Système quasi immuable depuis la fin de saison dernière, le recours à un seul attaquant a touché ses limites lors de la déroute nantaise (1-3), mardi. La réception d’Istres, ce soir, dopera-t-elle les intentions de Dominique Bijotat ?

Mathieu Duhamel, à la peine mardi face à l’ancien messin Matheus Vivian, sera-t-il mieux accompagné sur le front de l’attaque ? La réponse est incertaine. PhotoPascal BROCARD
Quelques rushs inaboutis, une pointe inhabituelle d’individualisme et un légitime sentiment de frustration. Un air de déjà-vu escortait, mardi face à Nantes, l’attitude de Mathieu Duhamel. Au Mans, trois jours plus tôt, son dépit s’était effacé devant la plénitude du buteur. Mais déjà, l’attaquant semblait souffrir de solitude sur le front de l’attaque.
Depuis de longs mois, Dominique Bijotat opte pour ce schéma contraignant son buteur à de longues chevauchées solitaires. Le système a fait ses preuves, mais l’heure n’est-elle pas au réajustement tactique ? Face à Istres ce soir, 48h après une déroute mal vécue, le moment n’est-il tout simplement pas venu de se montrer moins avare en attaquants ? Sans doute, reste à savoir si Metz en a les moyens.
OUI
Pour épauler Mathieu Duhamel, un nom s’impose. Un nom qui a bien failli devenir indésirable sur les bords de la Moselle : Diafra Sakho. Ses détracteurs penseront que sa sortie médiatique, teintée de critiques envers ses dirigeants il y a un moins d’un mois, traduisent le peu d’attachement du joueur au club messin. La situation peut toutefois s’analyser sous un autre angle : comme Duhamel après son passage à Troyes, l’attaquant sénégalais nourrit un fort ressentiment. Cela s’est perçu lors de son entrée en jeu mardi soir, alors que les jeux étaient faits.
Capable de prendre la profondeur et, donc, de soulager un Duhamel qui va s’émousser au fil du championnat, l’alternative Sakho sonne comme une évidence. L’association entre les deux joueurs avait d’ailleurs abouti sur la prestation offensive la plus prolifique de Metz cette saison : au Havre en Coupe de la Ligue, cette paire avait dynamité l’arrière-garde normande en l’espace d’une mi-temps et des poussières (4 buts inscrits).
Mais ce recours à deux pointes entraînerait de facto la disparition d’un milieu de terrain. Diaz forfait, le repositionnement de Traoré sur un côté pourrait constituer une alternative. A moins que Dominique Bijotat ne sacrifie l’un de ses deux récupérateurs. Ce que l’on ne croit guère…
NON
Tiens, reparlons tout de suite de ce duo Guerriero-Fleurival. Soit d’un côté le capitaine, certes en dedans mardi, mais le capitaine. Et de l’autre, sans doute, le joueur le plus régulier depuis l’ouverture du championnat. Sacrificier l’un de ces deux éléments représenterait une grande nouveauté. Inamovible, la paire apparaît aux yeux de Dominique Bijotat comme le socle de son organisation.
Si le technicien ne retouchera pas son milieu défensif, il n’est pas écrit non plus qu’il révolutionne son animation offensive. Ainsi, sa première remarque après la défaite concédée aux Nantais ne tendait pas à une réorganisation. L’entraîneur remettait plutôt en cause les hommes que le cadre dans lequel ils évoluent : « Pourquoi revoir un système qui nous a garanti un bon début de championnat ? » Hier, en cette veillée d’armes, un brin agacé par l’interrogation, Dominique Bijotat a réaffirmé sa position : « Ce qui compte, c’est l’animation offensive. Face à Nantes, quatre ou cinq joueurs n’ont pas pu exprimer leur potentiel athlétique. On ne va pas quand même pas tout remettre en cause après une défaite ». Non, mais il n’est pas interdit de faire évoluer sa pensée…
Jean-Michel CAVALLI.
Dominique Bijotat : « Pas le meilleur moment »

Dominique Bijotat se méfie d’Istres, « un adversaire nanti d’une grande habileté technique ». Photo Pascal BROCARD
• La dimension physique sera-t-elle prépondérante pour ce troisième match en six jours ?
« Peut-être, même si on ne doit pas se réfugier derrière la fatigue pour expliquer notre revers face à Nantes. Mardi, nous n’avons pas su insuffler l’intensité qu’il fallait dans les débats. Il fallait jouer avec sa tête, se montrer plus précis dans le placement et les transmissions. »
• Que vous inspire cette équipe Istres ?
« Qu’il s’agit d’un adversaire nanti d’une très grande habilité technique. Il se repose aussi sur un attaquant qui marque chaque saison beaucoup de buts. C’est dans le même temps un bloc difficile à contourner. »
• En somme, un adversaire à ne pas sous-estimer ?
« Surtout, un adversaire qui s’inscrit sur une bonne dynamique avec deux victoires consécutives. Ce n’est pas le meilleur moment de rencontrer ces Istréens. Mais c’est ainsi… »
• Cette réception éveille-t-elle de l’inquiétude chez vous ?
« Non, je ne suis ni plus inquiet, ni plus en excès de confiance qu’avant un autre match. Ce n’est pas dans ma nature de sombrer dans l’euphorie après une victoire ou dans le doute après une défaite. Je sais de quoi est capable mon équipe, du moins quand elle est en pleine possession de ses moyens. »
• Pensez-vous à faire évoluer votre système en alignant deux attaquants ?
« Je ne tiens pas à rentrer dans ce débat. Notre dernière contre-performance ne se résume pas à cette simple question. Face à Nantes, nous avions quatre ou cinq joueurs en dedans physiquement. Donc forcément moins de lucidité et de ressources dans l’animation. »
• Un mot sur votre homologue José Pasqualetti ?
« C’est un entraîneur qui apprécie les joueurs de tempérament. Il a su ne pas s’affoler après le début de saison délicat de son équipe. Ce qui n’est jamais simple… »
J.-M. C.
LES STATS
L’arbitre
Novice. Âgé de 33 ans, Hakim Ben El Hadj dirigera, ce soir, son troisième match de Ligue 2 cette année. Et seulement le quatrième de sa jeune carrière d’arbitre. La saison dernière, cet homme en noir a surtout officié en National et en CFA. L’officiel poussera ses premiers coups de sifflet à Saint-Symphorien.
La question
Laurent Agouazi retrouvera-t-il Saint-Symphorien ? A priori, oui. Ce pur produit du centre de formation, exilé à Boulogne en 2009 et échoué en Provence en toute fin de mercato, a disputé trois rencontres sous les couleurs Istréennes. Toutes dans la peau d’un titulaire.
Le chiffre
0. Istres a toujours bien réussi au FC Metz. En cinq affrontements, Ligue 1 et Ligue 2 confondues, jamais le club sudiste ne s’est imposé sur la pelouse du stade Saint-Symphorien. Il s’est incliné à quatre reprises et a décroché un seul nul, la saison dernière lors de la 18 e journée de L2 (0-0).
L’anecdote
Istres, bon dernier. Invaincu lors de ses trois derniers matches, Istres doit une partie de cette renaissance aux progrès de sa défense. Il n’empêche : les statistiques font encore de celle-ci la plus mauvaise du championnat avec treize buts encaissés. À ce jeu-là, Amiens, l’un des trois promus, mène le bal (six buts encaissés).
La phrase
Le jeu du contre. « Après cette défaite, Metz sera sans doute contraint de réagir. Peut-être que cela nous libérera des espaces. » José Pasqualetti, l’entraîneur d’Istres, a visiblement des envies de contre ce soir à Saint-Symphorien.
L’absent
Papiers, s’il vous plaît. Ah, la Slovénie et ses hauts sommets, sa capitale Ljubljana si charmante, son peuple si accueillant mais aussi... la lourdeur de son administration. Le public de Saint-Symphorien devra patienter avant de suivre les premiers pas de la recrue slovène Vedran Vinko. La faute à la fédération de son pays, qui peine à délivrer les papiers nécessaires à son homologation.
JMC