
Metz - Angers, en lever de rideau de l’antépénultième journée de Ligue 2, risque de ne plus servir à rien. Peut-il au moins réveiller l’orgueil messin écorné par un nouveau printemps désastreux ?
Ce n’est pas encore le temps des bilans, mais c’est toujours celui des questions. Annexes, les questions : il ne s’agit même plus de savoir si Metz conserve une chance de remonter en Ligue 1 avec Caen et Brest (autant vouloir passer les prochaines vacances sur la planète Mars en compagnie du Père Noël) ; il s’agit juste d’en finir avec la lente dégringolade amorcée il y a presque trois mois, ayant entraîné une deuxième débâcle de printemps à un an d’intervalle.
Après la cure de jouvence proposée par la victoire des juniors de la maison samedi en Coupe Gambardella, retour à la dure actualité de la Ligue 2 : Metz - Angers, avant-dernière escale à Saint-Symphorien…
Quel enjeu ?
Puisque la Ligue 2 permet encore le morcellement de sa programmation, à trois journées de la fin, il faudra attendre le mardi soir pour savoir si le match de la veille aura servi à quelque chose ! Drôle de contexte donc pour ce Metz- Angers qui, quelques semaines plus tôt, s’annonçait comme LE match censé régler la question du troisième billet pour la Ligue 1. Angers vient tout juste de doubler les Messins, mais à la cinquième place, et si le vainqueur de ce soir ne sera pas mathématiquement écarté de la course, il se peut aussi que tout soit réglé demain : si Metz et Angers se partagent deux points, si Clermont ne s’impose pas au Havre, une victoire assurerait la montée d’Arles-Avignon dès demain soir.
Quel état d’esprit ?
Synonyme de victoire, le but inscrit dans le temps additionnel vendredi à Ajaccio aurait pu suffire à redonner aux Messins l’élan perdu depuis le mois de mars, en leur signifiant une manière de signe du destin. Mais il leur a juste permis d’éviter une défaite contre une équipe très diminuée, qui n’avait plus gagné aucun de ses cinq derniers matches. Le coup de grâce est survenu une demi-heure plus tard, lorsqu’est tombée la nouvelle du succès d’Arles-Avignon, à la 93 e minute de son match face à Nantes. La montée leur échappant pour la deuxième fois en un an, que peuvent bien faire les Messins de leur fin de saison ? « Notre égalisation en fin de match vendredi témoigne d’un esprit de révolte après le but d’Ajaccio, que les joueurs ont jugé peu conforme à la physionomie de la rencontre, affirme Joël Muller. Nous sommes tous là pour donner le maximum jusqu’à la dernière seconde du dernier match, sans état d’âme. C’est une question d’éthique par rapport au métier, de respect du spectateur et d’équité de la compétition. » A bon entendeur…
Quelles ressources ?
Rejouer un deuxième match en trois jours, avec un effectif amoindri, face à un adversaire qui arrive lancé, n’est pas exactement ce qui paraît le plus indiqué aux dispositions messines du moment. Joël Muller pourra donc n’opérer que des retouches légères par rapport à l’équipe alignée à Ajaccio. En Corse, ses joueurs ont certes montré qu’ils n’avaient pas lâché. Mais manifesteront-ils les mêmes velléités face à Angers ? « La volonté et l’abnégation ne suffisent pas, suggère l’entraîneur. Il faut y ajouter la réflexion tactique et la qualité technique, qui nous ont fait défaut vendredi. » Surtout que les occasions risquent de se présenter moins souvent, face à un adversaire angevin dont Joël Muller a passé deux heures, hier, à étudier les derniers matches. « Il nous faudra notamment maîtriser le meilleur buteur de Ligue 2, éviter de concéder trop de coups francs, mettre la pression sur la défense d’Angers et de l’intensité dans le match. » Reste à vérifier que les Messins en possèdent encore les ressources.
Quel accueil ?
Une victoire face à Arles-Avignon aurait pu augmenter l’engouement alors suscité par l’enjeu de l’affiche et l’application d’un tarif attrayant. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de tout ça : alors que 23 000 personnes avaient rempli Saint-Symphorien la dernière fois, hier, le service billetterie avait enregistré 7 500 demandes pour Metz - Angers, abonnés compris. Bonsoir tristesse ? Même si le contexte s’annonce intime, Joël Muller exhorte ses joueurs à ne pas manquer cet avant-dernier rendez-vous devant ce qui leur reste de public : « Ceux qui viennent encore au stade après notre défaite contre Arles-Avignon sont vraiment des fidèles ! Alors, ils méritent de repartir enfin heureux du stade. » Les malheurs reprendraient alors le lendemain, en écoutant les neuf derniers résultats de la journée dont l’inévitable victoire d’Arles-Avignon dans le temps additionnel.
Sylvain VILLAUME.
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Garçia : "On a un gros moral
L’entraîneur angevin, Jean-Louis Garcia, estime que son équipe a encore toutes ses chances d’accrocher l’accession. « Arles peut être rattrapé par l’enjeu »...
• Vous êtes arrivés à Metz dès samedi… Avez-vous l’habitude de partir au vert aussi tôt ? « Non, pas du tout, mais nous avons le sentiment que c’est un match particulier. Nous avons joué vendredi, on rejoue lundi (aujourd’hui)… Il nous a semblé logique de réunir toutes les conditions pour favoriser la récupération des joueurs et préparer cette affiche au mieux. »
• L’affiche vaut surtout pour votre équipe. Avec son nul à Ajaccio, votre adversaire messin a abandonné beaucoup du peu d’espoir qui lui restait… « Je ne vois pas les choses comme ça. Mathématiquement, ce n’est pas mort pour les Messins, comme ça ne l’est pas pour nous. Dans le foot, tout va très vite. Qui aurait pu prédire que Bordeaux allait perdre sept de ses neuf derniers matches ? Je n’imagine pas une seconde Joël Muller se dire que tout est fini pour son équipe. Je suis persuadé que ce but inscrit dans les arrêts de jeu en Corse entretient l’espoir. »
« Ce n’est pas normal »
• Il y a quand même ces six points d’écart avec Arles/Avignon. A trois journées de la fin du championnat, ne croyez-vous pas que les carottes sont cuites ? « Arles se déplace deux fois de suite. Pourquoi ne perdraient-ils pas à deux reprises ? Tout pourrait alors se jouer lors de la dernière journée… »
• Votre équipe aura son mot à dire dans la lutte qui s’annonce. Il y a quelques semaines, vous imaginiez-vous être encore en lice pour l’accession à ce stade de la compétition ? « Oui. Et nous pourrions être mieux classés encore si nous n’avions pas perdu ce match imperdable face à Tours. L’arbitre nous avait refusé trois penaltys, et nous avions été crucifiés dans les derniers instants sur une des seules occasions adverses. Heureusement, nous avons tout donné à Nîmes (victoire 0-1) et contre Laval (victoire 1-0)… »
• Un gros coup à Metz serait l’idéal… « Oui. On s’attend à souffrir, mais on a un gros moral, et face à une équipe qui ne pourra pas se satisfaire du nul, il y aura peut-être des failles à exploiter. Si nous gagnons, ou même si Metz l’emporte, Arles verrait son avance réduite à l’heure de se rendre à Châteauroux… Et je pense qu’ils pourraient alors être rattrapés par l’enjeu. »
• Justement, que pensez-vous du calendrier de cette 36 e journée et de ce match avancé face à Metz ? « Ce n’est pas normal. On devrait tous jouer le même jour lors des quatre dernières journées. Mais on ne peut rien y faire… »
Cédric BROUT.
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La question
Faut-il remonter loin pour trouver trace d’une aussi longue série messine d’insuccès ? Non ! En 2007-2008, lors de sa dernière apparition en Ligue 1, Metz avait enchaîné quinze rencontres sans victoire, entre la 10 e et la 24 e journée. Aujourd’hui, les Messins restent sur neuf matches sans victoire, dont trois défaites, du jamais vu en Ligue 2 depuis que le club lorrain s’est remis à fréquenter cet échelon, en 2002 : il y a un an, une victoire inutile face à Guingamp lors de la dernière journée avait permis de stopper la série à sept matches.
Le chiffre
1. Il ne reste plus qu’une place à prendre dans l’ascenseur pour la Ligue 1 alors que, la saison dernière, au même stade, le suspense concernait encore l’identité des deux équipes qui accompagneraient Lens parmi l’élite. A l’aube de la 36 e journée, Strasbourg pointait à la deuxième place (62 points), Montpellier à la troisième, Metz à la quatrième, Tours à la cinquième avec chacun 59 points, enfin Boulogne apparaissait au sixième rang avec 57 points. A l’arrivée, Montpellier et Boulogne avaient finalement accédé à la Ligue 1. Mais la situation actuelle (plus qu’une place à prendre et un retard de six points sur Arles-Avignon) empêche toute comparaison.
L’arbitre
Le retour de Djouzi. Stéphane Djouzi n’a officié qu’une fois à Saint-Symphorien cette saison : lors de la victoire de Metz sur Guingamp (2-0) lors de la 11 e journée. Cet arbitre de la Ligue de Méditerranée a dirigé un seul match des Angevins, celui qu’ils ont également remporté contre Guingamp (1-0, 20 e journée).
La phrase
Le mental arlésien. « Le mérite leur appartient : c’est la preuve qu’ils possèdent la force mentale pour aller chercher des victoires. » De Jérémy Pied, à propos de la nouvelle victoire des Arlésiens dans le temps additionnel, vendredi contre Nantes. Une réussite qui pourrait susciter un certain agacement, mais inspire finalement le respect au milieu de terrain messin.
S. V.
