Le Désastre de Sedan (billet d'humeur)
Publié : 13 avr. 2010, 16:53
LE DESASTRE DE SEDAN
Le 2 septembre 1870, les Prussiens reçoivent la capitulation d'une armée française enfermée à Sedan, dans les Ardennes. Ils font 83.000 prisonniers y compris l'empereur des Français. Napoléon III envoie un simple télégramme à l'impératrice Eugénie : «L'armée est vaincue et captive, moi-même suis prisonnier».
C'est la quatrième fois dans l'Histoire de France qu'un souverain est capturé sur un champ de bataille. Ce désastre signe l'échec de la guerre engagée à la légère par les Français six semaines plus tôt.
Joseph Savès
ON REFAIT LE MAAAATCH!!
L'heure est à ce point grave qu'il me paraît utile de revenir sur le match qui nous a, selon les termes présidentiels mis au bord du « précipice ».
L'ouverture du score démontre, s'il en était, la vanité des débats sur deux questions qui ne cessent de traverser le forum. Je veux parler du choix d'Yvon Pouliquen de mettre deux récupérateurs au milieu et Wiltord seul en pointe. Tous les dispositifs se valent. Ils sont à mon sens surtout là pour donner une orientation celle d'assoir la stabilité défensive sans laquelle aucune victoire n'est possible dans le cas précité ou de donner une prime au risque dans le cas d'un récupérateur et d'une doublette en pointe.
Vendredi, à l'occasion du but messin, il a été démontré que seule comptait l'occupation de la zone offensive puisqu'on y a vu Mokhtari remiser pour Cardy, milieu récupérateur placé aux avant postes.
Va s'en suivre ce qui est pour moi une des meilleures mi-temps du FC Metz, non pas tant en terme d'occasion qu'en circulation de balle, de pressing très haut et de présence du bloc messin assez haut pour étouffer les velléités sedanaise.
Cependant, les cinq dernières minutes de cette première mi-temps vont apporter une information qui n'a été relayée que par la radio, à ma connaissance, c'est à dire la carbonisation de certains joueurs de Metz, visiblement épuisés et sans doute victime d'un défaut de récupération consécutif à l'avancement du match de Strasbourg à lundi...
Cet élément capital pour la suite des événements va en grande partie expliquer la seconde mi-temps. En effet dès la reprise il devient évident que Sedan a pris le match à son compte et les rares occasions que nous allons nous procurer ne le seront que sur coup de pieds arrêtés.
Dès lors au moment des changements, l'entraîneur fait le choix conditionné par l'état physique de l'ensemble de faire entrer un troisième milieu récupérateur et de remplacer poste pour poste Wiltord par Bourgeois. Si j'émets des réserves quant au choix du jeune attaquant plutôt que le puissant béninois, encore qu'ignorant l'état de forme respectif des deux joueurs, je me dis alors qu'avec trois récupérateurs on cherche à assurer le fragile 1-0. Le choix de Pouliquen n'est pas loin d'ailleurs de s'avérer payant car en deux occasions au moins, en contre, de beaux mouvements offensifs entretiennent l'espoir. Une perte de balle et un faux rebond plus tard on basculera de l'espoir retrouvé au précipice...
Cela m'amène à deux conclusions. Il n'est pas certain que le choix d'un milieu récupérateur et de deux attaquants de pointe garantissent automatiquement la victoire si et seulement si dans l'option de deux récupérateurs l'occupation de la zone offensive soit assez volontaire pour offrir des solutions de jeu.
La seconde qui me paraît la plus inquiétante relève de notre état de fraîcheur à ce stade de la compétition. Là je m'interroge sur notre supposée profondeur de banc et me mettant un instant à la place de Pouliquen j'entrevois les difficultés qui s'annoncent...
CONSIDÉRATIONS SUR LE DISCOURS DU PRÉSIDENT
La colère est mauvaise conseillère. Il fallait prendre le pouls du malade. Et agir de façon la plus efficace pour le bien collectif. Cela n'a pas été facile pour le président Serin. Il faut dire que le bonhomme s'était mis dans un drôle de pétrin démontrant par l'absurde qu'un plan de communication ça se planifie... Deux erreurs, à mon sens, en jonche l'itinéraire.
La première tient au début de saison. Annoncer la remontée sur trois ans paraît aujourd'hui tenir soit de l'aveuglement soit de la maladresse. Les simples considérations budgétaires, connues de tous ici, suffisent à nous faire comprendre que la remontée immédiate est une simple question de survie du club à l'échelon de son histoire, point sur lequel je reviendrai tout à l'heure. Alors comment expliquer cette déclaration autrement que dans le but de ne pas exercer une pression dont on s'aperçoit à l'orée du sprint final qu'elle va jouer son rôle, espérons le? Fallait il à ce point protéger et l'entraîneur et le staff et les joueurs d'une pression populaire dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne fait plus grand peur à personne....?
La seconde erreur vient du pseudo ultimatum qui taisait son nom (et pour cause!) quant à ces fameux trois matches. Bernard Serin le reconnaît à demi mot en parlant aujourd'hui de « paradoxe » de la situation qu'il est parfois hasardeux de vouloir jeter l'eau du bain avec le bébé...
Au final nous voilà devant un match couperet dont il faut, à la lecture du calendrier, prendre la mesure vitale. Car je n'ai pas peur de le dire, cette fin de championnat engage non seulement l'avenir du FC Metz au plus haut niveau mais pourrait bien mettre à bas quarante années d'efforts tant au plan sportif qu'au plan des infrastructures. Soyons clairs, les économies de fonctionnement forceront le staff, Bernard Serin ne s'en est pas caché, à diminuer l'investissement dans le centre de formation, notre vivier qui pourrait bien agoniser dans les lumières de la Gambardella au stade de France et avec un budget flirtant avec la dizaine de millions d'euros sonneraient le glas de nos ambitions sportives pour longtemps sans garanties de finir comme le glorieux Stade de Reims dont le souvenir s'empoussière dans les livres d'histoire. Je suis assez vieux pour savoir ce que représente pour toute une région le FC Metz. Je pense à mon père, supporter du club de 1949 à sa mort, en 2007, je pense à tous les gars de la sidé, des mines, je pense aux artilleurs de Metz des années soixante dix, aux deux victoires en coupes, à l'exploit de Barcelone, aux coupes de la ligue et au titre de vice-champion, à tous ce faits de gloire dont une certaine tablée forumistique de vendredi dernier se plaisait, toutes générations confondues à évoquer avec l'émotion de l'enfance, la plus belle, celle des souvenirs. Il faudrait que staff et joueurs prennent la mesure du tournant historique qui les attends. Il faudrait que ce maillot qu'il porteront à Clermont puisse leur faire sentir non pas le poids d'un passé nostalgique mais les racines nourricières qui ont donné tant de fruits de la passion partagée...
CLERMONT...TONNERRE !!!!!!
Alors, vendredi soir, en Auvergne, ils leur faudra d'abord se souvenir. Se souvenir de cette croix de Lorraine, honneur unique accordé à la seule équipe de Metz dans le championnat de France, et payé au prix fort d'une occupation et d'une humiliation profonde.
Se souvenir qu'ils portent aussi un dragon, le Graoully, emblème séculaire d'un passé moyenâgeux, mais aussi symbole d'un feu de forge dont le fer et le charbon ont été extrait par une génération perdue...
Se souvenir de ce que le public de Metz a été, dans sa ferveur et sa communion aux grandes heures...
Alors on pourra rêver, encore et toujours parce qu'au fond il ne s'agit éternellement que de ça, que de mendier le droit de continuer à rêver, nous qui resterons quand tous ces acteurs éphémères seront partis..
Alors rêvons, rêvons d'un Marichez s'imposant dans sa surface avec la rage du boxeur, les poings ensanglantés par les coups frappés dans cette balle qu'il faudra dominer. Rêvons d'un Borbiconi laboureur au champ d'honneur, creusant infatigablement le sillon profond de notre assurance à coups de tacles vengeurs et guerriers. Rêvons d'un Vivian brésilien, d'arrières d'ailes aux montées rageuses, déchirant les flancs clermontois. Je veux bien de Cardy teigneux et antipathique, les crampons plantés dans le sol et le corps arqué contre l'adversaire avec dans le regard cette flamme qui effraie, je veux un Wiltord d'anthologie, celui des stades de quatre vingt milles personnes, je veux de l'allant, je veux de l'épuisement , de la sueur et du sang, celui, noble que l'on verse pour une cause.
Je veux le vieux lion, le vieux président de mon enfance, je veux Carlo descendre dans le vestiaire et comme jadis Santiago Bernabeu le faisait dans le vestiaire de Madrid, prendre le ballon et faire jurer à tous de vaincre ou de mourir.
Car il s'agit bien de ça. De sauver mes rêves d'enfance et ceux de demain, ou de se résigner à ne vivre qu'un football champêtre et silencieux dans une cathédrale vide.
Le 2 septembre 1870, les Prussiens reçoivent la capitulation d'une armée française enfermée à Sedan, dans les Ardennes. Ils font 83.000 prisonniers y compris l'empereur des Français. Napoléon III envoie un simple télégramme à l'impératrice Eugénie : «L'armée est vaincue et captive, moi-même suis prisonnier».
C'est la quatrième fois dans l'Histoire de France qu'un souverain est capturé sur un champ de bataille. Ce désastre signe l'échec de la guerre engagée à la légère par les Français six semaines plus tôt.
Joseph Savès
ON REFAIT LE MAAAATCH!!
L'heure est à ce point grave qu'il me paraît utile de revenir sur le match qui nous a, selon les termes présidentiels mis au bord du « précipice ».
L'ouverture du score démontre, s'il en était, la vanité des débats sur deux questions qui ne cessent de traverser le forum. Je veux parler du choix d'Yvon Pouliquen de mettre deux récupérateurs au milieu et Wiltord seul en pointe. Tous les dispositifs se valent. Ils sont à mon sens surtout là pour donner une orientation celle d'assoir la stabilité défensive sans laquelle aucune victoire n'est possible dans le cas précité ou de donner une prime au risque dans le cas d'un récupérateur et d'une doublette en pointe.
Vendredi, à l'occasion du but messin, il a été démontré que seule comptait l'occupation de la zone offensive puisqu'on y a vu Mokhtari remiser pour Cardy, milieu récupérateur placé aux avant postes.
Va s'en suivre ce qui est pour moi une des meilleures mi-temps du FC Metz, non pas tant en terme d'occasion qu'en circulation de balle, de pressing très haut et de présence du bloc messin assez haut pour étouffer les velléités sedanaise.
Cependant, les cinq dernières minutes de cette première mi-temps vont apporter une information qui n'a été relayée que par la radio, à ma connaissance, c'est à dire la carbonisation de certains joueurs de Metz, visiblement épuisés et sans doute victime d'un défaut de récupération consécutif à l'avancement du match de Strasbourg à lundi...
Cet élément capital pour la suite des événements va en grande partie expliquer la seconde mi-temps. En effet dès la reprise il devient évident que Sedan a pris le match à son compte et les rares occasions que nous allons nous procurer ne le seront que sur coup de pieds arrêtés.
Dès lors au moment des changements, l'entraîneur fait le choix conditionné par l'état physique de l'ensemble de faire entrer un troisième milieu récupérateur et de remplacer poste pour poste Wiltord par Bourgeois. Si j'émets des réserves quant au choix du jeune attaquant plutôt que le puissant béninois, encore qu'ignorant l'état de forme respectif des deux joueurs, je me dis alors qu'avec trois récupérateurs on cherche à assurer le fragile 1-0. Le choix de Pouliquen n'est pas loin d'ailleurs de s'avérer payant car en deux occasions au moins, en contre, de beaux mouvements offensifs entretiennent l'espoir. Une perte de balle et un faux rebond plus tard on basculera de l'espoir retrouvé au précipice...
Cela m'amène à deux conclusions. Il n'est pas certain que le choix d'un milieu récupérateur et de deux attaquants de pointe garantissent automatiquement la victoire si et seulement si dans l'option de deux récupérateurs l'occupation de la zone offensive soit assez volontaire pour offrir des solutions de jeu.
La seconde qui me paraît la plus inquiétante relève de notre état de fraîcheur à ce stade de la compétition. Là je m'interroge sur notre supposée profondeur de banc et me mettant un instant à la place de Pouliquen j'entrevois les difficultés qui s'annoncent...
CONSIDÉRATIONS SUR LE DISCOURS DU PRÉSIDENT
La colère est mauvaise conseillère. Il fallait prendre le pouls du malade. Et agir de façon la plus efficace pour le bien collectif. Cela n'a pas été facile pour le président Serin. Il faut dire que le bonhomme s'était mis dans un drôle de pétrin démontrant par l'absurde qu'un plan de communication ça se planifie... Deux erreurs, à mon sens, en jonche l'itinéraire.
La première tient au début de saison. Annoncer la remontée sur trois ans paraît aujourd'hui tenir soit de l'aveuglement soit de la maladresse. Les simples considérations budgétaires, connues de tous ici, suffisent à nous faire comprendre que la remontée immédiate est une simple question de survie du club à l'échelon de son histoire, point sur lequel je reviendrai tout à l'heure. Alors comment expliquer cette déclaration autrement que dans le but de ne pas exercer une pression dont on s'aperçoit à l'orée du sprint final qu'elle va jouer son rôle, espérons le? Fallait il à ce point protéger et l'entraîneur et le staff et les joueurs d'une pression populaire dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne fait plus grand peur à personne....?
La seconde erreur vient du pseudo ultimatum qui taisait son nom (et pour cause!) quant à ces fameux trois matches. Bernard Serin le reconnaît à demi mot en parlant aujourd'hui de « paradoxe » de la situation qu'il est parfois hasardeux de vouloir jeter l'eau du bain avec le bébé...
Au final nous voilà devant un match couperet dont il faut, à la lecture du calendrier, prendre la mesure vitale. Car je n'ai pas peur de le dire, cette fin de championnat engage non seulement l'avenir du FC Metz au plus haut niveau mais pourrait bien mettre à bas quarante années d'efforts tant au plan sportif qu'au plan des infrastructures. Soyons clairs, les économies de fonctionnement forceront le staff, Bernard Serin ne s'en est pas caché, à diminuer l'investissement dans le centre de formation, notre vivier qui pourrait bien agoniser dans les lumières de la Gambardella au stade de France et avec un budget flirtant avec la dizaine de millions d'euros sonneraient le glas de nos ambitions sportives pour longtemps sans garanties de finir comme le glorieux Stade de Reims dont le souvenir s'empoussière dans les livres d'histoire. Je suis assez vieux pour savoir ce que représente pour toute une région le FC Metz. Je pense à mon père, supporter du club de 1949 à sa mort, en 2007, je pense à tous les gars de la sidé, des mines, je pense aux artilleurs de Metz des années soixante dix, aux deux victoires en coupes, à l'exploit de Barcelone, aux coupes de la ligue et au titre de vice-champion, à tous ce faits de gloire dont une certaine tablée forumistique de vendredi dernier se plaisait, toutes générations confondues à évoquer avec l'émotion de l'enfance, la plus belle, celle des souvenirs. Il faudrait que staff et joueurs prennent la mesure du tournant historique qui les attends. Il faudrait que ce maillot qu'il porteront à Clermont puisse leur faire sentir non pas le poids d'un passé nostalgique mais les racines nourricières qui ont donné tant de fruits de la passion partagée...
CLERMONT...TONNERRE !!!!!!
Alors, vendredi soir, en Auvergne, ils leur faudra d'abord se souvenir. Se souvenir de cette croix de Lorraine, honneur unique accordé à la seule équipe de Metz dans le championnat de France, et payé au prix fort d'une occupation et d'une humiliation profonde.
Se souvenir qu'ils portent aussi un dragon, le Graoully, emblème séculaire d'un passé moyenâgeux, mais aussi symbole d'un feu de forge dont le fer et le charbon ont été extrait par une génération perdue...
Se souvenir de ce que le public de Metz a été, dans sa ferveur et sa communion aux grandes heures...
Alors on pourra rêver, encore et toujours parce qu'au fond il ne s'agit éternellement que de ça, que de mendier le droit de continuer à rêver, nous qui resterons quand tous ces acteurs éphémères seront partis..
Alors rêvons, rêvons d'un Marichez s'imposant dans sa surface avec la rage du boxeur, les poings ensanglantés par les coups frappés dans cette balle qu'il faudra dominer. Rêvons d'un Borbiconi laboureur au champ d'honneur, creusant infatigablement le sillon profond de notre assurance à coups de tacles vengeurs et guerriers. Rêvons d'un Vivian brésilien, d'arrières d'ailes aux montées rageuses, déchirant les flancs clermontois. Je veux bien de Cardy teigneux et antipathique, les crampons plantés dans le sol et le corps arqué contre l'adversaire avec dans le regard cette flamme qui effraie, je veux un Wiltord d'anthologie, celui des stades de quatre vingt milles personnes, je veux de l'allant, je veux de l'épuisement , de la sueur et du sang, celui, noble que l'on verse pour une cause.
Je veux le vieux lion, le vieux président de mon enfance, je veux Carlo descendre dans le vestiaire et comme jadis Santiago Bernabeu le faisait dans le vestiaire de Madrid, prendre le ballon et faire jurer à tous de vaincre ou de mourir.
Car il s'agit bien de ça. De sauver mes rêves d'enfance et ceux de demain, ou de se résigner à ne vivre qu'un football champêtre et silencieux dans une cathédrale vide.