
Metz n’avance plus : cette fois, c’est Châteauroux qui a tenu en échec des Lorrains impuissants. Il va falloir d’urgence trouver la solution pour éviter de caler sur le chemin de la Ligue 1.
C’est vrai, la comparaison avec la saison précédente n’a aucun sens : au soir de la trentième journée, il y a un an, Metz vent en poupe venait de s’imposer face à Brest, aussi mal classé à l’époque que Châteauroux hier, pour compter alors cinq points d’avance sur son premier poursuivant. Cette fois, on n’en est même plus là : tenu en échec, c’est bien le mot, par une équipe berrichonne venue défendre chèrement sa peau et s’extirper de la zone de relégation, Metz ne dispose plus que de deux points d’avance sur Nîmes, quatrième, puisque Brest a eu le bon goût de stopper Angers dans son élan en cette soirée où les occupants du podium n’ont pas tout à fait employé leur temps avec la même efficacité.
A dix jours d’effectuer leur plus court déplacement de l’année, à Strasbourg, les Messins vont devoir continuer à se convaincre que l’histoire ne repassera pas les plats. Ils vont aussi devoir retrouver leurs moyens, les idées claires et les mots qui guériront leurs maux. Alors, on fait quoi ? On se réjouit du classement actuel ou des huit journées qui restent pour décrocher un billet pour la Ligue 1 ? Metz a juste le feu aux fesses, et une dynamique qui ne plaide pas pour un candidat à la montée, lorsqu’il reste sur une série d’insuccès aujourd’hui portée à quatre matches. Le surplace n’est pas tout à fait le rythme indiqué, à ce stade de la saison.
Difficile de savoir ce qui a le plus paralysé les Messins, hier soir, de leurs propres limites du moment ou de la consistance réelle d’un adversaire discipliné. Ce qui est sûr, c’est que Metz n’a trouvé ni les solutions pour emballer le match, dans un premier temps, ni le moyen de se montrer vraiment dangereux, malgré une nette possession du ballon : son siège du camp castelroussin, dans la deuxième moitié de la première période, a surtout surligné d’un trait épais son impuissance du moment, déjà apparue ici-même face à Nantes (0-0) ou, entre-temps, à Guingamp (défaite 2-1).
Un plan B à inventer
Dans une équipe frappée de déséquilibre et gagnée par la fébrilité, les efforts de Vincent Bessat sur son côté gauche n’ont pas suffi à lézarder la cuirasse adverse, pas plus que ses essais sur coups de pied arrêtés, notamment celui qui avait mis Gaëtan Deneuve en difficulté mais sur lequel Razak Omotoyossi n’a pas su faire parler son instinct de buteur (22 e). L’attaquant béninois a également gâché un ballon de contre, d’un double mauvais choix, alors que Vincent Bessat et Sylvain Wiltord étaient démarqués (28 e). Dans un dernier quart d’heure de première période à sens unique, les Messins sont également tombés sur un gardien suffisamment vigilant pour stopper une frappe de Bessat (34 e) ou détourner une reprise en ciseau de Wiltord (35 e) ; ils ont aussi rencontré l’absence de réussite sur un coup franc de Bessat prolongé par la tête de Matheus Vivian filant quelques centimètres hors du but de Châteauroux (31 e).
Dans ces cas-là, le temps joue souvent pour l’équipe qui laisse faire et, dans ce registre, Châteauroux s’y est merveilleusement bien entendu. Deux frappes de Jérémy Pied, au début de la deuxième mi-temps, n’ont pas suffi à sortir les Messins de la léthargie ambiante : les Berrichons y ont au contraire trouvé de quoi croire en leur chance, et les Messins peuvent élever une statue à la gloire de la maladresse de Rudy Haddad, pour l’avoir vu se trouer, esseulé plein axe, à la réception d’une remise parfaite de Kevin Constant (64 e).
Pour débloquer une situation à ce point figée qu’elle en devenait désespérante, la solution n’est pas davantage venue du banc, d’où les renforts successifs de Victor Mendy, Thibaut Bourgeois et Youssef Mokhtari n’ont pas permis à Metz de faire la différence, malgré un soupçon de regain de vie, un simple soupçon, même si le Marocain aurait pu trouver la faille sur un coup franc tardif, même s’il aurait pu obtenir le penalty réclamé, en vain, dans le dernier quart d’heure.
Bref, il faudra « un petit peu plus » que ça, pour reprendre l’expression officielle, si Metz ne veut pas perdre le fil d’une montée qui commence à sembler un peu moins accessible aujourd’hui qu’hier. Il reste un plan B à inventer pour ne pas revivre le scénario cruel du printemps dernier et retrouver, en avril, les vertus de février qui s’envolent aujourd’hui à vue d’œil. En attendant, la psychanalyse a de beaux jours devant elle.
Sylvain VILLAUME.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La voie était sans issue
Brouillons dans la première demi-heure, puis dominateurs stériles, les Messins n’ont jamais été en mesure de trouver le chemin de la réussite.
LA DÉFENSE
Marichez. Gauthier Pinaud a été le seul à l’inquiéter véritablement en première période : le gardien messin n’a pu que dévier en corner la frappe du milieu castelroussin (16 e). L’avertissement est resté sans suite. Christophe Marichez a traversé le second acte sans jamais avoir à hausser le rythme.
Gueye. Il a débuté avec rigueur, armé de bonnes intentions offensives. La plupart d’entre-elles ont échoué au stade de la finalisation par manque de maîtrise technique. Moins en vue après le retour des vestiaires.
Borbiconi. De retour, après plus d’un mois et demi d’absence, il a d’abord œuvré avec prudence. Il a pris ses aises au fur et à mesure pour, au final, livrer une copie satisfaisante.
Vivian. Le Brésilien aurait pu inscrire son deuxième but de la saison et mettre son équipe sur la voie s’il avait cadré sa reprise de la tête (31 e). Rien à lui reprocher pour le reste : le Brésilien a rapidement éteint les quelques foyers d’incendie allumés par les Castelroussins.
Tamboura. Il a bataillé avec énergie, mais deux mois après son arrivée, il semble encore manquer de repères au sein de la machine messine. Difficile de le lui reprocher.
LE MILIEU
Pied. Il s’est bagarré, mais s’est très vite égaré dans la nuit messine. Entre approximation et précipitation, il n’est pas parvenu à se remettre dans le sens de la marche. Une soirée sans pour le milieu de terrain.
Cardy. Premier défenseur, il a ratissé un certain nombre de ballons. Mais il n’a pas toujours su les faire fructifier.
Johansen. Il est passé à côté de son rendez-vous. Ses pertes de balle répétées lui ont fait perdre le fil. A l’image de ses coéquipiers, il a couru après une maîtrise qu’il n’a jamais rattrapé.
Bessat. Le Messin le plus en vue hier soir. Auteur de plusieurs coups francs intéressants, notamment celui de la 22 e minute, lorsque le ballon a été repoussé dans les pieds d’Omotoyossi par le gardien, il a aussi essayé les tentatives personnelles, à l’image de cette frappe captée par le gardien castelroussin (34 e). Il a tout donné jusqu’à son remplacement par Youssef Mokhtari (75 e). Le coup franc du Marocain n’a trouvé que les bras de Deneuve (90 e+2).
L’ATTAQUE
Omotoyossi. Sa soirée ne lui a pas servi à grand-chose. L’international béninois a peut-être multiplié les courses et les appels de balle, mais il n’a jamais été capable de faire la différence. Le mystère entourant l’étendue véritable de son potentiel d’attaquant a encore gagné en épaisseur. Victor Mendy lui a succédé (57 e). Sans plus de réussite.
Wiltord. Suivi de (très) près par son défenseur, son espace d’expression était limité. Et il n’est que trop rarement parvenu à en repousser les frontières. Sa reprise acrobatique, hors cadre, sur une remise de Vivian (35 e), aura ainsi été l’un de ses principaux faits d’arme. L’écoulement des minutes a fini par user sa bonne volonté. Remplacé par Thibaut Bourgeois (68 e).
Cédric BROUT.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Jean-Pierre Papin (entraîneur de Châteauroux). « Nous avons livré un match plutôt solide, qui ressemble étrangement à ceux que nous avons produits face aux grosses cylindrées du championnat. C’est un bon résultat, ici à Metz, mais il ne faut pas s’enflammer : notre maintien, on le gagnera à la maison. »
Vincent Bessat (milieu de terrain de Metz). « Je suis déçu, frustré, je ne sais pas trop quel mot employer… Nous avons manqué de réalisme. Nous avons poussé, sans vraiment créer le danger devant le but. Inquiet ? Un peu parce que ça commence à durer mais on ne va pas tout remettre en cause. On ne doute pas de nous. »
Yvon Pouliquen (entraîneur de Metz). « Je suis plutôt satisfait du contenu de ce match par rapport à celui de Nantes. Face à la meilleure attaque du championnat à l’extérieur, nous n’avons pratiquement pas concédé d’occasions. Offensivement, nous avons manqué de force de percussion, de mobilité et parfois de sérénité et de prise de risque. L’état d’esprit y était […]. Il y a des regrets, oui, en particulier de ne pas avoir marqué ce but qui aurait contraint notre adversaire à se découvrir davantage. »
Matheus Vivian (défenseur de Metz). « On sort de ce match avec un sentiment très mitigé. Nous avions vraiment envie de nous imposer, de rouvrir une série. Cela n’est malheureusement pas le cas. Mais en même temps, nous avons été suffisamment intelligents pour ne pas prendre de but. Reste que ce n’est pas suffisant… »
Stéphane Borbiconi (défenseur de Metz). « C’est sûr, c’est une contre-performance sachant que Châteauroux était relégable, que nous jouions chez nous… Mais sur le terrain, nous avons donné le maximum, malheureusement ça n’est pas passé. Il y a eu beaucoup de déchets techniques et il nous a manqué ce petit grain de folie pour emballer le match. Il va falloir trouver une solution parce que nous serons sûrement confrontés aux mêmes adversaires lors de nos prochains rendez-vous à domicile. »