Messagepar nass17 » 19 mai 2010, 07:08
Des joueurs qui voient plus loin que le bout du pied
L'entraîneur adjoint Peter Zeidler, un Francais passé par la Lorraine.
Peter Zeidler, entraineur-adjoint, révèle quelques secrets de la réussite du club… et se demande encore «pourquoi, en France, on ne tire jamais au but».
Vous vous enfoncez au cœur du pays souabe et le premier type que vous rencontrez… parle français avec une aisance que lui envieraient certains de nos compatriotes. Pas étonnant : Peter Zeidler est un habitué de nos contrées, il a été enseignant à Laxou, «et le village où j’habite maintenant est jumelé avec… Custines ! »
Il y a des choses qui ne s’inventent pas. Et d’autres qu’il faut inventer, justement. C’est la raison de sa présence à Hoffenheim, où le club est parti de rien avant de plafonner chez les semi-pros, en Regionalliga. Jusqu’à l’arrivée de Ralf Rangnick, jeune entraîneur connu pour ses idées innovantes, son jeu offensif, mais fréquemment en conflit avec ses dirigeants… et fraîchement limogé de Schalke 04. «Il a pris un risque quand il est venu ici, en 2006. Les moyens financiers qu’offrait Dietmar Hopp étaient certes conséquents, mais rien ne prouvait que ça marcherait…» Pour éviter l’enterrement de troisième classe, "Der Professor" comme l’avaient surnommé ses détracteurs n’a posé qu’une seule condition : avoir les pleins pouvoirs sportifs d’un coach à l’anglaise. A l’instar d’un Wenger à Arsenal, l’un de ses modèles. «C’est l’une des raisons de notre succès : l’entraîneur, c’est le boss. Il n’a pas à justifier chaque semaine ses choix devant les membres du conseil d’aministration, le troisième vice-président ou le sponsor. Ici, c’est bien réglé : il y a le milliardaire derrière nous, mais il ne se mêle pas du quotidien…»
Une fois en place, Rangnick a commencé par s’entourer de collaborateurs venus des horizons les plus divers, mais aux compétences indiscutables. Zeidler, par exemple, s’est longtemps occupé du centre de formation du VFB Stuttgart, référence absolue en Allemagne. Bernhard Peters, l’ancien sélectionneur de l’équipe allemande de hockey sur gazon, double championne du monde, a été recruté pour diriger la formation des jeunes. Au passage, il sert aussi de source d’inspiration, pour le jeu sur balle arrêtée par exemple, primordiales dans le hockey. Car Rangnick ne se contente pas d’utiliser tous les moyens qu’offrent la vidéo ou le multimedia : il s’inspire aussi des autres sports, le handball ou le hockey, pour dénicher de nouvelles idées. Puis, en concertation avec son staff, il élabore des exercices d’entraînement innovants : jeu sur d’étroites bandes de terrain pour stimuler le jeu à une touche de balle, matches sur trois buts pour inciter les renversements de jeu, etc.
Un admirateur des Bleus
Pour mettre ces idées en pratique, il faut les joueurs adéquats. «C’est notre troisième grande force : nous recrutons exclusivement de jeunes joueurs. Des gars qui ont envie d’apprendre des choses, qui ne sont pas encore blasés. Des joueurs qui ont aussi quelque chose dans la tête, qui sont prêts à comprendre qu’il faut se battre collectivement pour récupérer le ballon… et assez rapides pour en profiter immédiatement.» Une équipe de recruteurs formés spécifiquement balaie le globe pour trouver de telles perles. Avec succès, comme on peut le constater actuellement.
Peter Zeidler est un admirateur des Bleus des années quatre-vingts «Ah, le jeu à une touche des Tigana, Giresse, Platini ! » mais les lacunes du jeu à la française ne lui ont pas échappé pour autant : «L’autre fois, j’étais au centre de formation de Nancy. Rien que des joueurs avec une super technique, de super prises de balles, excellente mise en place tactique ! Mais au bout de trois semaines, il n’y en avait pas un seul qui avait tiré au but…» Dépasser le modèle, c’est aussi l’une des forces d’Hoffenheim.
C. K.
source:LE republicain Lorrain (internet)