FC Metz : N’Gbakoto, le Yeni de la lampe
Par Aurélia SALINAS • Journaliste La Semaine • 15/11/2010 à 15h44
Alors que le FC Metz s’enfonce dans les bas fonds de la Ligue 2, quelques lueurs d’espoir jaillissent du terrain. Yeni N’Gbakoto fait partie de la troupe de la Gambardella. Il a un talent qui mérite encore d’être couvé avant d’éclore complétement. Du souk à la religion, en passant par sa famille, le milieu de terrain messin se raconte.
Du rap avant les matches, Lil Wayne pour les spécialistes, du zouk pour se décontracter, quand la pression retombe. Crête d'Iroquois sur la tête, sourire charmeur, Yeni N'Gbakoto est un des « Gambardella boys », « le plus talentueux ». C'est ce que nous confiait José Pinot, en début de saison.
Vendredi soir malgré la défaite face au Mans (0-1), le milieu de terrain a montré les promesses de son talent. Un potentiel qui doit encore être bonifié et perfectionné pour arriver à l'essentiel : marquer des buts. Mais on ne peut nier que ce petit bonhomme a des pieds en or, une technique et une vitesse dans le jeu plutôt rares dans l'âpreté du championnat de Ligue 2.
Caractériel mais il se soigne
Yeni est doué. Pas de doutes, tous ces formateurs le disent. Yeni est aussi têtu et caractériel. C'est un mauvais perdant. Ses coups de sang lui ont déjà joué de vilains tours, il n'a pas pu débuté la saison avec ses coéquipiers, éloigné des terrains pour 7 matches de suspension. « Je suis impulsif. Le coach sait comment je suis et me fait travailler sur mon tempérament. Par exemple à l'entraînement, certaines fautes sur moi ne sont pas sifflées pour voir comment je réagis. Depuis petit, je suis comme ça. Ca m'énerve de perdre », confie Yeni, un défaut qui peut aussi être une qualité : « Je ne lâche rien », poursuit-il. Une ténacité qui fait du bien à l'heure où le FC Metz navigue toujours à vue.
Avant-derniers du championnat, les Grenats n'en finissent plus de rater les occasions de se mettre à l'abri. L'inachevé est devenu une habitude lourde de conséquences. « Le dernier match face au Mans nous laisse frustrés. Dans le jeu, nous avons montré de la maîtrise. Par contre, une nouvelle fois, l'efficacité n'était pas au rendez-vous », analyse Yeni N'Gbakoto. Lucide, il sait que le chemin sera difficile, ponctué de désillusions. Un déplacement à Boulogne-sur-Mer, la réception de Sedan : les adversaires qui se dressent devant le FC Metz seront coriaces. Mais Yeni y croit et veut tout faire pour « trouver une bouffée d'air avant la trêve ».
Comme bon nombre de ses coéquipiers, il découvre et apprivoise la Ligue 2. « C'est un championnat rugueux. Les espaces sont réduits. Il faut être dans l'anticipation ». Rien à voir avec la CFA ou les U19. Le milieu de terrain s'accroche, trouve des sources de motivation ailleurs... sur terre et dans le ciel.
Il tapait dans le mur avec le ballon
Originaire de Besançon, il a quitté sa famille, ses potes et sa cité pour venir jouer au foot à Metz. Il avait commencé à taper dans le ballon à 7 ans, suivant l'exemple de son père et de ses grands frères. « Le foot a toujours été en moi. Ma mère me raconte souvent que je tapais sur les murs avec le ballon quand j'étais tout petit ».
C'est un de ses frères qui l'a inscrit au SC Clemenceau Besançon. Yeni prend du plaisir sur les terrains. « Pour moi, c'est le plus beau métier du monde et une deuxième famille ». A 14 ans, accompagné de son président Philippe Renard, il vient faire un essai à Metz. Concluant. Quelques mois plus tard, il intègre le centre de formation. « Ma maman n'était pas trop d'accord. La structure du club et le fait que je poursuive mes études en parallèle l'ont convaincue ». L'année dernière, Yeni a obtenu son BEP ventes. Sa mère est rassurée. Il a aussi pris un appartement « mais je garde la tête sur les épaules », prévient-il.
Ses parents lui ont transmis leur croyance. Yeni se signe avant et après chaque match. « Je crois beaucoup en Dieu. Il peut nous amener quelque chose. Il m'aide ». En ce moment, les prières parlent de foot, de zone de relégation qu'il faut quitter. Et certainement de beaucoup d'autres choses. Car la vie a des frontières bien plus larges que les limites d'un terrain de foot.
