En manque de tout, Metz a encaissé une lourde défaite face à Sedan, hier à Amanvillers. Retour sur une dernière sortie amicale apocalyptique pour les hommes de Dominique Bijotat.

Tenus en respect par une équipe de Sedan extrêmement séduisante, Fleurival et les Messins n’ont gagné qu’une chose hier : du doute. Photo Karim SIAR
Il y a des signes qui ne trompent pas. Lorsque Dominique Bijotat a regagné le banc de touche à l’approche de la mi-temps, quittant par là même sa posture habituelle, debout, son équipe vacillait totalement. Pris dans le tourbillon sedanais, Metz a bu le bouillon.
GRAND ANGLE
Stéréotypés, amorphes, sans imagination et largement dépassés par la vitesse d’exécution d’un futur adversaire de Ligue 2, les partenaires de Ludovic Guerriero étaient méconnaissables, hier à Amanvillers. Oui, méconnaissables par rapport à cette campagne amicale jusqu’à présent paisible. Le premier revers de cette phase de préparation laissera des traces dans les esprits. Espérons pour les hommes de Dominique Bijotat qu’il ne fasse pas resurgir de vieux démons passés. Car la machine sedanaise a littéralement happé le tendre collectif mosellan. Pour faire simple, le visiteur nouvellement coaché par Laurent Guyot a fait ce qui lui plaisait durant le premier acte.
« Des bosses sur la tête »
Synthétisons : une défense messine traversée sur l’ouverture du score de Diallo, plus prompt que Joris Delle (5 e) ; un cadeau involontaire signé Pierre Bouby sur le deuxième but de LeBihan, heureux récipiendaire d’un ballon à l’entrée de la surface converti d’un plat du pied limpide ; et enfin un sentiment d’impunité totale pour Yohan Court, auteur d’une reprise de volée terrifiante (38 e)…
La thèse de la faillite collective paraît inappropriée pour expliquer cette première mi-temps apocalyptique. Si Metz a sombré par le fond, une grande part de responsabilité pèse sur les épaules des hommes du milieu. La paire de récupérateurs Guerriero-Fleurival a été submergée par le jeu léché des Sedanais. Le replacement des joueurs de couloir, défaillant lui aussi, a contribué à cet aveu d’impuissance perçu dès l’entame de la rencontre. Alors ? Alors Dominique Bijotat n’a eu d’autres choix que de densifier, très prématurément, l’entrejeu avec le remplacement de Yéni N’Gbakoto par Diagne Fallou (26 e). Du moins le pensait-on. En réalité, il s’agissait d’un remplacement sanction, non d’une réorganisation tactique : « Quand on est contraint de sortir un joueur après seulement trente minutes car il erre sur le terrain, c’est préoccupant », soufflera, un brin courroucé, l’entraîneur.
Derrière ce sombre constat, une faible éclaircie aura illuminé l’amorce du second acte. Un supplément d’agressivité se traduisait dans le tir repoussé du bout des gants par Ulrich Ramé (oui, l’ex-Bordelais) (51 e). Un supplément de précision se lisait dans l’ouverture de Ludovic Guerriero pour Mathieu Duhamel, l’attaquant messin manquant d’un rien le cadre (55 e). Seulement, l’idée menant à une réaction d’orgueil ne tiendra pas longtemps. Diaby, entrant remuant, s’offrait un cavalier seul victorieux dans l’arrière-garde messine (75 e). Et sur le coup d’envoi, la tournure des événements prenait des allures de fiasco, Stéphane Borbiconi trébuchant sur le ballon et offrant à Oliveira le soin d’achever cette « correction », dixit Dominique Bijotat.
Le regard noir, ce dernier a prononcé des mots durs à l’issue de cette rencontre à sens unique : « On a tout fait à l’envers. D’ordinaire, on comble nos lacunes techniques par de l’engagement. Ce qui n’a pas été le cas ». Loin de là, même. « On sort avec des bosses sur la tête. Certains ne paraissent même pas touchés par ce revers. C’est le plus regrettable ». Finalement, la thèse de la faillite collective prend tout son sens. Inquiétant à une semaine du premier tour de la Coupe de la Ligue au Havre. Inquiétant tout court, même…
Jean-Michel CAVALLI.
Guerriero : « On a été spectateur »
Marqué par cette défaite, Ludovic Guerriero reconnaît qu’un « doute » s’est peut-être déjà installé dans les esprits messins avant même l’ouverture du championnat.
• Comment expliquez-vous ce large revers ?
« Comment ? C’est simple : on a été spectateur toute la première mi-temps. Après, on a perçu un léger mieux à l’entame du second acte, mais derrière, on s’effondre encore. Les choses sont claires : on a été surclassé par cette équipe de Sedan. »
• Cette défaite fait-elle voler en éclats la confiance engrangée durant cette campagne amicale ?
« Oui, disons que cela instille des doutes. Sedan a joué à la passe à dix durant la première mi-temps, nous étions en retard sur chaque action sans parvenir à trouver des solutions. Encaisser cinq buts équivaut à se prendre une claque. Maintenant, s’il faut chercher un peu de positif, il vaut mieux qu’une telle défaite se produise avant l’ouverture officielle du championnat. »
• Vous voilà ramené à une dure réalité…
« J’espère que cette prestation insipide va nous ouvrir les yeux. On va partir en stage à Amnéville et tenter de l’évacuer. Désormais, il faut réagir… »
J.-M. C.
Diaz s’éloigne-t-il ?
Bronzage soigné, tenue élaborée, léger accent méditerranéen : hier, un émissaire de l’AS Monaco était présent dans les tribunes du stade Micheletti. Non pas pour observer un joueur, « mais pour suivre Sedan, notre adversaire en Coupe de la Ligue ». L’occasion était toute trouvée pour évoquer le cas de Kévin Diaz, toujours ardemment courtisé par le FC Metz. A entendre le dirigeant monégasque, en longue conversation avec Dominique Bijotat avant la rencontre, l’affaire semblerait compromise : « Bien sûr que Metz le veut, Kévin est un très bon joueur. Mais nous comptons sur lui la saison prochaine, je peux vous l’affirmer ». Des propos à prendre avec mesure tant la période est propice aux retournements de situation…
METZ - SEDAN : 0-5 (0-3)
Stade Micheletti à Amanvillers. Environ 1500 spectateurs. Pelouse en excellent état. Temps nuageux. Buts pour Sedan : Diallo (5 e), Le Bihan (20 e), Court (38 e), Diaby (75 e), Oliviera (76 e).
METZ. Delle – Bouby, Abdoulaye, Borbiconi, Metanire – Guerriero (cap) (Sarr, 73 e), Fleurival (Kehli, 56 e), N’Gbakoto (Diagne, 26 e), Pouye (N’Diaye) – Duhamel, Sakho (Odegaard, 73 e). Entraîneur : Dominique Bijotat.
SEDAN. Ramé – Pogba, Lautoa, Traoré, Cantini (Boli, 77 e) – Lemoigne (cap), Oliveira (Makhedouf, 77 e), Le Bihan (Tibéri, 61 e), Gragnic (Valdivia, 61 e), Court – Diallo (Diaby, 61 e). Entraîneur : Laurent Guyot.