Promesse tenue. Pour le déplacement à Boulogne-sur-Metz, ce soir, Dominique Bijotat a décidé de se passer des services de certains de ses cadres. Le chantier messin n’est décidément pas terminé…
Thibaut Bourgeois, très peu utilisé par Dominique Bijotat cette saison (9 apparitions dont seulement 2 titularisations) pourraient refaire son apparition, ce soir, à Boulogne. Photo Pascal BROCARD
Remonté, affecté même, à l’issue de la défaite concédée au Havre vendredi dernier, Dominique Bijotat avait prévenu : « Collectivement, il va falloir faire autrement. En tout cas j’agirai autrement moi-même. »
Et l’entraîneur messin a tenu parole. Dans le propos tout d’abord. Plus musclé. Au risque de surprendre. « Le discours reste le même. C’est le ton qui a changé. Malgré les injonctions de ces dernières semaines, je n’ai pas obtenu, sur le terrain, la réponse que j’attendais. Depuis quarante-huit heures, mes mots sont plus durs. » Des mots pour tenter de soigner des maux, lancinants, inquiétants.
Des mots, encore, prononcés hier par Bernard Serin à l’issue d’une séance d’entraînement glaciale et achevée sous la neige. Le président messin a, en effet, pris la parole devant ses joueurs. « Il a donné son point de vue sur la situation actuelle du club, rapporte Dominique Bijotat. Il a renouvelé sa confiance au groupe tout en demandant aux joueurs un investissement encore plus important. » Ce que répète l’entraîneur messin depuis de longues, très longues semaines… à qui veut bien l’entendre. Mais certains semblant faire la sourde oreille, le technicien mosellan a tenu à indiquer que les changements annoncés dans les couloirs du stade Jules-Deschaseaux n’étaient « pas des paroles en l’air. »
Place aux actes donc. « Le rendement de certains » n’étant « clairement pas suffisant » Dominique Bijotat a décidé de trancher dans le vif à la veille du déplacement à Boulogne-sur-Mer. Exit Romain Brégerie, Gaëtan Englebert, Olivier Cassan et Oumar Sissoko. Si ces quatre hommes perdent donc le nord – le temps d’une journée de championnat au moins – il en va de même de Tenema N’Diaye, suspendu, mais qui, au regard de ses dernières prestations, aurait sans doute lui aussi fait partie du lot.
« Il ne s’agit pas d’une sanction, tempère toutefois l’entraîneur messin. On n’est pas à l’école… » Il n’empêche, en écartant certains de ses (supposés) cadres pour ce match en retard de la quinzième journée, Dominique Bijotat opère à ce qui ressemble, à s’y méprendre à une distribution de mauvais points. Bregerie, coupable de scories à répétition, Englebert qui prône la discrétion depuis son arrivée à Metz et Cassan qui tarde à confirmer les espoirs placés en lui, font aujourd’hui les frais du funeste parcours des Grenats.
« Éveiller enfin la conscience du groupe »
« A travers ces changements, il s’agit d’éveiller enfin la conscience du groupe. Cela me paraît aujourd’hui indispensable. Ce n’est pourtant pas faute de leur répéter… Le but, c’est renouveler la confiance à l’ensemble des joueurs, et notamment ceux qui ont un peu moins de temps de jeu. »
« A mes yeux, c’est l’ensemble de l’effectif qui a une nouvelle carte à jouer. Décliner le problème uniquement en terme d’individualités serait une erreur, poursuit Dominique Bijotat. Mais évidemment, la réponse que j’attends dès demain (ce soir), passe forcément par une implication personnelle de chacun… au service du collectif. »
Et pour donner un peu plus de poids à sa démonstration, ce dernier a décidé d’intégrer Christophe Marichez. « On connaît son importance dans les vestiaires. Son expérience, son amour du maillot, son caractère, sont autant d’éléments dont chacun d’entre nous a actuellement besoin. »
Pour autant, c’est bien Joris Delle qui devrait garder les buts messins ce soir. Reste que ces "mises à l’écart", entraînent forcément un remaniement au sein de l’institution messine. Ainsi, en défense centrale, Kalidou Koulibaly, plutôt convaincant lors de ses quatre apparitions sous le maillot grenat, devrait logiquement prendre place aux côtés de Nuno Frechaut. A sa gauche, le jeune défenseur pourrait voir débouler Gaëtan Bussmann.
Par ailleurs, si le duo Guerriero-Fleurival semble incontournable, tout comme Traoré, auteur de débuts assez séduisants, en attaque, Sakho fera-t-il les frais de ces travaux de rénovation ? S’il pousse sa logique de changement jusqu’au bout, Dominique Bijotat pourrait (re) lancer Thibaut Bourgeois voire Rudy Gestede pour bousculer la meilleure défense de Ligue 2. « J’espère qu’on aura les moyens de les faire douter, conclut l’entraîneur messin. Il nous faut des points. Voilà notre réalité. » Et s’imposer à l’extérieur, serait une autre révolution…
Jean-Sébastien GALLOIS.
Traoré : « Abattus mais pas résignés »
Dépositaire du jeu offensif messin, Mahamane Traoré espère une réaction collective à Boulogne après le trou normand.
Mahamane Traoré, inspiré en Normandie, guidera encore ses partenaires d’attaque à Boulogne. Photo Pascal BROCARD
Percevez-vous de la résignation dans le groupe après le revers concédé vendredi au Havre (2-1) ?
« Non, nous étions abattus, forcément, mais pas résignés. Nous avons bien conscience des origines de cette défaite. »
• Et quelles sont-elles ?
« Un manque d’efficacité durant les vingt-cinq premières minutes alors que nous étions bien en place. Ensuite, nous concédons beaucoup trop d’occasions à notre adversaire. La suite est simple : Le Havre ouvre le score, prend confiance et malgré notre réaction, nous nous inclinons. »
• De l’extérieur, ladite réaction a paru très timide.
« Peut-être, mais pourtant nous nous sommes battus. C’est ainsi que je vois les choses. »
• A l’intérieur du club, beaucoup se montrent sceptiques sur la compréhension de votre situation comptable…
« Pourtant, nous en avons parfaitement conscience : nous sommes 19e avec 13 points… Et c’est inquiétant. Tout le monde a envie de se rattraper. Heureusement, la 16 e place n’est qu’à trois points. »
• Est-ce une bonne chose de repartit tout de suite au front, à Boulogne ?
« Oui, cela permet de ne pas trop réfléchir. Nous devons maintenant aborder chaque rencontre avec un état d’esprit de coupe. Il reste trois matches avant la trêve et il faut absolument éviter de la vivre en étant dans la peau d’un relégable… »
• Vous êtes-vous fixé un objectif comptable sur ces trois matches ?
« Neuf points (rire)… Dans notre situation, on ne calcule plus, il faut viser le maximum à chaque sortie. »
• Dans cette atmosphère morose, trouvez-vous du réconfort dans vos prestations convaincantes ?
« Non, je ne peux me satisfaire de mon propre cas. Ce n’est que dans la victoire collective que l’on peut prendre du plaisir… »
• Vous sentez-vous déjà à 100 % ?
« Non, pas encore, je peux progresser. »
J.-M. C.
L’arbitre Sébastien Desiage. Âgé de trente-six an
L’arbitre
Sébastien Desiage. Âgé de trente-six ans, M. Desiage officiera, aujourd’hui au stade de la Libération, pour la neuvième fois cette saison sur une pelouse de Ligue 2. Ce sera, par contre, une première pour Boulogne et Metz, deux équipes qu’il n’a pas encore croisé en 2010-2011. Avant la rencontre de ce soir, Sébastien Desiage a déjà distribué vingt-trois avertissements et sorti un seul carton rouge.
Le chiffre
10. Boulogne-sur-Mer est le champion des matches nuls. Le club nordiste en compte déjà une dizaine cette saison. Dans leur bucolique stade de la Libération, les hommes de Laurent Guyot ont concédé à quatre reprises le partage des points.
La question
Qui portera le brassard de capitaine ? Romain Brégerie non retenu dans le groupe, ce rôle devrait être dévolu à Ludovic Guerriero. L’ancien Ajaccien a d’ailleurs déjà hérité du capitanat cette saison, lors de la 11 e journée à Grenoble. Le défenseur était alors souffrant.
La phrase (1)
Préparation. « La neige, le froid et la pluie : ce ne sont évidemment pas des conditions idéales pour jouer au football… Mais grâce aux infrastructures dont dispose le club depuis un an, nous avons pu nous entraîner tout à fait normalement depuis quinze jours. » Du milieu de terrain boulonnais Laurent Agouazi.
La phrase (2)
Décollage. « Je me méfie toujours d’équipes composées de jeunes, car ce sont des formations qui progressent. Forcément, on peut s’attendre à un moment donné à que cette équipe décolle, car cela reste tout de même le FC Metz. » De l’entraîneur de Boulogne, Laurent Guyot.
La phrase (3)
Pour les faibles. « Les conditions dans lesquelles nous entraînons depuis quelques jours sont perturbantes. Mais ce n’est pas une excuse. Se cacher derrière ça, c’est un aveux de faiblesse. Ce que je ne peux admettre. » De Dominique Bijotat, l’entraîneur messin.
J.-S. G. et J.-M. C.