Philippe Hinschberger, contraint de composer avec un effectif décimé en ce début de saison, prône la prudence avant de recevoir le FC Metz. Photo Pascal BROCARD
Deux ans, déjà, que Philippe Hinschberger a posé ses valises à Laval, adversaire demain du FC Metz. L’ancien joueur historique du club grenat évoque les aspirations, mesurées, de sa formation.A llo ? Je vous entends mal, je suis en voiture. Je pars pour la Beaujoire. » Au programme de Philippe Hinschberger ce lundi, une rencontre fleurant bon la Ligue 1 : Nantes-Le Mans. Le technicien s’apprête à superviser deux adversaires qui, de prime abord, n’évoluent pas dans la même catégorie que Laval. Et pourtant, la saison dernière, son club a longuement caressé le rêve de terminer dans le wagon des promus : « Oui, nous n’étions pas loin mais nous ne sommes finalement jamais montés sur le podium de toute la saison, tempère-t-il. Ne nous prenons pas pour ce que nous ne sommes pas. »
Pour un candidat à l’accession ? Par nature si perfide, la Ligue 2 invite à se montrer précautionneux en terme de pronostic… « On peut toujours rêver d’un miracle comme Arles-Avignon. Mais ne fantasmons pas, il y a d’autres chantiers prioritaires ici ».
En premier lieu, celui de l’effectif. Le prochain adversaire du FC Metz accumule les pépins physiques à l’orée de ce nouveau départ en Ligue 2 : Anthony Goncalves (cheville), Frédéric Mendy (côtes) et Fabrice Do Marcolino (genou) n’ont pas passé le cap de la préparation estivale. Ces trois chaînons manquants s’ajoutent au transfert de Romain Hamouma – « notre meilleur joueur offensif » – à Caen : « Nous voilà donc contraint de rebâtir. Mais c’est le lot de Laval où l’on fait toujours des miracles ». Laval, un club qui n’éveille plus qu’une nostalgie lointaine dans le milieu footballistique…
Le club a vécu sa dernière saison dans l’élite en 1989. Avant de glisser en Ligue 2 et de se noyer en National (2006). La respiration interviendra en 2009 au terme d’une accession rondement menée par Philippe Hinschberger.
« Loin des yeux loin du cœur »
Aujourd’hui, de quoi se nourrissent les rêves Mayennais ? « D’assurer un maintien confortable. On ne va pas claironner d’objectifs. Strasbourg et Guingamp l’ont ouvert la saison dernière et on voit où ils se retrouvent… Nous ne bénéficions ni du budget, ni de la stature pour rêver. Le plus urgent est de se doter d’une tribune derrière chaque but… Car à domicile, nous sommes parfois à la limite du patronage ». Ces propos n’émanent pas d’un homme désabusé. Il s’agit simplement d’un trait de lucidité de l’ancienne icône de Saint-Symphorien, lui qui retrouvera une énième fois « de la couleur grenat » sur sa route.
« Ce que ça me fait ? Plus grand-chose. Loin des yeux, loin du cœur. Je suis désormais habitué à affronter le FC Metz ». Chose nouvelle, la stature de cette vieille connaissance. Lorsqu’il a croisé le fer avec les hommes d’Yvon Pouliquen l’an dernier, Philippe Hinschberger rudoyait avec un adversaire promis à l’élite. La donne a cette année évolué… « A mon sens, il s’agit simplement de la conséquence de dérives dangereuses observées ces dix dernières années. Lorsqu’on en arrive à se présenter, dans un passé récent en Ligue 1, avec quarante joueurs sous contrat, on doit se poser des questions… »
Lui ne s’en pose aucune à la veille de cette deuxième journée de Ligue 2. Satisfait du partage des points sur le terrain de Reims lors de la journée inaugurale (2-2), il reconnaît sa piètre connaissance de l’effectif mosellan : « Ils ont perdu beaucoup de joueurs importants cet été. Personne ne connaît vraiment la valeur de cette équipe. Mon ressenti, c’est qu’elle encaisse un sale but, après une déviation, face à Evian. Dans la minute qui suit, Metz avait l’opportunité d’égaliser ce qui aurait changé la physionomie du match. Alors ne tirons pas trop prématurément d’enseignements de cette défaite ». Pas sûr que cette remarque apaise Dominique Bijotat…
Jean-Michel CAVALLI.
Publié le 12/08/2010