RL 24/04/2010 - En dessous de tout
Publié : 24 avr. 2010, 03:40

Rien n’y fait : battus à la fin d’un match dont ils ont complètement perdu le fil, les Messins laissent Arles-Avignon filer vers la Ligue 1. C’est triste et désespérant.
Rien, il ne reste rien, sinon les yeux pour pleurer, une colère légitime devant l’ampleur des dégâts, et l’utopie d’un miracle. Metz n’est plus bon à rien, il y a longtemps qu’il n’est plus bon à gagner un match, contre Arles-Avignon à onze contre dix et après avoir mené, ou contre n’importe qui : il n’est plus même capable de surmonter ses angoisses et de se battre lui-même contre un destin tout tracé depuis maintenant plusieurs semaines, sans doute depuis de longs mois.
Les Messins n’ont plus rien : ni l’excuse de manquer de soutien, puisque la soirée d’hier s’est déroulée dans un stade presque plein et tout acquis à leur cause, ni le recours consistant à voir une autre tête pour entendre un autre discours. A la suite d’Yvon Pouliquen, Joël Muller est revenu en première ligne pour dresser un constant édifiant : les Messins n’ont plus de jambes, ils n’ont plus toute leur tête, Metz est un grand cadavre à la renverse. Metz semble avoir tout perdu, et quatre matches ne suffiront sûrement pas à se remettre dans le sens de la marche et à rattraper le retard désormais accumulé sur son stupéfiant bourreau d’hier et sur celui de la semaine passée. La Ligue 1 se jouera sûrement avec Arles-Avignon ou avec Clermont, la saison prochaine. Metz est en dessous de tout, quand tout semblait réuni, hier soir, pour restaurer l’espoir.
Pour l’espoir, il faudra repasser, et le scénario de la soirée l’a rappelé avec une cruelle évidence. Les Messins s’en sont vite rendu compte, à chaque extrémité de la première mi-temps. Au bout de deux minutes, ils auraient pu mener, mais le poteau avait volé au secours de Romain Elie, venu s’interposer devant le but sur un centre de Jérémy Pied, puis Cyrille Merville s’était dressé pour repousser une reprise de Matheus Vivian, en relais de Sylvain Wiltord. A la sortie d’un premier quart d’heure plein d’engagement, Metz a heureusement trouvé la récompense à ses efforts, au bout d’un coup franc de Pied vers Cheikh Gueye : le défenseur latéral sénégalais a alors trouvé Victor Mendy, devant le but, dont la reprise a fait mouche (17 e). Dans la foulée, Arles-Avignon s’est retrouvé à dix après l’exclusion de Ludovic Liron, les Provençaux ont continué à jouer dur et à ne jamais aligner trois passes, jusqu’au temps additionnel de la première période, quand Deme N’Diaye, esseulé et en position de hors-jeu, a bénéficié d’un centre de Gaël Germany et d’une intervention manquée de Stéphane Borbiconi, pour venir battre Christophe Marichez et confirmer, avec le concours de la berlue arbitrale, ce que les minutes précédentes venaient de rappeler : quand il s’agit d’avoir de la suite dans les idées, Metz se met en difficulté tout seul !
Pour replacer les Lorrains face à leurs tourments et redonner vie à l’élan d’Arles-Avignon, cette égalisation se posait là.
Un but assassin
Et, en effet, la deuxième période a fait resurgir les vieux démons messins, ceux d’une équipe hésitante, dispersée, impuissante, loin des attentes placées dans un changement d’entraîneur appelant un changement d’état d’esprit, et loin des promesses du début de match. Joël Muller l’a vite compris, lançant du sang neuf dans la bataille (Vincent Bessat et Pascal Johansen, puis Thibaut Bourgeois), mais les changements d’hommes et d’organisation n’ont pas entraîné un changement de physionomie : asphyxiés, les Messins ont constamment buté sur le mur de leurs insuffisances, à onze contre dix, pour le plus grand bonheur de Provençaux ne changeant rien à leur méthode : beaucoup de hargne, pas mal d’antijeu, et assez de présence d’esprit pour saisir un dernier moment d’égarement, à l’ultime minute du temps réglementaire, pour permettre à Benjamin Psaume de dire la messe. Le joker arlésien a lancé Maurice Dalé dans la profondeur, et le meilleur buteur du promu provençal a marqué un but assassin, assassin pour une poignée d’âmes perdues sur un terrain, et assassin pour 23000 personnes autour qui, cette fois, devront faire preuve d’imagination pour croire encore que la Ligue 1 existe.
Sylvain VILLAUME.
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Gâchis, mode d'emploi

Victor Mendy avait pourtant mis Metz sur orbite. Photo Pascal BROCARD
Comme face à Sedan, les Messins semblaient avoir toutes les clés en main. Ils les ont inexplicablement abandonnées.
LA DÉFENSE
Marichez. En intervenant avec conviction face à Liron, le capitaine messin a non seulement retardé l’échéance, mais également provoqué l’expulsion du défenseur provençal (24e). Attentif tout au long de la rencontre, il a, encore fois, été abandonné par sa défense sur le deuxième but d’Arles-Avignon (90 e).
Gueye. Absent la semaine dernière à Clermont, le Sénégalais a retrouvé, hier, le couloir droit de la défense messine. Son énergique débordement a permis à Mendy d’ouvrir la marque (17 e), preuve de son immense activité offensive. De nombreuses scories défensives ont malheureusement ternis sa prestation.
Borbiconi. Particulièrement appliqué dans ses relances, Stéphane Borbiconi a, par contre, éprouvé de grosses difficultés face à la vivacité de Dalé, notamment. Un peu court sur l’égalisation signée Ndiaye (45 e+1), il a, à l’image de son équipe, semblé accuser le coup après la pause.
Vivian. Seul face à Merville, il a manqué de façon surprenante l’ouverture du score (2 e). La seule faute de goût du défenseur brésilien hier soir.
Tamboura. Pas toujours dans le bon tempo, il a fait preuve d’une bonne volonté qui n’est pourtant pas parvenue à masquer ses limites.
LE MILIEU
Rocchi. Appliqué et disponible, Romain Rocchi a pourtant parfois semblé jouer à contre-temps en première période, avant de disparaître progressivement de la scène.
Pied. Son centre, dévié par Elie sur le poteau (1 e), a permis à son équipe de démarrer la rencontre sur de bonnes bases. Placé dans l’axe, il a rempli avec justesse son rôle de meneur de jeu. Remplacé par Thibaut Bourgeois (79 e) qui n’est jamais parvenu à se mettre en évidence au sein d’un collectif qui avait déjà perdu pied.
Cardy. Une première mi-temps traversée avec justesse par le milieu messin. Avec confiance, même. En témoigne cette frappe lointaine bien captée par Merville (31 e). Remplacé par Pascal Johansen (61 e) qui n’a jamais eu l’influence souhaitée.
L’ATTAQUE
Mendy. Très actif dans son couloir gauche en première période, Victor Mendy a (re)trouvé l’instinct du buteur en coupant le centre de Gueye (17 e). Il n’a jamais renoncé, mais souvent de façon brouillonne.
Omotoyossi. Disponible, il a fait l’étalage de son aisance technique, sans toutefois peser sur le jeu. Remplacé par Vincent Bessat (61 e). Ce dernier a tenté d’apporter un peu plus de vivacité à une formation messine alors en perte de vitesse. En vain.
Wildord. Annoncé forfait en milieu de semaine, l’ancien international a finalement tenu sa place. Placé sur le côté droit de l’attaque messine, il a, une nouvelle fois, multiplié les appels de balle. Sans parvenir à se montrer décisif, malgré un bon coup de tête, bien capté par Merville (82 e).
J.-S. GALLOIS
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Muller : « Les jambes n’ont pas suivi »
• Joël Muller, l’électrochoc attendu n’a pas fonctionné. Est-ce une surprise ? « Il était utopique de croire qu’une équipe restant sur sept matches sans succès allait parvenir à tout renverser. »
• Pourtant Metz a abordé ce match de la meilleure des manières. Comment a-t-il dérapé ? « C’est vrai que nous avons été à la hauteur pendant trente - trente-cinq minutes. Nous étions présents dans l’engagement, parvenant ainsi à presser voire asphyxier notre adversaire. Mais au lieu de profiter de notre supériorité numérique, nous avons perdu le fil. Nous avons manqué de maturité sur les deux buts en ne nous plaçant pas où il le fallait. Mais je crois que c’est surtout physiquement que Metz a accusé le coup. »
« Beaucoup de peine »
• Est-ce la seule raison ? « Non, mais tout découle de là. Nous avons manqué de lucidité et de confiance. On peut également regretter les trop nombreux déchets techniques et, plus globalement, l’absence d’intelligence dans le jeu. »
• Êtes-vous un entraîneur en colère ? « Non, car les joueurs ont démontré durant une demi-heure qu’ils en voulaient. Mais ce soir, si la tête voulait, les jambes n’ont pas suivi. J’ai beaucoup de peine pour les très nombreux spectateurs qui attendaient enfin un succès du FC Metz. »
• La montée est-elle encore possible ? « Je ne sais pas, mais nous allons tout faire pour terminer cette saison avec fierté et orgueil. Il reste quatre matches, quatre matches à gagner. Mais sommes-nous encore vraiment dans la course ? Si nos adversaires directs s’imposent, cela ne changera rien à notre situation. »
J.-S. G.
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« Notre faute à 200 % »
Christophe Marichez (gardien de but de Metz) : « C’est une grosse désillusion. Alors que nous avions accompli la moitié du chemin et que nous étions en supériorité numérique, Arles nous a rejoints et ce but nous a fait très mal. Il a entraîné des déchets et trop de précipitation en deuxième mi-temps, jusqu’à ce but encaissé naïvement. Nous n’avons pas fait preuve d’assez d’intelligence et de maturité. Mathématiquement, ce n’est pas mort et nous n’avons pas le droit de lâcher. »
Stéphane Borbiconi (défenseur de Metz) : « Nous ressentons de la déception, de la colère et de la culpabilité, d’autant que les circonstances du début de match nous étaient totalement favorables. C’est notre faute à 200 %. Eux ont été hyper réalistes mais il ne faut pas se voiler la face : nous avons tendu le bâton pour nous faire battre. »
Michel Estevan (entraîneur d’Arles-Avignon). « C’est un très très bon résultat. Pour l’exploit, il nous faut attendre la fin de saison. On nous prévoyait une seule saison en Ligue 2, ce sera peut-être le cas… Nous sommes loin d’être la meilleure équipe, mais la fierté et l’orgueil ont, une nouvelle fois, fait la différence. A dix contre onze, gagner ici, cela dénote d’un état d’esprit irréprochable. »
Romain Rocchi (milieu de Metz). « Je ne sais pas quoi dire. Ce genre de situation est vraiment difficile à vivre. Nous avions toutes les cartes en main mais cette égalisation nous a fait très mal. J’ai senti une certaine nervosité en seconde période. Je ne sais pas si c’est la seule raison, mais cela ne nous a pas permis de refaire surface. »