Nanti d’une avance de trois buts, Metz a trouvé hier le moyen de se faire rejoindre, puis dépasser par d’opiniâtres havrais en prolongation (5-4, a.p.). Ou comment entretenir le doute à une semaine de la reprise de la Ligue 2…

Bruce Abdoulaye (a gauche, à la lutte avec le Havrais Ryan Mendes) ont longtemps cru à la qualification. Mais au terme d’un match à rebondissements, c’est bien Le Havre qui s’invite au tour suivant. Photo MAXPPP
La sagesse populaire prohibe vitesse et précipitation. La sagesse coutumière de Dominique Bijotat dit, elle, qu’il ne faut pas confondre " préparation et compétition ". Hier, le FC Metz a parfaitement saisi ces deux nuances. Du moins le pensait-on lorsqu’après vingt minutes de jeu, le visiteur avait su faire son trou en Normandie en inscrivant trois buts. Oui, en moins de vingt minutes, le visiteur avait fait oublier la débâcle vécue la semaine précédente face à Sedan en amical (défaite 5-0). À ce moment précis, nous nous promettions de taire ce souvenir malheureux, qui avait instillé doute et scepticisme avant ce 1er tour de Coupe de la Ligue en territoire hostile. Car tout change (normalement) lorsque le sel de la compétition saupoudre les débats…
De notre envoyé Spécial au Havre
Empruntés et déficients dans tous les domaines face à Sedan (bon, on en reparlera un peu finalement), les partenaires de Ludovic Guerriero conduisaient cette fois les débats avec autorité. En manque d’imagination samedi dernier (on en reparlera finalement beaucoup), c’est un Metz créatif qui faisait plier très rapidement un hôte bien passif.
Une ouverture délicieuse du vrai-faux partant Adama Tamboura, titulaire surprise, offrait à Mathieu Duhamel l’occasion d’ajuster Johny Placide d’une reprise de volée gagnante (4 e, 0-1). Deux minutes plus tard, le portier havrais suivait encore en spectateur le jeu en triangle initié par le buteur messin, auteur d’une remise pour Ludovic Guerriero qui lui-même mettait sur orbite Diafra Sakho dans la profondeur. L’attaquant sénégalais, d’un lob astucieux, envoyait les Havrais dans cordes (6 e, 0-2). Groggys, les Normands couraient vainement après des Messins mobiles et soigneux dans leurs transmissions. Oumar Pouye parachevait ce festival offensif d’un débordement incisif ponctué d’un tir à ras de terre payant (18 e, 0-3). On oserait presque parler de démonstration à la mode ardennaise, la réduction du score de James Fanchone (43 e, 1-3) à l’approche de la mi-temps ne constituant, alors, qu’un simple épiphénomène au cœur de la partition messine…
Défense vacillante
« C’est bien ce Metz-là qui a encaissé cinq buts en amical face à Sedan ? » Oui, messieurs de la presse normande, c’est bien ce Metz-là qui se permettait d’enfoncer le clou dès le retour des vestiaires. Relance de la tête du malheureux Placide, reprise instantanée de Sakho, voici résumée la quatrième symphonie messine (46 e, 1-4). Hélas, dans la minute suivante, Mendes entretenait l’espoir des siens en profitant de la passivité mosellane (47 e 2-4). Nous parlons bien de passivité…
Si l’on devait trouver une rature (grossière) à cette copie messine, elle se trouverait dans le compartiment défensif. En ce secteur du jeu sommeille encore de nombreuses imperfections. La charnière centrale Abdoulaye-Diagne dégage bien des incompréhensions. Le positionnement de Pierre Bouby souffre, lui aussi, de légèreté. Au plus fort de la révolte havraise, les fondations ont d’abord vacillé. Elles se sont ensuite effritées lorsque Rivière ramena son équipe sur les talons de Messins privés de Fallou Diagne, invité à quitter les débats pour un deuxième avertissement (75 e, 3-4). Avant de s’effondrer sur le coup franc vicieux et victorieux de Julienne (90 e, 4-4). Ou comment ouvrir la voie à une prolongation inimaginable une mi-temps plus tôt. Ou comment voir disparaître une qualification sur l’autel d’une décision arbitrale plus que contestable après le penalty sifflé pour une faute d’Abdoulaye sur Fanchone. Quelques minutes plus tôt, Oumar N’Diaye, fauché dans des circonstances similaires, n’avait pas eu droit à pareille mansuétude. Finalement, Mendes se chargera d’exécuter les derniers espoirs mosellans (110 e, 5-4). Et Metz devait quitter la rencontre avec un lourd fardeau de cinq buts sur les épaules. Tiens, le même tarif que face à Sedan…
Jean-Michel CAVALLI.
LE HAVRE - METZ : 5-4 AP
Stade Jules Deschaseaux. 3787 spectateurs. Temps estival. Pelouse en excellent état. Arbitre : M. Batta. Mi-temps : 1-3. Fin du temps réglementaire : 4-4. Buts pour Le Havre : Fanchone (43e), Mendes (47e, 110e), Rivière (75e), Julienne (90e) ; pour Metz : Duhamel (4e), Sakho (6e, 46e), Pouye (18e). Avertissements au Havre : Le Marchand (90 e) ; à Metz : Fallou (45 e, 83 e). Exlusion à Metz : Fallou (83 e).
LE HAVRE. Placide – Le Marchand (Gouano, 106 e), Nestor, Genton, Rivierez - François (cap) (Rivière, 53e e), Fontaine, Mesloub, Bonnet (Julienne, 62 e) – Mendes, Fanchone. Entraîneur : Cédric Daury.
METZ. Delle – Bouby, Abdoulaye, Fallou, Métanire – Guerriero (cap), Fleurival, Pouye (N’Gbakoto, 76 e), Tamboura (Borbiconi, 65 e) – Duhamel (N’Diaye, 91 e), Sakho. Entraîneur : Dominique Bijotat.