Youssef Mokhtari et les Messins ont sorti le grand jeu à Caen pour croire encore en un avenir en Ligue 1... Photo MAXPPP
Grâce à leur victoire sur le terrain du leader caennais, hier soir, les Messins peuvent encore rêver à la Ligue 1. Verdict vendredi prochain.
L’exploit, son exploit, il le cherchait encore à l’heure de se présenter sur la pelouse du leader caennais. S’il avait longtemps fréquenté les cimes de la Ligue 2 avant d’en dégringoler à la mi-avril, en s’inclinant à Clermont – précipitant ainsi la chute définitive de son entraîneur Yvon Pouliquen – Metz avait en effet traversé le championnat avec pour seul gros coup à son actif un retour inespéré à Laval. Menés 3-1, les Messins avaient finalement arraché le nul (3-3)...
Le souvenir a pris un coup de vieux : hier soir, en Normandie, Julien Cardy et ses coéquipiers ont étoffé leur carte de visite en infligeant à leurs hôtes leur premier revers à domicile de la saison. Ils ont surtout entretenu l’espoir d’accéder à l’élite la saison prochaine. L’exploit, le vrai, le voilà.
Le feu d’artifice promis au peuple du stade Michel D’Ornano a peut-être éclairé le ciel, mais les couleurs n’ont pas brillé autant qu’on l’espérait dans les travées. Les Messins n’y sont pas étrangers. Quatre jours après avoir crucifié les ambitions angevines dans les derniers instants de la rencontre grâce à un but de Youssef Mokhtari, ils ont, cette fois, joué les rabat-joie, privant les Caennais d’un titre que ceux-ci devront aller chercher la semaine prochaine à Nantes. Dans le même temps, de l’autre côté de la France, Metz jouera son avenir face à Vannes. Il y a encore deux semaines, ce rendez-vous avait perdu de son attrait. Aujourd’hui, il s’apparente déjà à un grand jour.
Un bijou de Bourgeois
Face aux Bretons, les Messins joueront donc leur avenir en gardant un œil attentif à ce qui se passera du côté d’Arles-Avignon. Contraints au nul à Sedan, hier, les Sudistes ont dilapidé toute leur avance, ou presque. Les voilà à un petit point devant les Messins, auteurs d’un match abouti hier à Caen.
Vainqueurs dans la souffrance lundi, les Grenats savaient qu’ils jouaient gros, très gros en Normandie. L’enjeu, continuer à y croire, ne les a pas tétanisés. Au contraire. Si la pression caennaise les a forcés à la prudence dans les premiers instants, les joueurs de Joël Muller s’en sont rapidement accommodés. Pour finir par l’oublier, peu après l’entame du second acte. Romain Rocchi était passé par-là : la frappe du milieu de terrain, à l’entrée de la surface de réparation, trouait les filets de Thebaux (49 e) en même temps qu’elle plaçait l’équipe messine sur la voie royale.
Caen, touché dans son orgueil, tentait bien de réagir, mais Oumar Sissoko, doublure parfaite hier, veillait. Et Thibaut Bourgeois, entré en jeu en lieu et place de Victor Mendy, anéantissait tout espoir de retour normand en signant une merveille de reprise de volée à la réception d’un centre de Julien Cardy (84 e).
Après le coup de sifflet final, les tambours et les applaudissements du stade Michel D’Ornano n’ont trompé personne. Derrière la joie légitime des Caennais en résonnait une autre, en provenance des vestiaires messins. Là, la désillusion a laissé place à l’espoir d’un grand soir, vendredi prochain à Saint-Symphorien. Metz, roi du suspense.
Cédric BROUT.
**************************************************************************
Le meilleur pour la fin
39 e minute, reprise d’Eluchans. L’arrêt réflexe de Sissoko vaut alors de l’or… Photo MAXPPP
Du beau jeu et deux buts à la clé, signés Rocchi et Bourgeois. Chez un leader invaincu jusque-là sur son terrain, Metz a livré sa prestation la plus aboutie de la saison. Enfin !
LA DÉFENSE
Sissoko. Il a bien négocié sa première sortie dans les airs, sur un centre de Seube (10 e), avant de se louper au pied. Sa relance plein axe a atterri sur Nivet, qui n’a pas su exploiter l’occasion (22 e). Le gardien messin s’est repris en sauvant son camp deux fois coup sur coup : d’abord en renvoyant des deux poings la frappe de Leca, puis en sortant un arrêt reflexe sur la reprise d’Eluchans (39 e). Il a participé à l’élan de résistance en seconde période, en montrant jusqu’au bout une grande autorité aux abords de sa cage.
Gueye. Appliqué, il s’est installé dans la soirée sans jamais paniquer.
Borbiconi. Il a œuvré sans se poser de question, ce qui lui a permis de tisser une copie de bonne facture, jalonnée par des interventions maîtrisées.
Vivian. Rempart rassurant, hier soir, le Brésilien a cueilli de nombreux ballons aériens.
Mutsch. Une intervention risquée sur Langil, à l’angle de la surface de réparation messine (12 e) : heureusement pour lui, l’arbitre n’a pas bronché. Sa combativité a été incessante. Il lui a manqué un brin de réussite sur cette demi-volée venue s’écraser sur la barre transversale caennaise (55 e).
LE MILIEU
Pied. Son coup de rein a posé de nombreux problèmes à ses adversaires. Il a eu le souci de provoquer. Si la démarche n’a pas toujours été suivie de résultat, elle a au moins obligé la défense caennaise à rester vigilante. Vincent Bessat a pris le relais en toute fin de match.
Cardy. Un début de match hésitant. Entre mauvaises inspirations et pertes de ballon, il ne s’est pas placé dans les meilleures dispositions pour avancer. On l’a vu plus pertinent après le retour des vestiaires. Sa générosité dans le combat a été appréciée, comme la précision de sa passe pour Bourgeois sur le second but messin.
Mokhtari. Sa capacité à conserver le ballon a fait du bien à l’ensemble messin, tout autant que sa capacité à porter le jeu vers l’avant. Ses coups de pied arrêtés ont souvent amené le danger devant le but caennais. Il a été remplacé par Fallou Diagne (68 e).
Rocchi. On ne l’avait pas vu aussi entreprenant depuis longtemps. Précieux dans la bataille du milieu de terrain, il a aussi montré qu’il avait laissé son hésitation aux vestiaires en signant les deux frappes messines du premier acte (9 e, 30 e). Ses tentatives ont échoué en corner. Il a insisté et trouvé la cible après un joli numéro face à trois Caennais. Aux portes de la surface, son tir n’a laissé aucune chance à Thebaux, le gardien normand (49 e).
Wiltord. Positionné sur le flanc gauche du milieu de terrain, il aurait pu ouvrir le score si sa tête, à la réception d’un coup franc de Mokhtari (25 e), n’avait pas été repoussée en deux temps par le gardien caennais.
L’ATTAQUE
Mendy. Une soirée difficile. Seul aux avant-postes, il a eu du mal à se mettre en évidence. Thibaut Bourgeois lui a succédé (77 e) avec brio : sa reprise de volée, splendide, sur un service de Cardy, a scellé la victoire messine.
C. B.
************************************************************************
Rocchi : « Enfin du jeu »
Auteur de l’ouverture du score, le milieu de terrain se félicite du contenu de la production messine à Caen.
• Romain, vous avez eu raison d’insister. Votre troisième frappe a été la bonne… « Oui, je récupère, je dribble et j’arrive à me décaler. C’est un but qui arrive au bon moment, comme celui, magnifique, de Thibaut (Bourgeois), je suis content. Nous avons eu pas mal d’occasions et si Mario (Mutsch) avait eu plus de chance, le score aurait pu être plus flatteur encore. »
• Cette victoire vous donne encore le droit de rêver à l’accession, même si vous n’avez pas les toutes les cartes en main. Comment le vivez-vous ? « C’est vrai, nous pouvons encore y croire, mais il faudra d’abord gagner contre Vannes avant d’espérer un faux pas d’Arles-Avignon. On ne lâchera pas. Même dans les moments difficiles, personne n’a renoncé. »
• Le souvenir du match aller, et votre lourde défaite à Vannes (3-0), pèsera-t-il dans les débats ? « Non. Nous n’aurons pas besoin de cela pour être motivés. J’espère que le stade sera plein. Le succès passera par l’humilité et la solidarité, ce qui nous a permis de nous imposer ici à Caen. »
• Caen, où Metz a livré un gros match, sinon le plus gros de la saison ? « Je le crois. Nous avons produit du jeu, enfin. Nous voulions réaliser ce match référence. Il est là, un peu tard peut-être, mais il peut compter pour la suite des événements. »
C. B.
REACTIONS :
Joël Muller (entraîneur de Metz) : « Cette victoire est belle. Elle est le résultat d’une grande solidité défensive, d’une grande solidarité dans les phases de duel. Et enfin, nous avons produit du jeu, notamment en seconde période. Nous aurions pu nous mettre à l’abri plus tôt en montrant plus de maîtrise collective. »
Stéphane Borbiconi (défenseur de Metz) : « On voulait ce match référence. Je suis fier de l’équipe. Le contexte ne nous était pas favorable, on jouait un leader invaincu chez lui, mais nous nous en sommes sortis. Ce succès, nous sommes allés le chercher avec les tripes. Tout le monde était concentré. Tout va se jouer la semaine prochaine, mais nous devons faire abstraction de ce qui se passera du côté d’Arles. On ne doit pas commencer à calculer. Pour espérer que l’issue nous soit favorable, nous savons que cela passe par une victoire de notre part. »
Bernard Serin (président de Metz) : « Après notre début de printemps douloureux et cette longue série de matches sans victoire, je me suis réconcilié avec le ballon ce soir. Un point de retard sur Arles, c’est beaucoup et peu à la fois. Si Arles s’impose, nos efforts auront été vains, mais nous pouvons au moins y croire. Nous restons en vie grâce à ce gros match livré ce soir face au leader caennais. »
