
Diafra Sakho vient d’inscrire le troisième but messin face à Nîmes. Le dernier d’une longue saison à Saint-Symphorien. Photo Pascal BROCARD
A une marche de la fin du championnat, le FC Metz a conservé sa place en Ligue 2 au détour d’une dixième victoire remportée vendredi contre Nîmes. L’épilogue d’une saison de tous les maux.
Et d’une. « Nous sommes déjà opérationnels. » Romain Brégerie avait mal mesuré la difficulté du chantier. Le 6 août, le défenseur et son équipe débutent la saison par une défaite contre Evian à Saint-Symphorien.
Lucide. « Aujourd’hui, la situation est critique. » A Laval, le 13 août, Metz subit sa troisième défaite en trois matches. Dominique Bijotat tire (déjà) la sonnette d’alarme.
Première. 20 août 2010. Metz remporte sa première victoire face à Vannes. Bijotat souffle : « On a montré du cœur. »
Genoux. « C’est six mois d’arrêt minimum. » 19 septembre 2010. Les mots d’André Marie, docteur du club, précisent l’étendue des dégâts sur le genou de Kévin Diaz. A Châteauroux, Metz vient de perdre l’un de ses maillons essentiels. La semaine suivante, c’est au tour de Mahamane Traoré de se blesser gravement au genou.
Osé. 25 septembre 2010. « Nous visons le maintien et le milieu de tableau. » Le match nul de Metz face à Reims et sa position d’avant-dernier au classement n’entament pas la foi du président Bernard Serin.
Rechute. « On n’a pas le droit de faire ça. » Olivier Cassan, 19 octobre. A Grenoble, lanterne rouge, Metz vient de s’incliner et de mettre fin à une invincibilité en cours depuis le 17 septembre.
Intervention. Le 5 novembre, à l’issue de la 14 e journée, Metz est avant-dernier. Situation suffisamment inquiétante pour faire sortir Joël Muller, directeur sportif, de sa réserve. « Il nous faut cinq ou six points de plus avant la trêve, autrement il faut s’apprêter à vivre des mois douloureux. »
Colère. « Je suis remonté […]. J’agirai autrement. » Dominique Bijotat n’a pas apprécié le comportement de ses troupes au Havre (défaite 2-1 le 3 décembre). Et il le fait savoir. La semaine suivante, Brégerie, Englebert et Cassan, principaux visés, sortent du groupe.
Formule (1). A l’heure de la trêve, Metz est toujours avant-dernier. Le 23 décembre, le président Bernard Serin montre son sens de la formule. « Le National ? Ce serait le Big Bang. »
Renfort. Le 3 janvier 2011, un nouveau visage apparaît lors de la reprise de l’entraînement du FC Metz. Mathieu Duhamel arrive de Troyes, sous forme de prêt. « A mes yeux, c’est un attaquant qui a toutes les qualités pour s’imposer en Ligue 2. » Dominique Bijotat avait vu juste.
Formule (2). L’année débute bien à Saint-Symphorien. Les Messins écrasent Laval (4-0). Traduit par Philippe Hinschberger, entraîneur mayennais : « On a pris une bonne branlée. »
Aveu. 2 février. « Nous sommes tombés sur plus forts que nous. » En l’occurrence sur Lorient (L1), tombeur de l’équipe de Dominique Bijotat au stade des huitièmes de finale de la Coupe de France.
Nul. « Notre première période a été pitoyable. » Ludovic Guerriero encaisse mal le match nul réalisé par son équipe face à Châteauroux (25 février, 25 e journée).
Miracle. 1 er mars, « Pour Metz, il reste Lourdes. » Les déboires du FC Metz inspirent Rolland Courbis, ex-entraîneur devenu consultant.
Indigestion. Le 1 er avril, Metz s’incline sur sa pelouse face à la lanterne rouge, Grenoble. « Psychologiquement, c’est dur à digérer » reconnaît Mathieu Duhamel, l’attaquant messin.
Retour. « Je me sens libéré. » Signé Oumar Sissoko, au terme de son retour à la compétition, au Mans, le 22 avril dernier. Le gardien malien et ses coéquipiers messins reviennent du MMArena avec un précieux point.
Réconfort. Le 29 avril, Metz l’emporte face à Boulogne-sur-Mer. Avec la manière. « Je suis très heureux. Les joueurs ont montré énormément d’envie », souligne leur entraîneur.
Précieux. « Ce soir, on a peut-être attaqué le mental de nos adversaires. » 13 mai à Istres. L’équipe de Dominique Bijotat remporte une victoire déterminante grâce à un but de Kévin Diaz dans le temps additionnel.
Délivrance. 20 mai, dernier rendez-vous messin de la saison à domicile. Metz écrase Nîmes… Et officialise son maintien en Ligue 2. « On respire un bon coup », assure Kévin Diaz. Derniers mots la semaine prochaine sur la pelouse d’Evian-Thonon.
Bernard Serin : « Un immense soulagement »

Le président du FC Metz a poussé un gros ouf de soulagement, vendredi, à Saint-Symphorien. « On peut difficilement vivre une saison plus stressante que celle qui s’achève. » Photo Pascal BROCARD
La crispation est derrière lui. Le FC Metz officiellement maintenu en Ligue 2, le président Bernard Serin se tourne déjà vers un avenir qu’il abordera avec des ambitions revues à la hausse. « Nous avons désormais des acquis. »
Président, qu’avez-vous ressenti, vendredi, au coup de sifflet final ? « Une grande joie, mais aussi et surtout un immense soulagement. On peut difficilement vivre une saison plus stressante que celle qui s’achève à présent pour nous… »
• Vingt-huit points lors des dix-huit derniers matches. Votre équipe serait sixième si la saison avait commencé en janvier dernier… Cela n’inspire-t-il pas chez vous quelques regrets ? « Bien sûr, mais voilà, nous avions fait le choix risqué de renouveler notre effectif en profondeur, en y incluant de jeunes joueurs et des garçons plus expérimentés mais nouveaux. Là-dessus, se sont greffées les blessures de certains, comme Kévin Diaz ou Mahamane Traoré. Tout cela a contribué à notre perte de confiance. Mais aujourd’hui, nous pouvons nous servir de notre parcours. Les jeunes ont gagné en maturité. C’est un acquis. »
« Trouver le bon dosage »
• Kévin Diaz, Mahamane Traoré, ou encore Mathieu Duhamel. Tous ces joueurs prêtés ont été au cœur du redressement. Les conserver dans l’effectif fait-il partie du chantier des prochaines semaines ? « Oui, évidemment, même si nous ne sommes pas maîtres de la décision concernant notamment Diaz ou Traoré. Au-delà de leur cas respectif, notre ambition est de préserver cet effectif au maximum et de remplacer certains joueurs en fin de contrat par des éléments capables de tirer le groupe vers le haut. Il faudra trouver le bon dosage, pour ne pas revivre le début de saison qui a été le nôtre. »
• Des joueurs encore sous contrat sont-ils susceptibles de quitter Saint-Symphorien ? « Il est trop tôt pour le dire, et nous n’avons d’ailleurs reçu aucune proposition. Mais s’il y a un intérêt pour le joueur et pour le club, pourquoi pas oui. »
• Quels sont les joueurs concernés par cette possibilité ? « Il y a Stéphane Borbiconi, qui doit logiquement revenir de son prêt à Bakou (Azerbaïdjan). Nous allons en discuter cette semaine avec lui. Il y a aussi Nuno Frechaut, dont le contrat s’achève en juin 2012. »
• Et concernant Tenema N’Diaye ? « C’est vrai qu’il n’a pas participé à cette fin de saison. Et effectivement, peut-être pourrait-il trouver un meilleur challenge ailleurs. C’est un joueur de talent, international. Là aussi, il faut en discuter. »
• Et Alexander Odegaard ? « Il a connu quelques difficultés d’adaptation. Nous allons faire le point avec lui. »
• Revenons à ce dernier rendez-vous de la saison à Saint-Symphorien, avant-hier… Le stade était bondé pour un match où votre équipe ne jouait finalement que sa survie en Ligue 2. Que lisez-vous dans ce soutien ? « Des choses positives. Bien sûr, j’ai entendu dire que notre effort sur le prix des billets expliquait cette réussite, mais je n’y crois pas. Vous pouvez offrir des places gratuites, si les gens ne s’intéressent pas à vous, ils ne viendront pas au stade. A mes yeux, cette affluence montre que personne n’est indifférent à notre destin. Il faut peu de chose pour que l’étincelle jaillisse. J’espère que nous saurons encore donner envie aux gens de venir la saison prochaine. »
• D’un point de vue financier, comment s’annonce-t-elle, cette prochaine saison ? « Notre budget sera encore de l’ordre de onze millions d’euros. Nous essayerons de réduire le déficit. Dans ce domaine, nous espérons profiter de l’intéressement sur les transferts éventuels de certains de nos anciens joueurs, comme Papiss Cissé par exemple. »
• On vous a entendu dire que vous souhaitiez voir le FC Metz se mêler aux équipes de tête la saison prochaine. Réaliste ? « Absolument. Nous avons des acquis et notre rythme sur cette seconde partie de saison démontre que nous avons des qualités. Ce sera mon discours vis-à-vis du staff et des joueurs. Je crois que c’est possible. »
On discute déjà en coulisses
La fin du championnat n’est pas encore actée, mais la question de l’effectif qui sera confié à Dominique Bijotat et à son staff en vue de l’exercice 2011-2012 est déjà sur la table des dirigeants messins. Ces derniers ont ainsi proposé une prolongation de contrat à l’un de leurs espoirs, Samy Kehli. Lancé dans le bain de la Ligue 2 par Dominique Bijotat, le milieu de terrain – onze matches dont six titularisations – fait partie des jeunes éléments que le club de Bernard Serin espère conserver dans ses rangs. « Nous sommes également en discussion avec Anthony M’Fa (gardien), précise le président, et avec Thibaut Vion », un attaquant né en 1993.
Delle réfléchit
Le FC Metz a aussi adressé une proposition de prolongation de contrat à Joris Delle. Le gardien, lié au club jusqu’en juin 2012, a été privé des six dernières journées de championnat en raison d’une blessure à la cheville. Mais le contenu des prestations de l’international espoir, devenu titulaire à part entière après la blessure de Christophe Marichez en août 2010, a convaincu. A cette heure, les discussions entre lui et le club sont toujours en cours.
C. B.
Metz sans sourciller (CFA)
Les Messins ont assuré le coup, hier sur leur pelouse, face à la lanterne rouge Noisy-le-Sec.
Pour leur dernière rencontre à domicile, les Messins recevaient une équipe de Noisy-le-Sec en très fâcheuse posture. Derniers du groupe et d’ores et déjà assurés de leur relégation, les Noiséens ne venaient toutefois pas en Moselle pour faire de la figuration. Ils étaient même les premiers à se montrer dangereux avec un tir lointain de Kibikula qui rasait le poteau de Delle (16 e). Les Messins avaient du mal à forcer le verrou noiséen. Les trois corners obtenus ne donnaient rien puis le centre de Cassan pour la tête de Kayombo terminait à côté de la cage de Bonnard (36 e). Les Grenats parvenaient tout de même à ouvrir le score juste avant la pause. Le coup franc de Cassan revenait en arrière pour N’Ganvala, qui, sans se poser de question, catapultait le ballon en pleine lucarne (1-0, 40 e).
De retour des vestiaires, les Messins pressaient le but de Noisy. La percée de Méligner repoussée par la défense noiséenne arrivait dans les pieds de Keita qui marquait mais se voyait refuser le but pour une position de hors-jeu (51 e). Ce n’était que partie remise pour les protégés de José Pinot qui, dans la minute suivante, doublaient la mise. Keita déviait pour Bourgeois. Seul devant le but, ce dernier n’avait plus qu’à éviter Bonnard pour placer la balle au fond (2-0, 52 e). Les Mosellans continuaient sur leur lancée. Tandjigora tentait sa chance des trente mètres mais le ballon allait s’écraser sur la transversale de Bonnard.
Haddadji, opportuniste, avait bien suivi l’action et trompait Bonnard pour la troisième fois (3-0, 72 e). L’entraîneur messin, José Pinot, ne pouvait que se réjouir de l’issue d’une partie qui aurait pu se transformer en piège : « Nous ne nous sommes pas laissés démobiliser par ce dernier match à domicile contre le dernier. Nous sommes restés concentrés sur notre jeu. Nous avons profité de la superbe ouverture du score de Djemel (N’Ganvala) et eux ont accusé le coup. Nous avons toujours été mobiles pour avoir le ballon. J’ai pris beaucoup de plaisir à être sur le banc et à les voir évoluer. »