R.L. du 07/09/2011
Publié : 07 sept. 2011, 08:00
Sarr, enfant de la balle
Intégré dans le groupe pro cette saison, titulaire à Sedan et auteur d’entrées en jeu incisives, Bouna Sarr présente un profil atypique. Dribbleur compulsif, le milieu de terrain a conservé "l’instinct du quartier"...
L es matchs au quartier ? On les débutait quand le soleil se levait et ils se terminaient à la nuit tombée. » L’histoire est connue, c’est toujours la même qui s’écrit aux quatre coins de la planète. Pourtant, on ne se lasse pas d’entendre les premiers émois d’un footballeur. Lorsque ni agent, ni recruteur véreux ne polluent l’horizon. Lorsque le plaisir de caresser une pelote de cuir supplante tout autre intérêt.
Avant un passage éclair à l’Olympique Lyonnais, Bounar Sarr a été élevé au sein du football de rue : « Là où la recherche du beau geste est très importante ». C’est à Gerland – le quartier et non le célèbre stade prochainement abandonné par le septuple champion de France – qu’il a exécuté ses premiers crochets et qu’il s’est familiarisé à l’art de l’esquive.
Cette technicité a imprégné tous ses pores. Même le formatage habituel des centres de formation n’a pas eu raison de son goût prononcé pour le "tripotage" de ballon : « C’est vrai, je tripote. Parfois trop. On a tendance à me le reprocher, il faut que je trouve le juste milieu ». Sans en faire totalement le deuil, le vainqueur de la Coupe Gambardella 2009 doit changer de source d’inspiration : « Petit, lorsque nous nous affrontions sur des terrains vagues, j’avais opté pour Robinho. J’adorais son art du dribble, son jeu spectaculaire, coloré ».
La réalité de la Ligue 2, où la virilité passe pour une vertu plus reconnue que la créativité, lui a déjà remis les deux pieds sur terre : « Il y a des contacts rugueux, la Ligue 2 est un championnat où le duel physique est primordial, reconnaît-il. Aujourd’hui, j’essaye surtout d’apprendre de Mahamane Traoré, tant de l’homme que du joueur. Même si je ne dois pas perdre mes qualités premières ».
Non, surtout pas. Car ce sont ses qualités de percussion, parfois à la limite de l’individualisme, qui lui ont ouvert les portes du groupe de Dominique Bijotat…
« Marquer mon premier but »
Au cœur d’un secteur rongé par la concurrence (Odegaard, Diaz, Traoré, N’Gbakoto, Pouye, etc.), Bouna Sarr a su faire valoir son profil de joueur instinctif. Ce n’est pas un hasard si lors de l’excellent nul ramené de Sedan lors de la 5 e journée de Ligue 2 (1-1), il a connu le frisson d’une première titularisation.
Son avis sur sa prestation écourtée par son remplacement à l’heure de jeu par un proche, Yéni N’Gbakoto ? « Ça s’est plutôt bien passé. Dans un premier temps, je me suis surtout tenu aux consignes de l’entraîneur, à savoir bloquer le latéral gauche sedanais. Après coup, je pense que je peux mieux faire, gagner en volume, me libérer un peu plus ». Osez, jeune homme ! Car vos rêves à court terme doivent se nourrir d’audace…
Bouna Sarr, jeune homme bien élevé, ne revendique rien : « Si un jour je devais retourner avec la réserve, je le ferai sans traîner les pieds. Mais ce n’est pas présomptueux de dire que je souhaite poursuivre avec les pros ». Sa quête, le joueur l’a identifiée : « J’aimerais marquer mon premier but en pro. Je n’étais pas loin d’y parvenir face à Châteauroux, mais le gardien s’est montré vigilant ».
Son autre vœu est tout aussi ambitieux : « Découvrir Saint-Symphorien dans la peau d’un titulaire. Je vois déjà ma famille, mes amis, mon ancien entraîneur Olivier Perrin dans les tribunes. Rien que d’y penser… » Rien que d’y penser, Bouna "Robinho" Sarr en a des frissons. Cette histoire aussi est connue, mais on ne s’en lasse jamais…
Jean-Michel CAVALLI.
Intégré dans le groupe pro cette saison, titulaire à Sedan et auteur d’entrées en jeu incisives, Bouna Sarr présente un profil atypique. Dribbleur compulsif, le milieu de terrain a conservé "l’instinct du quartier"...
L es matchs au quartier ? On les débutait quand le soleil se levait et ils se terminaient à la nuit tombée. » L’histoire est connue, c’est toujours la même qui s’écrit aux quatre coins de la planète. Pourtant, on ne se lasse pas d’entendre les premiers émois d’un footballeur. Lorsque ni agent, ni recruteur véreux ne polluent l’horizon. Lorsque le plaisir de caresser une pelote de cuir supplante tout autre intérêt.
Avant un passage éclair à l’Olympique Lyonnais, Bounar Sarr a été élevé au sein du football de rue : « Là où la recherche du beau geste est très importante ». C’est à Gerland – le quartier et non le célèbre stade prochainement abandonné par le septuple champion de France – qu’il a exécuté ses premiers crochets et qu’il s’est familiarisé à l’art de l’esquive.
Cette technicité a imprégné tous ses pores. Même le formatage habituel des centres de formation n’a pas eu raison de son goût prononcé pour le "tripotage" de ballon : « C’est vrai, je tripote. Parfois trop. On a tendance à me le reprocher, il faut que je trouve le juste milieu ». Sans en faire totalement le deuil, le vainqueur de la Coupe Gambardella 2009 doit changer de source d’inspiration : « Petit, lorsque nous nous affrontions sur des terrains vagues, j’avais opté pour Robinho. J’adorais son art du dribble, son jeu spectaculaire, coloré ».
La réalité de la Ligue 2, où la virilité passe pour une vertu plus reconnue que la créativité, lui a déjà remis les deux pieds sur terre : « Il y a des contacts rugueux, la Ligue 2 est un championnat où le duel physique est primordial, reconnaît-il. Aujourd’hui, j’essaye surtout d’apprendre de Mahamane Traoré, tant de l’homme que du joueur. Même si je ne dois pas perdre mes qualités premières ».
Non, surtout pas. Car ce sont ses qualités de percussion, parfois à la limite de l’individualisme, qui lui ont ouvert les portes du groupe de Dominique Bijotat…
« Marquer mon premier but »
Au cœur d’un secteur rongé par la concurrence (Odegaard, Diaz, Traoré, N’Gbakoto, Pouye, etc.), Bouna Sarr a su faire valoir son profil de joueur instinctif. Ce n’est pas un hasard si lors de l’excellent nul ramené de Sedan lors de la 5 e journée de Ligue 2 (1-1), il a connu le frisson d’une première titularisation.
Son avis sur sa prestation écourtée par son remplacement à l’heure de jeu par un proche, Yéni N’Gbakoto ? « Ça s’est plutôt bien passé. Dans un premier temps, je me suis surtout tenu aux consignes de l’entraîneur, à savoir bloquer le latéral gauche sedanais. Après coup, je pense que je peux mieux faire, gagner en volume, me libérer un peu plus ». Osez, jeune homme ! Car vos rêves à court terme doivent se nourrir d’audace…
Bouna Sarr, jeune homme bien élevé, ne revendique rien : « Si un jour je devais retourner avec la réserve, je le ferai sans traîner les pieds. Mais ce n’est pas présomptueux de dire que je souhaite poursuivre avec les pros ». Sa quête, le joueur l’a identifiée : « J’aimerais marquer mon premier but en pro. Je n’étais pas loin d’y parvenir face à Châteauroux, mais le gardien s’est montré vigilant ».
Son autre vœu est tout aussi ambitieux : « Découvrir Saint-Symphorien dans la peau d’un titulaire. Je vois déjà ma famille, mes amis, mon ancien entraîneur Olivier Perrin dans les tribunes. Rien que d’y penser… » Rien que d’y penser, Bouna "Robinho" Sarr en a des frissons. Cette histoire aussi est connue, mais on ne s’en lasse jamais…
Jean-Michel CAVALLI.