjà acquise », le Havrais Cédric Daury emploie quant à lui une litote : « Les deux premiers sont bien partis pour monter. »
Reste donc à désigner le troisième. Et c’est là que les entraîneurs les moins concernés donnent au débat la richesse de la variété. Dans une course unanimement jugée « ouverte », Metz conserve les faveurs des pronostics, une question de classement autant qu’une affaire de potentiel. « Les Messins me paraissent un ton au-dessus, notamment depuis l’arrivée de Sylvain Wiltord qui, au-delà de sa qualité technique, apporte un plus réel dans le vestiaire autant que dans l’environnement du club », affirme Stéphane Le Mignan, dernier visiteur attendu cette saison à Saint-Symphorien, le 14 mai. « Je vois Metz prendre le dernier ticket pour la Ligue 1 en raison de son avance actuelle, à mon sens suffisante, et parce que ses concurrents n’ont pas su profiter de sa mauvaise passe », ajoute Patrice Carteron, à Dijon. « Le parcours des Messins est le plus équilibré, complète Victor Zvunka, premier tombeur des Lorrains en huit matches, vendredi, avec Guingamp. Ils obtiennent notamment de bons résultats chez eux où, en plus, ils ont de la réussite. »
« Des sueurs froides »
Mais il y a un mais : Angers ! D’autant que, comme le rappelle l’entraîneur de Brest, Alex Dupont, « toutes les équipes ont encore quelque chose à jouer, la montée ou le maintien, donc tout le monde peut battre tout le monde. » Valable pour son équipe, actuellement deuxième, le même danger menace Metz, fraîchement battu à Guingamp, et appelé ce soir à affronter Châteauroux. « Angers est bien parti pour donner des sueurs froides aux Messins, estime Pascal Janin qui, avec Strasbourg, recevra Metz dès la prochaine journée. Les Angevins s’appuient sur un bon bloc défensif et se projettent vite vers l’avant où ils possèdent un phénomène, en la personne d’Anthony Modeste. Ils sont également très dangereux en contre-attaque et sur coups de pied arrêtés, ça fait beaucoup. Les Messins sont maîtres de leur destin, ce qui constitue un atout énorme mais, en ce moment, c’est vrai, ils maîtrisent moins bien leur football. » « Hormis les trois premiers actuels, Angers est la seule équipe qui peut prétendre au podium, renchérit Bati Gentili, le nouvel entraîneur nantais, car c’est une équipe sérieuse et cohérente. Être mené de deux buts et revenir à deux partout face à une équipe comme Caen, lundi, ce n’est pas anodin. » « C’est le seul concurrent pour Brest et Metz, poursuit Victor Zvunka, une équipe qui revient de nulle part : elle se trouvait à notre hauteur il y a encore trois mois et le parcours des Angevins, depuis qu’ils nous ont battus ( 1-0, le 16 janvier), est celui d’un champion ! »
Comme ses confrères, Victor Zvunka ne voit pas d’autre postulant au podium. Nîmes ? « Non, Nîmes ne joue pas au football, ne fait que défendre et jouer le contre, ça marche sur quelques matches, pas sur la durée. » Arles-Avignon ? « Son manque d’expérience va le faire piocher sur les derniers matches. » Laval ? C’est l’intéressé qui répond, Philippe Hinschberger : « Il faudrait que Metz s’écroule. »
Mais c’est une possibilité historique et l’entraîneur havrais, Cédric Daury, a également retenu la promotion de Boulogne-sur-Mer, en fin de saison dernière : « Boulogne comptait sept points de retard, à dix journées de la fin, avant de finir par coiffer tout le monde sur le poteau. C’est la raison pour laquelle Le Havre, au même titre que d’autres, peut espérer monter. » Preuve qu’il est parfois permis et même préférable de comparer deux situations.
Sylvain VILLAUME avec Alan MANGIN.
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LES CHASSEURS DE DOUTE

Stéphane Borbiconi revient de blessure, compensant ainsi en charnière centrale celle de Nuno Frechaut. Photo Pascal BROCARD
Metz et Châteauroux ont tous deux besoin de points, à des fins opposées. A neuf journées de la fin, la victoire vaut très cher.
Le contexte. Malgré deux nuls (3-3 à Laval, 0-0 contre Nantes) et une défaite en suivant, à Guingamp (2-1), Metz a conservé sa place sur le podium, à neuf journées de la fin, et compte une avance de quatre points sur Angers, son premier poursuivant, en déplacement, ce soir, à Brest, autre locataire des trois premières places. Extrait de la zone de relégation après sa nette victoire à Nîmes (1-4) lors de la vingt-neuvième journée, Châteauroux y est retourné dès après l’accroc suivant, face à Tours (0-3). C’est dire, à ce stade de la saison, combien les points distribués ce soir à Saint-Symphorien vaudront très cher.
L’enjeu. Au-delà d’une nécessité au classement, une victoire représente aussi pour les Messins le seul moyen efficace d’éloigner le doute et l’inévitable débat sur le parallèle avec l’échec de la saison dernière, combattu avec force cette semaine par Bernard Serin. Le président du club est intervenu solennellement devant ses joueurs, mercredi, avant l’entraînement, et il a notamment partagé avec eux ce constat : Angers avance actuellement plus vite qu’eux. Après le coup de moins bien apparu face à Nantes et le dérapage observé à Guingamp, gagner présenterait donc des vertus à la fois apaisantes et comptables.
Les acteurs. Côté messin, Stéphane Borbiconi retrouvera auprès de Matheus Vivian sa place en charnière centrale, laissée vacante par Nuno Frechaut : il s’agira de son premier match en Ligue 2 depuis Bastia - Metz, fin janvier. Par rapport à l’équipe battue à Guingamp, Pascal Johansen revient de blessure, Cheikh Gueye devrait réapparaître à droite et, pour le reste, il faudra attendre le coup d’envoi pour savoir sur quelle organisation et avec quels joueurs a débouché la réflexion d’Yvon Pouliquen, l’entraîneur messin. A Châteauroux, Jean-Pierre Papin montre moins de mystères : hier, JPP a annoncé son onze de départ, dont sortent Fleurival et Giraudon par rapport à l’équipe battue par Tours. En l’absence de Fernandez, blessé depuis le 5 février, Deneuve continue à garder les buts castelroussins.
S. V.
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Brégerie : « Là pour aider Châteauroux »

Il appartient au FC Metz, y reviendra en juin avec l’espoir d’évoluer en Ligue 1, mais Romain Brégerie défend les couleurs de Châteauroux.
Romain, comment appréhendez-vous votre retour à Saint-Symphorien ? « Pour ne rien vous cacher, j’attendais ce moment avec impatience, mais ces derniers temps, j’y pense un peu moins… La situation de Châteauroux est délicate, elle prend le dessus sur le plaisir qui entoure ces retrouvailles. J’aurais aimé que ce match à Saint-Symphorien arrive dans un autre contexte, mais bon, ce n’est pas le cas et il faudra faire avec… »
• A titre personnel, quel bilan tirez-vous, aujourd’hui, de votre aventure castelroussine ? « Sur un plan purement personnel, il y a de la satisfaction. Je me suis intégré rapidement et j’ai eu la confiance de l’entraîneur. Il m’a donné l’occasion de m’exprimer. C’était le but de mon prêt, gagner du temps de jeu. »
« Retombés dans nos travers »
• Vous parlez de votre entraîneur, Jean-Pierre Papin… Sa menace de démission à la veille de la réception de Bastia, début mars, avait surpris beaucoup de monde… « Nous les premiers ! Cela a eu l’effet escompté contre Bastia ( 2-2), mais surtout à Nîmes, où nous avons livré un super match ( 1-4)... »
• L’électrochoc attendu… « Non, je parlerais plutôt d’étincelle, puisque nous sommes retombés dans nos travers contre Tours ( défaite 0-3) et à neuf journées de la fin du championnat, nous sommes toujours dos au mur. Nous allons obligatoirement devoir gagner en régularité pour sortir de la zone de relégation. Ce n’est pas en gagnant un match sur six que nous sauverons notre peau. »
• A l’issue de la saison, vous retrouverez peut-être votre club, et peut-être en Ligue 1. En attendant, vous vous apprêtez à l’affronter dans une situation de relégable. Un peu bizarre, non ? « C’est vrai. Je suis évidemment le premier supporter du club, parce que je m’y sentais bien et parce que je suis appelé à y revenir, mais je ne peux pas oublier que je suis pour l’instant à Châteauroux. Je suis là pour aider le club à s’en sortir. Alors ce soir, je ne serai pas plus motivé parce que ce sera Metz en face, mais je ne le serai pas moins non plus. »
Cédric BROUT.
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Le chiffre
18. Châteauroux voyage bien mieux que son classement ne le suggère : en quinze déplacements, l’actuel dix-huitième de Ligue 2 a empoché dix-huit points (quatre victoires, six nuls, cinq défaites). Le dernier voyage en date de l’équipe entraînée depuis janvier par Jean-Pierre Papin a carrément viré au triomphe : 4-1 à Nîmes ! Du coup, les Castelourssins comptent l’attaque la plus performante du championnat à l’extérieur avec vingt-cinq buts inscrits. Ils en ont encaissé exactement autant !
La phrase
Papin la joue modeste. Les très bons résultats de son équipe en déplacement n’empêchent pas l’entraîneur de Châteauroux de miser sur l’effet de surprise avant sa venue à Saint-Symphorien. « Nous n’attendons rien de ce déplacement, car personne ne nous attend », a ainsi prononcé l’ancien Ballon d’Or (en 1991) hier devant la presse berrichonne, rappelant que « le maintien se jouera à la maison, où il nous restera cinq matches ».
La phrase (2)
L’appel au peuple de Serin. Aux Messins aussi, il reste cinq matches à domicile, celui de ce soir compris. Et le président du FC Metz a choisi de reprendre à son compte un avis formulé par Sylvain Wiltord à son arrivée en Lorraine : « Comme l’avait dit Sylvain, affirme Bernard Serin, le public est comme nous, il veut la Ligue 1 mais doit passer par la Ligue 2 pour nous aider à atteindre cet objectif. Il reste cinq matches et j’ai vraiment envie de compter, à Saint-Symphorien, sur un public toujours plus nombreux pour porter l’équipe et prendre sa part de plaisir dans l’accession. » Les sifflets descendus des tribunes avant même la fin du dernier match (nul, 0-0) des Lorrains face à Nantes n’avaient pas été du goût des acteurs messins…
L’arbitre
Un sifflet inédit. A trente-quatre ans, Yohann Rouinsard vit sa première saison de Ligue 2, où il a officié à treize reprises jusqu’ici. Désigné pour Metz - Châteauroux, cet arbitre francilien n’a encore jamais sifflé à Saint-Symphorien, ni d’ailleurs aucun match des Lorrains. Il a, en revanche, dirigé Sedan - Châteauroux (1-1) lors de la vingtième journée.
S. V.
